Sujet: Black holes and revelations || Jedediah Sam 3 Oct - 0:23
Jedediah & Aileen
Black holes and revelations
La nuit vient à peine de tomber lorsqu’Aileen sort de chez elle. Vêtue d’une robe tailleur noire et d’une paire d’escarpins de la même couleur, elle sait déjà qu’elle ne se fondra pas très bien dans la masse étudiante de l’université qu’elle fréquente. Enfin, fréquenter est un mot un peu fort, puisqu’elle n’assiste qu’à un seul cours par semaine. Actuellement, c’est la littérature qui éveille son intérêt, et si elle avait commencé à suivre un cours à distance, elle s’est vite rendue compte qu’on offrait ici des cours de soir, parfaits pour une femme dans sa condition. Elle s’était donc inscrite au cours, histoire de changer de l’habitude, et s’était surprise à adorer l’ambiance qui s’en dégageait. Certes, elle étudiait par soif de savoir, mais l’ambiance fébrile de l’université avait un charme bien particulier auquel elle n’était pas insensible. Bien que le campus soit relativement calme en fin de soirée, elle prenait un réel plaisir à observer de loin ces jeunes à qui l’avenir appartenait. Parfois, elle regrettait de ne pas pouvoir se mêler à eux, de devoir décliner les quelques invitations faites à son égard. Elle aurait certainement pu se rendre à une ou deux soirées, mais le risque que l’appel du sang prenne le dessus était trop fort, et même si elle ne doutait pas de ses talents de subtilité et de dissimulation, elle ne tenait pas particulièrement à attaquer un collègue de classe. Ainsi, elle arborait devant tous le masque de l’étudiante sérieuse, érudite, froide. Cette impression était corroborée par les vêtements qu’elle portait habituellement, tous griffés. Alors que la mode actuelle était aux fringues délavées et aux cheveux partiellement rasés, elle-même conservait toujours une classe normalement réservée aux femmes d’une autre époque. Contrairement à ce qu’elle avait pu croire auparavant, elle appréciait beaucoup l’enseignement reçu en classe, d’autant plus que son professeur avait un dynamisme qu’elle n’aurait pu imaginer. Et puis, elle n’était pas nécessairement insensible à son charme, ça aidait sa motivation, son assiduité. Faisant enfin son entrée dans la salle où son cours était dispensé, elle s’assoit au premier rang, sans que personne ne vienne l’approcher. Elle n’avait pas cherché à tisser de liens, et si elle lançait quelques sourires à ceux qui l’observaient avec insistance, elle ne cherchait pas la compagnie d’autrui. Toute son attention était donc dirigée vers son professeur, alors qu’elle prenait des notes sur son ordinateur portable tout au long de l’enseignement.
Le cours s’achève, et Aileen s’étire paresseusement sur sa chaise, dans une attitude on ne peut plus humaine. D’un coup d’œil, elle observe les autres étudiants qui se lèvent, la plupart portant leur attention sur leurs téléphones portables, sans doute dans l’espoir de trouver quelque chose de mieux à faire que de simplement rentrer à la maison. La nuit est encore jeune, les possibilités sont infinies. Elle-même n’a rien de prévu pour les heures à venir, ce cours étant son seul projet du jour. Elle s’arrache à la contemplation de ses confrères, désormais peu nombreux dans la salle, son regard se posant sur le professeur, qui est occupé à mettre un peu d’ordre dans les trop nombreux papiers qui jonchent son bureau. Elle-même reste assise, prenant tout le temps nécessaire pour ranger son portable dans son sac, puis avance doucement vers son professeur. « Très intéressant, ce soir. Comme toujours. » Jusqu’ici, elle n’a jamais vraiment pris la peine de discuter seul à seule avec son professeur. Elle a toutefois l’impression qu’ils ont développé une certaine complicité, parce qu’elle prend souvent part aux débats qu’il propose quant à l’interprétation de certains classiques littéraires, mais aussi parce qu’elle est l’une des rares étudiantes à toujours s’esclaffer face à ses références hebdomadaires face à l’univers d’Harry Potter. Une série qu’elle avait adorée à l’époque, et il lui semble bien qu’il en est de même pour le professeur Steadworthy. « J’ai particulièrement aimé la comparaison entre la présumée homosexualité de Goethe et celle de Dumbledore. Bien vu. »
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Sujet: Re: Black holes and revelations || Jedediah Mer 7 Oct - 10:41
Jedediah & Aileen
Black holes and revelations
Le dernier cours de la journée (ou plutôt, de la soirée) touche à sa fin, et tu sens déjà le soulagement de tes élèves -et le tiens, par la même occasion. Tu es l'un de ces rares professeurs à avoir accepter de donner des cours du soir. Tu es conscient que tous ne peuvent se permettre d'étudier dans la journée, que ce soit entre le travail ou des problèmes personnels. Et l'éducation ne devrait pas être si injustement refusée à ces personnes là. La littérature, au même titre que l'art, n'est peut-être pas aussi prisée que l'ingénierie ou les sciences de nos jours, mais tu es tout de même ravi de constater qu'un bon nombre d'élèves prennent la peine de suivre ton cours, malgré l'heure tardive à laquelle il se déroule. Toi-même, tu sembles y prendre grand plaisir. Même si la fatigue reprend vite le dessus. Et les oeuvres compliquées que tu enseignes ne sont pas de tout repos, et même si tes élèves sont à la fois soulagés et ravis de voir qu'ils pourront bientôt rentrer chez eux, tu ne peux difficilement leur en vouloir. Ils ont au moins la volonté de venir et de suivre. Il serait injuste de faire du favoritisme, mais tu peux indéniablement avouer que ta classe du soir est l'une des meilleures qu'il t'ait été donné de voir de l'année.
Une élève en particulier semble très intéressée par tes cours, et la rare à oser prendre la parole pour des sujets houleux. La seule à partager ta passion pour Harry Potter et à apprécier tes apartés freudiennes sur le sujet. Aileen Livingston. Elle ne vient que pour un seul cours de la semaine, ce que tu regrettes fortement. Elle serait un très bon élément pour tes autres classes. Quand cette dernière s'approche de ton bureau, tu ne peux empêcher un sourire de se dessiner sur tes lèvres. « Oh, je suis ravie que cela vous ai plu. J'avais un peu peur de vous perdre avec certaines des transcriptions. » Tu avais en effet fourni une copie de l'oeuvre, traduite par tes soins. Ton allemand n'était pas aussi bon que tu le désirais, toutefois. « J'étais certain que cela vous plairait. C'est la première chose à laquelle j'ai pensé en lisant ses écrits. Je suis convaincue que Dumbledore aurait pu devenir le Goethe du monde sorcier, s'il n'était pas devenue directeur de Poudlard. Ils ont cette même façon de pensée très particulière que j'affectionne assez. » Tu penses d'ailleurs très sérieusement à faire un débat à ce sujet pour le prochain cours. Tu es bien décidé à éduquer la nouvelle génération de la façon la plus ludique qui soit, et quoi de mieux qu'une bonne vieille référence à Harry Potter pour mieux faire passer le message ?
Tu finis de trier tes cours et de les ranger dans ton sac avant de reporter ton attention sur elle de nouveau. « Je trouve cela dommage que vous ne veniez qu'à un seul cours, toutefois. Vous avez un vrai talent pour la littérature. » Tu espères bien la faire changer d'avis, mais quelque chose te dit que ce ne sera pas aisé. Elle ne te semble pas le genre d'élèves à assister aux cours en plein milieu de la journée, qu'elle que soit la raison. « Je voulais avoir votre avis. Quelle oeuvre souhaitez-vous étudier pour la semaine prochaine ? » Il est rare pour toi de montrer du favoritisme, mais dans le cas d'Aileen, tu es près à faire des exceptions. Et puis, elle te semble l'une des seules à comprendre les références philosophiques que tu aimes glisser de temps à autre. Et c'est quelque chose que tu apprécies énormément.
Sujet: Re: Black holes and revelations || Jedediah Ven 9 Oct - 18:56
Jedediah & Aileen
Black holes and revelations
« Oh, je suis ravi que cela vous ai plu. J'avais un peu peur de vous perdre avec certaines des transcriptions. » Aileen hausse les épaules, repoussant cette crainte d’un geste de la main. Elle-même avait déjà lu l’œuvre en Allemand, des années auparavant, et elle s’était contentée de jeter un simple coup d’œil aux notes du professeur. Le tout lui avait paru tout à fait correct, il n’avait pas matière à s’inquiéter. « J'étais certain que cela vous plairait. C'est la première chose à laquelle j'ai pensé en lisant ses écrits. Je suis convaincue que Dumbledore aurait pu devenir le Goethe du monde sorcier, s'il n'était pas devenu directeur de Poudlard. Ils ont cette même façon de pensée très particulière que j'affectionne assez. » Elle hoche la tête, en accord avec ses propos, jugeant tout de même assez amusant qu’ils puissent ainsi philosopher sur une œuvre qui était à la base destinée à un public plutôt jeune. L’auteure ne s’était sans doute pas attendue au phénomène mondial qu’elle provoquerait en créant les aventures de ce sorcier orphelin. Pour la première fois, elle se demande si l’auteure de ce petit chef d’œuvre a réellement tout inventé cet univers à partir de sa simple imagination, ou si elle en savait un peu plus que la norme sur la véracité des mythes et légendes.
« Je trouve cela dommage que vous ne veniez qu'à un seul cours, toutefois. Vous avez un vrai talent pour la littérature. » Inclinant légèrement la tête sur le côté, elle remercie son professeur d’un sourire. Si elle n’est pas le genre de femme à douter de ses propres capacités, elle sait néanmoins accepter un compliment. « Si tous les professeurs étaient aussi passionnants, sans doute que je m’investirais davantage dans mes études. » Un compliment honnête, qu’elle prononce d’une voix assurée, un sourire légèrement amusé voguant sur ses lèvres. Il y a une limite à ne pas dépasser entre l’étudiante et le professeur, mais Aileen n’a jamais été du genre à faire attention aux convenances. « Je voulais avoir votre avis. Quelle oeuvre souhaitez-vous étudier pour la semaine prochaine ? » Cette fois, elle hausse les sourcils, franchement surprise par cette requête on ne peut plus inattendue. Jamais un professeur ne lui a directement demandé son avis. Il faut dire qu’habituellement, elle s’éduque par le biais des cours à distance, ainsi la chose n’est pas nécessairement possible. Plutôt que refuser bêtement de répondre à la question, elle prend le temps de réfléchir un moment, et c’est après une minute de silence qu’elle sort enfin de son mutisme. « Kundera. L’immortalité. Cet auteur est boudé des cercles littéraires, j’ignore pourquoi, son style est magnifique. Et il fait justement référence à Goethe dans cet écrit, c’est une belle manière d’introduire cette œuvre. » Elle pose sur son professeur un regard légèrement timide, comme en quête d’approbation, avant d’hausser les épaules. « Mais ce n’est que mon avis. Si ça se trouve, vos autres étudiants se contenteraient des auteurs classiques vus et revus. »
Son regard s’arrache au visage de son professeur pour se poser sur son sac. Il semble prêt à partir, sans doute qu’elle le retient inutilement alors qu’il voudrait s’occuper ailleurs. D’un coup d’œil, elle s’assure que la salle de classe est désormais déserte. Il ne reste plus qu’elle et lui. « Je peux vous poser une question, disons… plus personnelle? » Sans attendre sa réponse, puisqu’elle a bien l’intention de poser cette fameuse question, elle s’avance encore de quelques pas vers lui, réduisant considérablement la distance entre eux. Ils ne sont plus séparés que d’un pas, chose bien étrange si on considère le contexte académique dans lequel ils se trouvent. « À quel point les relations professeurs-étudiants sont condamnées, ici..? Parce que je détesterais vous attirer des ennuis. » Elle prononce le tout d’une voix bien claire, attrapant en même temps l’une des mains du professeur pour la porter à sa bouche. En fait, son réel motif n’est pas nécessairement de coucher avec lui, mais bien de s’en nourrir. Son odeur, plus attirante que la norme, a piqué sa curiosité dès le premier jour. Elle ignore pourquoi elle a choisi cette soirée précise pour passer à l’acte, mais voilà, elle est lancée, et ne peut plus s’arrêter. Elle se doute bien que les choses ne seront pas si simples, que son professeur s’objectera fortement à ce qu’elle s’apprête à faire. Mais voilà, son but est de simplement effacer ses souvenirs lorsqu’elle sera enfin repue, et ils pourront reprendre leur bonne entente régulière par la suite.
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Sujet: Re: Black holes and revelations || Jedediah Mar 27 Oct - 23:24
Jedediah & Aileen
Black holes and revelations
A tes yeux, la littérature est la seule forme de magie qui soit. Et l'imagination peut très vite se révéler un fléau selon si l'on sait s'en servir, et à quel escient. Dans le cas de l'auteure des romans de jeunesse racontant les aventures de sorciers à l'école de sorcellerie Poudlard, ce n'est pas l'imagination qui manquait. Mais tu ne peux t'empêcher de te demander si, effectivement, il n'y a pas une part de vérité dans tout cela. Après tout, le surnaturel, tu as beau ne pas y croire (ou, plutôt, refuser d'y croire), tu ne peux nier l'anormalité qui te définit, et qui coule dans tes veines. La littérature est le seul moyen pour toi de garder un semblant de santé mentale, étant déjà au bord d'un précipice duquel tu ne sembles plus pouvoir reculer.
Et au fond, tu ne peux t'empêcher de rire à l'ironie qui caractérise ta vie. Ironie macabre. Toi qui a fait l'armée et a tué, toi qui a vu le sang couler, aux mains des tiens, et des armes. Tu as préféré te tourner vers les mots, et as délaissé les balles au profit de la plume. Quel cruel retournement de veste. Mais au fond, les livres ont toujours été ta vocation, ta passion. L'armée n'était qu'un moyen pour toi de t'exprimer, de te rebeller, et de soutenir ta nation. Mais cela t'a causé ta femme, et le peu d'esprit sain qu'il te restait. Heureusement pour toi, tes parents et ta soeur ne sont plus là pour te voir sombrer. Tu ne l'aurais pas supporté.
« Si tous les professeurs étaient aussi passionnants, sans doute que je m’investirais davantage dans mes études. » Tu laisses échapper un léger rire, quelque peu mal à l'aise d'un tel compliment, mais également très flatté. Tu ne juges pas ta manière d'enseigner des plus passionnantes, ni même des plus parfaites, mais si tu as su captivé l'attention et l'intérêt de quelques élèves, cela te convient parfaitement. Surtout si ces élèves sont aussi motivés qu'Aileen. « Je suis ravi de savoir que toute votre attention se tourne vers mes cours, dans ce cas. » Au contraire de ces élèves qui viennent seulement pour t'admirer toi, et non étudier les Minnesang ô combien grandioses du quatorzième siècle. Enfin, selon le point de vue de Maisy, en tout cas. Tu t'entêtes encore à le nier, même si c'est plus qu'évident.
« Kundera, mais quelle brillante idée ! Je pensais n'aborder le sujet qu'à partir du semestre prochain, mais je pense qu'on peut aisément faire le lien avec le cours d'aujourd'hui, effectivement. » C'était face à des élèves comme Aileen que ton statut de professeur prenait enfin tout son sens. Un sens exquis de la littérature comme on en voit rarement, tu aimerais bien que plus d'étudiants partagent ce même amour de nos jours, au contraire de leur dévotion néfaste à leur téléphone portable. « Mes autres élèves ne sont pas aussi talentueux que vous. Un peu de changement ne leur fera pas de mal. »
Tu parviens sans grand mal à discerner le changement de ton dans sa voix, et son comportement. Tu n'es pourtant pas des plus physionnomistes, mais tes années dans l'armée t'ont appris à repérer le moindre geste suspicieux dans un ennemi. Et sans considérer Aileen une ennemie (quelle idée saugrenue), tu peux sans un doute affirmer que la situation risque de tourner. Comment appelle-t-on ça déjà ? L'instinct de survie ? Sans doute. C'est seulement ta paranoïa qui refait des siennes, encore une fois. « Et bien je dirais que tout dépend de la question. » Tu n'es pas du genre à étaler ta vie privée, et encore moins à partager ton passé avec n'importe qui. Aileen a beau être une de tes élèves les plus brillantes, ce n'est pas une raison pour vouloir tout déballer.
Sa question te déstabilise et tu te figes quelque peu, ne t'attendant clairement pas à ça. Tu es certain d'avoir mal entendu. Elle ne peut t'avoir demandé cela. C'est insensé. Mais lorsqu'elle se rapproche, portant tes mains à ses lèvres, ton coeur s'accélère. Tu n'as pas peur. Du moins, tu ne paniques pas comme tu devrais. Tu es seulement surpris, et abasourdi. Un souvenir que tu aurais préféré oublier refait soudain surface, et la panique se met peu à peu à t'envahir. La première fois, cela avait commencé de la même manière. Mais bon sang, les femmes de cette ville ont-elles toute un problème de manque de contrôle, ou bien la folie a-t-elle touché la ville entière. Tu ne veux pas replonger dans le même enfer que la première fois, alors tu retires ta main, encore sous le choc. « Je crois que ce sera tout pour aujourd'hui, Mademoiselle Livingston. » Tu ranges tes affaires en vitesse, voulant déguerpir d'ici au plus vite. Tu ne veux pas avoir à réitérer l'expérience, une fois t'a amplement suffit. Une femme au penchant cannibale et maintenant ça. What has the world turned to ?
Sujet: Re: Black holes and revelations || Jedediah Sam 5 Déc - 2:39
Jedediah & Aileen
Black holes and revelations
Le simple fait que son professeur considère son idée comme excellente lui fait sincèrement plaisir, et elle répond à son enthousiasme en inclinant légèrement la tête sur le côté, un doux sourire égayant son visage. Et puis, elle est d’accord avec lui. Ses collègues de classe lui semblent pâle, peu intéressés à la conversation pourtant fascinante de son professeur. Rares sont ceux qui participent réellement aux débats, et il lui semble évident que la plupart ne sont là que pour obtenir quelques crédits faciles. Ce n’est pas qu’elle se sente supérieure à la masse, mais la réalité est ce qu’elle est : elle est, dans ce cas ci, l’élève modèle. Mais pas pour longtemps, puisqu’elle longe dangereusement la ligne qu’elle ne devrait pas franchir…
« Je crois que ce sera tout pour aujourd'hui, Mademoiselle Livingston. » Les mots claquent, brusques, honnêtes. Mais Aileen ne s’en fait pas pour si peu. Elle ne doute aucunement de ses capacités surhumaines face à son professeur, et si elle désire obtenir son sang, elle l’aura. N’empêche, elle perçoit dans son regard une déception, comme s’il regrettait que son élève prodige s’avère être intéressée à autre chose que la littérature. Et cet éclat de regret l’agace plus qu’elle ne voudrait l’admettre. Dans un geste trop rapide pour l’œil humain, elle se dirige vers la porte de la classe, la verrouille soigneusement, gardant la clé sur elle, retournant aussitôt près de Jedediah. « Je ne pense pas, non. », murmure-t-elle contre ses lèvres, un éclat de folie perçant son regard autrement si doux et rassurant. Dans un geste brusque, elle plaque son professeur contre le mur, plantant ensuite ses dents dans la chair de son cou, là où la jugulaire palpite, cette veine qui lui ouvre l’appétit depuis le début du cours… Et elle boit, non pas avidement, mais avec délices, appréciant chacune des saveurs jusque là inconnues. Déjà, lorsqu’elle a goûté le sang d’un sorcier récemment, elle a été agréablement surprise par la finesse de ce sang, par ces nouveaux arômes puissants et épicés. Mais là… elle vient encore d’atteindre un autre niveau. Le goût parfait. Le nirvana, presque. Un goût fluide, sucré et doux, qui n’est pas sans lui rappeler l’odeur de ses semblables. Un amalgame parfait qui rejoint à la fois le parfum des vampires et la douceur de l’homme. Un pur nectar, accessible par cette gorge dont elle doit se détacher avec regret, ne souhaitant pas particulièrement vider l’homme de son sang.
Reculant d’un pas, elle l’observe longuement, une franche expression de curiosité animant ses traits. La logique voudrait qu’elle efface aussitôt ses souvenirs, mais Aileen n’a désormais qu’une seule envie : savoir ce qu’il est, et surtout, découvrir comment trouver ses semblables. Après cette expérience, le simple sang humain n’aura plus jamais la même valeur à ses yeux. Mais alors même qu’elle entrouvre la bouche pour poser la question, elle remarque que les marques de crocs laissés par son attaque se referment déjà, et elle recule encore d’un pas, portant une main à son visage, éclatant de rire. « Mais qu’est-ce que tu es?! Comment tu… comment peux-tu guérir aussi rapidement? » Le vouvoiement respectueux a laissé place à une formulation plus familière, après tout, ce genre d’acte crée des liens. Rapidement, elle franchit la distance qui les séparent, ses doigts se posant sans gêne sur les marques disparues, alors qu’elle passe un doigt sur le sang encore frais, portant ensuite sa main à ses lèvres pour recueillir chaque goutte du précieux liquide. Tout cela est fascinant, vraiment. Malgré ses trois siècles d’existence, malgré son appartenance à la plus puissante institution de vampires, Aileen a encore beaucoup de choses à apprendre.
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Sujet: Re: Black holes and revelations || Jedediah