KARMA POLICE + GÉDÉON

âge: éternellement beau et jeune, on l'a trempé dans la fontaine de jouvence. Quarante-huit ans mais il vieillit avec des années de retard. Ce serait bien son genre d'abuser du botox mais même pas, il est juste allergique aux rides. lieu de naissance et origines: c'est la partie floue de son existence mais il serait né dans le coin, apparemment. Enfant du projet Darwin élevé par un pseudo-père fasciné par l'immortalité. La science a toujours ses débordements, le père Rose en était l'incarnation. statut civil: divorcé cinq fois, trop perfectionniste pour les mariages mais assez beau-parleur pour se trouver des poupées enchantées. profession: astrophysicien, on donnait pas beaucoup d'espoir sur ce qu'il pouvait devenir mais Gédéon est un surdoué. Son cerveau est une mine d'information et de savoirs. Il a juste des façons de travailler bien à lui, ses collègues en peuvent plus de son caractère de merde et de ses mots trop crus. FAMILLE: Gédéon n'a fait que suivre l'ombre de son père, chercheur généticien passionné par le paranormal. Élevé par la fascination et la recherche, le gamin est à son tour devenu l'un des archivistes. Depuis la mort de son créateur, il ne lui reste plus que son demi-frère. DONS PARTICULIERS: les blessures sont éphémères, son corps cicatrise si vite que c'est à peine si Gédéon ressent la douleur. Tout cela le pousse à se faire du mal pour découvrir la profondeur de son pouvoir. AVEZ-VOUS UN MONITEUR enfant oublié, joyau secret d'un archiviste ayant poussé les limites trop loin.  QU'EST-CE QUE VOTRE PERSONNAGE SAIT DE SA NATURE:  il pourrait ne pas s'y attarder si son corps n'était pas une force de la nature. Rien ne le blesse, rien ne le détruit. Gédéon soupçonne son père, qui, dévoré par la fascination, d'avoir volé l'un de ces gamins destinés à la science. Les questions s'entassent dans sa tête mais les réponses ne viennent jamais. Ce serait trop dangereux pour lui d'être l'un de ces gosses qu'on a obligé à vivre différemment des autres. Alors, il fait mine de ne pas voir son corps vieillir au ralenti et reste aveugle à ses blessures qui guérissent d'un battement de cils. quelle est votre réputation à edimbourg: le centre du monde. traits de caractère: comédien, vulgaire, excentrique, menteur, manipulateur, charismatique, instable, volage, narcissique, voleur, lunatique, surdoué. crédits: tumblr. groupe: Fear no evil.

✝ 001. jeune et indestructible, c'est comme ça qu'il se sent. ✝ 002. pervers narcissique, pas besoin de vous faire un tableau, vous êtes déjà dans la merde. ✝ 003. lilas, c'est sa couleur du moment. Gédéon en met partout, sur ses chaussures, sur ses vêtements, dans ses cheveux. un véritable sapin de noël le mec, il aime tout ce qui brille même si ça attire les pds. ✝ 004. La muse des dégénérés. Théâtral, ses gestes partent dans tous les sens. On dirait qu'il bouge pour deux, Gédéon. Sa façon d'être exaspère mais c'est aussi ce qui fascine les plus tarés. ✝ 005. Conscience de la faute absente dans son esprit, il n'a peur de rien, ne distingue aucune loi, n'en comprend pas les limites. On pourrait passer des heures à lui donner des coups de fouet que cela ne lui suffirait pas. Quelque chose cloche dans son esprit, il manque à Gédéon un système lui permettant d'assimiler les émotions. Il a besoin de tomber dans l'exagération pour ressentir correctement ses sentiments. ✝ 006. C'est un dingue, un accro à l'adrénaline. Gédéon s'enflamme et enflamme les autres avec lui. On le déteste mais on ne peut s'empêcher de l'aimer aussi, parfois. Ce doit être son sourire, ou alors sa belle gueule ... autant pas chercher à savoir. ✝ 007. il aime en jouer, faire croire aux autres qu'il est à peine capable de compter jusqu'à dix mais ceux qui le connaissent savent de quoi Gédéon est réellement capable. La connerie, l'hyperactivité, le sarcasme, tout ça, c'est juste une façade. Une façon à lui de vivre après avoir vécu pour son père durant des années. ✝ 008. Lui et son demi-frère sont deux opposés. Pourtant, on les voit jamais l'un sans l'autre. On ne sait pas qui suit l'autre même si d'apparence Gédéon semblerait le leader. Mais quand on y pense, vu sa propension à s'attirer toutes les merdes du monde et à se faire détester, ce doit certainement être le contraire. Il n'y a que les liens du sang capables de supporter un mec comme Gédéon. ✝ 009. le zèbre, c'est le surnom que sa psychologue lui donnait lorsqu'il était gamin et encore dans la chrysalide que son père lui avait forgé. Zèbre, c'est le surnom qu'on donne aux surdoués. Son frère l'appelle encore comme ça pour l'irriter. ✝ 010. il écoute Radiohead du soir au matin, c'est son oxygène, son inspiration, sa concentration.

Sa minuscule carcasse marchait lentement entre les quatre murs qui l'empêchaient de fuir ce monde aseptisé dans lequel on l'avait balancé par plaisir égoïste. Gédéon, c'est comme ça qu'on l'avait appelé, par hasard, lu entre deux lignes d'un roman dégueulasse. Gédéon, enfant de la science, fœtus d'un projet prématuré. Le soleil traversait l'unique fenêtre de la pièce pour venir se poser sur son lit crasseux. Il avait pissé dans ses draps, envoûté par la peur d'un cauchemar qui grignotait ses pensées.
L'abandon, comme ça, incrusté sur chaque parcelle de son sommeil. Cela faisait trois jours que l'homme qu'il appelait Papa n'était pas venu le voir, lui, l'être tant désiré, tant aimé. Pouf, envolé, volatilisé. Plus de père, plus de câlin au coin du feu, plus de repas longuement préparé. On l'avait oublié et ses lèvres témoignaient pour lui, gercées et dévastées par la déshydratation. Il aurait voulu hurler pour qu'on vienne le sortir de là mais d'ici, personne ne pouvait l'entendre. Sous terre, le monde pouvait bien s'écraser sur lui que tout le monde continuerait d'exister sans se douter une seconde que le gamin du père Rose dépassait les limites de la survie. Des larmes coulaient sur ses joues pâles, lui donnant un air d'ange brûlé à vif. Installé sur son lit, entouré par ses draps puant d'urine, ses yeux ne cessèrent de fixer cette porte fermée à double tour. Cette simple porte, pourtant capable de le délivrer de son calvaire, de lui rendre son amour paternel, de retourner à ses cours de piano. De reprendre sa vie. Son père lui avait pourtant dit que ce ne serait pas douloureux, l'affaire de quelques heures (le temps d'aller faire les courses) mais rien n'avait plus bougé dans la grande maison. Seuls les fantômes à l'étage devait y trouver leur compte. Gédéon les imaginait flotter dans l'air et balancer des livres par terre comme il avait pu le voir dans des documentaires.
Poltergeist.
Le gamin était persuadé que la maison toute entière était un nid où les esprits égarés venaient s'y perdre. Une nuit, il avait vu au dessus de lui une silhouette blanche lui sourire, celle d'une femme au visage balafrée. Elle lui avait même dit son prénom ; Emma. Et c'est à elle qu'il s'adressait alors que son progéniteur l'avait enfermé dans cette pièce trop sombre, trop crasseuse, trop vide, trop noire, trop morbide.
C'est un cauchemar, qu'on lui avait balancé à la gueule alors que le visage d'Emma lui revenait clairement. Elle avait tout juste la vingtaine, ses bras étaient aussi réconfortants qu'une grande peluche dans laquelle on se perd lorsque tombe la nuit.
Le gamin s'endormait toujours en murmurant ces quelques paroles (elles venaient d'un de ces livres sur le paranormal) et chaque fois, la sensation d'Emma veillant sur lui le réconfortait. Durant ces cinq longs jours, c'est elle qui l'avait accompagné alors qu'il était persuadé de mourir.


Ses journées se rythmaient toujours de la même façon, comme la fréquence d'une radio qu'on ne change jamais même si elle grésille. Gédéon se réveillait à cinq heures du matin par la présence de son père dans sa chambre. Il soulevait ses draps et allumait la lumière en lui ordonnant de se lever. La voix profonde de son créateur était son guide, celle qui le faisait marcher, aller de l'avant. Il se serait cassé la gueule à ne plus l'avoir sur le dos.
Ne mange pas comme ça.
Tu joues du piano comme si tu avais des pieds à la place des mains.
Tu me fais honte.
Fais tes devoirs.
Range ta chambre.
C'était ça, la mélodie qui résonnait dans sa tête. Gédéon le fils parfait, l'être sublime, le surhomme. Le scientifique se serait coupé un bras pour le rendre à l'image qu'il s'était fait de lui. Avant même l'arrivée de Gédéon, tout un planning avait été écrit sur son existence.
Les étapes de sa vie, les chemins à prendre, le caractère que le gamin développerait, la force dont son corps ferait preuve. Les chances qu'il aurait de contracter un cancer ou une connerie dans le genre. Des statistiques, rien que des statistiques qu'il avait fait sur le compte du gamin pour ne pas avoir de mauvaises surprises. Et alors qu'il n'était encore qu'à l'état de fœtus, on lui demandait déjà de ne pas avoir de défauts.
Monsieur Rose le rendrait plus redoutable que jamais, plus incroyable que n'importe quel diamant. Gédéon deviendrait à son tour scientifique. Rien ne lui ferait plus jamais peur après ce qu'il connaîtrait durant son enfance. Absolument rien.
La seule chose en laquelle Gédéon devait avoir peur, ce serait son propre père, son unique créateur. Le démon en manque de sensation forte. La savant foiré à la création irréprochable.


Le second gamin de la famille arrive par mégarde alors qu'on ne voulait pas de lui. Brun, les yeux bleus, plus beau qu'un ange, plus délicat qu'une caresse. Gédéon dans son adolescence ne trouve même pas l'idée de puiser une quelconque jalousie en lui. Ses yeux se posent sur le poupon et c'est comme une révélation, une tendresse qu'il n'avait encore jamais rencontré entre les murs de cette forteresse.  Salomon et ses sourires de nouveau-né l'enivre d'un amour fraternel trop puissant. C'est à ses côtés qu'il passera le plus clair de ses après-midi, se rebellant contre son père et ses leçons de piano. Tenant tendrement les mains du petit pour l'apprendre à marcher. c'était la seule chose dont Gédéon était certain dans sa séquestration : son amour pour ce gamin.
Ce qu'il ignorait, c'était sa nature profonde, le monstre que son père avait fait de lui. La façon dont son corps se remettait de toutes les blessures. On ne pouvait pas mourir entre les murs de cette baraque. Son père le lui avait dit. C'est certainement pour cela qu'on le retrouva un jour à planter fermement sa fourchette dans le bras potelet de son petit-frère. Le gamin saignait autant que les larmes coulaient sur ses joues et une claque plus violente que jamais s'arrêta sur la joue du grand-frère indigne en lui interdisant de le toucher à tout jamais.

Ses pas ne faisaient aucun bruit sur le parquet, c'était comme si Gédéon n'existait pas du haut de ses seize ans. Emma devait peser le même poids que lui à cet instant (même s'il avait fini par oublier ses délires fantomatiques). Elle était certainement en train de le regarder, perchée en haut d'une étagère ou accrochée à l'énorme lustre de l'entrée. Elle devait aussi savoir que son père l'attendait dans sa chambre, couché sur son lit, les yeux perdus vers le plafond et le coeur dévoré par la déception. La porte s'ouvra et son corps se redressa à la vue de son fils, puant l'alcool et le parfum d'une autre. Un sourire se dessina sur les lèvres de Gédéon. Il savait qu'il avait fait une connerie mais l'appel de la rue était plus fort que tout amour. Un besoin de liberté s'était éveillé en lui et il aurait pu brûler son père quitter les lieux. Apprendre à vivre dehors, marcher sur le sol froid des trottoirs, croiser d'autres visages. Il avait couché cette nuit-là, pour la toute première fois. Et la sensation le faisait encore flotter dans l'atmosphère. Le bas du ventre lui brûlait toujours, comme si Marta dansait encore contre lui. Elle était belle et à cet instant, il ne se doutait pas qu'elle deviendrait sa première femme, que leur mariage durerait le temps de trois années (l'amour dure trois ans) avant de finir aux chiottes comme tous les autres. Au fond du couloir, la porte de Salomon était fermée, cela faisait une éternité qu'il ne s'était plus parlé, leur père les interdisant d'avoir la moindre proximité.
- Alors, c'est comme ça que tu me remercies ? Un rire traversa les lèvres de Gédéon. Il était nerveux, ça crevait les yeux.
- Père, je voulais pas vous causer de tort. Sa voix était sincère mais cela ne suffit pas à calmer la colère de l'autre.
- Me causer du tort, vraiment ? Tu te sens puissant à me manquer de respect, c'est ça ? T'as pas trouvé mieux ? Franchement. Tu me déçois. Son regard était aussi sombre que la nuit. Il tentait de tuer Gédéon sur place mais cela n'avait pas d'effet. Cela déclencha quelque chose de plus puissant, une rancoeur laissée trop longtemps au plus profond de lui. Les règles de politesse n'existaient plus, le vouvoiement se suicida.
- Tu me demandes de pas me manquer de respect, c'est ça ? mais toi, tu fais quoi depuis ma naissance ? Ses yeux étaient rouges, il aurait pu pleurer si sa fierté ne lui ordonnait pas de ne pas lâcher prise. Tu te souviens de ces cinq jours où tu m'avais enfermé au sous-sol sans boire ni manger ? j'ai passé quatre nuit dans ma pisse et quand tu t'es enfin décidé à te ramener, je t'ai demandé pourquoi tu m'avais fait ça. T'as pas répondu putain, t'en avais rien à foutre. Tu m'as juste fait une foutue prise de sang alors que je chialais. T'ETAIS OU PENDANT TOUT CE TEMPS ? TU T'ES PAS DIT QUE J'ETAIS QU'UN GAMIN ET QU'UN PARDON AURAIT PU ME SOULAGER ? Mais non 't'as bien joué le jeu, fiston', c'était tellement plus facile à dire. Alors s'il te plaît, ne me demande plus jamais de te respecter après tout ce que tu m'as fait. Et Salomon dans cet histoire ? il est là pour quoi ? y a que les gouvernantes pour lui donner un peu d'amour.
Seize, c'était le nombre d'années qu'il lui avait fallu pour se rebeller contre son père et établir la vérité. Le projet Darwin, ses capacités, les cachotteries. Tout lui avait soudainement sauté à la gueule et Gédéon n'avait qu'une seule chose à faire : vivre avec et en vouloir à son père, dans toute logique. Pourtant, il n'avait jamais trouvé la force de le faire et ce, jusqu'à sa mort, dans un accident de bagnole. C'était lui qui avait organisé la cérémonie et balancé tout un discours dégueulant d'admiration et de désespoir. Il n'avait cessé de le pardonner tout au long de sa vie. Et Gédéon avait continué dans cette connerie de seconde chance en défendant son frère de la haine de leur père lors de sa trahison. Gédéon lui en avait jamais voulu, pas l'ombre d'une seconde, il n'en était pas capable ; de détester son unique frère. Son père avait été le pire des monstres et même les monstres finissent par recevoir la visite du karma.


La mort de Monsieur Rose n'avait eu qu'un effet bénéfique sur lui. Sans cela, le gamin 'n'aurait jamais pu devenir quelqu'un. Il serait certainement mort, enfermé derrière les barreaux de sa chambre; Sans cela, Gédéon ne serait jamais devenu ce qu'il est aujourd'hui, n'aurait jamais traversé tous ces mariages foireux capables de le faire vivre, réellement, pleinement.
Il serait resté à l'état d'esclave, conditionné à aimer son père et ne pas le contrarier, sous aucun prétexte.