Nigel A. Raki - Tic Tac

âge: 37 ans lieu de naissance et origines: Edimbourg, Ecossais statut civil: Célibataire profession: Horloger. famille: Ses parents biologiques sont morts à ses cinq ans. Il a été adopté par la famille Raki, d'origine hindoue. Il vit en colocation avec son grand frère, Sanjog, et rend régulièrement visite à sa mère et à son père, dont il a repris la boutique d'horlogerie après leur retraite. dons particuliers: Ouïe décuplée avez-vous un moniteur: Non qu'est-ce que votre personnage sait de sa nature: Il n'en sait absolument rien, il est persuadé qu'il est atteint d'hyperacousie et que son audition décuplée n'est guère plus qu'une pathologie. quelle est votre réputation à edimbourg: C'est généralement vers lui que l'on se tourne lorsqu'on a besoin d'une oreille attentive. Ses compétences dans le domaine de l'horlogerie sont reconnues, tout comme ses parents avant lui. On le considère généralement comme un homme sage, respectant la loi au pied de la lettre, évitant tous les excès. A dire vrai, il gagnerait même à s'encanailler un peu... Ce qu'on lui reproche le plus souvent ? Ses bavardages intempestifs. La rumeur dit qu'il pourrait parler plus de dix heures sans discontinuer, pour peu qu'on le laisserait faire. En résumé, Nigel est de ces personnes qui font rarement de vagues. Il vit dans l'ombre de son grand frère, un célèbre écrivain. traits de caractère: Intelligent, Attentionné, Altruiste, Loyal, Zélé, Naïf, Rêveur, Hypersensible, Anxieux, Bavard. crédits: gifhunteress groupe: fear no evil.

✝ 001. Son ouïe décuplée est une véritable souffrance pour lui : il la contre en portant des bouchons d'oreille ou en masquant les sons les plus désagréables grâce à de la musique. ✝ 002. Il a toujours son mp3 sur lui, empli de ballades et de chansons douces. ✝ 003. Il est passionné par l'horlogerie et ne peut pas envisager une journée sans remonter ou démonter la moindre montre. ✝ 004. Il est le premier fan des livres de science-fiction de son frère, qu'il dévore et critique avant que ceux-ci ne soient rendus publics. ✝ 005. Gourmand, le chocolat est son péché mignon. ✝ 006. Désespérément romantique, il rêve du grand amour, du coup de foudre et d'une femme qui serait faite pour lui et pour qui il serait l'homme de ses rêves. ✝ 007. Cordon bleu, il adore cuisiner toutes sortes e bons petits plats pour ses proches, en particulier des desserts. ✝ 008. Il aime beaucoup les enfants, auprès de qui il se lâche complètement, quitte à paraître ridicule ou immature. ✝ 009. C'est un chevalier blanc : il a cette nette tendance à se jeter stupidement dans les ennuis si quelqu'un, peu importe son identité, semble avoir besoin de son aide. ✝ 010. Les sons les plus aigus et stridents lui sont insupportables : les alarmes incendies et sonneries de téléphone sont susceptibles de lui déclencher une crise d'angoisse, le rendant incapable de toute forme d'action.

Mr et Mrs Mason l'ignoraient, mais le fils qu'ils avaient conçu ensemble était destiné à devenir un être exceptionnel. Oh, il l'était déjà à leurs yeux. Tous deux lui imaginaient mille et mille avenirs, tous plus radieux les uns que les autres. Mais celui qu'ils appelleraient Nigel était bien plus que cela. Nigel était un muté. Mais ça, nul ne le saurait jamais. Ni eux, ni lui.

Lorsqu'il vint au monde dans un hôpital d'Edimbourg, leur bébé fut, pour eux, la chose la plus merveilleuse du monde. Ils ne voyaient pas ce que le destin lui réservait réellement, cette particularité génétique qui le différenciait de ses parents, des amis qu'il se ferait, des gens qu'il côtoierait... Non, ils ne voyaient que leur fils, Nigel. Et cette simple vision suffisait à les emplir de bonheur.

Les mois et les années passèrent. D'un bébé calme et docile, Nigel devint un petit garçon gentil et courtois, mais également un incorrigible bavard. Toujours, il parlait. De tout. Des insectes qu'il adorait observer, des livres qu'il tentait de lire tout seul, des histoires qu'il s'inventait... Il parlait, parlait, jusqu'à ce qu'il ne lui reste plus une goutte de salive.

Et Mr et Mrs Mason supportaient patiemment ses discours. Au moins, il semblait heureux et épanoui. Il n'avait pas peur d'aller vers les autres, il prenait la parole sans crainte et il s'exprimait très bien pour un enfant de son âge. Ils l'écoutaient donc, même s'ils étaient régulièrement tentés par la douce idée de se boucher les oreilles jusqu'à ce que le silence se fasse.

Un temps, ils avaient imaginé que leur fils serait peut-être un athlète, un grand sportif. Cette idée leur était vite sortie de la tête. Nigel préférait cent fois passer des heures à tenter de déchiffrer les textes de ses albums et autres livres plutôt que de courir après un ballon.

Eh bien, tant pis. Ils auraient un jeune érudit. Ce serait tout aussi bien. Il réussirait bien à l'école, très probablement. Mr et Mrs Mason avaient hâte, tout autant que lui, de le voir évoluer dans cet environnement.

Nigel brûlait d'apprendre de nouvelles choses et ses parents étaient certains qu'il s'épanouirait là-bas. Bien que l'idée leur laissait un léger pincement au coeur, ils s'imaginaient déjà l'accompagner à son premier jour d'école et le laisser entrer dans le bâtiment, comme un grand garçon. Mais ils n'eurent jamais la chance de vivre cet instant.

Tout bascula alors que Nigel allait atteindre ses six ans. Quelques secondes suffirent pour détruire tous les futurs que la famille Mason s'était imaginée. Un refus de priorité, des freins défectueux... Et Mr et Mrs Mason étaient morts.

Nigel, lui, avait survécu. Il avait été soigné, traité, remis à neuf. Mais ils y avaient des choses qui n'étaient pas aussi simples à guérir. Des souvenirs morbides, ce poids sur son coeur, cette brume dans son esprit... Il n'avait pas encore six ans et, déjà, il devait apprendre à porter le deuil. A dire adieu à ses parents, pour ne plus jamais les revoir.

Les jours passèrent sans qu'il n'en ait réellement conscience. Nigel n'interagissait guère avec le monde qui l'entourait, survivant plus qu'il ne vivait réellement. On tentait d'ouvrir le dialogue, de le faire parler, mais lui qui était si bavard était devenu muet comme une tombe.

Mr et Mrs Mason n'avaient aucune famille proche. Une vieille tante, tout au plus, mais celle-ci était bien trop malade pour prendre en charge un jeune garçon, en particulier aussi perturbé que l'était alors Nigel.

Ce fut là que la famille Raki intervint. Mr et Mrs Raki souhaitaient plus que tout offrir à un petit frère à leur fils, Sanjog, qui avait deux ans de plus que Nigel. Mrs Raki avait connu quelques complications à la naissance de son fils, qui l'empêchait de concevoir un autre enfant.

Quand leurs regards s'étaient croisés, quand Mr et Mrs Raki avaient posé les yeux sur ce petit garçon discret et silencieux, enveloppé par la tristesse, leur coeur n'avait fait qu'un bond. Quelque chose était né. Une connexion, un lien, quelque chose d'indescriptible. Ils l'avaient senti. Nigel était leur fils.

Les démarches pour l'adoption accomplies, Nigel, désormais âgé de six ans, rejoignit sa nouvelle famille. Leur maison était bien plus grande que l'appartement qu'il habitait. Ils avaient une très bonne situation. Mrs Raki était doctoresse et son mari, lui, tenait la boutique d'horlogerie familiale, comme son père et son arrière-grand l'avaient fait avant lui.

Tout ne fut pas simple, au commencement. Sanjog était déçu par ce petit frère muet, qui ne jouait pas, qui ne répondait pas à ses sollicitations. Très vite, il choisit de l'ignorer, malgré les remontrances de ses parents. Nigel, lui, ne s'ouvrait toujours pas à qui que ce soit, pas même à la pédopsychiatre qui lui avait été assignée.

L'enfant semblait indifférent à tout ce qui l'entourait. Il mangeait à peine, s'asseyait dans son coin et passait le plus clair de son temps plongé dans ses pensées, coupant tout contact avec le monde extérieur. Il n'y avait guère la nuit qu'il exprimait tout ce qu'il ressentait, dans le silence et dans la solitude, après que la femme qui n'était pas sa mère lui ait souhaité "Bonne nuit".

Sa maman n'était plus là pour chasser les cauchemars. Son papa non plus. Il avait l'impression d'oublier les traits de leur visage. De ne garder d'eux que cette image de cadavres recouverts de sang, les yeux grands ouverts, vide de toute existence.

Un soir, il avait pleuré un peu plus fort. Sanjog, qui dormait dans la chambre voisine, s'était réveillé et était venu le voir. Pour la première fois depuis l'accident, Nigel était parvenu à s'exprimer. A pleurer de tout son soûl, sur l'épaule de son frère médusé, et à laisser éclater son chagrin, sa tristesse, sa colère, tous ces sentiments que le petit garçon de six ans qu'il était ne parvenait pas à gérer.

Alertés par le bruit, Mr et Mrs Raki étaient venus les rejoindre. Et, cette nuit-là, un grand pas avait été fait. Le dialogue avait été ouvert. Il ne restait plus qu'à continuer sur cette voie...

Petit à petit, Nigel parvint à surmonter sa tristesse, à accepter ce qui s'était passé et à trouver sa place dans sa nouvelle famille. Il rejoignit les jeux de Sanjog, s'intéressa au métier de Mr Raki, accepta les câlins de Mrs Raki. Le jeune garçon réussit à s'épanouir, tant bien que mal.

Il entra à l'école, une expérience qui l'aida à se trouver et à aller vers les autres. Apprendre toutes ces nouvelles choses le stimulait, le distrayait, l'ouvrait à un monde d'infinies possibilités. Sa vie ne s'était pas arrêtée en même temps que celle de ses parents. Il avait un avenir, tant de choses à comprendre, à découvrir...

A huit ans, il parvint finalement à appeler Mrs et Mr Raki "Maman" et "Papa". Il n'y avait pas été forcé, mais... il en avait ressenti l'envie. Le besoin. Sanjog était son frère. Donc, Mr et Mrs Raki étaient ses parents. C'était logique. Inéluctable. Même s'il craignait d'oublier un peu plus ses "véritables" parents...

Ce ne fut pas le cas. Grâce à Mr et Mrs Raki, ainsi que l'aide du pédopsychiatre qu'il continuait à voir régulièrement, Nigel réussit à faire la "transition", à comprendre qu'il aimait toujours ses parents, ceux qui l'avaient mis au monde et qui avaient pris soin de lui jusqu'à ce que la mort ne les sépare, mais que cela ne l'empêchait pas d'aimer également ses autres parents, ceux qui avaient pris le relais, ceux qui lui avaient offert un nouveau foyer, une nouvelle famille.

Il ne faut pas croire que tout était toujours parfait. Nigel et Sanjog, bien qu'ils s'appréciaient énormément, se disputaient tout autant, pour toutes sortes de choses, pour la plupart superficielles. Le film à regarder, un jouet à partager, un jeu pour s'occuper... Tout était prétexte pour permettre aux deux garçons de se bagarrer.

Sanjog était d'ailleurs bien plus doué que Nigel dans ce domaine, mais cela n'empêchait pas ce dernier de chercher le conflit. Pour s'occuper, pour faire enrager Sanjog... et aussi parce que c'était ça, être frères. Se bagarrer pour un rien. Puis se réconcilier pour un rien. Un cycle sans fin.

Les années passèrent. Nigel atteint l'adolescence, tout comme Sanjog l'avait fait avant lui. Et ce fut là que tout se compliqua. Sa perception du monde se trouva modifiée, sans qu'il n'y comprenne grand-chose.

Au début, ce fut à peine remarquable. Des bruits qui lui semblaient un peu plus forts, des conversations qu'il parvenait à capter sans peine alors qu'il se trouvait loin de ceux qui partageaient ces discussions, ce genre de choses... Puis, petit à petit, tout ça lui devint insupportable.

Une voiture qui passait, un enfant qui pleurait, le chant des oiseaux, les travaux à côté de leur collège, le brouhaha de la cour de récréation... Tout était si... assourdissant. Plus d'une fois, Nigel se retrouva submergé, incapable de penser par lui-même tant le bruit qui l'entourait occupait chaque espace de cervelle.

Le pire arriva lorsqu'un exercice incendie fut organisé dans l'enceinte de leur établissement. L'alarme retentit, un bruit strident qui fit vriller les tympans de l'adolescent. Nigel avait plaqué ses mains sur ses oreilles, si fort que le claquement avait retenti dans toute la classe. Puis il avait hurlé. Un cri qui n'avait fait qu'aggraver sa douleur, accentuer la souffrance agonisante dans laquelle ce vacarme insensé l'avait plongé.

L'alarme avait finalement été éteinte, mais Nigel était resté sur place, immobile, ses mains crispées sur ses oreilles, les yeux écarquillés. Son frère avait été averti, tout comme ses parents, et il avait rejoint Nigel dans sa classe, rongé par l'inquiétude. Il n'avait jamais vu son petit frère dans cet état...

Il l'avait serré contre lui, jusqu'à ce que Nigel ne s'extirpe de son état de choc, jusqu'à ce que ses parents n'arrivent. Une nouvelle fois, Nigel s'était retranché dans le silence. Il répondait à peine à leurs sollicitations, les larmes aux yeux, massant ses oreilles d'un geste lent et maladroit.  

Ils étaient rentrés chez eux, Sanjog veillant sur son petit frère avec tout l'amour dont il disposait à son égard, toute la vigilance dont il était capable. Confronté au bruit du moteur, Nigel n'avait cessé de gémir. Il ne s'était tu que lorsque la voiture s'était arrêtée, lorsqu'ils avaient enfin pu retourner à la maison.

Les jours suivants furent des plus difficiles. Le moindre bruit semblait douloureux pour le jeune homme, qui refusait de sortir de sa chambre, qui ne parlait plus par crainte que le son de sa propre voix ne le fasse plus souffrir encore.

Il recherchait la solitude, repoussant ses parents et son frère lorsqu'ils tentaient de nouer le dialogue avec lui. Il ne voulait plus rien entendre. Cette alarme... Il s'en souvenait toujours. Il en rêvait, la nuit. Ce bruit strident qui lui avait donné l'impression de le détruire de l'intérieur, de déchiqueter méthodiquement ses tympans pour ne laisser que la douleur...

Mr et Mrs Raki avaient contacté un spécialiste, qui s'était déplacé pour examiner Nigel. Ce dernier, malgré sa réluctance à voir qui que ce soit, avait tout de même accepté sa présence. Parce qu'il espérait être guéri. Parce qu'il souhaitait du plus profond de son coeur que tout cela ne soit qu'une mauvaise passe.

Le diagnostic fut posé. Hyperacousie. Sa fulgurance et sa soudaine apparition étaient inexpliquées, mais les faits semblaient là. Comment un être humain ordinaire pouvait seulement deviner qu'il avait en face de lui un muté dont la capacité venait tout juste de se révéler ?

On lui donna des traitements, des astuces, de quoi vivre au quotidien sans que chaque bruit ne le perturbe. Il se mit à porter quotidiennement des bouchons d'oreille, évita tous les événements les plus bruyants, se retrancha chez lui, ne sortant guère que pour aller à l'école.

Petit à petit, au fil du temps, Nigel parvint toutefois à apprécier certains aspects de sa "maladie". Il aimait le bruit de la pluie, même si ce dernier le tenait éveillé. Quand il tentait de le décrire à ses parents, il évoquait une "symphonie". Et il adorait d'autant plus le son des horloges et des montres de son père. Ce tic-tac rassurant, régulier, presque hypnotique...

Nigel passa de plus en plus de temps dans la boutique de son père. Il collait à son oreille les montres défectueuses, détectant sans mal les retards, les légers dysfonctionnements et autres problèmes. Il s'improvisa assistant en horlogerie, heureux de pouvoir assister son père, trouvant du réconfort dans cet environnement familier et apaisant.

Sanjog, de son côté, essayait de le convaincre de sortir. De fréquenter d'autres adolescents, de passer quelques soirées avec lui, de tenter d'être normal, en résumé. Qu'est-ce qu'il y avait de si amusant à réparer ces montres, hein ? Cette simple idée suffisait à l'ennuyer.

De temps en temps, Nigel acceptait. C'était épuisant. C'était parfois douloureux. Mais... il s'amusait bien. Et il aimait passer du temps avec son grand frère. C'était son meilleur ami, la personne auquel il tenait le plus au monde. Et la réciproque était vraie.

Nigel fut le premier à être au courant de la passion de son frère pour l'écriture. Il dévora tout ce que Sanjog rédigeait, passionné par les histoires imaginatives du jeune adulte qu'il était devenu.

Si Nigel travaillait aux côtés de son père, à la boutique, Sanjog, lui, avait obtenu un poste de secrétaire médical, un peu par défaut. Il n'avait jamais trop su ce qu'il voulait faire, quel métier exercer. Rien ne l'intéressait. Rien ne le stimulait. Sauf ses écrits.

C'était Nigel qui l'avait convaincu de présenter sa première histoire terminée à des éditeurs. Qu'est-ce que cela lui coûterait ? L'idée angoissait Sanjog, mais il s'était lancé. Et, après cinq refus,  son manuscrit avait été publié. Et le succès, quoique modeste, fut tout de même au rendez-vous.

Chacun dans leur domaine, Sanjog et Nigel s'épanouissaient. A ses trente ans, Nigel prit la suite de son père et assura seul le fonctionnement de la boutique d'horlogerie Raki. Sanjog, quant à lui, avait, au fil des années, gagné en notoriété au niveau national, parvenant sans mal à vivre de ses écrits.

A trente-deux ans, pour la première fois de sa vie, Nigel tomba amoureux. Réellement amoureux. Elle s'appelait Elizabeth, elle était venue dans sa boutique pour faire réparer une vieille montre familiale. Et Nigel l'avait aimé au premier regard. Elle était belle, sa voix était douce, magique, elle était tout ce à quoi Nigel avait pu rêver.

L'incorrigible romantique qu'il était ne cessa de penser à elle. Lorsqu'elle revint chercher sa montre, qu'il avait réparé avec grand soin, il trouva le courage de l'inviter pour un dîner. Et elle accepta.

Ils apprirent à se connaître, à s'apprécier, puis à s'aimer. Leur relation durait depuis près de quatre mois quand Nigel s'emballa. Malgré les recommandations de son frère, qui trouvait qu'il allait un peu trop vite pour leur bien, le jeune horloger décida de demander la main de sa petite amie.

Il avait tout préparé : restaurant chic, bague dans la coupe de champagne, un violoniste payé pour jouer l'air préféré d'Elizabeth... Oui, Nigel avait tout envisagé. Sauf une chose.

Devant tout ce spectacle, Elizabeth fut terriblement embarrassée. Ce fut avec tristesse qu'elle posa son regard sur Nigel, lui révélant d'une voix désolée qu'elle n'envisageait pas de passer sa vie avec lui. Qu'elle appréciait les moments qu'ils passaient ensemble, qu'il était un gentil garçon, mais... mais elle ne l'aimait pas autant. Pas de cette façon, en tout cas.

Tout du long, Nigel avait été le seul à être véritablement sérieux au sujet de cette relation. Elizabeth ne l'avait pas soupçonné, pensant qu'il était aussi léger qu'elle là-dessus. Et voilà où ils en étaient...

Leur histoire s'était terminée. Nigel connut son premier chagrin d'amour, que son grand frère sécha tant bien que mal. Sanjog lui proposa de venir vivre avec lui, en colocation, loin d'un appartement qui portait trop de souvenirs de leur relation, de cet amour qu'il peinait à croire terminé.

La colocation se prolongea, jusqu'à devenir définitive. Nigel et Sanjog appréciaient la présence l'un de l'autre et aucun d'eux ne semblait décidé à s'installer avec quelqu'un d'autre. Nigel continuait à s'agripper à son ancienne histoire et Sanjog, lui... lui avait autre chose à faire.

Nigel songeait que son grand frère était trop occupé par ses romans pour se lancer dans ce genre d'aventures, mais la vérité était toute autre. Une vérité que nul autre que Sanjog lui-même connaissait...