You again ? {ft. Aileen.

You Again ?

Aileen & Eames.

La journée avait été longue et je n’avais quasiment pas dormi de la nuit. Surtout que l’avant-veille j’avais passé ma soirée dehors, voulant un peu me détendre,  sauf que ça ne s’était pas du tout passé comme je l’aurais souhaité. Mes pas m’avaient guidé dans un quartier dont je n’avais pas trop l’habitude de m’y rendre et j’avais décidé d’aller boire un verre dans le premier bar qui était sur mon chemin. Mauvaise pioche. J’étais tombé sur Clyde, un détective privé qui ne me portait pas du tout dans son cœur et qui s’amusait à prouver qu’il était meilleur que moi. Nous avions fini la soirée dans un état pitoyable. Autant dire qu’entre la gueule de bois et la journée de travail, ça n’avait pas été de tout repos. Heureusement, même si aujourd’hui elle avait été longue, j’avais eu le temps de me reposer un peu. J’avais surtout passé mon temps à brasser de la paperasse. Ô joie. Mais il fallait bien s’y coller un jour ou l’autre. A la fin de mon service, ne voulant pas faire des heures supplémentaires, je décidais d’aller faire un petit tour. Un petit verre ne me fera pas de mal, mais cette fois-ci, avec modération. Je n’avais plus vingt ans et je mettais beaucoup plus de temps à récupérer. Si seulement il existait des potions qui nous permettraient de rester jeunes toute notre vie. Ce n’était pas encore le cas. En tout cas pas à ma connaissance. Au lieu d’aller sur Leith comme l’autre jour, je choisis d’aller dans la vieille ville, dans le quartier de l’Old Town et je pénétrais dans le Gravity Bar, un bar dont j’avais mes petites habitudes. J’avais d’ailleurs appris il y a quelques années qu’il était tenu par une sorcière. C’était donc tout à fait normal de venir là et de croiser d’autres gens de mon espèce. Il était assez rare de voir d’autres gens, mais après tout, qui sait. Personne ne reconnaissable au simple coup d’œil. Et ça restait un bar. Il était ouvert à tout le monde. Je m’installais directement au comptoir du bar, commandant une bière, regardant autour de moi.  La clientèle d’aujourd’hui avait un peu changé qu’à la normale. Certainement dû au fait qu’une jeune fille blonde jouait du piano. C’était nouveau ça. Mais après tout, pourquoi pas.

L’ambiance dans le bar était toujours la même, à la seule différence de la musique, qui elle, avait changé. Malgré le fait que c’était inhabituel d’avoir quelqu’un qui joue au piano, ça me faisait le plus grand bien, même si ce n’était pas du tout le genre de musique que j’écoutais normalement. Mais là, à ce moment, cette musique avait le don de me calmer, de m’apaiser. De me faire oublier toutes les horreurs que je voyais à longueur de journée au travail. Une musique très douche, très calme, très mélodieuse emplissait la pièce. Je fermais les yeux un instant, avant de boire une gorgée de ma bière et poser les yeux sur la pianiste, qui avait des doigts de fées. Pendant un moment, je restais planté là, bêtement à la regarder, limite la bouche ouverte. Elle me disait vaguement quelque chose. Mais qui ? Je n’arrivais pas à poser le doigt dessus. Je regardais autour de moi. J’avais besoin de me contenter, de chasser mes idées de la tête. Cette sensation de déjà vu m’empêchait presque de respirer. Je n’aimais pas quand cela m’arrivait. je savais très bien de quoi ça provenait, que soi-disant le cerveau arrêtait pendant quelques secondes les connexions et que c’était donc pour cela qu’on avait l’impression de revivre pour la deuxième fois une même situation, mais là … j’avais comme l’intuition que ce n’était pas pareil. Plus je regardais la jeune fille, plus je me disais que je l’avais déjà vue quelque part. Et le fait de la voir jouer au piano, me disait vaguement quelque chose. Secouant la tête, je me tournais vers le serveur pour commander une autre bière, avant de sortir juste un petit moment pour me fumer une cigarette. J’avais besoin de me mettre les idées au clair.

You Again ?

Aileen & Eames.

Savourant la brise fraîche de cette première journée d’automne, j’étais tranquillement posé contre le mur derrière moi, pas loin de l’entrée du Gravitiy Bar. De temps à autre, j’hochais la tête en guise de salutation à quelques personnes que je connaissais, pour la plupart juste de vue. Tirant sur ma cigarette, je n’arrivais pas à me sortir de la tête cette jolie jeune femme blonde. Mais rien n’y faisait. Alzheimer avant l’âge. Ou alors je me faisais tout simplement des films et c’était mon cerveau qui déconnait complètement. Ce ne serait pas impossible avec toutes les horreurs que je vois à longueur de journées. Même pas cinq minutes plus tard, j’entendis, au loin, que la musique s’était arrêtée et voilà que la jeune demoiselle sortait du bar, se dirigeant vers moi. Je fis comme si de rien n’était, regardant droit devant moi. Je ne voulais pas qu’elle sache qu’elle me perturbait. Je n’aurais pas su comment m’expliquer. Si ça se trouvait, et dans le pire des cas, c’était une ancienne conquête, avec qui j’avais passé du bon temps dans un bar et dans des draps, et donc j’aurais totalement oublié l’existence. Mauvais signe. C’étaient les pires. Si c’était l’une d’elles je ne donnais pas cher à ma vie, même si je n’étais pas du genre à oublier ce genre d’aventure. Et ce n’était pas non plus mon style. Il y avait donc de fortes chances pour que mon raisonnement soit faux. Le regard joueur, elle s’approche de plus en plus de moi, avant d’ouvrir la bouche pour me parler d’une voix rauque. « Là, c’est le moment où tu te demandes ou tu m’as croisée, n’est-ce pas ? » Cette voix aussi me disait vaguement quelque chose. Arquant un sourcil, je la regardais, la détaillant de A à Z. Je n’étais pas très subtil ni discret, mais après tout c’était elle qui m’avait abordé. Et non pas l’inverse. Manquait plus que je passe pour un pervers. Mais sur le moment, je me demandais plutôt comment elle savait à quoi je pensais. C’était troublant. C’était peut-être une sorcière, mais j’aurais certainement déjà dû la croiser quelque part. Ou alors … contrairement à moi elle savait qui j’étais, et sa question était une simple déduction. Mais plus je la regardais, plus les souvenirs revenaient petit à petit. Son nom commençait par A, le reste, je n’arrivais pas encore à m’en souvenirs. Tout devenait soudainement clair dans ma tête. C’était il y a cinq ans. Tu m’étonnes que je ne m’en rappelle pas.

2010. Quantico, Virginie. Cela faisait quelques mois, un ou deux, quelque chose dans le genre, que j’étais parti en Amérique pour suivre une formation sur les techniques d’interrogatoires et le profilage au sein du FBI. J’avais bien évidemment sauté sur l’occasion, profitant de leur savoir. C’était toujours ça d’appris de plus. Et en tant qu’inspecteur, je voulais être au courant des dernières nouveautés, pour me préparer du mieux possible aux crimes à venir. J’étais donc fraîchement installé dans mon appartement, qui n’était pas très grand, et un soir j’avais eu la bonne idée de sortir. C’avait été une journée assez pénible, parlant quasiment pendant huit heures de nombreux tueurs en série tristement célèbres. J’avais besoin de me vider la tête, de retrouver un peu de gaieté dans ce monde de brute. J’avais fini par dénicher un petit café sympa, ou les gens n’avaient pas l’air prise de tête ou et il y avait plus de gens de mon âge que d’adolescents boutonneux. J’avais eu de la chance, car, pendant cette soirée, ils avaient engagé une pianiste, qui, à ma surprise, maîtrisait parfaitement son instrument. A la fin de la soirée j’étais parti la complimenter, et de fil en aiguille nous avions passé le reste de la soirée ensemble. A discuter, à flirter … jusqu’au moment où le café dû fermer et qu’on s’était retrouvé dans la rue. Elle m’avait proposé de venir chez elle, étant donné que je venais de m’installer, c’était plus simple, et je la suivis donc. Naïvement. Je me retrouvais rapidement dans une ruelle sombre, et avant que je puisse faire quoique ce soit, elle s’était attaquée à mon cou, enfonçant ses canines - que j’avais eu le temps d’apercevoir – dans ma peau. J’étais dans un état d’impuissance totale. J’étais dans l’incapacité de bouger, de me défendre contre elle, une femme. Et j’avais mal. Très mal. Et puis, soudainement, elle n’était plus là. Encore maintenant je ne sais pas à quoi ou à qui je dois la vie sauve. C'était en tout cas la première fois que j'avais eu une preuve de l'existence de leur race.  

Instinctivement, je posais mes doigts sur mon cou, ou mes cicatrices avaient disparus depuis le temps. Une vampire. C’était donc ça. Malheureusement, étant déjà appuyé contre le mur derrière moi, je ne pouvais pas trop m’échapper. J’étais pris au piège. Merde. Je fis comme si tout allait bien. Comme si j’avais oublié ce qu’elle était et ce qu’elle m’avait fait subir, même si j’avais déjà porté ma main à mon cou. Je m’étais auto trahi. Tant pis. Et vu le monde qui nous entourait, je n’étais pas sûr qu’elle oserait s’attaquer à moi avec cette foule. Et cette fois, je ne me laisserais pas avoir. A la sortie de ce bar, il y a cinq ans, j’avais juste besoin de compagnie et je m’étais fait avoir. Certes, encore maintenant j’aurais bien voulu avoir de la compagnie, mais elle n’arriva pas à m’avoir deux fois de suite. « Tiens Aileen. Plaisir de te revoir, très chère ». Je souris légèrement, essayant de masquer mon trouble. Putain ressaisis toi. T’as pu interroger des tueurs en série en tout genre, et là, tu te comportes comme une tapette ? Prenant une grande inspiration, je plantais mon regard dans le sien, tirant sur la fin de ma cigarette, qui s’était entre temps consumée toute seule. « Que me vaut l’honneur de te voir ici, en Ecosse ? » Je  ne fis aucun commentaire sur notre passé en commun. « En tout cas, je vois que tu es toujours une brillante pianiste. Ça n’a pas changé. Et … », je me rendis subitement compte qu’elle non plus au fait. Fouillant dans ma mémoire, j’essayais de me souvenir ce que j’avais lu sur les vampires, ayant dû m’instuire tout seul sur ce sujet. « … toi non plus d'ailleurs. Toujours aussi charmante ». Pour prendre un peu de force et de courage, je vidais ma bière d’un trait.

You Again ?

Aileen & Eames.

Décidément, je ne sais pas ce qu’il se passait ces derniers temps, mais dès que je sortais dans un bar, il se passait quelque chose et je me maudissais d’être venu. La prochaine fois je resterais tranquillement à la maison, ou j’éviterais tout simplement de revenir ici. Déjà au Gladstone Pub, Clyde qui avait débarqué et qui m’avait emmerdé pendant toute la soirée, et qui à la fin, a même pas minuit, il ne tenait plus debout, et ici, au Gravity Bar, Aileen. Je me disais bien qu’elle me disait quelque chose tout à l’heure, quand elle joutait du piano, et qu’elle était loin de moi. D’ailleurs, je me demande comment elle, elle a pu me reconnaître. Après tout, on avait juste passé une soirée ensemble, pas trente-six milles. Tenant tranquillement ma cigarette en main, je la regardais, me rapprochant du mur, inconsciemment. A cause de ce qui s’était passé la dernière fois, je savais très bien qui elle était, et, je n’avais pas vraiment envie de revivre la même expérience. Ce n’est que quelques jours plus tard que je me suis rendu compte que j’avais eu une sacrée chance ce soir-là. A l’heure actuelle je ne devrais même plus être là si elle ne serait pas partie précipitamment. Je la regardais quand même dans les yeux, car, il faut bien avouer, elle était plutôt mignonne pour son genre. Et puis, si vraiment elle voulait me faire du mal, je pouvais en faire aussi, si bien évidemment, elle n’avait pas de bouclier contre les sorts. Mais je ne pensais pas, elle n’avait pas l’air si puissante qu’elle en a l’air. Merci les recherches internet pour ces informations très utiles. C’est toujours bon à savoir. Et surtout que, elle ne saura jamais d’où ça viendrait, mais le mauvais côté, c’est que, pour cela, il fallait que je m’écorche. Pas très joyeux tout ça, mais dépend comment la soirée évoluerait, ça en voudra certainement la peine. Je n’avais tout de même pas peur d’une cicatrice. J’avais bien reçu une balle dans le bas du ventre au cours d’une enquête, donc j’avais encore la marque, alors une simple cicatrice … A voir. Dans la discussion, elle me demanda ce que je faisais ici, je me mis à rire légèrement. « Je viens d’ici », enfin non pas vraiment, j’étais certes écossais, mais je n’étais pas né ici, mais ça, elle n’avait pas besoin de le savoir. Je n’allais pas non plus lui raconter toute ma vie et faire ami-amie avec elle. « Et j’y habite depuis plusieurs années. En effet, c’est magnifique ». Elle me proposa ensuite un autre verre, remarquant que le mien était vide. Je pesais le pour et le contre, et acceptait sa proposition. « Après tout, pourquoi pas. J’aurais le droit de boire une dernière bière avant que mon heure ne sonne », répondis-je, raillant. Elle devra certainement comprendre là où je voulais en venir.

Juste après lui avoir répondu, je jetai mon mégot dans un cendrier et je me frayais un passage parmi les badauds qui s’étaient agglutinés sur le trottoir pour fumer, suivi d’Aileen. Et une fois à l’intérieur, je dus faire la même chose. J’avais l’impression d’étouffer, j’étais bien dehors, mais au mois, me dis-je, j’étais plus en sécurité à l’intérieur que dehors. Je ne pensais pas qu’elle oserait s’attaquer à moi avec tout ce monde autour, ni qu’elle allait s’en prendre ensuite à tous. C’était trop risqué. Arrivé au comptoir du bar, je m’assis sur un tabouret, enlevant ma veste, et commandai une bière. Je me tournais vers Aileen, qui se trouvait à mes côtés. « J’imagine que tu ne prends rien, c’est ça ? » J’avais lu, pendant mes recherches sur ma nature et les autres, que les vampires ne supportaient plus tellement la nourriture et les boissons humaines. Pas de chance pour elle. Elle loupait pleins de choses. Je ne pourrais jamais y renoncer. Et je me voyais mal demander du sang à la serveuse, surtout que, ce bar était un repaire pour les sorciers. Fallait qu’elle se tienne à carreaux. On pouvait aussi être méchant quand on le voulait, surtout moi. J’avais quand même failli tuer ma belle-mère alors que j’étais seulement âgé de quatorze ans … Dès que ma commande arrive, j’en bus une gorgée, avant de nouveau me retourner vers elle, la détaillant de la tête aux pieds. Quel gâchis quand même qu’elle ne soit plus humaine. Bon au moins, la bonne chance, c’est qu’elle gardait toujours sa jeunesse. Mais bon, pas pratique pour moi. Je ne savais pas trop quoi faire. Ni dire. C’était … bizarre. Je me lançais quand même, pour ne pas rester à se regarder dans les blancs des yeux pendant des heures sans rien se dire. « Et dis-moi, qu’est-ce qui t’as poussé à traverser l’océan ? A venir t’installer ici ? » Je lui souris légèrement, vraiment curieux de savoir ce qu’elle pouvait bien foutre ici. « En tout cas, ça ne doit pas être à cause de moi, vu que tu ne savais pas que j’étais ici », rajoutais-je en riant. Je pris une grande inspiration, avant d’ajouter, sans trop savoir pourquoi. « Tu sais … il y a cinq ans en arrière, on avait quand même passé une bonne soirée ensemble, je trouve …, même si … tu sais quoi », je secouais la tête, tout en me méfiant. On ne savait jamais. « J’ai une question, comme ça, au hasard. Est-ce que par hasard ce ne serait pas toi qui laisserais traîner des cadavres un peu partout, comme des miettes de pain ? Sérieusement ». Si ce n’était pas elle, peut-être que, elle pourrait m’aider à mieux comprendre, et à savoir qu’elle espèce se retrouvait exactement derrière certaines meurtres irrésolus.

You Again ?

Aileen & Eames.

Accoudé au bar, ma bière en main, je la contemplais de haut en bas. Il fallait dire que je n’étais pas vraiment indifférent et quelque chose chez elle m’intriguait. C’était peut-être dû au fait que c’était le premier vampire que je croisais. Enfin, c’est ce que je pensais, mais c’est en tout cas la première avec qui je parle et dont je sais la vraie nature.  Je serais aussi curieux de savoir si elle, justement, savait aussi qui j’étais vraiment. « T’inquiète pas trop. Je ne pense pas que ton heure soit imminente ». C’est ce qu’elle m’avait dit tout à l’heure, avant de revenir à l’intérieur, et cette petite phrase me trottait toujours dans la tête. En tout cas, ce qui était sûr, c’est qu’effectivement, comme elle l’avait dit, ce n’était pas pour tout de suite. Trop de monde autour de nous. Je me penchai légèrement vers elle, pour lui chuchoter à mon tour « J’espère ». Tout en sirotant mon verre, elle s’approcha un peu de moi. « Bien vu. Tu es plutôt perspicace. Il n’est pas étonnant que tu aies choisi ce métier ». Cela me fit sourire et bien rire. Si seulement elle savait comment je savais tout ça sur les vampires. Mais pour le moment, j’allais lui faire croire qu’elle avait raison. Quoiqu’en même temps oui, en temps normal, j’étais toujours perspicace dans mon métier, mais en l’occurrence là, ce n’était pas du tout ça. Tout en la regardant, je lui répondis « Toujours perspicace ». Oui oui, j’avais un peu tendance à prendre la grosse tête dans certaines situations, et après tout, pourquoi pas ici ? Je pouvais peut-être toujours l’impressionner. Ne sait-on jamais, et comme ça, je pourrais en apprendre plus sur elle et sa nature.

Pour cela, il fallait tout d’abord engager la conversation. Je n’étais toujours pas très à l’aise en sa compagnie, à cause de ce qu’elle avait essayé de faire la dernière fois, mais il fallait quand même que j’essaie. Je lui avais donc tout simplement demandé ce qu’elle faisait là, et que, juste pour rire, j’avais rajouté que ce n’était pas pour moi, vu qu’elle ne savait pas d’où je venais. « Oh, tu crois que ce n’est pas pour toi? Peut-être que je suis une obsédée, qui sait… Peut-être que je te traque depuis cinq longues années. Peut-être qu’au fond, je savais que tu serais exactement ici ce soir, avant même que tu ne le décides toi-même. » Je n’eus pas le temps de répondre qu’elle poursuivait : « Peut-être que je veux achever ce que j’ai commencé… ». A ce moment-là, j’essaie de rester impassible, de ne pas réagir, je ne voulais pas lui montrer qu’elle me faisait peur, même si, elle le ressentait certainement. Même si je n’y croyais pas vraiment, elle l’aurait déjà fait tout à l’heure, ou elle en avait eu l’occasion, mais la soirée n’était pas encore fini et cela dit, je n’étais pas sûre de la finir encore en vie. « N’importe quoi! Je suis ici, parce que mon compagnon l’a décidé. Je m’y plais, je pense bien y rester un long moment. »  Buvant une gorgée dans mon verre, je réfléchis un instant, avant de lui répondre. « En tout cas, tu n’es pas une bonne chasseuse. Mettre cinq ans pour retrouver quelqu’un … Ou alors tu t’en foutais complètement et je n’étais pas si important pour toi », dis-je en faisant la moue, avant de rire de mon cœur. La nervosité. « Et je ne te crois pas, si vraiment c’était pour cette raison, tu l’aurais déjà fait et je ne serais actuellement pas ici en train de discuter avec toi ». Sa dernière remarque, par contre, me fit réagir. « Ton compagnon ? », alors comme ça, elle avait quelqu’un, j’étais presque un peu déçu. « Il s’en fou que tu puisses être ici, à discuter avec d’autres hommes ? ».

Reprenant mon sérieux, je lui parlais vaguement de la dernière fois, que malgré tout, j’avais tout de même passé une bonne soirée en sa compagnie. « Oui. Je suis désolée que tu n’aies pas appréciée mon penchant sadomasochiste ». Sa remarque me fit bien rire de nouveau, c’est qu’en plus, elle jouait avec ça. « Qui te dis que je n’aime pas le sadomasochisme ? Non sérieusement … y a morsure et morsure quoi ! » Je secouais la tête, plus pour moi-même, avant de vider mon verre et d’en recommander un. Le plus sérieusement du monde, je lui demandais enfin si elle était derrière certains meurtres, surtout pour voir sa gestuelle, car sa réponse n’allait pas être sincère si elle y était pour quelque chose. « Non. Sérieusement ». J’hochais la tête, c’est bien ce que je pensais. Et son langage corporel disait la même chose que ses paroles, à moins que, elle savait très bien se tenir. « Mais si tel était le cas, penses-tu sincèrement que je te le dirais ? ». Je lui souris, secouant la tête. « Bien sûr que non. Tu me prends pour qui ? Je sais très bien que tu ne me le dirais pas. C’était … juste pour dire quelque chose je pense ». Même si j’avais quand même eu la confirmation qu’elle n’y était pour rien. Sauf que du coup, je ne savais vraiment plus quoi dire.

You Again ?

Aileen & Eames.

Sirotant tranquillement ma boisson, je regardais de temps à autre autour de moi. Le bar était presque plein. Une bonne chose pour moi. Et surtout, je ne savais pas si Aileen était au courant ou non, mais le Gravity Bar était tenu par une sorcière et plus que la moitié des gens ici présent, tout comme moi, étaient des sorciers. Je ne pensais donc pas qu’elle s’attaquerait à moi. En tout cas pas ici. J’étais donc en sécurité encore pendant un petit moment. Pour l’instant, on parlait juste de simples banalités, qu’est-ce qu’elle faisait exactement ici entre autre. Je l’écoutais parler avant de lui répondre à mon tour. Ca tournait un peu en rond, mais je ne savais pas trop quoi dire. J’étais surtout fatigué et à la base, j’étais juste sorti pour boire un verre avant de rentrer. Je n’avais pas du tout prévu de rencontrer sur le chemin une ancienne connaissance, qui avait essayé de me tuer d’ailleurs. Je n’aurais peut-être pas su qui elle était exactement, les choses se seraient certainement passé différemment, mais savoir qu’elle était une vampire, ça ne m’aidait pas vraiment. Malgré le fait que je ne le montrais pas, j’étais quand même un peu mal à l’aise face à elle, et je n’arrivais pas à me détendre comme je le voudrais. Après tout, si elle l’aurait voulu, elle m’aurait déjà tué depuis longtemps et n’aurait pas mis cinq ans avant de me retrouver, même si je savais qu’elle n’était pas ici pour moi. « Au moins, tu en as conscience. Tu vois, je ne suis pas si méchante … » J’hochais imperceptiblement la tête. Elle n’avait pas tout tort, même si je ne la croyais pas. Un vampire ça ne pouvait pas être gentil et ça ne l’était pas. Ce n’était que dans les films que les vampires étaient tous beaux tous gentils. Alors que la réalité étai tout autre. « Non, au fond, je le suis. Mais c’est ton jour de chance, je ne me sens pas très … cruelle ce soir ». Voilà. C’était bien ce que je pensais. Encore une fois, j’avais eu raison. Vidant d’un train le fond de mon verre, je plantai mon regard dans le sien, avant de lui demander « Et qu’est ce qui t’empêche de m’achever ? Tu as bien essayé une fois, pourquoi pas finir la tâche que t’avais accompli il y a cinq ans ? » Simple curiosité de ma part, et je me préparais presque à foutre le camp en quatrième vitesse.

Je faisais tourner mon verre vide, pendant que la discussion suivait son cours, tranquillement. J’avais besoin d’un autre verre là, et un peu plus fort qu’une simple bière. J’attendis alors que le serveur s’arrête à mon hauteur et je commandais, cette fois-ci, un double whisky. Soudain, la soirée avec Clyde refit surface dans ma tête. Mon dieu. C’était la déchéance ce soir-là. Je me demande encore comment j’ai pu dessouler aussi rapidement. En tout cas, le lendemain, je n’avais pas été très frais et je mettais promis de ne pas recommencer. Jusqu’à … maintenant. Bon, un whisky n’allait rien me faire, mais je glissais lentement sur la pente. C’était mauvais signe. Il fallait que je me contrôle niveau alcool. Quand elle me dit qu’elle avait un compagnon, j’en étais presque surpris, mais après tout, pourquoi pas ? C’était juste … bizarre. « Dis-moi, est-ce que je semble le genre de femme à qui on peut contraindre la volonté ? » Je secouai la tête, souriant légèrement. Non. « Non, pas du tout ». Mon whisky arriva enfin et j’en bus directement une gorgée, avant de reporter mon attention sur elle. « Je tenterai d’être plus douce la prochaine fois ». Je fronçais un sourcil. M’ouais. « Il faut déjà qu’il y ait une prochaine fois pour ça, ma chérie », répondis-je avec un air aguicheur.

Je faisais tourner mon verre dans ma main, regardant un peu partout avant de toujours revenir sur Aileen. J’avais l’impression de faire face à un aimant. Même si j’aurais voulu voir autre chose, je n’aurais pas pu. Elle m’attirait constamment à elle, au point de dire n’importe quoi. Avec le recul, je me rendis compte à quel point j’avais été bête de lui demander pour les cadavres. C’était évident qu’elle n’allait pas avouer, que ce soit elle ou non. J’avais envie de me gifler, là tout de suite, mais ça aurait semblé trop bizarre. « Tu me plais. Et tu sens terriblement bon. Et non, je ne parle pas de ton parfum ». Elle avait complètement changé de sujet. Sur le moment, je restais bouche bée, devant elle, n’étant pas sûr d’avoir bien entendu. Je clignais deux trois fois des yeux avant de revenir à la réalité et boire une gorgée de mon whisky. J’avais bien fait d’en commander, effectivement, j’en aurais encore plus besoin qu’avant. « Je te plais ? » Décidément, j’avais l’impression de nager entre rêve et réalité. Et je ne savais surtout pas quoi répondre à ça. « Pas de mon parfum, de quoi alors ? » C’était la seule chose qui était sortie de ma bouche. J’avoue, ce n’était pas vraiment très intelligent. Loin de là. Fallait vraiment que je me ressaisisse. Je n’étais pas encore remis de mes émotions quand elle en rajouta une couche. « Tu ne veux pas m’accompagner … Ailleurs ? » Sur le moment, je cru que je devenais livide, avant d’avaler cul sec le reste de ma boisson. J’hésitais un instant d’en prendre une nouvelle, me disant que ce n’était peut-être pas raisonnable. Je reportais mon attention sur la jeune fille, la détaillant de nouveau au passage de A à Z. Un sourire narquois se dessina sur mes lèvres. Je sortis la première chose qui me passait par la tête. « Ailleurs ? Genre … tu veux visiter ma cave ? Il y a plein de gadgets … » Je secouais la tête. « Non sérieusement, je ne sais pas … ». J’étais partagé. D’un côté j’avais envie de continuer la soirée avec elle, mais d’un autre … c’était une vampire merde. Je risquais ma vie chaque seconde si j’allais avec elle, et surtout que je n’avais rien pour me défendre. J’avais beau avoir mon arme, elle ne servirait à rien. A absolument rien. « Je ne serais pas trop avide. Et tu vas aimer, je te le promets … ». Je ne répondis pas de suite, posant le pour et le contre. « Hum … et qu’est-ce qui me prouve que tu vas pas recommencer comme la dernière fois ? Et cette fois finir le travail ? ». Je la regardais droit dans les yeux, avant de poursuivre. « Et si, admettons que j’accepte de venir avec toi, ailleurs », j’articulais bien le ailleurs, « qu’est-ce que j’ai en échange ? Enfin, je gagne quoi dans l’histoire ? ».

You Again ?

Aileen & Eames.

Soupirant, je regardais tout autour de moi, pesant le pour et le contre de sa proposition.  C’est à ce moment-là que je sentis une légère pression sur mon pantalon, mais je n’en tins pas compte. Après tout, ce ne sera pas la première fois où j’avais l’impression de sentir mon téléphone vibrer dans ma poche, alors que je n’avais reçu aucun message ni aucun appel. C’était juste … je ne savais pas trop ce que c’était au juste.  Je n’étais pas du tout spécialiste dans l’interprétation du corps humain. Juste du langage, mais ce qui se passait à l’intérieur, j’étais nul. Ce n’est qu’en entendant la voix de la jeune fille que je retournais de nouveau mon regard dans sa direction, et que je remarquais que mon téléphone se trouvait sur le comptoir, devant elle. Je fronçais un sourcil, me regard devenant soudainement mauvais. Je la fusillais presque du regard. La garce. Je comprenais mieux maintenant ce que j’avais ressenti il y avait quelque secondes. Ce n’était pas mon sang qui me jouait des tours. C’était bien elle, là, qui avait subtilisé mon téléphone. Ça m’était complètement sorti de la tête que les vampires, entre autres, avaient leur vitesse décuplée. Tout s’expliquait. Je sentais que mon verre de whisky ne serait pas suffisant. « Je viens de programmer un message qui sera envoyé dans quelques heures à Lysandra. Elle est bien de ta famille ? A moins que tu ne sois marié ? ». Je la regardais, ébahi, secouant la tête. Je n’en revenais toujours pas de ce qu’elle venait de faire. « Oui, elle est bien de famille et non je ne suis pas marié ». Je m’interrompis, me grattant le menton, comme si j’avais une barbiche. Signe que je réfléchissais. « Tu n’auras qu’à annuler l’envoi lorsque tu verras que tu es en sécurité. Et, dans le cas contraire, elle pourra alerter qui elle voudra, je serai la première suspecte dans le cas d’une disparition ». Soupirant, je plantai mon regard dans le sien, vidant mon verre d’un trait. Je n’en aurais bien commandé un autre, mais j’avais d’autres idées en tête, que ça lui plaise ou non. J’haussais les épaules. « Mauvaise pioche. On ne sait pas vu depuis au moins vingt ans, je doute qu’elle alerterait la police pour moi. Et pas besoin de ça, efface ton message. Je te fais totalement confiance ». Un sourire aguicheur se dessina sur mes lèvres. J’étais à deux doigts de me lever, quand elle reprit la parole. Par politesse, je ne bougeais pas, l’écoutant attentivement, sauf que cette fois-ci je ne pris pas la peine de lui répondre. Elle verra bien par elle-même.

Sans dire un mot, je me levai, j’enfilais ma veste, car tout de même, il faisait assez frisquet pendant un mois d’octobre à Edimbourg, même si je prévoyais déjà que l’ambiance allait se réchauffer. Ne la lâchant pas du regard, je lui pris la main et je l’entraînais vers la sortie. Une fois dehors, je m’allumais une cigarette, j’avais besoin de ma petite dose de nicotine, avant de regarder les alentours. Je réfléchissais à toute vitesse. Autant que je le pouvais. Je restais un moment adossé au mur, regardant droit devant moi, fumant ma drogue. Ne pipant mot. Je sentais qu’elle commençait à s’impatienter à mes côtés, mais je m’en foutais. Qu’elle attende encore un moment. Ça lui fera le plus grand bien. La patience étai une vertu, et apparemment pas pour tout le monde. Je jetai mon mégot dans le cendrier, je lui repris la main, que j’avais lâché tout à l’heure, je tournais la tête à droit et à gauche et je la fis traverser la route, pour l’amener dans une petite ruelle sombre. Éclairée simplement par un seul lampadaire. Il n’y avait rien dans cette rue. À part quelques cartons qui traînaient par-ci par-là, et quelques étagères, qui seront peut-être bien pratiques. Je me plantai en face d’elle. « Bon, on est ailleurs, et maintenant ? Et ne compte pas sur moi que je vais me laisser mordre facilement. Ma confiance est une chose qui se gagne difficilement ». Soudainement, brusquement, je la plaquai contre le mur en face, et je me collai à elle, du mieux que je le pouvais. En même temps, je réussis tant bien que mal à lui tenir les mains et à coincer ses genoux entre mes jambes. Normalement, elle était dans l’incapacité de bouger. Quoique, on pouvait s’attendre à tout de la part d’un vampire. J’approchais mon visage du sien, un sourire narquois, et mes lèvres s’arrêtent à quelques centimètres de son oreille. « Juste une chose, ma très chère. Juste pour t’avertir que, tu n’es pas la seule ici qui peut faire très mal. Alors fais gaffe à ce que tu tenterais de faire ». Je m’interrompis, ne relâchant pas mon emprise sur elle. « Et si on reprenait ou on en était resté il y a cinq ans, tu en penses quoi ? ». Puis, mon visage s’approcha du sien, et mes lèves se posèrent sur les siennes. Elle ne mit pas longtemps à répondre à ce baiser. Passionnément, sauvagement, bestial. Comme il y a cinq ans. Ces derniers temps, j’avais tendance à être plus brusque que d’habitude, l’instinct primitif refaisant surface, et tant pis si ça ne plaisait pas à tout le monde.

You Again ?

Aileen & Eames.

Dans la ruelle, seuls, je l’avais brutalement plaqué contre le mur. J’avais beau l’avoir immobilisé, je savais très bien que vu sa nature, elle aurait été totalement capable de se défaire de mon emprise. Pour une vampire c’était plutôt une chose aisée, et pourtant elle en fit rien. Elle en rajouta même une couche en faisant semblant d’être scandalisée par mon comportement et d’avoir peur. Un rictus moqueur se dessina sur mes lèvres. Autant jouer le jeu alors. Juste après, je m’étais penchée vers elle, lui murmurant à l’oreille que je pouvais très bien lui faire du mal, tout autant qu’elle. Là aussi elle suivi le mouvement, de nouveau en faisant semblant d’avoir la frousse. Sans me départir de mon sourire narquois, je pensais à tout ce que je pourrais lui faire, sans qu’elle le sache. Certes, elle était plus puissante que moi et pouvait me faire beaucoup plus de mal, mais je n’étais pas en reste. Si je le voulais je le pouvais aussi. Ce n’était juste pas de la même façon et puis bon, ça n’équivalait jamais à une morsure, mais je le pouvais. Sans même la toucher, contrairement à elle. Rira bien qui rira le dernier, mais pour l’instant, j’en avais pas l’utilité. J’avais juste envie de finir ce qu’on avait commencé il y a cinq ans, et plus vite ça sera fait, plus vite je serais débarrassé d’elle. Vite, façon de parler bien sûr. J’allais tout de même prendre tout mon temps et de profiter de ce moment. Ce n’était pas du tout dans mon habitude de me retrouver dans ce genre de situation, couchant presque avec une quasi inconnue, même si nous nous en étions pas encore là, mais qui allait certainement suivre. Mais voilà. J’avais juste besoin de m’évader un peu, de tout oublier pendant quelques heures. Et c’était tombé sur elle. Et puis bon, elle avait l’air d’en avoir envie tout autant que moi, alors pourquoi refusé une si jolie offre ? Bon, ce n’était peut-être pas la même envie mais je m’en foutais. Sortant de mes pensées, je m’étais de nouveau penché vers elle, mais cette fois-ci pour l’embrasser, assez sauvagement. Je n’étais plus vraiment moi-même. Dans ces instants, je perdais toute mon éducation, pour me comporter plus brutalement. L’instinct animal qui revenait au galop. Elle me répond d’ailleurs avec fougue, comme quoi, nous étions sur la même longueur d’onde. Elle réussit à libérer ses mains, et elle me plaqua encore plus contre elle. Avant de rompre son baiser et briser tout le charme qui allait avec.

Puis, à l’instant suivant, elle me regarda, ses crocs dehors, tout en splendeur. Cette fois-ci, je me figeai juste un petit instant, trop excité par l’instant présent. Je n’étais déjà plus trop en état de réfléchir il faut dire. Mais l’appréhension était quand même là. Elle faisait juste un faux pas, c’en était fini de nous, même si, il y en avait pas vraiment un. Mais en tout cas de cette soirée. Tant pis pour elle si elle sera frustrée. Ce n’était pas mon problème. Mon regard passait de son corps, à son visage et enfin à ses crocs. Je n’avais toujours pas bougé et je n’avais rien fait pour l’en empêcher. A ma grande surprise, elle porta sa main à s bouche et mordit un de ses doigts. J’étais interloqué, me demandant ce qu’elle pouvait bien fabriquer. Et en même temps soulagé qu’elle ne s’était pas attaqué à mon pauvre petit cou. Une petite morsure, à la limite, comme ça pouvait se faire, j’accepterais, mais pas avec ses crocs. Et encore moins avec ceux-ci enfoncés dans mon cou. Je l’observais faire son petit cirque, sans m’attendre à un instant qu’elle allait m’obliger à ouvrir la bouche pour y glisser son doigt. J’haussais un sourcil, me demandant ce qu’il pouvait bien se passer. C’était comme si le monde tournait à l’envers. Je n’eus pas d’autre choix que d’accepter son présent et d’avaler la petite goutte de sang, qui se mélangea rapidement à ma salive. C’était du sang quoi. Je ne voyais pas trop ce qu’elle venait de faire là. Ni plus ni moins du sang, avec son goût de fer. « Qu’est-ce … » Je n’eus pas le temps de finir ma phrase que déjà elle avait empoigné ma veste et pour me faire tourner. Je me retrouvais plaqué contre le mur. Les rôles s’étaient inversés et je n’aimais pas ça. Je ne supportais pas ne pas avoir le contrôle de la situation. Je voulais faire une remarque dans ce sens, quand, j’eu l’impression que pendant un court instant, mes pupilles s’étaient dilatés, avant de reprendre leur forme normale. Au loin, à l’entrée du bar, j’entendais bien évidement le brouhaha des fumeurs agglutinés là comme des moutons, mais, j’entendis aussi une pièce qui tombait et qui avait fini son chemin sur le goudron. Chose que normalement je n’aurais pas dû entendre. Je fixai Aileen, d’un air mauvais. « Qu’est-ce que tu m’a fait là ? ». Je n’attendis pas de réponse et nous avions repris notre baiser. De la même manière. Je passais une main dans ses cheveux, tandis qu’avec mon autre, ayant eu un regain dans ma libido, je la faisais passer sous la robe rouge de la jeune fille, la faisant gentiment monter vers le fruit défendu. Au bout d’un moment, je me détachais enfin. Regardant les alentours. Un peu plus loin, il y avait une espèce de table, qui, fallait l’espérer, allait encore tenir debout. Je soulevais les jambes de la jeune fille, qui se cramponna à moi, et je la portais jusqu’à là-bas, la faisant s’asseoir. Je la regardais un petit instant, sans rien voir, juste pour contempler sa beauté, avant de poursuivre le baiser interrompu. Ma main toujours à l’intérieur d’une de ses cuisses, et l’autre dans son cou. Je me défis de nouveau, lui caressant la joue, et haussant les épaules. « Bon, ce n’est pas le meilleur endroit, je te l’avoue, mais … je ne sais pas si j’arriverais à tenir encore plus longtemps ».

You Again ?

Aileen & Eames.

Pendant un court instant, dans cette ruelle, tout en embrassant la jeune blonde, je me demandais ce que je foutais là. Depuis quelques temps j’avais juste l’impression de foutre ma vie en l’air, et de ne plus être moi-même. Ce que j’étais en train de faire là, ce n’était pas moi. Je n’agissais pas de cette manière normalement. A une époque, je serais certainement parti, préférant rechercher l’amour, ou un semblant d’amour. Mais actuellement, j’avais mis de côté mes sentiments. Je ne cherchais plus rien, sauf à m’amuser. Ce n’était pas du tout mon style de faire ça à la va-vite, et qui plus est dans une ruelle, ou des gens pourraient nous surprendre. Certes, il y avait une part d’excitation tout de même, mais … Il fallait que j’arrête de réfléchir. Ce n’était pas le bon moment. Tout compte fait, j’avais peut-être tout simplement besoin de me vider l’esprit, de m’évader pendant un instant et de ne plus penser à plus rien. Laisser la vie suivre son cours. Mettre de côté les victimes qui attendaient que je venge leur mort. Ce soir plus rien n’avait d’importante. C’était comme une délivrance. J’en avais besoin pour mieux continuer. Pas une seule fois je détachais mes lèvres des siennes, sauf de temps à autre, pour reprendre un peu d’air. Je ne comptais pas mourir aujourd’hui, quoique … ayant en face de moi un vampire, je n’étais sûr de rien pour. Même si au fond de moi, je savais que ma dernière heure n’était pas encore sonnée. Tout en l’embrassant donc, j’avais gentiment passé ma main sous sa jupe, remontant le long de sa jambe, m’arrêtant à quelques endroits pour caressera sa douce peau, avant de l’approcher vers son intimité. J’étais tellement ailleurs, que je ne remarquais même pas de suite qu’elle avait pris les devants pour baisser, juste ce qu’il fallait, mon pantalon. Au moins, on n’avait pas besoin de se dévêtir plus que tant. On aurait été ailleurs, peut-être que si, on l’aurait fait, mais là, dans une petite ruelle, non. Et il faut bien avouer qu’il ne faisait pas très chaud non plus. On était tout de même au mois d’octobre, et l’Ecosse n’est pas réputée pour avoir du beau temps, surtout pas en automne.

Peut-être un peu trop brusquement à son goût, mais pas forcément au mien, j’en avais besoin pour me libérer, tout instinct humain m’ayant quitté, nous ne faisions qu’un. Essayant de trouver un rythme qui peut convenir à tous les deux, je la serre encore plus fort contre moi, contre ma peau, tout en l’embrassant et lui caressant le dos, enfonçant de temps à autre mes ongles dans sa chair. Au tout début, je sentis comme une légère crispation de sa part, mais je n’en dis rien. Je n’allais pas gâcher ce moment pour si peu, et, si vraiment je lui aurais fait mal, elle me l’aurait déjà fait savoir. On ne serait en tout cas pas toujours en train de mener cette danse. J’avais juste un peu ralenti le rythme, au cas où, avant de reprendre ou on en était avant, mon corps frissonnant de plaisir. Quand elle interrompit le baiser, et qu’elle approcha ses lèvres de mon cou, je penchais la tête en arrière, pour qu’elle arrive mieux à y accéder, tout en me mordant la lèvre pour ne pas ameuter les gens. Il ne manquerait plus que ça. Mon corps se crispa soudainement, mes doigts s’enfonçant encore plus dans sa chair, quand ses crocs trouèrent la peau de mon cou. J’aurais dû m’en douter qu’elle allait le faire, mais je m’en contrefichais. Vraiment plus rien n’avait de l’importance, et étonnamment, je ne ressentis aucune douleur, mais plutôt une grande vague de plaisir m’atteindre. Je ne savais pas vraiment à quoi c’était dû, entre ce qu’on était en train de faire, le sang qu’elle m’avait donné il y a un instant, ou … autre chose. C’en était presque agréable. Quand elle se détacha enfin de mon cou, mes lèvres rejoignirent de nouveau les siennes, et je fis abstraction du goût de sang qu’elle avait en bouche. De mon sang. Cette danse à deux continua encore un instant, avant de s’abandonner, quasiment en même temps, l’un dans les bras de l’autre.

Je restais presque figé sur place, ne bougeant pas d’un pouce, la regardant dans les yeux, reprenant tant bien que mal mon souffle. Il faut dire que j’avais perdu un peu d’endurance, et ces derniers temps je n’avais pas vraiment eu l’occasion de retourner en salle de sport. Il fallait vraiment que je m’y remette. Aucun de nous deux parlait, nous contemplant. Je ne savais jamais comment me comporter dans ces moments. Ça en devenait presque gênant, car d’une part en avait partagé une certaine intimité, mais d’une autre, rien nous liait. Au bout de quelques minutes, cinq environ, je me détachais de son étreinte et je remontais quand même mon pantalon, tout en restant en face d’elle, sans pour autant être collé. Par simple reflexe, je m’allumais une cigarette. Qu’est-ce que j’aurais donné aussi pour avoir un bon whisky en main, surtout que le bar se trouvait juste à quelques pas. Sans trop savoir pourquoi, avec ma main libre, je lui caressais la joue. Un souvenir du début refit surface, et prenant un air grave, je lui demandais tout simplement « Tu comptais me le dire ou même pas ? ». Je n’avais pas vraiment tout de suite fait le lien avec sa crispation, mais je ne voyais pas trente-six milles explications et je voulais juste avoir une confirmation. Je reculais de quelques pas et je me mis à côté d’elle, le dos appuyé contre le bord de la table. « Désolé. Je ne suis pas très doué pour le après. Si tu vois ce que je veux dire ». Je tirai lentement sur ma cigarette, regardant droit devant moi.

You Again ?

Aileen & Eames.

Silencieux, planté devant Aileen, je lui caressais doucement le visage, reprenant gentiment mon souffle. C’était ça d’avoir arrêté d’aller faire du sport et de se tenir en forme. Fallait vraiment que j’y retourne. Un de ces jours. Quand j’aurais le temps. Pour l’instant, fallait que je pense à l’instant présent, et jusqu’à maintenant, je lui avais posé une seule question et j’attendais donc sa réponse, que je pensais connaître. Ce n’était pas souvent qu’une fille se crispait à un certain moment, mais, je ne sais pas, je n’arrivais pas à le concevoir. Peut-être. Va savoir. « Oui, tu étais mon premier. J’aurais bien aimé un scénario un peu plus romantique … ». Aucune stupeur ne s’afficha sur mon visage, m’attendant déjà à cette réponse, sans y comprendre vraiment. Je sentais qu’elle n’avait pas fini sa phrase, mais je ne pus m’empêcher de parler. « Romantique ? Moi ? Tu peux toujours rêver ». Oui bon. Certes, cet endroit n’était pas vraiment romantique, c’était bien loin de là, et même si je ne l’étais pas du tout, normalement je choisissais quand même des meilleurs lieux que celui-là.  Mais avec l’empressement de tous les deux, nous n’avions pas trouvé mieux. Et le fait qu’elle me dise que j’étais sa première fois, ça ne me fit ni chaud ni froid. Je n’étais pas le genre de type qui était fier dès qu’il pouvait faire l’amour avec une vierge. Et ensuite s’en vanter. J’étais peut-être un salop en ce moment, mais quand même pas à ce point. Il y a des limites. J’étais encore en train de réfléchir à ce que je pouvais bien dire d’autre quand elle reprit la parole « J’ai été créé sans avoir connu les joies de la luxure. Ainsi, je resterai à jamais dans cet état, d’ici quelques minutes, je serais de nouveau vierge ! ». Cette fois-ci je réagis à sa remarque, affichant de la surprise sur mon visage. Mon dieu la pauvre. Elle n’avait vraiment pas eu de chance. Je ne savais même si c’était vraiment vrai ce qu’elle venait de me dire, ne connaissant pas assez le monde des vampires, mais ça devrait être certainement vrai.  Je ne verrai pas pourquoi elle me mentirait sur ce sujet. « Ah. Pas de chance ». Quoi dire d’autre ? Rien. Je ne pouvais rien n’y faire et je n’étais pas vraiment en état de réfléchir à une réponse intelligente. Au bout d’un moment, je me décalai, m’appuyant le dos sur la table, regardant le mur en face de moi, Aileen à mes côtés, et je m’allumais une cigarette. Le silence s’ensuivit pendant un moment.

Profitant d’un peu de calme, j’essayais de m’adapter à ce qui était en train de se passer en moi. C’était presque affolant tous les bruits que je pouvais entendre. Je ne savais pas encore ce qu’elle m’avait fait exactement, mais l’ouïe était surdéveloppée. Pour le reste, je ne savais pas. C’était étrange, et, au fond de moi, j’espérais tout de même que ça allait vite passer et que je n’avais aucun problème. « Eames, t’inquiète pas. Je ne suis pas le genre de femme à vouloir être rassurée et je ne vais pas pleurer toutes les larmes de mon corps si tu ne me rappelles pas demain ». Sa remarque me fit bien sourire. Mais, sachant ce qu’elle était vraiment, je n’avais pas forcément besoin de la rappeler. J’étais certain qu’elle serait me retrouver quand elle le voudrait. C’était un vampire tout de même. Je tournais mon visage vers elle, qui s’était assise normalement, laissant pendre ses jambes. « Pour ça, faut déjà que j’ai de quoi te joindre ». Ce qui n’était pas faux. Il y a cinq ans en arrière, nous n’avions pas eu le temps de s’échanger les numéros ni rien, avant qu’elle ne me morde, et ce soir, c’était du pur hasard qu’on s’était recroisé et je n’avais toujours aucune cordonnée de sa part. Plus j’y réfléchissais, et plus je me disais que je ne connaissais rien d’elle. Sauf son nom et sa vraie nature. « Je peux te poser une question ? ». J’hochais la tête, en signe d’approbation, et elle continua sur sa lancée avant que je puisse dire quelque chose. « Tu … tu n’es pas un humain normal non ? Il me semble impossible que tu puisses être normal ». Je fronçais un sourcil. Elle voulait en venir ou avec ses questions-là ? J’avais tout de même une petite idée, mais je fis mine de m’offusquer. « Un humain normal ? Est-ce que j’ai l’air handicapé par hasard ? Merci ! » Je secouai la tête, tout en pesant le pour et le contre. Lui dire ou ne pas lui dire. Après tout, jusqu’é maintenant, elle avait tenue parole. Elle n’avait pas essayé de me tuer, malgré le fait qu’elle m’ait quand même mordu, mais sinon … tout s’était bien passé. Après tout, pourquoi pas ? « Sorcier ». Un mot. Je n’en dis pas plus. Elle avait sa réponse. Si elle voulait en apprendre davantage, elle n’aura qu’à me poser des questions. Soudainement elle se leva, et se mit face à moi, approchant de plus en plus sa tête de mon cou. Instinctivement, par reflexe, mon corps se crispa. Je n’avais pas encore l’habitude et c’était un réflexe tout à fait humain. Surtout quand on connaissait les conséquences d’une morsure de vampire. « Les plaies se refermeront d’elles-mêmes d’ici la fin de la soirée, grâce à ce que je t’ai donné. Et au fait … Si tu tiens à la vie, ne parle de ce cadeau à personne. Personne compris ? ». Elle avait planté son regard dans le mien, que je soutenais. « Je pense que tu connais très bien la réponse … ». Je tirai une dernière fois sur ma cigarette avant de la lancer au sol, parmi ses confrères. « J’suis inspecteur je te rappelle. C’est toujours louche quand quelqu’un me dit ce genre de chose … », je m’interrompis, laissant un petit silence, ne la lâchant pas du regard. « Mais oui, je ne le dirais à personne … à une seule condition ». J’aurais bien voulu bouger, mais elle était trop proche de moi, que je ne pouvais rien faire. Elle empiétait sur mon espace vital. « Que tu me dises ce que tu as fait exactement. Ou plutôt ce que tu m’as donné ».