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  des cadences (esaias)

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MessageSujet: des cadences (esaias)    des cadences (esaias) EmptyDim 27 Sep - 13:19

i don't know if i can save myself. maybe that's just fine
Alone, I often fall down into nothingness. I must push my foot stealthily lest I should fall off the edge of the world into nothingness. I have to bang my head against some hard door to call myself back to the body. Fear no more, says the heart, committing its burden to some sea, which sighs collectively for all sorrows, and renews, begins, collects, lets fall
Le retour en Angleterre. La maison de l’enfance, à souvent y séjourner, quelques jours, parfois quelques semaines. Au besoin de retrouver un lieu connu. Fuir l’Ecosse, abandonner la ville qu’il n’arrive pas à saisir, ces inconnus avec lesquels il refuse de se lier. Des étrangers. Quelques jours en compagnie d’Isobel, sœur revenue de ses périples autour du globe. « Tu te caches maladroitement » Les paroles qu’il retient. Ce n’est pas une accusation, juste un fait, un constat pour son état. Cinquante-deux. La pensée qu’il est mort. Qu’il n’existe plus rien après la perte. Se laisser dépérir. Elle le secoue la blonde, cogne quelques fois, mais rien n’y fait. Figé dans le désespoir.

Le musée. L'appel. Son absence qui se fait remarquer. A préférer sa maison plutôt que ces lieux pourrissants d’œuvres. Moisissures du temps. Toile de géant qui l'attend. D'une qu'il ne peut pas traiter chez lui. Mètre par six. Il cherche les excuses, toutes, les plus improbables et personne ne croit en son histoire de chien mort sur le parvis. Route de plusieurs heures, il n’y sera que le lendemain, avec chance dans la soirée, si l’allure le permet. Les sinueuses, absence de véhicule. Quelques fois il donne un coup d’accélérateur, cherche à pousser le moteur plus haut que possible. Un adepte des sensations, de l’idée que la mort est proche, au bout. C’est une provocation qu’il lance. Mais rien ne se passe. Il ne cogne pas la voiture d’en face, pas plus que les rochers bordant la route. Rien. Une chance étonnante. Sournoise. Des heures sur la route, des heures où les pensées assaillent, reviennent. La musique n’y change rien, n’aide pas. Et quelques fois, il croit voir une ombre au siège passager, parfois entendre un rire. Ce n’est que le vent qui s’engouffre par la fenêtre ouverte. Ce n’est que lui qui s’invente des histoires. Il n’y a personne d’autre dans la voiture, juste ses pensées, ses souvenirs à propos d’une morte. L’épouse qu’il se refuse d’abandonner. Détour par un hôtel. Quelques heures de sommeil.

Le portable crache sa sonnerie depuis une heure. Six appels en absence, six auxquels il n’a pas répondu une seule fois. Employeur. Directeur du musée qui certainement s’inquiète, à toujours se demander si Messine est vivant. Réflexions inutiles. Il ne mourra pas. Trop de tentatives, trop d’échecs. Garé devant le musée, il lève un instant les yeux, comme si il redécouvrait le lieu. Une chance de travailler pour une telle institution. Chance qu’il ne comprend pas. Les autres qui envient et lui qui hausse les épaules. Entrée. Rencontre avec le conservateur, échange de paroles. Messine n’écoute que la moitié, juste assez pour saisir ce qu’on attend de lui. Vieillerie sortie de la cave. Un expert qui affirme que c’est une toile d’un grand maitre. Envie de rire. De leur dire qu’il y a peu de chances. Qu’importe. Ce n’est pas son rôle. Payé uniquement pour soigner les couleurs, redonner l’éclat aux visages torturés par le temps. L’impressionnante est étendue dans une pièce. Commentaires encore du conservateur, insistance sur la qualité de l’œuvre. « Vous voulez que je passe quatre mois là-dessus pour sauver un gribouillage ? » Ca ne plait pas, évidemment. Cette franchise. Ces mots qu’il ne retient pas. L’homme disparaît. L’abandonne avec une gosse. Encore en formation. Soupir. L’incompétence jusqu’au bout. Le matériel est réuni. Les esquisses jonchent le sol, les livres aussi. De quoi retrouver la toile originelle.

Des heures à s’acharner. Carnets remplis, les traits incertains, les croquis soucieux. Et la toile reste toujours un mystère. Des pas qui sonnent comme le moment de relever la tête. « Vous marchez sur la toile. Piètre qualité mais ne la rendez pas plus misérable » Le dos tourné au visiteur. A proférer une menace. Lentement il pivote. Soudainement curieux. L’autre qui n’a pas répondu, n’a pas bougé non plus. Esaias ! La Sourire qui se loge. Seconde de trop. Figure qui est devenue constante depuis ce mois passé. Lui qu'il tolère. Accepte autour. Petit vautour dont il ne soupçonne rien. Naïf volatile. Main qu'il ne tend pas. Baignée de couleurs chatoyantes. Du rouge principalement. Lui qui d'ordinaire refuse à user de peinture. A préférer plus naturel. Plus sanglant. Plus vivace. « Je n'ai pas eu le temps de travailler sur votre toile. Les possessions du musée passent avant » Excuse qui traine dans les mots. Lui qu’il avait pourtant rejeté de premier abord. Renvoyé. Seule personne qu’il tolère à présent. « Quoique vous cachiez dans votre sac, un morceau dépasse » Doigt pointé vers le paquet qui semble contenir un objet trop grand. « Je serai occupé toute la journée ici, mais je peux vous montrer l’avancée de la toile plus tard… si vous revenez dans quelques heures » Il s’en retourne à son travail, oublie le visiteur. La fuite des contacts.


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MessageSujet: Re: des cadences (esaias)    des cadences (esaias) EmptyDim 27 Sep - 19:14


 
Des Cadences

ft. Messine Satie

Les plumes délicates sous ses doigts fébriles. Un noir presque bleuté sous la lumière blafarde. Ailes déployées, prêtes à l’envol. Il éprouve délicatement la flexibilité du métacarpe, la souplesse de chaque phalange. Les pennes d’ébène frémissent à son contact. Il sourit, l’air satisfait, se recule pour admirer sa dernière création. Prométhée des temps modernes, il troque l’eau et la terre contre le sang et la chair, offre une vie nouvelle aux carcasses défigurées par la mort. Il se fait embaumeur, change des charognes puantes en chimères pimpantes ; il se prend pour Dieu. Comme Dieu, il s’éprend de chacune de ses créations, et comme Dieu, il les néglige. Monstres difformes relégués à la poussière, s’alignant sur les étagères, armée cauchemardesque qui l’observe de ses mille yeux vitreux. Musée des horreurs qui ne s’expose plus qu’à son regard, trop habitué à se heurter au rejet et à l’incompréhension des autres. Il les aime suffisamment pour contrebalancer tout le dégoût du monde, se convainc-t-il. Mais le créateur cherche la reconnaissance des siens. Pas de folie des grandeurs ou de désir mégalomaniaque, un simple besoin d’acceptation, celle qu’il distribue aux mal-aimés, celle qu’on lui refuse sans cesse.

Il croise les bras, songeur. Cherche dans les pupilles mordorées de son dernier né une réponse qui se soustrait à lui. Sous sa caboche, les rouages qui s’agitent, l’idée qui commence à sortir de son sommeil. La curiosité qui s’éveille, bête avide qui lui demande invariablement plus de sacrifices. Esclave de ses obsessions, il courbe l’échine, toujours. Et la petite voix qui chuchote, demande son attention, s’enracine dans ses pensées, impossible à ignorer. Il écoute, tête penchée. Pensif. S’accorde le temps de la réflexion quand en vérité la décision est déjà précise. Il se sent d’humeur audacieuse. Il n’en faut pas plus pour le mettre en action. Impulsif Esaias. Il s’agite, se prépare fébrilement, excité, peut-être un peu craintif. Il se refuse à y songer comme à un test. Hantise de l’échec trop profondément ancrée. Il se mordille la lèvre, mais refuse de laisser le doute s’immiscer. L’abomination empaillée qu’il voile, embarque soigneusement avec lui. Direction le musée. Une routine qui n’est pas sienne mais qu’il connaît aussi bien. Mieux. Les allées et venues surveillées, conservées précieusement. Rien ne lui échappe. Un sourire tiraille déjà le coin de ses lèvres.

Et le voilà, son Icare aux doigts arc-en-ciel. Lui aussi, il redonne vie aux oubliés, il ressuscite les couleurs du passé pour leur donner un nouvel éclat, une nouvelle splendeur. Il s’attarde brièvement sur le rouge qui domine, écarlate glorieux qui le fascine depuis toujours. Le vermillon de la violence. La voix qui résonne sans un regard ; incitation à repartir. Il n’en fait rien, se contente d’observer la toile à ses pieds avec un intérêt poli. Intérêt pour Messine, politesse pour l’œuvre si tant est qu’elle en mérite le nom.

Le sourire de l’autre ne lui échappe pas. Il s’en repaît avec satisfaction. Il commence à se faire une place, à se loger sous sa peau. Lentement mais sûrement. Nullement décontenancé par les propos, il balaie l’air de sa main. Fait mine de ne pas comprendre les non-dits qui l’invitent à prendre congé. Le dos lui est tourné, la discussion terminée avant d’avoir commencé. Il observe les muscles travailler sous la chemise, marque une pause délibérée, tente d’attiser la curiosité du fuyard. Le paquet, après tout, n’a pas échappé à son regard. Il suffit d’éveiller son intérêt.

« Ce n’est pas grave, je ne suis pas venu pour la toile. »

Il ne vient jamais pour la toile. Simple prétexte minutieusement élaboré ; un piège qui s’est déjà refermé sans que sa victime le sache. Il en savoure à présent les bénéfices alors qu’il s’approche sans gêne, soucieux malgré tout de ne pas détruire des heures de travail acharné. Moins soucieux de l’entraver par sa présence. Avec soin, il libère sa créature fantasmagorique de sa cage de tissu, la soumet à l’approbation d’un étranger le cœur battant. Imbrication complexe d’os, de plumes et de fourrure, elle paraît plus irréelle que jamais dans ce dégorgement de couleurs vives. Jeux d’ombres et de lumières, il croirait pourtant la voir s’animer, traîner ses pattes décharnées sur le sol, paradant fièrement pour son géniteur.

« Une pièce de mon propre musée. Echange de bons procédés. »

D’un (re)créateur à l’autre. Fierté qu’il ne peut dissimuler dans son regard, mais qui s’accompagne d’un sentiment absurde de mise à nue. Elle lui semble soudain trop personnelle, cette offrande. Impertinente. Il tangue sur ses pieds, incertain. Lèvres plissées pour ne pas voir les mots lui échapper. Revenir sur sa décision, reprendre ce qui a été donné. Il attend.

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MessageSujet: Re: des cadences (esaias)    des cadences (esaias) EmptyLun 28 Sep - 15:51

i don't know if i can save myself. maybe that's just fine
Alone, I often fall down into nothingness. I must push my foot stealthily lest I should fall off the edge of the world into nothingness. I have to bang my head against some hard door to call myself back to the body. Fear no more, says the heart, committing its burden to some sea, which sighs collectively for all sorrows, and renews, begins, collects, lets fall
Observation d’une offrande, d’une curiosité présentée à son regard. Ce n’est pas un animal connu, ce sont des animaux. Un mélange, le tout passé à la machine à laver et BINGO ! Messine penche doucement la tête de côté, une attitude qu’il n’a pas perdu de l’enfance. Lorsqu’il ne comprenait pas, qu’un schéma lui semblait trop complexe à appréhender. Animal à la vie absente. Ce sont des assemblages d'éléments. De plusieurs. Disparates. Il cligne des yeux une fois, une seconde. Admiratif. Jamais il n'a vu un travail aussi étonnant. Il ne dénigre pas, au contraire, il apprécie. Si différent de ce qu’il a l’habitude de voir. « C’est étonnant » Les mots au sens double, à ne pas savoir ce qu’il en pense. Messine garde les impressions pour lui, pour le moment. Encore trop dérouté par ce qu’il a sous les yeux. « Vous êtes né à la mauvaise époque. Ils auraient jugé votre travail comme de l’art, mais maintenant… » Des siècles passés où les monstres étaient au centre des regards. Monstre. Terme qui n’est pas approprié. Pas ici. « Est-ce que les gens dénigrent ? » Sa franchise qu’il jette toujours, sans réellement se soucier du mal qu’il peut créer, des perforations aux émotions. Messine s’imagine un musée, là où toutes sortes de créatures fantastiques prendraient vie. Des chimères. Il a déjà aperçu des croquis, des mélanges hasardeux de formes animales, ce n’est pas nouveau mais jamais il n’en eu sous les yeux, présenté. La vie enfermée, modifiée. Il reconnaît l’imagination, le déploiement des idées. Et de ça, il jalouse, un peu, certainement beaucoup, de trop. Lui qui n’a jamais eu ce talent.

« Je peux ? » Des gants qu’il glisse à ses doigts, pour cacher le rouge, pour cacher les couleurs vivaces sur ses paumes. Ne pas tâcher ce qu’on lui prête. Œuvre qu’il tient avec respect, observe comme si on lui avait présenté un objet rare. Les plumes qu'il effleure. Frisson dans le dos. Exactement les mêmes qu’il possède, des bleutés sous certains arcs de lumière. Sourire qu’il vient à laisser passer, malgré lui, ça rend le visage plus humain. Accessible. « On pourrait y croire, qu'il va s'animer d’un instant à l’autre. Ca ne semble pas incohérent » Messine se dirige vers le fond de la pièce, là où trône un casque, objet dérisoire qu’il pose à terre sans aucun soin. Jette serait plus exact. Aucune alarme ne se déclenche. Evidemment. Personne ne viendrait à voler un objet sans valeur monétaire. La création prend place sur la colonne. Objet devenu pièce de musée. Deux pas qu’il fait en arrière, satisfait de son idée. Un regard qu’il glisse vers Esaias, et l’invite à avancer. « Vous faites ça depuis longtemps ? Si vous êtes venu dans l'espoir d'être exposé. C'est perdu. Ils ont des idées trop conservatrices » Dépit pour la direction du musée, d’eux qui ne souhaitent rien renouveler, sont enfoncés sous leurs poussières du passé. « Je peux le laisser ici, sauf si vous avez votre musée, vos collections mais ça serait une source agréable d’inspiration » L’aveu. De beaucoup qui auraient été dégoutés, dérangés, lui trouve l’animal fabuleux.

« Vous voyez cette toile » L’étendue au sol qu’il montre. Celle sur laquelle il travaille, va être condamné pendant des mois à une tâche non plaisante. « Ils prétendent que c'est un Fussli. C'est juste le travail d'un élève assidu. Des petits détails qui ne trompent pas. Les peintres ont leur schéma » L’œil pour reconnaître. Tour de magie disent certains. Capacité à voir au delà. Ridicule mystère. Ce n’est qu’un jeu de connaissance. Côtoyer les tableaux, côtoyer les mêmes artistes et il en ressort toujours les mêmes traits, les mêmes détails voilés, des insignifiants que le public ne remarque pas. L’idée était la même avec ses navires, ses voiliers qu’il signait bien malgré lui. Mains vissées aux poches alors qu’il cercle autour de la toile. « Quels sont les vôtres ? Quel est l'élément qui se répète dans vos créations ? » Passion nouvelle. « Mais… peut-être que vous ne voulez pas en parler, j’ai tendance à être trop curieux à propos des artistes » Encore une fois il se détourne, prétend à être intéressé par sa restauration. Une simple peur de l’autre, de ne plus supporter la présence étrangère trop longtemps.


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MessageSujet: Re: des cadences (esaias)    des cadences (esaias) EmptyLun 28 Sep - 19:11


 
Des Cadences

ft. Messine Satie

L’appât convainc ; le poisson mord à l’hameçon. La discussion est engagée. Il se retient d’étirer ses lèvres en un sourire douloureux tant le soulagement et la satisfaction sont réels. Lueur nouvelle qui prend vie dans son regard. Pas de louanges dans les mots de l’autre, rien d’aussi explicite, mais rien qui puisse ressembler à du rejet non plus. Il connaît la franchise de l’homme ; les mots acérés comme des poignards qu’il lance sans se soucier des dégâts. Une autre façon de se préserver, peut-être. Il pense à un animal sauvage qu’on aurait tenté de domestiquer : farouche, défiant, les crocs derrière le sourire, prêt à attaquer. Il ne l’a pas mordu, lui. Pas encore. Il pousse sa chance toujours plus. La vie n’a pas assez esquinté l’arrogance de celui qui s’avance au milieu du danger et s’attend à en sortir indemne. Il pense pouvoir apprivoiser le fauve sans avoir à le dompter. Il veut le faire sien, pas le rendre docile.

Il hoche la tête, doucement. Haussement d’épaules faussement désinvolte qui suit aussitôt pour ne pas verser dans l’auto-apitoiement. Oui, ils dénigrent. Ils rejettent, ils méprisent, ils se scandalisent. C’est l’incompréhension cependant qui fait le plus mal. Stigmatisation d’une forme d’expression qui dérange. Assemblage contre-nature, imagerie grotesque et macabre. La noirceur derrière les crocs, les griffes et les serres. La monstruosité qu’il embrasse, qu’il accentue plutôt que de la dissimuler. Affection trop marquée pour ces choses innommables qui peuplent leurs cauchemars. Il les condamne ainsi à la solitude, les relègue aux ténèbres dont ils sont issus. L’unique exception se tient devant eux. Trop vivante pour être morte, trop morte pour être vivante, figée dans un entre-deux éternel. Frustration du créateur qui ne parvient pas à s’accaparer tous les pouvoirs. S’il le pouvait, il le lui donnerait, ce souffle de vie.

« J’ai le sentiment que c’est le cas, parfois. Je crois les voir s’animer du coin de l’œil. J’entends le froissement de leurs ailes, ou le raclement de leurs griffes. Je les sens s’agiter dans l’obscurité. » Il s’interrompt, marque une pause. « C’est le moment où vous me dites que je suis aussi tordu que mes créations. »

L’air amusé, mais pas que. Des mots qu’il a trop entendu. Ils ne font plus rien maintenant. De la part des autres, en tout cas. Messine, c’est différent. S’il ne peut trouver sa place au milieu des parias, il ne la trouvera nulle-part.

« J’ai commencé quand j’étais enfant. Des charognes trouvées par terre, les idées plein la tête. Une bizarrerie qui est restée. » Une parmi tant d’autres. Il lâche un petit rire désabusé. « Rassurez-vous, j’ai vite compris que ce n’était pas avec ça que je serais un jour exposé. »

Étrange sentiment de contentement lorsque la chimère prend la place du casque. Enfant de l’ombre qui rencontre la lumière. Exposition éphémère, mais adéquate. Sa place n’est pas sous une cage de verre, soumise au jugement du tout passant. L’œil qui s’illumine lorsque l’autre parle d’en faire sa Muse.  

« Gardez-la, elle a sa place ici. Je n’ai que de la poussière et la compagnie des siens à lui offrir. »

Son regard suit le doigt tendu au sol. Ecoute attentivement, observe minutieusement. Il ne s’y connaît pas en art, lui. Les noms, les dates, les courants, ça lui passe un peu au-dessus. Tout ce qui l’importe, c’est ce que ça lui fait ressentir, il se fiche bien du reste. La valeur émotionnelle avant la valeur monétaire. Impressionné, malgré tout, par l’œil du restaurateur qui lit entre les coups de pinceaux comme d’autres lisent entre les lignes. Les secrets qu’il dévoile au sein des couleurs, des traits, des symboles. Monomanie qui trahit l’artiste ; les obsessions qui le poursuivent. Il réfléchit à la sienne, ignorant la façon dont son interlocuteur bat en retraite à peine les questions délivrées. La réponse tombe facilement de ses lèvres.

« La monstruosité. » Il se tourne vers sa création, l’observe avec une tendresse évidente. « Une fascination prononcée pour l’étrange, l’anormal. Au lieu de craindre le Croque-mitaine, je voulais m’en faire un ami. J’ai une affection particulière pour les mal-aimés. »

Les iris clairs qui se posent cette fois sur l’ange terrible, s’attardent un peu trop. Silence marqué qui s'éternise. Il se racle la gorge.

« Et vous ? Vous n’avez jamais été tenté de créer vos propres toiles ? »

Question cruelle, il connaît déjà la réponse. Il affiche une curiosité toute innocente, le masque impénétrable. Il veut l’entendre mettre des mots sur ce qui ne sont pour lui que des faits dans un dossier. Révèle-toi, Icare.

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MessageSujet: Re: des cadences (esaias)    des cadences (esaias) EmptySam 3 Oct - 18:10

i don't know if i can save myself. maybe that's just fine
Alone, I often fall down into nothingness. I must push my foot stealthily lest I should fall off the edge of the world into nothingness. I have to bang my head against some hard door to call myself back to the body. Fear no more, says the heart, committing its burden to some sea, which sighs collectively for all sorrows, and renews, begins, collects, lets fall
Création qui s’anime au regard, les pattes mouvantes, la tête articulée. Un jeu d’ombres et tout devient possible, tout prend vie. Il suffit d’un peu d’imagination, d’un soupçon et tout se déforme, se détraque. Les fissures dans la réalité. Les enfants sont capables de ça avec merveille, petits diablotins qu’il entend parfois s’exclamer, eux qui pensent voir ce qui échappent au regard des adultes. Ce n’est pas si différent avec la chimère, l’animal singulier qui semble vouloir sortir de sa coquille. Sourire poli qu’il adresse, du peu qu’il est capable. Si peu rassurant. « La folie est partagée » D’un murmure, gardien de secrets. « J’ai souvent l’impression de voir les statues bouger. A regarder du coin de l’œil, on s’imagine un mouvement de bras ou de tête » Un jeu d’ombres, et certainement quelques trafics hasardeux de la cervelle. Là-dedans que tout s’emmêle. C’est une impression qu’il a toujours eu. De voir certains marbre se mouvoir, des mouvements quasi imperceptibles. Des tours de son esprit. Mais la sensation reste, d’un frisson dans le dos, souffle à la nuque.

« Vous auriez pu être exposé. Ce musée reste très conservateur, mais d’autres, des galeries acceptent parfois d’exposer ce qui… sort des conventions » Messine ne souhaite pas brusquer, ni dénigrer. C’est encore la surprise d’avoir été confronté à de l’étrange, à une composition macabre. Fantaisie cauchemardesque. Un rappel de ses nuits hantées, d’une figures décharnée qui revient toujours vers lui. Il ne peut piétiner le travail d’autrui, cracher et abandonner. Intéressé par la création sous toutes ses formes. Il n’est pas à hurler pour l’horreur, pour les sentiments étranges qui cavalent à la vue de l’animal composite. Et c’est de ça qu’il se réjouit, la contradiction des ressentis, le fait d’éprouver quelque chose à la vue de la créature. C’est à ça qu’il reconnaît les ‘’belles toiles’’ et autres superbes travaux artistiques. Pour le transport du cœur, le battement alors qu’un œil seulement se pose. Création qui lui est donnée. Il pivote lentement vers Esaias, attend la suite des paroles. Rien. C’est donc un réel cadeau. « Merci. Mais il faudra lui donner un nom » Une offrande d’un inconnu, art précieux qu’il ne peut laisser dans ce musée, rempli de rapaces et incompétents. « J’ai le droit de l’emmener chez moi ? Je le laisserais volontiers ici, mais j’ai peur qu’il termine dans la cave »

Confessions à propos des charognes ramassées, de ces animaux crevés sur les bords de route. Plusieurs blessés qu’il a déjà ramené, essayant de soigner. L’enfant rapportait des renards et hérissons, accompagnés d’un frère et d’une sœur tout aussi fiers de sauver des animaux. Plus rien de tout ça n’existe. Messine roule sur les animaux encore hésitants, écrase sans plus se poser de questions. « Ce sont toujours des charognes, ou vous poursuivez les animaux ? » Chasseur. Pour posséder une gamme aussi large, il doit courir après les bêtes, les traquer. Attendre leur mort est une affaire trop complexe. « Vous tendez encore la main sous le lit, curieux de savoir si le monstre va la lécher ou la mordre ? » Question jetée sans attente d’une réponse. Il sait que les peurs ne sont jamais avouées. Lui n’y tendrait certainement pas sa main, un appât pour ce qui vit en dessous, cadavres.

Tension à la question prononcée. Les doigts se resserrent autour du crayon. Messine ne se retourne pas. « Je ne peux pas » L’aveu de son incapacité. « Je sais reproduire, tout, peu importe ce qu’on me demande, je sais copier mais imaginer, partir de rien… je ne sais plus » Etre capable de tout reproduire, de n’omettre aucun détail. Ce n’est pas du narcissisme, un éclat miséreux de talent. C’est une vérité énoncée, rien de plus. Il voit, il peut copier, produire un calque parfait. Mais la création lui échappe toujours. Il n’était capable d’imaginer que pour ses voiliers, eux les superbes qu’il a abandonné depuis des années. « Si vous avez du temps à perdre, j’ai peut-être quelque chose qui pourrait vous intéresser. Un livre à propos des… chimères. Il est très certainement enfoui sous une pile d’autres livres, j’aurai besoin d’aide » Drôle de proposition pour celui qui ne tolère aucune présence chez lui.



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MessageSujet: Re: des cadences (esaias)    des cadences (esaias) EmptyVen 9 Oct - 22:49


 
Des Cadences

ft. Messine Satie

La folie est partagée. Musique à ses oreilles. Agitation qu’il dissimule habilement. Déjà, il interprète plus qu’il ne le devrait. Il se répète les mots mentalement, comme pour en éprouver la texture, les décortique jusqu’à en perdre le sens. La douceur, elle, reste. Semblable à un baume sur une plaie dont il aurait oublié l’existence. Il acquiesce sa compréhension, le regard brillant. Il ne possède pas que l’imagination débridée de l’enfance ; il y a quelque chose dans son enthousiasme de trop sincère, de trop authentique pour avoir été assujetti à l’austérité des adultes. Mais c’est parce qu’il n’appartient véritablement ni à l’un ni à l’autre monde qu’il se sent toujours en retrait. Observant le monde avancer à travers une vitrine, spectateur plutôt qu’acteur. Consumé par l’envie de passer de l’autre côté.

Il accueille la suggestion avec un haussement d’épaules. Ce n’est pas ce qui l’intéresse, être exposé. Ses chimères le supplient de leur donner vie, il ne fait que répondre à leurs lamentations plaintives. Créativité qu’il ne peut taire à moins de s’y soumettre. Une solution qui n’est jamais que temporaire. Un mal dont il s’accommode bien.

« Je ne tiens pas à en faire des bêtes curieuses. Ce qui naît de l’ombre ne s’adapte pas toujours bien à la lumière. »

Il ne sait pas comment dire que c’est personnel. C’est le propre de l’art, bien sûr. Fouiller dans ses entrailles pour en cracher une part de soi, la soumettre au regard des autres. Mais il est avare dans ce qu’il donne de lui. Ce qu’il donne de vrai, en tout cas. Il préfère être compris de peu que mal compris.

« Elle est à vous, vous pouvez en faire ce que vous voulez. En temps voulu, elle vous chuchotera peut-être son nom à l’oreille. »

Une délicate affaire, nommer l’innommable. Parfois, des jours, des semaines, s’écoulent avant que ses créations ne révèlent leur nom. Mais toujours il leur en donne un. Il les envie un peu, lui, l’enfant mystère, celui qu’on a abandonné sans identité. Aucun signe d’appartenance ; il n’est à personne, personne n’est à lui. Il est le renard du Petit Prince ; il attend qu’on l’apprivoise. Il veut devenir unique pour quelqu’un.

Tête qui se penche à la question posée, sourire légèrement carnassier. Il a l’instinct du collectionneur, pas celui du chasseur, et s’il poursuit, ce ne sont pas les animaux. Certainement pas pour les tuer non plus, bien qu’il aime à leur dérober une part d’eux, conserver un vestige de leur personne. Des trophées qu’il préserve jalousement. Pas de volonté de nuire derrière ces offenses ; seulement le désir de les garder avec lui. Cruel dans son affection.

« A vrai dire, je laisse la chasse à plus avisé que moi. »

Réponse vague, la question qu’il élude. Dispenser la mort ne lui fait pas peur – il la côtoie chaque jour. Ce n’est qu’une transition d’un état à l’autre. Un état simplement plus permanent. Mais toujours, il répare, toujours il donne une nouvelle vie. Créer procure plus de satisfaction que détruire. Offre plus de possibilités. Il n’aime pas les fins. Il n’aime pas ce qui a un goût de définitif. Trop volatile pour ça.

L’autre continue de le sonder. Intuitif, il vise juste à chaque interrogation, néglige les habituelles banalités. Le sourire d’Esaias s’accentue, ravi.

« Je suis toujours déçu quand il ne fait ni l’un ni l’autre. »

Le monstre sous le lit, celui qui ne lèche ni ne mord. Des espoirs avortés. Désespoir à portée. Un jour, peut-être. C’est déjà assez que de savoir que les monstres existent quand on a si longtemps voulu lui faire croire le contraire.

A la confession de l’autre homme il ne renvoie aucune compassion vaine. Elle serait ignorée, méprisée. Il tranche pour une simple parole d’encouragement, convenue dans la forme mais sincère dans le fond.

« Si vous l’avez appris une fois, vous pouvez le réapprendre. » Une légère pause. « Si c’est votre souhait. »

La curiosité est là ; à son tour il aimerait voir ce que ces doigts colorés peuvent amener à la vie. Etre dans la confidence. Rien de plus triste qu’un talent ignoré. Mais voilà qu’on lui offre mieux. On l’invite dans l’antre des possibles. De l’autre côté. L’occasion est trop belle. Il sourit à s’en faire mal, et se retient encore.

« J’espère que vous ne dites pas parce que vous vous sentez redevable d’une quelconque façon. Notez que j’accepterais quand même, mais je préférerais que ce soit désintéressé. »

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