you've gotten into my bloodstream (cesare)

âge: trente et une bougies soufflées, aussi éteintes que son âme. lieu de naissance et origines: né en Sicile, dans la délicieuse commune qu'est San Vito Lo Capo, le bruit des vagues pour bercer son enfance, la tempête pour noyer son innocence. statut civil: émotionnellement instable, l'humain ne fait plus la différence entre la haine et l'amour, il se dit que c'est un tout, une réaction chimique dont il ne veut plus entendre parler. alors il se console ici et là, s'oublie, parfois contre eux, parfois contre elles ; la passion n'a pas de sexe. profession: il s'est d'abord rêvé sportif de haut niveau, avant de se voir pilote automobile, ou encore infirmier. il s'est arrêté sur la mécanique, a découvert ses rouages, appris ses subtilités. il est devenu mécanicien, et ses connaissances lui ont permis de rejoindre certains des plus grands garages de luxe. un coup à jouer de la clé, un coup à jouer les vendeurs, à conseiller ou donner des démonstrations, il lui a même été donné de faire quelques cascades ici et là pour le besoin de productions. mais tout ça s'est envolé, un peu trop soudainement, et en attendant de retrouver un job stable, il fait le barman à la nuit tombée, au nightclub The Hive. famille et/ou communauté: une famille de l'autre côté de l'Europe, là où le soleil ne se fait pas aussi timide qu'ici, en Ecosse. famille à laquelle il ne parle presque plus, lui l'indépendant, l'enfant devenu fantôme. qu'est-ce que votre personnage sait/pense du surnaturel: il en sait plus qu'il ne devrait en savoir, il connaît du surnaturel tout ce que Raleigh lui a raconté. il lui en est reconnaissant quelque part. l'ignorance des autres fait peur. mais aujourd'hui, il se demande s'il n'est pas préférable de ne pas savoir. d'ignorer tout ce qui se trame réellement. sa vie ne serait sans doute pas la même. peut-être qu'il serait plus heureux. plus normal. peut-être, une fois de plus. quelle est votre réputation à edimbourg: cesare, c'est l'homme qui souriait tout le temps, qui tendait la main, qui préférait dire que ça allait bien, même quand c'était pas le cas, c'était l'italien, le garçon à l'accent pour relever ses phrases. puis cesare, il a perdu son sourire, quelque part entre milan et edimbourg. il a commencé à divaguer, à se perdre, à s'oublier. il est doucement devenu l'ombre de lui-même. aujourd'hui, cesare, il joue avec le feu. ils disent qu'il a perdu la tête, qu'il fonce droit dans le mur, et c'est sûrement le cas, ils se demandent où il est passé, ce type sympathique qui n'est plus que le fantôme de ce qui autre fois, était un homme. traits de caractère: têtu, ambitieux, souriant, sarcastique, réaliste, joueur, indépendant, inconscient parfois, charmeur, sociable, travailleur, curieux, a la fâcheuse tendance à jouer avec le feu, devenu fataliste par la force des choses, mentalement instable, souvent calme, même s'il peut vite devenir la tempête. crédits: titre par stateless, citation par kongos, gifs par hcdaily@tumblr, icon par ah@tumblr. groupe: beating hearts.

001. la mécanique, c'est son métier. ça l'apaise, ça l'aide à se poser, ça le pousse à réfléchir, mais aussi à se vider l'esprit. il baigne dedans depuis toujours, avec la conduite, la vitesse. s'il a bien un don, c'est pour ça, le pilotage. il en connaît un rayon sur l'automobile, à travers les décennies, les modèles, les pays. il aime conseiller, réparer, montrer. mettez-lui un volant entre les mains, il sera l'homme le plus heureux du monde, même si ses excès lui ont valu plus d'une contravention 002. il fait des crises de panique, d'angoisse ; appelez-ça comme il vous plaira de l'appeler. ça survient aléatoirement ; un coup quand il est seul, un coup quand il est trop entouré. il a l'impression d'étouffer, ou au contraire, d'être perdu dans une pièce trop grande pour lui tout seul. on lui a dit que c'était lié à une peur, une angoisse, un sentiment d'insécurité, le tout rassemblé sous l'étiquette d'une personne mentalement instable. mais, ces crises restent des cas isolés, pour l'instant. il se reprend, sourit, va de l'avant, même quand ça ne va pas, juste pour paraître normal 003. il aime le sport, le voir, le faire, il a eu l'occasion de toucher à diverses disciplines, baseball, hockey, surf, snowboard restent en tête de liste, mais ici, il se contente de la course à pied 004. cesare, il a deux facettes, celle qu'il montre à tous, et celui qu'il est réellement. en façade, il sourit, il arrive encore à rire, il aime amuser la galerie, se montrer joueur et diffuser ce bonheur factice dont il s'enrobe pour sauver les apparences. l'intérieur est bien plus sombre, bien plus vide, écho de la personne qu'il est réellement à ce jour. 005. il aime vivre dangereusement, rouler trop vite, se battre dans la rue, et rire au nez des flics, sauter d'une falaise au bout d'un élastique, marcher au bord de grandes hauteurs et se promener quand la tempête vient. il a besoin de l'adrénaline, de la moindre, petite étincelle qui peut animer sa vie. 006. il a déjà consommé du v, il en consomme encore aujourd'hui, malgré ce qu'on en dit. ça lui importe peu. c'est son échappatoire, ses quelques heures de répit. il essaye pourtant, de s'en tenir au plus loin possible, mais il replonge à chaque fois. 007. il est curieux de bien des choses, il aime le cinéma, les bouquins et la musique, comble souvent l'ennui ou la solitude avec ces derniers.   008. le surnaturel le fascine, il l'intrigue. les vampires, les lycans, les sorciers ; et dire que tout cela les entoure. il ne sait pas s'il doit s'en approcher, ou bien les fuir, il joue les ignorants mais il n'en est pas moins au courant 009. né en Sicile, y ayant vécu une grande partie de son existence, cesare parle le sicilien, l'italien et l'anglais 010. il est joueur, ce n'est pas une nouveauté. faire des paris idiots, et autres défis du genre cap ou pas cap, ça rentre sans mal dans ses cordes, il dit rarement non, quitte à se mettre dans des situations embarrassantes, limite dangereuses parfois. tant que ça fait sourire les autres, c'est l'essentiel.

« Je m'en vais, Julia. » Frêle murmure qui glisse sur un silence devenu pesant. Les deux regards accrochent un horizon lointain, ampli de belles promesses qui lui paraissent irréalisables, s'il reste ici. Il tourne un peu la tête vers elle. La cadette reste impassible, de marbre, même s'ils savent tous les deux qu'à l'intérieur, ce n'est pas aussi plat. À l'intérieur, ça fait sans doute mal, et la nouvelle résonne douloureusement entre les parois de son esprit. « Je sais. » Laisse-t-elle échapper finalement. Il est surpris. Mais il finit par baisser les yeux, observant ses doigts qui s'enroulent entre les brins d'herbe. Le silence revient, s'immisce entre eux. Il creuse un trou, puis un fossé ; ils se tiennent de part et d'autre de celui-ci et se dévisagent, sans réellement s'observer. « Tu t'en vas. » Répète-t-elle en détaillant son grand frère. Cesare hoche un peu la tête. Il débloque ses mâchoires endolories par les contractions répétées, un soupir s'échappe d'entre ses lèvres. Elle le sait, ce n'est pas de sa faute à elle. Ça couve depuis tellement plus longtemps, cette envie de liberté. Ces n'est pourtant pas du genre à se plaindre – et comment le pourrait-il, en voyant le cadre idyllique dans lequel il lui a été donné de grandir. Il aime sa famille. Ou du moins, il l'a aimée. Se peut-il que l'amour que l'on porte pour les siens ternisse avec le temps ? Il aimerait dire que non, mais penser à son frère aîné suffit pour prouver le contraire. Lorenzo et Cesare, ça n'a jamais été la bonne équation de toute façon. Tantôt à s'amuser, la minute d'après à se détester. La jalousie s'en est mêlée. La compétition aussi. Être le meilleur aux yeux de parents qui n'étaient peut-être pas assez démonstratifs. Mais aujourd'hui, alors qu'ils ont respectivement vingt et vingt-deux ans, la situation est d'autant plus invivable. Ils ne se supportent plus, et se sauteraient à la gorge pour un rien. Rencontres acides, propos acerbes. Cesare ne comprend toujours pas comment ils en sont arrivés là. Il n'arrive plus à composer avec, comme il le faisait avant. Il n'arrive plus à aller de l'avant, à ignorer les attaques et l'orgueil grandissant de son frère. A-t-il fait quelque chose pour le plonger dans une telle colère à son encontre ? Il ne comprend pas, et ne cherche plus  à comprendre, depuis que les questions se font trop nombreuses pour y répondre. « Ce ne sera plus pareil sans toi ici. » Elle laisse tomber sa tête contre l'épaule du garçon. Il l'embrasse sur le front. « Je ne m'en vais pas à l'autre bout du monde tu sais. Milan n'est que de l'autre côté de la mer – 1115,7 kilomètres. » Ajoute-t-elle simplement. Il préfère le silence aux mots. Sa décision est prise, il quittera San Vito Lo Capo dès demain.


Les yeux rivés sur ce modèle qu'il connaît par cœur. Les moindres détails, aussi infimes soient-ils. Relevant de la mécanique ou de l'histoire. Cette voiture est celle à laquelle il est rattaché aujourd'hui. Salon automobile. Il doit vendre du rêve. Vendre tout court. Mais ce n'est pas cela dont il rêve, lui. Tout ce qu'il veut, c'est conduire. Tester, et repousser les limites. Sentir la vitesse jusque dans ses phalanges, accrochées au volant d'une de ces voitures de sport. Mais ses mains pour l'instant, elles se resserrent sur la barrière. Il ne conduira pas, tant qu'un potentiel acheteur ne fera pas la demande de tester l'automobile. Son regard se fait vague. Son esprit demeure vide. « Elle va vite ? » Les mots le font frémir. La question lui arrache un sourire. Il se tourne vers cette source d'amusement passagère. Son regard accroche le sien, contourne la forme parfaite de ses traits. Il ne connaît pas cet homme ; sûrement un autre de ces riches qui cherchent l'adrénaline, un peu de vitesse, de quoi frimer aux feux rouges. « Plutôt. » Répond simplement l'italien, se redressant dans sa posture, comme pour gagner en prestance. Rien n'y fait. Il se sent terriblement petit à côté de lui, d'une manière inexplicable, puisque ce n'est pas le physique qui lui fait défaut. L'autre ne le lâche pas du regard, Cesare hésite. Il est partagé, lui, celui qu'on ne peut déstabiliser lorsqu'il se retrouve dans son élément. Il se sent soudainement perdu, et s'inquiète que l'inconnu se volatilise. « Vous voulez en juger par vous-même ? » Il tente un mouvement. Pathétique, certainement sans intérêt. L'homme dévoile ses dents dans un sourire et le surprend en répondant par l'affirmative. « C'est si gentiment proposé. » Et Cesare, il sourit en retour en s'approchant du véhicule qui ne demande qu'à s'élancer sur le circuit de démonstration. Les deux se retrouvent dans l'habitacle du véhicule, le silence de cette nuit encore jeune étouffe sous le vrombissement du moteur. La cinétique emporte les corps et les cœurs, l'adrénaline court dans le système. Cesare, il a les yeux rivés sur la route que la voiture semble dévorer. Pourtant, l'autre lui, ne semble pas un seul instant préoccupé par ce qui se passe autour. C'est dérangeant, ça a quelque chose de perturbant. Mais, même s'il est loin de le savoir pour l'instant, Ces crèvera pour un peu de son attention à lui, plus tard. Il est juste encore trop ignorant pour se rendre compte que cette rencontre est de celles qu'on dit déterminantes, celles qui changent votre existence, pour le meilleur, et parfois pour le pire.


Les esprits s'éveillent, les corps s'agitent et les draps se froissent. Cette nuit encore, les cantiques amoureux ont détonné dans le calme de la villa. Les doigts de l'italien dessinent des formes invisibles sur la peau de l'homme qui gît là, à ses côtés. Raleigh. Tel est son prénom. Doux patronyme qui compose ses journées, ou plutôt ses nuits. Cesare ne pensait jamais éprouver ça pour un homme. Ses parents lui ont toujours dit que c'était contre nature. Mais ses parents ne sont pas là, et avec le respect qu'il leur doit, il se fout de leur avis comme de sa première chemise. L'immortel ouvre les yeux. Il les pose sur lui, petit humain fragile qu'il pourrait briser à tout instant. Il suffirait d'un mot, ou bien d'un souffle. Mais Ces préfère ne pas y songer. Il ne préfère pas imaginer tout ce qui pourrait dégénérer, tout ce qu'il pourrait regretter, pour s'être amouraché d'un vampire. Est-ce réellement de l'amour ? Il n'en a aucune idée. Rae n'aime pas les étiquettes. Elles lui font peur, elles le font fuir. Alors ils n'en parlent pas. Ils vivent l'instant, sans s'interroger sur demain et les jours d'après. Ils se contentent de céder à la luxure et ses dérivés. Les étreintes charnelles et les plaisirs coupables. Assouvir les envies primaires, et écouter cet instinct presque animal qui les pousse, l'un dans les bras de l'autre, en continu. Pourtant, Cesare en est persuadé. Un jour, ça fera mal. Quand la chair et le sang ne suffiront plus. Quand il n'aura plus rien à lui offrir, lui, homme parmi les autres, que la vieillesse emportera inévitablement. Un jour, il aura perdu son côté exceptionnel, un jour, il ne sera plus qu'un souvenir. Mais en attendant, il réapprend la définition de passion, celle qui se décompose en mille teintes aussi rouges que son propre sang. Il se plie aux volontés de l'immortel, ploie sous le poids de ses désirs. Parfois, ça laisse des marques ; les ecchymoses qui fleurissent ici et là, les traces dans son dos, les cicatrices dans son cou. Ces mêmes marques qui laissent penser qu'il n'est plus tant un homme, mais plus une propriété. Calice, titre délicat qui masque une vérité bien plus sombre. Mais compte-t-il s'en plaindre ? Jamais, a-t-il envie de répondre, et toute réflexion allant dans ce sens semble s'évaporer, quand les doigts du vampire s'emmêlent dans les cheveux de celui qu'il a fait sa chose, son humain, son jouet.  Énième caprice qu'il détruit jour après jour, nuit après nuit, au rythme d'ébats dont il s'amuse aujourd'hui, mais dont il se lassera sûrement demain.


Il est adossé contre le mur immaculé dans sa chemise impeccable. Ses doigts se resserrent sur la flûte de champagne à moitié pleine qu'il consomme sans réelle envie. Son regard lui, est fixé sur le même point depuis de longues minutes déjà. Raleigh, comme toujours. Source d'attention, lente addiction qui s'ancre en lui semaine après semaine. Il l'a dans le système, plus qu'il n'a envie de l'admettre. Ses lèvres rencontrent le liquide pétillant, alors que ses yeux retracent le chemin du bras de Rae. Bras qui s'entoure sur les courbes féminines d'une des convives de cette petite soirée « de charité » comme Raleigh aime les appeler. Cesare, il se prend à l'envier, cette femme. Il se dit que c'est lui qui devrait être là, son corps appuyé contre celui de l'immortel. Mais non. Il a pour seule consolation un mur, dur et froid, dont l'arrête rencontre sa colonne vertébrale. Il pourrait se mettre en avant. Tout faire pour attirer son attention. Il l'a déjà fait, plus d'une fois, et il l'a regretté les trois quarts du temps. Alors il se noie dans cette jalousie quasi-maladive en se disant que demain sera un jour meilleur pour eux deux. C'est lorsqu'une personne vient se poster à ses côtés, femme que les décennies n'ont pas abîmée, qu'il revient à lui. L'infante de Raleigh, qu'il rencontre à l'occasion, quand celle-ci joue les secrétaire pour son créateur. « Tu passes une bonne soirée Cesare ? » Ses mots dégoulinent d'un sarcasme qu'il n'a pas besoin de souligner. Il s'est toujours demandé si elle l'appréciait. De plus en plus, la réponse paraît évidente. Il préfère soupirer et reprendre une gorgée de champagne. « Merveilleuse. » Laisse-t-il échapper dans son amertume. « Tu crèves de jalousie. » Elle a un drôle de sourire fasciné pour orner ses lèvres. S'il ne la connaissait pas, il la penserait folle. « N'importe quoi. » Il s'offusque. Ils savent tous les deux qu'elle a raison, pourtant. « Tu vas tomber de haut, Luciano. Je pensais que tu l'avais compris pourtant ; Raleigh n'a pas de petit ami – ou même de petite amie. Ce qui le fait vibrer, c'est la passion, pas des chaînes pour lui lier mains et pieds. » C'est ainsi qu'il voit l'amour, alors. Cesare ne peut rien dire. Il ne peut pas dire qu'il n'a pas été prévenu. Les signes ont été assez nombreux, il ne peut prétendre le contraire. Qu'espérais-tu pauvre fou, que les choses soient différentes, cette fois ? Que tu sois l'exception à la règle ? Le problème étant que maintenant, il l'a sous la peau, aux quatre coins de son esprit. « Tu devrais aller répandre ton venin ailleurs, tu sais que ça ne prend pas. Tu es juste frustrée que les choses puissent en être autrement pour moi. » Elle s'esclaffe devant la naïveté de l'humain. Il aimerait se rassurer, se dire qu'elle a tort. Mais au fond, l'infime part encore bien consciente de sa personne sait que l'infante a raison. Il n'est qu'une passade. Un épisode, l'histoire éphémère que Raleigh finira par oublier auprès d'un ou d'une autre.


Juste une goutte. Il lui a fait découvrir son monde. Lui a donné un aperçu de son existence d'immortel. Quelques heures dans la peau d'un autre. À redécouvrir un environnement où les couleurs sont plus vives. Les sons plus agressifs. Les odeurs plus fines. De longues minutes d'extase où le cours du temps s'est suspendu pour lui. Il sait qu'il n'aurait pas dû. Essayer ça, le V comme on l'appelle dans les rues. Il n'aurait pas dû, car il en redemande. Même si c'est mal, même si l'addiction est bien réelle. La dépendance. Un mot qui fait peur, qu'il balaye pourtant de la main, quand on lui donne sa dose. La drogue, c'est mal, qu'on lui a tout le temps rabâché, à l'école comme chez lui. Il s'est toujours dit que ça ne pouvait pas lui arriver. Pas à lui. Qu'il était trop clean pour ça. Le voilà qui se jetterait dans la gueule du loup, pour quelques précieux millilitres de ce sang si particulier. Ça n'a pas l'air de déranger Raleigh. Autre preuve de son affection bancale pour l'humain. « Allez, juste une fois. La dernière. » C'est la dernière, à chaque fois qu'il demande, qu'il quémande. Raleigh, il a un air un peu exaspéré. Cesare, il continue à jouer de son sourire alors qu'il reste à quatre pattes au-dessus de lui sur leur lit. « Non Cesare. » L'humain se rapproche. Il joue de ses charmes, ceux qui prenaient tellement bien, au début. « Allez. » Un ronronnement dans le cou de l'aîné. « J'ai dit stop. » Qu'il répète d'un ton autoritaire. Mais une fois de plus, l'italien n'en fait qu'à sa tête. Ses lèvres frôlent les siennes. Redéfinissent la forme de sa mâchoire et tracent leur parcours jusque dans son cou. « Allez, je ferai ce que tu veux. » Chantage de bas étage. Qu'es-tu devenu Cesare. Lui-même ne détient pas la réponse. L'immortel se met à rire, s'attirant le regard de son calice. « Arrête Ces, on sait tous les deux que tu n'as pas besoin de ça pour faire ce que je veux. » La vérité qu'il reçoit comme un coup en plein visage. Rae a raison, mais Luciano refuse de l'entendre. Il le gifle avec une rare violence. Il ne fait jamais ça, et il regrette instantanément son geste. Pourtant il n'en montre rien, il se contente de sortir en trombe de la pièce, de fuir, alors que l'autre part déjà à sa poursuite d'un pas pressé.


Il fallait que ça arrive. Un jour, où l'autre. Son monde devait s'écrouler. Il se dit que c'est peut-être sa punition pour avoir vécu trop soudainement, de manière trop intense. Pour avoir profité sans réfléchir d'avantage aux conséquences. Est-ce qu'il regrette ? Il ne regrette pas, non. Il est bien trop en colère pour ça. Il transpire la haine, respire bruyamment alors qu'il contemple son œuvre. La table renversée. La chaise à l'autre bout de la pièce. Les cadres brisés. Ça l'apaise, momentanément. L'histoire de quelques secondes, avant qu'un nouveau coup de sang ne le pousse à s'en prendre à autre chose. Il ne se souvient pas d'avoir été tant hors de lui un seul jour dans sa vie. D'avoir voulu à ce point tout détruire autour de lui. Il est parti. Raleigh est parti. Où, il n'en a aucune idée. Et tant mieux – du moins, c'est ce qu'il aime se dire sur l'instant. Raleigh est parti. Et il a tout laissé tel quel derrière lui. Seuls quelques placards ont été vidés. Il n'a laissé qu'un mot. Papier froissé puis brûlé qui n'est plus que cendres dans la cheminée. Mais tu le sais Cesare, ça devait arriver. Les signes étaient de plus en plus présents. Les tensions ne pouvaient plus être apaisées. Alors Rae a fui. Il est parti comme un voleur en laissant l'humain derrière lui. Humain qui n'a pas envie de se calmer. Parce qu'il sait que s'il s'apaise, c'est là que ça commencera à faire réellement mal. Les blessures, on les ressent plus à froid qu'à chaud. Tant qu'il est énervé, il sait qu'il peut tenir le coup. Mais quand la pression va retomber, qu'en sera-t-il. Il sait qu'il ne fait que repousser le pire. Ça lui importe peu. Qu'est-ce qui a réellement de l'importance désormais ? Plus grand chose. Il est déjà en train de crever à petit feu ; plus vite, plus lentement, il n'en sera pas moins mort au final.


Vivre ou survivre, c'est du pareil au même. Deux définitions qui se frôlent et se confondent, un peu comme son monde en ce moment. Perdu entre l'extase que le v lui procure et la réalité. Les promesses d'un lendemain meilleur, promesses qui s'évaporent dans le néant au petit matin. Les jours se suivent, et oui, ils se ressemblent. Ils s'accumulent. Les erreurs aussi. Il ne travaille plus au garage ; on lui a gentiment fait comprendre que son attitude agressive et ses retards ne faisaient pas bon ménage avec la réputation des lieux. On l'a mis « en pause » pour reprendre les mots du sous-directeur. Alors il est parti. Et depuis quelques temps maintenant, il sert dans ce bar. The Hive. Il s'y sent comme chez lui, ironiquement. Et peut-être qu'il espère un peu naïvement y croiser Raleigh, aussi. Ne pas y songer, tu te souviens Cesare ? Il n'est plus, il est parti, pour de bon. C'est ça qui rythme son quotidien désormais. Sortir. Servir. Juste se laisser aller. Donner son sang, et recevoir en retour. Le V et toutes les conneries qu'il laisse graviter autour. Qu'est-il devenu, il n'a pas plus la réponse qu'autre fois. Il a aimé. Peut-être un peu trop pour accepter d'être seul maintenant. Mais il peut se consoler entre les bras d'autres, il ne trouve pas totale satisfaction ailleurs. Il prétend que ça va, que c'est bien ainsi, mais ce n'est jamais suffisant. Alors il compense, en prenant toujours plus de risques. Il abuse. Existe pour et dans l'excès. Conduire plus vite, hausser le ton, se battre dans la rue. Il sait qu'il ne devrait pas. Qu'il devrait freiner de temps en temps, se remettre en question, et pourquoi pas repartir à Milan. Mais aussi paradoxal que ça puisse paraître, il se sent bien ici. Il se sent chez lui. Il a peur de tout ce qu'il pourrait perdre à retourner là-bas, même s'il n'a pas grand chose ici, en fin de compte. C'est toujours mieux que rien, qu'il se dit pour se consoler.