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 finding out about the big guy. (feat. ainsley)

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MessageSujet: finding out about the big guy. (feat. ainsley)   finding out about the big guy. (feat. ainsley) EmptyLun 12 Oct - 4:03

finding out about the big guy
A hero is someone who has given his or her life to something bigger than oneself ▬  Jospeh Campbell.

Aujourd’hui allait s’avérer être une journée tranquille. Très tranquille. Le temps n’incitait pas les gens à vouloir passer du temps dehors à faire des activités de plein-air pour profiter de la nature. Lorsque je m’étais levé ce matin, j’avais remarqué que le ciel était entièrement caché par des nuages grisâtres et maussades. Quand j’étais sorti à l’extérieur, l’air qui emplit mes poumons était frisquet. La température, humide et désagréable. Les experts de la météorologie prédisaient des averses à intervalles imprévisibles pour le restant de la journée. Quand le moment fut venu d’ouvrir les portes du centre, il n’y avait pas âme qui vive. D’ordinaire, les heures d’ouvertures s’étalaient de huit à dix-huit heures. Bien entendu, les employés étaient tenus d’arriver à l’avance sur leur lieu de travail et de rester un peu plus tard après que les derniers visiteurs eussent quitté les lieux. Dépendamment de l’achalandage de la journée, c’est moi qui déterminais qui quittait et à quel moment. Lorsque la saison touristique battait son plein, tout le monde était tenu de faire des heures supplémentaires. À l’inverse, lorsque le temps était particulièrement merdique et que tout le monde savait qu’il n’y aurait pratiquement pas un chat au courant de la journée, des quarts de travail étaient effacés à l’horaire, d’autres, écourtés. Contrairement à ce qe l'on peut penser, faire le tri des employés était particulièrement aisé. Ceux qui voulaient travailler et qui étaient travaillants avaient toujours priorité aux heures disponibles. Les autres restaient chez eux. S'ils n'étaient pas contents, ils n'avaient qu'à se botter le cul pour exécuter leurs tâches en bonne et due forme. J'aimais les journées où il pleuvait des cordes. Ironiquement, c'était lors de celles-ci que nous travaillions plus que nous parlions.

Forth Valley comptait une douzaine de gardes-champêtres. Essentiellement, nos principales tâches consistaient à assurer la sécurité des gens, à protéger la faune et la flore et à animer des ateliers de plein-air. Notre rôle était d'autant plus crucial lorsque la pleine-lune approchait, car la population d'Edinburgh craignait la forêt lorsque le soleil de minuit éclairait le ciel d'un globe parfaitement circulaire. Oh, leurs craintes étaient fondées. Il n'y avait pas un mois où nous ne retrouvions pas de cadavres lors de nos patrouilles. Nous travaillions étroitement avec le service de police municipal; il n'était pas rare que c'était nous, les rangers, qui tombaient les premiers sur les restes d'une dépouille humaine massacrée et qui alertions les autorités. Exercer le métier de ranger au sein de la région campagnarde d'Edinburgh, c'était côtoyer la mort. Il nous fallait être robuste et surtout, ne pas avoir le coeur trop sensible. Il était rare que les cadavres retrouvés faisaient bonne mine, c'était plutôt l'exact contraire. Bien que ça ne m'était jamais personnellement arrivé, j'avais déjà vu à quelques reprises un de mes collègues dégobiller à la vue écoeurante d'un corps à moitié déchiqueté. Il fallait avoir l'estomac solide. On finissait tous par se former une carapace et à devenir détachés face à l'horreur. Certains d'entre nous avaient développé un humour noir et macabre et faisaient constamment des blagues de mauvais goût auxquelles je ne riais jamais; d'autres préféraient plutôt prendre un verre de fort pour se remonter le moral. Mais dans un cas comme dans l'autre, je ne blâmais personne de vouloir trouver un moyen de passer à travers. C'était une nécessité. Il y avait un roulement contiuel au sein de mes hommes. Certains de mes hommes plongeaient en dépression. Certains revenaient parfois en fonction au bout de quelques mois. D'autres, jamais. Mais une chose était sûre: lorsqu'ils avaient vu le cadavre de trop, ils remettaient inévitablement leur démission.

« Walter à Bjornson. »
« Bjornson, j'écoute. »
« Y a une femme au centre qui tient à te parler. »
« 10-4. J'arrive. »

Le mauvais-temps ne m’effrayait guère. J’étais parti accomplir des travaux extérieurs dans l’un des sentiers pédestres malgré la pluie. Plusieurs arbres étaient tombés au cours des jours précédents et avaient endommagé le sentier. Il fallait les déloger et nettoyer le sentier afin de s’assurer qu’il soit praticable et sécuritaire. C’était une besogne qu’il valait mieux ne pas trop retarder. Le week-end était supposé être splendide et il y aurait probablement beaucoup de monde au centre. Les emménagements devraient être remis en parfaite condition d’ici-là. Je pris le chemin du retour de bon pas, sans empressement. Je connaissais tous les sentiers et la région comme le fond de ma poche. Il était impossible pour moi de me perdre dans cette vallée. Je l'avais parcourue de fond en comble, sous forme humaine et animal. Chaque recoin m'était devenu familier. Connu. Je savais où était la moindre clairière, la moindre grotte, le moindre ruisseau. C'était, en quelque sorte, devenu une sorte de chez moi. Après douze ans d'errance, ça faisait peut-être du bien. J'arrivai au bâtiment principal au bout d'une vingtaine de minutes. C'était une large bâtisse en bois. À l'intérieur, on y retrouvait le hall d'entrée où on y accueillait les clients, un vestiaire, une aire de dîner, une vaste salle de réception où on organisait souvent des activités, une salle de conférence et des toilettes. Quand j'approchai, je remarquai une femme que je ne connaissais pas et qui patientait impatiemment sur le perron, à l'abri de la pluie qui recommençait maintenant à tomber de plus belle. Hormis les véhicules des quelques employés présents aujourd'hui, le sien était le seul stationné dans l'espace réservé aux visiteurs.

« Je m'appelle Nihkko Bjornson. Qu'est-ce que vous voulez? » demandai-je d'une voix rugueuse, sans cérémonie. Je croisai les bras devant ma large poitrine et la scrutai d'un regard sombre. Elle avait intérêt à me dire qui elle était et pourquoi elle était là.
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MessageSujet: Re: finding out about the big guy. (feat. ainsley)   finding out about the big guy. (feat. ainsley) EmptyMar 13 Oct - 4:56

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This and no other is the root from which a tyrant springs; when he first appears he is a protector. Δ Plato.

La semaine dernière, un de ses contacts au commissariat avait contacté Ainsley pour lui mentionner un rapport plutôt intéressant qu’il venait de recevoir. C’était le sixième en huit mois qui concernait les environs de Forth Valley, et après des recherches plus approfondies, les faits remontaient aisément à plus de trois ans. Bien évidemment, c’était assez difficile à déterminer finalement vu le regroupement d’attaques d’animaux sauvages dans les parages, ainsi que les disparitions, les manifestations étranges, les vagues de démissions régulières des employés, mais s’il y avait bien une chose que l’Ecossaise savait reconnaître, c’était une piste. Deux c’est une coïncidence, trois c’est obligatoirement autre chose. Et à Edimbourg, où le surnaturel côtoyait en permanence le quotidien des bonnes gens, il fallait justement prêter attention aux menus détails. Néanmoins, cette fois-ci, la mort et les tripes n’étaient pas au rendez-vous. Le dernier rapport de police parlait d’un gamin, la dizaine entamée, qui s’était perdu dans le parc forestier de la ville : il clamait avoir été attaqué par un gros chien, et sauvé par un ours encore plus énorme. Lequel ne l’avait pas le moins du monde molesté, s’occupant uniquement du premier prédateur. L’enfant avait pris ses jambes à son cou en voyant le combat débuter, finissant par retrouver la piste de randonnée grâce à ses propres moyens. Toutefois, ce qui intéressait Ainsley – et d’autres chasseurs de la Holy Trinity – c’était la mention de ce « chien géant » ainsi que de l’ours. Instinctivement, lorsque quelqu’un parlait de molosse imposant, les membres de la congrégation pensaient à des lycanthropes. Jusqu’ici, seulement, il n’y avait eu aucune note sur des ours-garous ou métamorphes de ce type ; certains sorciers étaient évidemment dotés de morphisme animal, mais cela faisait bien longtemps que les feux de la traque n’étaient pas tombés sur l’un des leurs. Pourtant, cela demeurait une possibilité qu’Ainsley était déterminée à explorer.

Au cours de cette même semaine, elle avait effectué une investigation plus poussée sur les gardes-champêtres du Centre de la Nature. Elle avait rapidement compris que les départs réguliers étaient dû au fait qu’ils tombaient sur des cadavres laissés par des loups-garous après une pleine lune, quand ce n’était pas suite à d’autres découvertes macabres inexpliquées. Forth Valley était l’endroit parfait pour des rituels magiques, des chasses vampiriques ou lupines. C’était une vaste forêt, vierge de presque toute trace de civilisation. Un lieu isolé, où les cris ne perçaient que rarement l’épais feuillage des arbres. Après trois jours de recherches infructueuses, Ainsley parvint à mettre la main sur un témoin un peu plus volubile. Employé au Centre depuis trois mois environ, il portait déjà les stigmates de ceux qui en ont trop vus et qui se refusent à accepter l’évidence. L’existence du surnaturel est souvent difficile à intégrer, parce qu’elle insinue que chaque visage familier peut dissimuler quelque chose de totalement étranger, parce qu’elle est, au final, totalement l’inverse de tout ce que l’on est supposé apprendre en grandissant. Les monstres sous les lits étaient réels, le grand méchant loup du fameux conte pouvait très bien surgir d’une ruelle et Dracula… Certains chercheurs de la Holy Trinity passaient leur vie à démêler les mythes de la réalité. La brunette, quant à elle, préférait être sur le terrain ; elle avait besoin de faire quelque chose de concret. D’être utile, d’être là lorsqu’il le fallait. Et depuis plus d’un an, elle s’était fixé la lourde tâche d’être également juste dans ses actions. Ne pas prendre en chasse une créature surnaturelle simplement parce qu’elle n’avait pas les mêmes gènes, de la considérer par ses actions et non sa nature. C’était moins aisé de considérer le monde en gris, mais dans la finalité, bien plus gratifiant. Ce garde-champêtre, donc, lui avait confié qu’un seul homme n’avait pas encore démissionné depuis qu’il était entré dans en service. Quatre années sans la moindre pause due à une dépression, sans partir en vacances loin d’ici, sans visites chez le psychiatre du coin. Il avait fallu qu’elle lui paye un café pour qu’il accepte de dévoiler le nom de ce surhomme : Nihkko Bjornson. Dès le lendemain, elle avait passé ce nom à ses indics sans rien récolter d’intéressant – ce type n’était pas du coin. Il était brusquement apparu à Edimbourg quatre ans plus tôt, s’était engagé en tant que garde-champêtre, avait gravi les échelons et il vivait depuis de façon marginale, sans faire de vagues. Curieusement, ce comportement d’ermite fut ce qui poussa Ainsley à s’intéresser plus avant à l’homme. Personne ne pouvait être aussi clean. C’était … surnaturel.

« 10-4. J'arrive. »

La voix grésillante dans le talkie-walkie du gars en face d’elle ne l’aidait pas vraiment à s’imaginer son propriétaire. Elle avait bien sûr dégoté quelques photos d’identité, néanmoins elle ne se ferait une opinion sur lui qu’une fois qu’elle pourrait le regarder droit dans les yeux. Il est bien des choses qu’une photo ne peut reproduire. Accoudée au comptoir du hall d’entrée, elle fixait la pluie marteler les larges vitres avec un air absent. Les journées pluvieuses ne l’indisposaient guère, elle les trouvait même plus apaisantes – le son de l’eau qui ricochait sur la moindre surface, le temps froid, les lourds nuages sombres dans le ciel. Parfois, il lui semblait que c’était le seul moment où le temps était en accord parfait avec ses humeurs maussades. Depuis qu’elle avait réalisé ses erreurs, Ainsley était continuellement taraudée par son passé, par le fardeau qu’elle s’obstinait à porter, par la pénitence qu’elle s’efforçait d’effectuer ; autant dire qu’elle n’était généralement pas de la meilleure compagnie qui soit. Elle tira machinalement sur les manches de sa veste de cuir noire, rajustant les pans de cette dernière sur son fin tee-shirt blanc. La patience n’était pas son fort, aussi du-t-elle se faire violence pour ne pas remonter à la rencontre de ce Bjornson. De toute façon, elle ne connaissait pas sa position exacte. Réduite à faire le pied de grue, elle quitta le hall pour attendre dehors, sur le perron, joua nerveusement avec les poches sur les manches de sa veste, tapota du pied avec empressement. Qu’est-ce qui lui prenait autant de temps ? Après un moment qui lui parut infini, elle entendit une voix l’interpeller. Grave, basse, presque granuleuse. Elle se retourna à l’instant où il s’immobilisait près d’elle. Bon sang, que ce type était grand.

« Je m'appelle Nihkko Bjornson. Qu'est-ce que vous voulez ? » Le ton ferme qu’il utilisait lui fit hausser un sourcil amusé ; elle reconnaissait cette façon de s’exprimer, c’était pratiquement la même que celle de son père : celle d’un homme habitué à se faire obéir, qui agissait plus qu’il ne parlait. « Doucement, Davy Crockett, c’est comme ça que vous accueillez tous vos visiteurs ? » Un sourire insolent aux lèvres, elle consentit toutefois à répondre à sa demande. Elle n’avait guère le choix si elle voulait espérer obtenir des réponses à son tour. « Je m’appelle Ainsley. Je suis venue pour vous poser quelques questions au sujet de… » Elle marqua un temps d’arrêt, sorti son téléphone, fronça des sourcils. « Timothy Clark ? Le gamin qui s’est perdu dans la forêt y’a une semaine. Il a mentionné dans sa déposition deux-trois faits intéressants que j’aimerais éclaircir en votre compagnie. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, évidemment. »

Elle demandait, mais ses prunelles brillaient continuellement de cette nonchalance coutumière qu’elle adoptait pour dissimuler ses blessures. Ainsley ne connaissait presque plus que ça : le sarcasme, les sourires acides, l’air moqueur. Sans être blessante, elle possédait invariablement ce genre d’attitude qui hérissait le poil de certains et en amusait d’autres. C’était une carapace dont elle usait et abusait, une protection qui repoussait généralement quiconque de vouloir se lier avec elle et qu’elle n’était pas prête à laisser tomber. Sa vie était parsemée de cadavres, ses épaules alourdies par ses fautes ; il n’y avait aucun intérêt à laisser entrer dans sa vie d’autres potentielles victimes. Et même si ce Nihkko faisait deux têtes de plus qu’elle – pesait probablement deux ou trois fois plus aussi – il ne méritait pas d’être entraîné dans son sillage. Personne ne le méritait.
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MessageSujet: Re: finding out about the big guy. (feat. ainsley)   finding out about the big guy. (feat. ainsley) EmptyMar 13 Oct - 17:17

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Est-ce que j’accueillais toujours les visiteurs ainsi? Non, pas tout le temps, mais peut-être assez souvent. L’entregent n’avait jamais été mon point fort, c’est pourquoi il n’était pas étonnant que j’aie opté pour un travail dans le domaine de la nature. Et non en plein centre-ville fourmillant de gens. C’est ainsi que je me sauvais toujours les ateliers d’animation en les déléguant aux autres gars. De un, je trouvais qu’il était beaucoup plus pertinent de m’employer à autre chose en tant que ranger en chef. Je préférais être sur appel lorsqu’il y avait signalement d’un problème ou d’une anomalie et de me rendre sur les lieux le premier afin de voir de quoi il en retournait. Ainsi, je pouvais déterminer s’il y avait des dangers potentiels et quelles étaient les mesures de protection à adopter. De deux, c’était l’une des fonctions liées à la profession qui rendait le métier plus endurable aux yeux de plusieurs de mes employés, plus sociables que moi. Parler avec le public avait des bienfaits notoires sur leur moral. Ils redressaient les épaules, parlaient d’un ton plus guilleret et faisaient preuve de plus d’entrain au sein de leur travail. Tant mieux s’ils aimaient jouer les guides, je m’épargnais une tâche pénible à mes yeux. J’étais beaucoup plus à l’aise dans le volet sécurité de ma profession que dans le volet éducatif. Le propriétaire du centre de la nature, et par le fait même mon employeur, me reprochait ici et là de ma brusquerie lorsque je demandais à certains visiteurs de respecter les règles mises en vigueur, ou s’ils n’étaient pas contents, de quitter les lieux. « Essaie d’adopter une attitude plus cool, » me rappelait-il chaque fois qu’il me voyait. Il arrivait que certains se plaignent de mon manque de tact. Mais le proprio n’osait pas trop m’embêter, car il ne voulait surtout pas que je quitte mon poste. J’étais de loin le plus endurci garde-champêtre en chef qu’il avait engagé, et j’étais compétent. Je ne m’affaiblissais pas au fil des mois. Je gardais la même constance. Et, même s’il ne l’avouerait jamais, il avait un peu peur de moi.

« Allons dans le bureau », dis-je calmement.

J’ouvris la porte et lui fit signe d’entrer à l’intérieur du bâtiment. Nous nous dirigeâmes vers l’aile gauche, réservée à la sécurité. Au fond de l’aile, se trouvait le bureau où je devais exécuter la besogne administrative et rencontrer les gens lorsque nécessaire. Dès le début, je n’avais pas aimé l’endroit, que le trouvais exigu et surchauffé. J’avais l’habitude des grands espaces à ciel découvert. Dans ce bureau, j’avais l’impression d’être enfermé dans une cage, d’où la raison pour laquelle j’essayais d’y passer le moins de temps possible. Malheureux, il restait des circonstances où je devais occuper l’espace, en particulier lors de rencontres formelles. À l’intérieur du bureau, il y avait plusieurs écrans afin de visionner les images enregistrées par les caméras de surveillance installées dans différents secteurs. Il était assez fréquent que la police veuille visionner tel enregistrement de telle date, à telle heure, à tel endroit, espérant trouver des indices pour élucider tel ou tel meurtre. La pièce était divisée en deux par un large bureau. D’un côté, il y avait différents classeurs et un fauteuil confortable qui m’était destiné; de l’autre, deux chaises à l’intention des visiteurs. Je n’aimais pas vraiment le fauteuil, trop moelleux. Je préférais me poster près de la fenêtre. J’invitai donc cette petite femme à prendre place sur l’une des chaises et me dirigeai vers la fenêtre, où je m’accotai dos à celle-ci en m’appuyant sur le rebord.

« J’attends, » dis-je, lui intimant d’enchaîner avec les questions qu’elle avait l’intention de me poser, car j’avais deviné qu’elle avait l’intention de me cuisiner. Autant commencer tout de suite pour en finir un jour. Je n’étais pas du tout chaud à l’idée de me faire interroger au sujet des événements de la semaine dernière. J’étais à la recherche d’un gamin qui s’était égaré dans la forêt vers la fin de l’après-midi, et comme la lumière du jour avait commencé à baisser, j’avais dû faire vite pour le retrouver avant la noirceur. Je m’étais métamorphosé en ours pour me déplacer plus rapidement et user l’avantage de mon odorat décuplé. Aussitôt transformé en ours, j’avais été assailli par l’odeur récente d’un lycanthrope, ce qui n’augurait rien de bon. Je m’étais mis à traquer l’odeur du loup et j’étais arrivé juste à temps pour faire dévier sa trajectoire, alors qu’il avait bondi pour sauter à la gorge du garçon. J’avais réussi à entraîner tant bien que mal le loup plus loin. Ce n’était pas la première fois que j’avais affaire à ce lycanthrope. Ce n’était pas la première fois qu’il attaquait, même si ce n’était pas un soir de pleine-lune. Ce jour-là, ça avait été la dernière. J’étais retourné à l’endroit où j’avais laissé mes vêtements, m’étais péniblement rhabillé et avait envoyé un message S.O.S à deux de mes gars pour qu’ils viennent me récupérer. Au cours de la lutte, j’avais été blessé. Quand ils me retrouvèrent, j’étais déjà inconscient. Je m’étais réveillé à l’hôpital au cours de la soirée, et j’avais appris que le gamin avait réussi à retrouver le sentier par lui-même et était en sécurité chez lui, au sein de sa famille. Tout était bien qui finissait bien, ou presque. La blessure avait l’air plus grave qu’elle en avait l’air, car j’avais été rapidement remis sur pieds. La police était venue me voir et j’avais dit dans ma déposition que j’avais été attaqué par un loup géant, mais que j’avais réussi à le tuer d’un coup de fusil.

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MessageSujet: Re: finding out about the big guy. (feat. ainsley)   finding out about the big guy. (feat. ainsley) EmptyMer 14 Oct - 22:59

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This and no other is the root from which a tyrant springs; when he first appears he is a protector. Δ Plato.

Ainsley suivit le ranger en chef dans son bureau, jetant un dernier regard au rideau de pluie derrière eux. Elle n’aimait pas l’idée d’être confinée entre quatre murs, surtout avec un inconnu. Déjà gamine, elle préférait passer ses journées dehors, un comportement qui n’avait cessé de diriger sa vie en grandissant. Sans aller jusqu’à être claustrophobe, elle se sentait toujours plus acculée dans une pièce qu’en extérieur ; autant dire qu’après avoir embrassé la voie de la Holy Trinity, elle était devenue encore plus suspicieuse et nerveuse. Elle ignorait encore l’implication de Bjornson dans les rapports de police reliés à Forth Valley. Il pouvait très bien être un loup-garou sous couverture, après tout. Et le dernier loup qui avait croisé sa route avait terminé avec une quinzaine de balles en argent dans le corps – même si elle était quasi-certaine qu’il s’agissait d’un solitaire et qu’elle ne regrettait pas son geste en vue du monstre qu’il était, elle pouvait très bien tomber sur un revanchard. Profitant du fait que le garde-champêtre lui tournait le dos, elle vérifia la présence de son holster de poitrine, serrant brièvement la crosse de son Eagle pour se rassurer, puis reprit une position plus naturelle. Contrairement à l’homme, elle prit place sur l’une des deux chaises réservées aux visiteurs, croisant les jambes sur son pantalon noir, posant les coudes sur les accoudoirs. Elle l’observa s’installer juste en face, dos à l’unique fenêtre des lieux ; sa carrure était si large qu’il emplissait tout le cadre. Les billes verdâtres de la chasseuse quittèrent brièvement le regard sombre du sorcier, s’arrêtant sur chaque détail des lieux. La décoration, beaucoup trop formelle, ne ressemblait pas à celle que l’on attendrait de la part d’un homme en poste depuis deux ans. La plupart du temps, on retrouvait sur le bureau des photos de famille ou d’un animal domestique. Quelques effets personnels. Ici, il n’y avait rien d’autre que le strict nécessaire. Soit Nihkko évitait de se trouver dans ce bureau la plupart du temps, soit il n’avait aucune vie sociale à part son travail. Ses prunelles revinrent vers lui ; sans doute un peu des deux.

« J’attends. »

Curieusement, l’ordre qu’il lui donna ne fit que lui arracher un sourire plus large. Elle leva les sourcils, s’autorisant même un léger rire de gorge. Ainsley se redressa, posant les mains sur les accoudoirs pour se lever.

« Bon sang, et on dit que je suis brute de décoffrage. D’accord, allons à l’essentiel. » Elle s’empara d’une petite figurine de bois représentant un ours, probablement là depuis des décennies. « Le jour de la disparition de Timothy Clark, vous avez été emmené à l’hôpital de la ville pour des lacérations sévères sur le flanc gauche. Vous avez l’air plutôt en forme pour quelqu’un qui  récemment attaqué par un… Comment vous dites, un « loup géant » ? J’ai l’impression que Forth Valley regorge de créatures disproportionnées ; est-ce que c’est à cause de ces béhémots que vos rangers démissionnent régulièrement ? » Elle reposa le bibelot sur le bureau, fit un geste évasif de la main sans quitter le géant des yeux. « Désolée, je divague. Comment vont vos blessures, monsieur Bjornson ? Vous n’avez pas fait de contre-visite, l’hôpital vous attend toujours. D’après ce que j’ai compris, c’était assez vilain à voir. Et vu que c’est, ou plutôt c’était un animal sauvage, c’est le genre de blessures qu’il vaut mieux faire surveiller. » Elle eut un sourire acerbe. « Ça serait bête qu’Edimbourg devienne le théâtre d’un nouveau Cujo. »

Ainsley avait des soupçons au sujet du chef des rangers. Pour un œil attentif, il laissait trop de coïncidences dans son sillage ; outre l’affaire du petit Clark, il avait été interrogé sur deux des huit incidents survenus à Fort Valley. En somme, rien d’étonnant puisqu’il dirigeait l’équipe de gardes-champêtres et qu’il était souvent sur les lieux, mais l’instinct de la chasseuse lui soufflait qu’il y avait davantage. Or, comme Kenneth marmonnait souvent, c’était ce genre de pressentiment qui pouvait sauver la vie à un chasseur. Se fier à ses tripes. A ce qu’on ressentait. Lorsqu’elle plongeait dans le regard ombrageux du sorcier, elle avait la nette impression d’être toisée par plus qu’un homme. Un prédateur. Quelqu’un de différent. Son corps réagissait malgré elle à l’intrusion : les poils de sa nuque s’hérissaient, ses muscles se crispaient, de courts frissons désagréables la prenaient. Elle faisait de son mieux pour dissimuler ces réactions involontaires, projetant sa morgue et son assurance au visage de l’homme afin qu’il ne les remarque pas. Elle joua avec sa chevalière de la Holy Trinity.

« Vous êtes conscient, j’imagine, que ce genre d’incidents répétés à Fort Valley ne va pas faire gonfler les chiffres d’affaires du Centre. Entre les cadavres à moitié dévorés, les témoins qui disent apercevoir des loups géants et Timothy qui disparaît… Encore heureux que cet ours lui est venu en aide. Ils agissent souvent comme ça, les ours ? »

L’ingénuité rivée au visage, elle le scruta pour capter la moindre variation dans son expression impassible. Incapable de rester en place, elle se mouvait lentement d’une extrémité à l’autre de la pièce, ses yeux ne quittant jamais très longtemps la silhouette du chaman. Elle le gardait toujours en vue – exploit pas bien difficile à réaliser vu sa taille imposante. Elle s’immobilisa près des consoles de sécurité, cherchant les écrans avec plus de sérieux.

« Vous n’avez pas de caméras qui donneraient sur le parc en lui-même, non ? » Un faux soupir blasé. « Non, évidemment. Ce serait trop facile. On aurait pu se baser sur autre chose que le témoignage d’un gamin de douze ans. Un combat de loup géant et d’ours. »

Son murmure sarcastique n’était pas fait pour passer inaperçu. Elle tentait de pousser Nihkko à une faute quelconque afin de mettre le doigt sur le mystère qui entourait Forth Valley. Et également ce qu’elle pressentait à propos du ranger en chef. Ce type était louche. Pas nécessairement inquiétant, mais étrange.
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MessageSujet: Re: finding out about the big guy. (feat. ainsley)   finding out about the big guy. (feat. ainsley) EmptyDim 18 Oct - 1:57

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« Je vais bien, » dis-je sur un ton acerbe. Je n’aimais pas l’attitude de cette fille, ni le ton sur lequel elle parlait. Non, mais pour qui se prenait-elle au juste? Et envoyant le sigle de la Holly Trinity Church, je sus que j’étais dans de sales draps. Les chasseurs avaient des doutes et s’intéressaient trop au centre, à ce qui s’y passait. J’avais su garder profil bas pendant un temps, mais il semblait aujourd’hui que j’avais fait une erreur. Je n’étais pas resté assez tranquille. J’avais pris trop de risques. Je m’étais mis à découvert en voulant sauver la vie d’un innocent. Même si les membres de la HTC n’étaient théoriquement pas supposés tuer les sorciers, en réalité, ils n’éprouvaient guère de remords s’ils pouvaient en descendre un au moindre prétexte valable. Ou alors, quand les chasseurs nous avaient trouvés, nous, les sorciers, ils se faisaient un point d’honneur pour nous arrêter et nous foutre en prison, où nous servions comme rats de laboratoires. Entre être cloîtré entre quatre murs ou mourir, je choisirais la deuxième option sans la moindre ombre d’hésitation. Autant crever plutôt que de subir mille et un tests prescrits par des humains ambitieux qui ne désirent que s’approprier le pouvoir, de n’importe quelle manière possible, qu’elle soit bonne ou mauvaise.  Depuis que j’étais jeune, on ne m’avait pas appris à craindre la HTC, mais plutôt à me faire discret. Mieux valait nous faire prudents si nous voulions avoir la paix et avoir la chance de vivre longtemps. C’était aussi ça, la vie des chaman-ours. Contrairement à ce que plusieurs pourraient penser, il n’y avait pas que de bons côtés. Il y avait des sacrifices à faire, des rêves auxquels on devait finir par renoncer. C'était dommage, mais c'était la vie.

« Les docs sont partis en panique... mais c'était loin d'être aussi grave que ça en avait l'air. Après quelques jours, ils ont bien vu que c'était presque rien du tout et ils ont accepté de me laisser partir. Je ne peux pas m'absenter de mes fonctions pendant longtemps et je ne suis pas le genre de gars qui reste cloué au lit pour rien. »

En général, je guérissais plus vite que la moyenne. En quelques jours, les lacérations avaient déjà commencé à se refermer et paraissaient propres. Au bout d'un mois, je ne porterais plus que des cicatrices. Au cours des mon existence, j'en avais accumulé une jolie collection. Mon corps était une sorte de tapisserie de plaies cicatrisées. Pour cette raison, j'évitais de déambuler torse nu devant les gens afin d'éviter de les alarmer. Les médecins avaient fait une de ces têtes lorsqu'ils avaient vu à quel point il m'arrivait de malmener mon corps. Il y avait des soldats revenus d'Irak et qui étaient moins amochés que moi.

« En fait, l'ours a dû s'attaquer au loup parce que le clebart empiétait sur son territoire, c'est tout. Les ours sont très territoriaux, vous savez, et ils attaquent les intrus qui voudraient leur voler leurs proies. Je suis certain que l'ours devait en avoir laissé une dans les parages. En tout cas, le gamin a eu de la chance. »

L'inspectrice était brillante et essayait de mon coincer avec ses questions, mais je comptais bien ne pas me laisser piéger. Il était évident qu'elle entretenait de sérieux doutes à mon sujet, et c'était à moi de la convaincre que je n'étais qu'un homme ordinaire, un simple ranger qui faisait du mieux qu'il le pouvait. C'était tout simplement une question de vie ou de mort, mais pas seulement pour moi. Qui interviendrait pour réchapper belle un homme, une femme ou un enfant d'une rencontre infortunée face à un vampire, un lycanthrope ou toute autre créature surnaturelle aux intentions malveillantes? La Holy Trinity Church? Vous voulez rire. Cette bande de fanatiques terrorisés par le surnaturel ne servait à rien d'autre à part tuer quiconque différait d'eux et de leurs convictions. Ils avaient fait d’innombrables victimes innocentes de tout crime, à part celui d'être singulières. Je ne leur faisais pas plus confiance pour assurer la paix qu'eux faisaient confiance en un type comme moi pour faire de même.

Le monde était bien plus compliqué qu'il en avait l'air, bien plus fragile. La ligne entre le bien et le mal était mince et facile à transgresser. Notre monde était tellement loin d'être noir ou blanc, mais plutôt une myriade de teintes de gris allant du gris pâle au gris foncé. Oui, c'était un monde fou. Personne ne pouvait plus vraiment faire confiance à personne, de nos jours. Moi le premier. J'avais appris à la dure que vivre en solitaire était préférable qu'être mal accompagné et se faire poignarder dans le dos dès que vous aviez le dos tourné.

« Votre petite caboche ne s'est pas arrêtée une seconde pour se demander si le gamin et moi avions exagéré les faits parce que nous étions sous le choc? Vous prenez tout pour argent comptant, vous? » lui lançai-je à mon tour, en utilisant un ton arrogant.

Elle pouvait bien arborer un sourire en coin énervant autant qu'elle le voulait, je ne me sentais pas le moindre du monde mal dans ma peau de lui servir la même médecine en me comportant de manière désagréable.
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MessageSujet: Re: finding out about the big guy. (feat. ainsley)   finding out about the big guy. (feat. ainsley) EmptyMar 20 Oct - 22:33

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This and no other is the root from which a tyrant springs; when he first appears he is a protector. Δ Plato.

Ainsley n’avait qu’un seul et unique plan à l’esprit lorsqu’elle s’était pointée au guichet du Centre : découvrir la vérité. Elle n’avait pas décidé sur la marche à suivre, sur les étapes à emprunter ou sur une façon particulière de s’y prendre. Tout ce qu’elle savait, c’était que d’une manière ou d’une autre elle y parviendrait. Soit ce Nihkko Bjornson disposerait d’une théorie viable et satisfaite, soit elle le forcerait à se découvrir – dusse-t-elle employer les grands moyens. Quelques jours plus tôt, elle avait sciemment empoisonné un inspecteur de police pour qu’il avoue être un sorcier : elle n’en était pas à son premier coup d’essai. Dans la poche intérieure de sa veste en cuir dormait un flacon d’hellébore noir justement, ainsi que de l’extrait d’aconit et de verveine. Elle ne partait jamais sans ; c’était un stock qu’elle s’était constitué avec les années, auquel elle ne faisait que rarement recours. Cette réserve-là servait les imprévus. Pour les affaires officielles, elle faisait toujours appel au savoir-faire d’Orion Mayfair. Elle n’aurait aucun scrupule à assaisonner la boisson chaude d’un garde-champêtre si cela pouvait l’aider à lever un bout du voile recouvrant Forth Valley. Elle hocha la tête à ses explications sur sa condition, son éternel sourire rebelle aux lèvres.

« C’est vrai que sans vous, vos collègues seraient perdus. Vous êtes en poste depuis deux ans, c’est bien ça ? Et vous avez deux années de plus en tant que simple ranger au compteur. Joli exploit quand on le compare aux états de service habituels des employés du Centre. » Elle pointait un autre détail étrange chez lui, espérant parvenir à franchir ses défenses en se frayant un chemin par une faille qu’il n’aurait pas soupçonné. « C’est à se demander ce qui vous différencie tant d’eux. »

Elle n’espérait pas de réponses à ses remarques, guettant simplement la moindre expression qui aurait pu modifier les traits du géant hirsute. Ainsley bifurqua vers les consoles des moniteurs, ne s’arrêtant pas de parler pour autant. Elle avait déjà vu Carron et Kenneth user de techniques similaires avec des suspects lors de ses premières chasses – s’ils n’étaient pas certains de la nature de leur proie, ils la poussaient à bout. Les lycanthropes craquaient les premiers. La bête en eux grondait si fort qu’à la moindre provocation, elle brillait dans leurs prunelles avec férocité. Ceux-là répondaient plus rapidement à une altercation physique que verbale. Les vampires… Eux se révélaient plus difficiles et plus agressifs. Il ne fallait jamais, jamais partir en guerre contre un immortel sans être certain de ce qu’il était. Un vampire pouvait passer en un dixième de secondes de l’état de proie à celui de prédateur. Kenneth ne prenait pas de gants avec eux : il se servait de verveine, n’hésitant pas à jouer les balourds maladroits pour renverser sa bière remplie de verveine sur eux. Dès que la peau grésillait, il savait. Quant aux sorciers, ils étaient bien plus difficiles à démasquer que le reste de la population surnaturelle. Ils semblaient humains, jusqu’à ce qu’ils laissent leurs pouvoirs se manifester. Humains, jusqu’à ce qu’ils vous maudissent. Et en un sens, ils restaient profondément humains. C’était un fait qu’Ainsley avait remarqué bien trop rapidement au goût de Carron : les sorciers avaient une humanité. Contrairement aux vampires qui ne possédaient techniquement plus d’âme et aux loups-garous qui abritaient une créature sauvage sous leur peau, les sorciers étaient des humains. Seul l’hellébore noir pouvait les forcer à avouer leur nature.

« Il y a beaucoup de gens qui ont de la chance depuis que vous êtes là. Je crois bien qu’il n’y avait pas autant de rescapés à Edimbourg avant ça… Beaucoup de cadavres et de malchanceux, par contre. Heureusement que vous êtes là, monsieur Bjornson. »

Elle esquissa un sourire sarcastique et qui dépeignait une fausse joie. Ses doigts coururent sur l’écran d’une des caméras, distraitement. Pourtant, en dépit de la sauvagerie des lycanthropes, de la soif dévorante des immortels et de l’imprévisibilité des sorciers, Ainsley avait choisi de renier cette voie. Après s’être fourvoyée pendant plus de deux ans, elle avait reconnu ses fautes. Elle savait que la rédemption serait longue, probablement inatteignable, mais elle avait pris la décision de se racheter. Ses cibles n’étaient pas seulement des êtres surnaturels. C’était des criminels, des coupables en sursis. Elle retira sa chevalière pour passer son pouce droit à l’intérieur de l’anneau, effleurant les paroles de la Holy Trinity. Vides de tout sens pour elle, elles n’étaient qu’un rappel constant de la bête sanguinaire qui sommeillait en chacun. Les chasseurs se comportaient souvent en des monstres bien plus effroyables que ceux qu’ils traquaient.

« Ma petite caboche ne s’arrête jamais, c’est ce qui fait mon charme. » Elle pivota vers lui, passant le bijou d’une main à l’autre, ses paupières plissées pour mieux l’examiner. « Qu’avez-vous fait de la carcasse, monsieur Bjornson ? » Elle remit sa chevalière à son index droit. « J’aimerais la voir. Histoire de constater de mes propres yeux de la taille de ce monstre géant. Un sacré trophée à votre actif. »

L’arrogance et l’amertume dans les propos de Nihkko ne la désarçonnaient guère. C’était en définitive bien plus facile à gérer et à endurer qu’un autre comportement – elle reconnaissait des mimiques qu’elle utilisait, un dédain qu’elle s’était approprié au fil du temps. Loin de l’énerver, cela ne la faisait que sourire davantage. Et elle savait que ce sourire permanent pouvait justement agacer certains. Elle en usait et en abusait, confrontant ses interlocuteurs à son impertinence. Encore un peu, et elle finirait par s’installer devant le bureau du ranger-en-chef pour poser ses bottes boueuses sur le bois. Mais pour le moment, elle se tenait ; d’un pas tranquille, elle refit le tour de la pièce, se rapprochant imperceptiblement du sorcier. Bien qu’agissant avec sa désinvolture coutumière, elle ressentait de nouveau ce malaise. Proche de lui, le sentiment s’intensifiait. Néanmoins, Ainsley le dissimulait avec brio. Elle glissa une main sous sa veste, se rassurant au toucher des fioles et celui, nettement plus froid, de son Eagle coincé dans le holster sous son aisselle. Elle n’était pas sans défense.
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