INVICTUS

âge : 2070 années dans la passion du vice, le Christ élu qu'on adule de toutes ses forces avec la certitude d'une éternité. lieu de naissance et origines : Rome à son apogée, le sang et la poussière du Colisée. statut civil : marié à un Immortel. profession : fouiller les corps éteints, expertise sur chair humaine, éthanol et sang frais sur les gants en latex. Médecin légiste, mais a pratiqué de nombreuses professions dans le même domaine. créateur : l'idole, l’œuvre de sa vie, Saül. dons particuliers : en plus de ses talents vampiriques perfectionnés au fil des siècles, il a la capacité de se transformer en loup noir et de modifier les souvenirs des êtres inférieurs. méthode de chasse : éduqué par Saül, il n'achève pas les proies, il se nourrit sans qu'elles ne s'en rendent compte, jamais il ne tue, sauf accident ou nécessité, il retient les instincts, il a appris à se maîtriser. quelle est votre réputation à edimbourg : le diable derrières les ombres. traits de caractère : besoin de reconnaissance, analyste, perfectionniste, entêté, intellectuel, loyal, curieux, parfois vulgaire, fier, réservé, énigmatique, imperturbable, sens du devoir et du sacrifice, serviable, altruiste, a des goûts de luxe, élégant, physique, sportif, ouvert d'esprit, hédoniste, charmeur, discret, dévoué. crédits : tumblr. groupe : show me your teeth.

   

✝ 001. il encaisse tout, il est cet idéal de force nietzschéenne, rien ne semble pouvoir le faire chanceler de son fier piédestal. ✝ 002. le savoir est chez lui une pulsion insatiable, inextinguible, il dévore les mots, doit tout connaître. Encyclopédie vivante, une mémoire quasi eidétique, il n'oublie rien. ✝ 003. il est le dévot ultime, la créature du Docteur Frankenstein. ✝ 004. le goût pour l'or, le clinquant, les manoirs, les suites dans les hôtels huppés, les voyages en première classe, les montres Rolex, les jacuzzis, bref, toutes ces choses auxquelles il n'aurait jamais accédées sans Saül, il lui est immensément redevable. Il est loin du petit péteux condescendant, il cultive simplement le bon goût. ✝ 005. les manies d'un gentleman, le raffinement poussé à l'extrême, oublié le gladiateur bestial, il s'exprime avec une politesse hyperbolique. Ce qui tranche singulièrement lorsque lui échappe un mot vulgaire. ✝ 006. observe les mortels avec curiosité, même s'il les préfère sur sa table d'opération, il les apprivoise de plus en plus, imitant son maître, mais il est loin d'être un vampire domestique pour autant, il garde l'empreinte du monstre en dedans. ✝ 007. ses lunettes de papy lui confèrent un air sévère, il les malmène, les cassant constamment. ✝ 008. l'empathie il ne connaît pas, la sauvagerie des combats de jadis dans les veines, il n'éprouve pas de pitié pour son prochain, il ne laisse pas les émotions transparaître sur son visage d'acier. ✝ 009. horloge interne réglée, il a des rituels et ne supporte pas d'y déroger, ne jamais le déranger ses horaires, surtout à l'heure du bain. ✝ 010. n'a pas pu s'empêcher de procréer tandis que son amant hibernait, la créature est une adorable indocile...

(300 lésions) Le fémur craque, assourdissant. Temps de récupération estimé : plusieurs mois et des poussières. Des années peut-être avant de pouvoir se rebattre comme un fauve. Un K.O. définitif. Rien ne le retient, lui, aux mains écarlates, la fièvre au corps. Qu'aurait-il dû faire ? Le laisser gagner ? Se faire empaler sur sa pique acérée sans lutter, à la vie, à la mort ? Le pouce vers le bas, le sort est scellé, l'empereur demande la sentence finale. Or cela n'est pas inscrit dans son contrat de gladiateur. Salvatore lâche le pugio à quelques centimètres du visage de son fraternel ennemi. Un homme tout comme lui, un esclave pour ces nobles en toges. Jamais il ne s'abaissera à ça, jamais.

Dans sa geôle, ce n'est pas tant la noirceur des lieux, la puanteur ou la faune qui l'habite qui le hantent, mais c'est cette terreur, au fond, de ne pas savoir quand, comment. Il s'est préparé au jugement dernier, il sait que son fatum n'a jamais été favorable. Les dieux l'ont abandonné depuis sa naissance, alors que la faim rognait son esprit, le faisant presque délirer. Il se souvient encore des charognes qu'il dépeçait pour arrêter le grondement de son ventre. Un regard au plafond, il y voit le firmament aux étoiles tombantes. Le chaos des cieux qu'il imagine, le doux rêveur. Ce n'est pas sa fin qui l'obsède mais les questions d'éternité, ce qui gouverne la splendeur et la misère de l'Homme, la Création, les inventions miraculeuses. Il façonne, sculpte son intellect même si jamais il n'ouvrira les yeux pour de bon. Trop tard, le glas a sonné. Voilà qu'on tire ses chaînes, lacérant sa chair usée. Ce n'est pas son dernier voyage visiblement. Un visiteur. Un impromptu dans l'équation. Les gros bras l'emmènent dehors, à l'air libre, il ne comprend pas. On l'a traité en vaurien et maintenant on le libère ? Mais où va le monde ? Il baisse les yeux, dans l'obscurité il distingue un jeune homme, le prodige romain. Pendant plusieurs jours, Salvatore ne parlera pas, pensant qu'on le considère comme un animal de foire. Il ne sait que faire lorsqu'il n'est pas obligé de servir, car c'est tout ce qu'il sait - en dehors de ses belliqueuses aptitudes.

Intrigué, il observe les engins, étranges parades de ferrailles. Ses premiers mots sont une question, la curiosité qu'il ne peut réfréner. A quoi ça sert, Maître ? Le premier Homme, un nouveau-né qu'il est. Il obtient toutes les réponses de son jeune employeur. Il a acheté sa vie à un prix certainement exorbitant. Pourquoi moi ? Moi qui ne vaux pas même quelques pièces. Enok devient un mentor, un amant. Il apprend les lignes de son corps comme il apprend à lire et à écrire. La connaissance foisonne de merveilles. Les yeux en pleine lumière, enfin.

C'est arrivé très vite, une attaque, le peuple de Rome se soulève, la mort aux trousses. Le protéger contre tout, l'absolue raison de vivre. Blessé à mort, l'ancien gladiateur capitule aux portes du gouffre. Il a perdu cette fois, le pouce vers le bas annonce son trépas. Le visage barbouillé de rouge, il ne voit pas l'opération, il ne voit pas son maître plonger ses crocs dans sa carotide, il ne voit pas le monstre, le sauvetage. Quand il s'éveille, ce n'est pas aux aurores mais au crépuscule. La soif de quelque chose encore indistincte sur ses lèvres, un met délicieux qu'il n'a jamais goûté mais qu'il connaît par la force des événements. Le cuivre se transforme en élixir de jeunesse. Encre dans la bouche, fluide carmin qu'il avale, épanchant son inextinguible soif. De sang. L'horreur l'abrutit un temps. Il écoute les explications de son amant. Suis-je mort ? Qu'as-tu fait ? Il imagine une expérience qui aurait mal tourné, ou pis, l’œuvre d'un dieu malfaisant...

Accepter cette enveloppe, ni morte ni vivante. Autre. Accepter dorénavant de se nourrir de la vitalité d'autrui. Les débuts sont difficiles, l'accoutumance à l'hémoglobine surtout, il en raffole, il ne peut se satisfaire d'une carcasse animale. Les humains qu'il envoie six pieds sous terre sans réfléchir. Il est égoïste. La rage dans le cœur, il meurtrit avec un plaisir inhabituel. L'indocile est dompté cependant, il fait taire la créature, l'instinct naturel et bestial, formate sa raison avec peine. Le sacrifice est grand, moins boire c'est courir le risque d'être moins performant.

(my bones on your bones) Les siècles s'écoulent. Une tendresse éternelle, un pacte surnaturel, maintenant il sert Enok. Sa vie gravite autour de lui, comme un système solaire, de la Terre à la Lune. C'est son intime dévouement. Apprends-moi, leitmotiv, pensée unique. Il se gorge de savoirs, lit tout ce qu'il trouve. La science des corps est son sujet de prédilection, observer le cœur, le cerveau, anesthésier, cautériser, il est l'horloger qui répare les mécanismes usagés.

Le krach devait arriver, la nécessité d'une nouvelle ère. Grande dépression. La culpabilité qu'il ne parvient pas à soulager quand Enok se vide de ses émotions. Le sommeil est une solution, de facilité certes, mais viable. La main sur le front de son gisant, transi de douleurs intérieures, il récite Shakespeare, extrait de la Tempête : N’aie pas peur – l’île bruisse de sons et d’airs légers, une fête s’exalte sous la feuillée. A mes oreilles, parfois, mille instruments vibrent ; des voix, quand je m’éveille d’un long sommeil, me bercent et me rendorment – et je rêve dans l’oubli du blasphème de nuages qui s’ouvrent, de trésors dans les nuées. Et quand je me réveille, je pleure du désir de rêver encore.