Clyde N. Moreau - I've turned into a monster

âge: 36 ans. lieu de naissance et origines: Mon "maître" m'a dit que je suis né quelque part en Irlande, mais je n'en sais pas plus. Je suppose que j'ai des origines irlandaises, mais je suis jamais retourné dans ce foutu pays. Je me sens plus écossais qu'autre chose. statut civil: Célibataire profession: Détective privé famille et/ou meute:J'ai été enlevé à ma famille quand j'étais gosse. Je ne me rappelle pas de leurs visages, de leurs noms, de leurs voix... Et une meute ? Vous déconnez ? Je fais cavalier seul. J'ai déjà assez donné.

comment vivez-vous les soirs de pleine lune:

S'il y a une chose que l'homme qui m'a transformé m'a appris, c'est bien à vivre ma lycanthropie dans l'ombre, à l'abri du reste du monde.

Non pas que dévorer des êtres humains le dérangeait particulièrement, mais il savait très bien que j'étais dans l'incapacité de me contrôler, d'être autre chose qu'une bête sauvage à l'intelligence limitée, risquant à tout instant d'être piégé par des êtres plus malins, plus puissants.

Pour ma part, je préfère me dire qu'il y a encore suffisamment de bon en moi pour que ce soit un pur altruisme qui me pousse à m'enfermer dans ma cave, les soirs de pleine lune, et à devenir ma seule victime, ma seule proie pour assouvir ma violence bestiale, brutale.  

Je suis loup-garou depuis plus d'une vingtaine d'années, mais j'ai toujours du mal à me souvenir de mes actions sous ma forme de lycanthrope. J'ai quelques flashs, des images, mais rien de concret. Rien, hormis la douleur, des griffures sur le corps et l'épuisement physique et moral qui, chaque fois, m'assaille.

quelle est votre réputation à edimbourg: Les gens ne savent pas vraiment si je suis un bienfaiteur ou une espèce d'ordure. Ils en déduisent généralement que je suis un peu des deux. Je suis un alcoolique bagarreur, un détective aux méthodes douteuses, un type paumé aux habitudes de vie pas très clean, abonné aux pubs, aux lieux de perdition...

Je suis aussi le gars qui a retrouvé des dizaines de gamins disparus quand la police piétinait, qui a démasqué des maris volages, des épouses trompeuses, déjoué des complots pour obtenir un héritage...

Bref, on pourrait me résumer comme le salaud qui essaie de faire quelques trucs biens dans sa vie. Certains croient que je fais ça parce que j'ai peur de finir en Enfer ou une autre connerie du genre. La vérité, c'est que j'essaie simplement d'être plus que le loup sanguinaire que mon "Maître" avait fait de moi.  

traits de caractère:

Ma réputation n'est pas qu'un tissu de mensonges : c'est vrai que je suis un salaud pur jus. Le monde entier m'inspire une profonde aversion et je n'ai aucune patience pour les pleurnicheurs et autres chialeurs. Leurs gémissements me tapent sur le crâne et, à les entendre, je n'ai qu'une envie : leur trancher la gorge pour ne plus avoir à les subir.

Mais, jusqu'à preuve du contraire, je ne suis pas un psychopathe. Pas pour le moment. Alors, je me contente de mots qui blessent, de paroles vicieuses, d'un ton moqueur et méprisant : ça me défoule, ça tient le reste du monde éloigné, ça les protège de moi autant que cela me préserve. Je suis un loup-garou, une bête sauvage, un meurtrier : les amis, ce n'est pas fait pour moi.

Il me reste encore un peu d'humanité, quelque part, au fond de moi. J'ai peur de la perdre. J'ai peur que, un soir de pleine lune, je ne me réveille plus en tant qu'homme. D'être à jamais le loup. Alors, j'essaie d'alimenter mon humanité, de faire quelque chose de bien de ma vie, quelque chose de constructif.

Détective privé, c'est ma manière de me racheter, de rester humain : je me sers de ma malédiction pour une bonne cause, pour retrouver des personnes disparues, dissiper les doutes, offrir une solution à des questions sans réponse. C'est aussi ma manière de conserver un semblant de stabilité mentale.

J'ai vécu une enfance et une adolescence affreuses, loin de toute éducation, de tout contact humain : cela a fait de moi une bête dans un corps d'homme, littéralement. Il y a en moi cette colère et cette haine sur lesquelles je n'ai qu'une infime maîtrise, qui me poussent à dire des choses terribles, à me laisser aller à un comportement  violent, primaire.

Il y a les cauchemars, les souvenirs qui me poursuivent, une ombre au sein de mon coeur et de mon âme qui menace de tout engloutir et de ne laisser que le pire en moi. Je lutte. Je me nourris des remerciements de mes clients, du soulagement des parents qui retrouvent leurs enfants, de la gratitude, de la reconnaissance, pour ne pas perdre pied.

Mais c'est dur. Chaque jour est une épreuve, une bataille contre moi-même. Je ne peux pas perdre. Ca signifierait qu'il aurait gagné, lui...crédits: Tumblr et moi-même groupe: barking dogs.

001. J'ai un certain penchant pour l'alcool : ça embrouille mes pensées, ça m'endort, ça me rend suffisamment boiteux et maladroit pour m'empêcher de faire du mal à qui que ce soit. Il m'arrive de boire du début de la soirée jusqu'au matin, si mon organisme me le permet et ne me plonge pas dans un coma éthylique. 002. J'aime bien les chiens. J'en avais un, avant, mais je l'ai bouffé par inadvertance pendant la pleine lune. Il s'était aventuré dans la cave avant que je ne me transforme, cet abruti... Depuis, j'évite les animaux de compagnie. 003. J'ai une bonne partie de mon salaire de détective qui part dans mes clopes : j'ai l'impression que ça me détend de fumer, j'saurais pas dire pourquoi... Mais j'évite quand je suis sur une piste : la fumée, ça atténue mon odorat. 004. J'ai une éducation limitée : je sais lire, écrire, compter, ce genre de trucs. Mais évitez de me parler de "Cheik Spear" ou j'sais pas quoi exactement... J'ai pas vraiment eu le temps ou l'occasion de me cultiver un peu plus. J'arrive pas à me concentrer sur un bouquin, de toute façon. 005. J'ai des crises de nerfs au quotidien, généralement pour pas grand-chose. Quand je peux, je m'isole, je mets du métal à fond et je brise tout ce qui se trouve à ma portée. Ca me calme. Un peu. Je chiale, aussi. Mais ça, personne ne doit le savoir. 006. J'ai un penchant pour la viande saignante, voire crue : j'essaie de me forcer à un régime plus "humain", mais les légumes me dégoûtent. La viande, y a que ça de vrai. 007. J'ai horreur des parfums : leur odeur me donne la nausée. Epargnez mon odorat, par pitié. 008. Je suis couvert de cicatrices, de traces de griffure et autres ecchymoses : j'ai été habitué à ce traitement depuis mon enfance et mon corps le montre. Mon visage est la seule partie de moi qui est relativement épargnée. 009. Je suis insomniaque. Mes nuits sont peuplées de cauchemars et je ne peux pas m'endormir sans les subir. En général, je passe mes soirées dans les pubs, en boîte, avec des filles que je paie grassement : tout plutôt que de dormir. Tout plutôt que de me retrouver face à ma propre faiblesse. 010. J'essaie d'être présentable, à peu près décent, mais je n'ai pas été habitué à maintenir une hygiène constante : résultat, j'ai souvent les cheveux gras, la barbe de trois jours, une haleine digne du clébard que je suis... Bref, pas très clean.

J'ai eu une famille, je crois. Des parents, c'est sûr, je ne serais pas né, sinon. Des frères et soeurs, peut-être ? Je ne me rappelle pas... Je ne sais plus... Parfois, j'ai l'impression que ma vie a commencé à l'âge de huit ans. Qu'il n'y a rien eu avant cela. Que je suis né en devenant loup-garou. En appartenant à Bruce...

Bruce Moreau. Il avait la quarantaine quand il m'a enlevé. Pourquoi moi ? Il ne me l'a jamais dit clairement. Quelque chose à propos du fait que j'avais l'air d'un gamin solide, que je pouvais survivre à la morsure ou j'sais pas quoi. Il y avait peut-être une raison plus profonde, mais il n'est plus en vie pour me l'expliquer, maintenant...

Je n'ai jamais appelé Bruce "Bruce". C'aurait été trop familier, presque condescendant. C'était "Maître". Et "Maître" était toute ma vie, tout ce que je voyais du monde extérieur. Je vivais dans la cave de sa maison, dont je ne sortais qu'en de très rares occasions. Il faisait froid, humide, ça puait la mort, la peur, le désespoir. C'était chez moi.

"Maître" avait fait de moi sa chose, son louveteau, son fils, sa possession. Il m'avait donné un prénom, un nom, une identité. Je ne m'appelais probablement pas Clyde, avant. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je n'arrive pas à me souvenir. Clyde Nicholas Moreau. C'est moi. Clyde. Le chien. Le loup. La bête. Sa bête.

"Maître" ne m'a pas élevé. Il m'a dressé. Comme un clébard. A obéir aux ordres, à faire le beau, à exécuter ses petits tours. Il me possédait, me soumettait, me contrôlait. J'étais le Beta et il était l'Alpha, celui devant lequel il me fallait courber l'échine.

Il n'avait pas à m'attacher, à me restreindre. La porte de la cave était même probablement ouverte depuis le début, ou presque, mais je n'avais jamais eu le réflexe de vérifier par moi-même. M'enfuir n'était pas une option. C'était chez moi. Parce qu'il le voulait ainsi et parce que je lui obéissais.

Combien de temps ça a duré ? Quatorze, quinze ans, peut-être... Personne n'était au courant de mon existence. Personne ne connaissait Clyde. Aux yeux de tous, Bruce était un homme célibataire, un brin ermite sur les bords, peu désireux de se mêler au reste de la populace.

J'étais le seul à savoir la vérité, tout comme il était le seul à être au courant de mon existence. Je le voyais tel qu'il était : un monstre. Une bête sauvage. Un loup-garou, fier de son statut, heureux de me posséder, d'avoir quelqu'un à soumettre, à qui prouver sa force et sa domination.

Je ne le réalisais pas encore, à l'époque, mais Bruce était faible. Tellement faible. Un autre loup-garou lui aurait fait courber l'échine en deux temps, trois mouvements. S'il avait fait partie d'une meute, il aurait été un souffre-douleur, un Omega, moqué et méprisé par ses pairs, condamné à la soumission.

C'était probablement pour ça qu'il m'avait choisi, qu'il avait fait de moi un loup : pour me modeler. Faire de moi ce qu'il voulait. Avoir la chance d'être un dominant, une fois dans sa vie. Mais il n'avait pas prévu quelque chose.

Les années passant, je devenais de plus en plus fort. Le loup en moi se faisait plus bruyant, plus sauvage, plus dangereux. Il aspirait à une autre existence, à découvrir par lui-même la vie en-dehors de la cave, à sortir et ne plus revenir. Mais je n'avais pas le courage de l'écouter. J'avais peur. J'avais mal. J'étais faible.

"Maître" me tenait par la douleur, par la souffrance. La moindre désobéissance me valait le contact de l'argent, une torture telle qu'elle menaçait de me briser, de me plonger dans une folie dont je ne pourrais jamais ressortir. L'emprise qu'il possédait sur moi était forte, tellement forte. Il avait fait de moi son jouet, son louveteau, sa chose, jusqu'à ce que mon propre esprit ne me trahisse et ne me fasse oublier que j'avais une vie, avant.

Des gens qui m'aimaient... Des amis, peut-être... Un avenir prometteur... Tout ça, effacé de ma mémoire. Celui que j'étais autrefois avait complètement disparu. Ne restait que Clyde. Son Clyde. Clyde lui appartenait... Mais le loup en avait décidé autrement. Le loup avait choisi que les choses changent. Alors, il avait agi.

"Maître" ne se méfiait pas de moi. Il savait que je ne lui ferais jamais de mal. Que je lui étais dévoué. Il se montrait imprudent. Stupide. Le loup en avait profité. "Maître" avait voulu me punir parce que j'avais refusé d'avaler la viande qu'il m'avait donné, une viande pourrie, répugnante, qui provenait probablement d'un être humain...

Il avait sorti son couteau en argent, s'apprêtant à marquer ma chair avec, comme il le faisait régulièrement. Mais sa prise était lâche et il avait suffi d'un mouvement pour que le couteau lui échappe des mains, pour qu'il se retrouve en ma possession. J'avais peur de bouger, de faire le moindre mouvment, mais la volonté du loup était plus forte que la mienne.

Je l'ai poignardé. Encore et encore. J'enfonçais son couteau dans sa poitrine, je le retirais, encore et encore, dans un cycle infernal, un rythme connu de moi seul. J'avais plongé mes mains dans sa cage thoracique, extirpé son coeur, et je l'avais dévoré à pleines dents, mu par une rage accumulée durant des années entières, une rage que je n'imaginais même pas ressentir.

Quand je m'étais finalement calmé, j'avais réalisé ce qui s'était produit. "Maître" était mort. Et j'étais libre. Libre de faire ce que je voulais. D'aller dehors. De sortir. Mais je n'arrivais pas à franchir la porte de la cave. J'avais peur. J'étais terrifié par l'inconnu qui m'attendait.

Je suis resté dans la cave, plusieurs jours. A la pleine lune, le loup a repris le dessus et a dévoré le cadavre putrescent de "Maître". Il ne restait plus de trace de lui. Bruce Moreau n'existait plus. C'était ce qui m'avait permis de sortir. Plus rien ne me retenait dans la cave.

Je n'étais pas habitué à marcher comme un homme, mes yeux étaient aveuglés par la lumière du soleil, ma peau diaphane rougissait à vue d'oeil, comme si l'astre pouvait me réduire en cendres à tout instant. J'étais maigre, décharné, abîmé. Toutes mes blessures étaient dévoilées par la nudité dans laquelle j'avais toujours vécu.

J'avais marché, sans savoir où j'allais. Enfin, rampé, plutôt. Je n'avais pas la force ni le moyen de tenir sur mes jambes. Il n'avait pas fallu longtemps pour que l'on note ma présence. Un homme nu, couvert de blessures, porteur d'une odeur répugnante, grognant et gémissant comme un chien sauvage... Difficile de ne pas remarquer son existence.

J'avais été conduit à un hôpital. Pris en charge. Rééduqué, tant bien que mal. Personne ne savait d'où je venais. Qui j'étais. Ils avaient tant bien que mal remonté la piste jusqu'à la propriété de "Maître", de "Bruce", mais il n'y avait plus trace de lui. Sa maison était isolée, suffisamment pour qu'il n'ait pas de voisins pour être témoin de ses actions. Personne pour se rendre compte de sa disparition, de sa mort.

Ils avaient tenté de retracer mon histoire, de comprendre ce qui m'était arrivé. Ils avaient établi que Bruce m'avait enlevé à ma famille, il y a des années de cela, traité comme un chien, qu'il m'avait fait subir des sévices tels que j'en étais ressorti brisé, traumatisé, détruit.

Ce n'était pas si loin de la vérité, mais ils avaient oublié le plus important : le loup. Le loup qui était en moi. Le loup qui ne supportait pas l'hôpital, ces gens qui tournaient autour de moi pour me poser sans cesse les mêmes questions, tenter de me rééduquer...

Le loup voulait être libre. Cette idée me faisait peur. Je n'étais pas prêt. Avant que la pleine lune n'arrive une nouvelle fois, je voulais... je voulais être à l'abri. Protégé de ce que je ne connaissais pas. Être élevé, pour de vrai, pour devenir un homme.

Je savais qu'il me faudrait partir avant que la pleine lune n'ait lieu, que les gens ne comprendraient pas, qu'ils voudraient ma mort, peut-être. Je devais guérir vite. Apprendre vite. Ma nature de lycanthrope m'avait permis de remettre rapidement de mes blessures. La télévision, les thérapeutes, la lecture qu'on me faisait quotidiennement... Tout ça m'aidait à être humain. A apprendre à interagir avec les autres. A comprendre le reste du monde.

Je devais être un gamin intelligent, à l'époque. J'assimilais très vite ce qui m'était enseigné. Quand le moment fut venu, je n'étais pas tout à fait prêt à être humain. Mais je pouvais me faire passer pour l'un d'eux. Et j'avais une identité.

Bruce prévoyait de me faire sortir, un jour. Quand, je ne sais pas...
Il m'avait fait de faux papiers, établi comme son fils. C'était tout ce que la police avait pu retrouver sur moi, dans le domicile de "Maître". J'avais embrassé cette identité, à défaut de retrouver la précédente. Clyde Moreau. 22 ans. Enfant sauvage. Adulte en rééducation. Être humain.

Le moment venu, j'avais réussi à m'enfuir. Une nouvelle fois. Je ne savais pas où aller, où me cacher, en attendant que le loup se réveille. Au gré de mes pas, qui m'avaient mené bien loin de l'endroit où j'avais été recueilli, j'avais trouvé refuge dans une forêt dense, au coeur d'une montagne, là où les gens s'aventuraient peu en raison de la dangerosité du terrain. De quoi permettre au loup de courir, de se défouler, de chasser la faune qui y habitait...

Je ne sais pas combien de temps je suis resté dans la forêt. Plusieurs semaines ? Plusieurs mois ? Je me sentais bien, ici. J'étais à l'abri. Loin des hommes. Mais je ne me contentais pas de cette vie sauvage. Ce que j'avais entrevu de la société m'attirait. Des hommes vêtus de beaux costumes, vivant en famille, avec des amis, avec d'autres humains, tout aussi respectables qu'eux...

Ce n'était pas ce que le loup souhaitait. Mais j'en avais assez de l'écouter. De vivre selon ses désirs. Je ne voulais pas d'une existence à jouer les ermites dans la montagne. Je voulais autre chose. Prenant mon courage à deux mains, j'avais rejoint la civilisation. Trouvé ma place à Edimbourg, après avoir traversé plusieurs villes au sein desquelles je me sentais étranger, déplacé.

Ca n'a pas été facile, au début. Je dormais dans la rue. Je vidais les poubelles. Je n'étais pas vraiment intégré, il fallait le dire. Les jours de pleine lune, je retournais dans la montagne. Je subissais. J'attendais. Et je revenais. Quelqu'un m'a pris en pitié. M'a offert un métier, dans un bar, ainsi qu'un toit pour me couvrir.

C'est là que j'ai découvert les joies de l'alcool. Quand je n'étais pas au travail, je m'enivrais à en perdre la tête. Ca me faisait oublier mes soucis, mes doutes, ma peur. Je me sentais heureux, pour la première fois de ma vie.

J'avais un salaire, qui me permit bientôt de pouvoir habiter dans mon propre appartement, au sein d'un immeuble où se trouvait une cave. Moins intimidante que Ma cave, elle me servait de refuge durant les soirs de pleine lune. Je cadenassais la porte, je m'enfermais jusqu'au matin, et je remontais, en essayant d'être discret. Pas toujours facile...

Un certain nombre d'années s'est écoulé ainsi. Je suis devenu plus humain, plus présentable, plus apte à évoluer avec les autres, même si je restais, aux yeux de la populace, une espèce de sauvage, rustre, parfois violent. J'avais quand même fait un bout de chemin...

Puis le propriétaire du pub a décidé de fermer son établissement, pour s'offrir une retraite paisible. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé sans travail. Les gens n'étaient pas décidés à m'offrir une chance, alors j'ai dû me débrouiller seul.

C'est la télévision qui m'a donné une idée. Je l'avais acheté, pour en apprendre plus sur le monde, et elle m'avait permis de trouver ma voie. Un but. C'est un certain Sherlock Holmes qui m'a inspiré. Il semblait plutôt bien s'en sortir, en jouant les détectives...

J'étais donc devenu Clyde Moreau, détective privé. Les affaires ne se bousculaient pas à ma porte, évidemment. J'ai décidé de prendre les choses en main, avant que l'argent ne manque, avant que je ne me retrouve à la rue.

Un gamin avait disparu. Son visage faisait la une des journaux locaux, les parents suppliaient qu'on le retrouve, la police faisait chou blanc. C'était l'occasion idéale. Je m'étais présenté aux parents, j'avais prétendu être un détective ayant résolu un certain nombre de cas similaires pour me donner un brin de crédibilité. J'avais promis de retrouver le gamin et profité de ma présence dans cette maison pour m'imprégner de l'odeur du petit.

J'avais toujours eu le nez fin, très fin, même lorsque je n'étais pas sous ma forme de loup. C'était cet odorat sensible qui m'avait permis de suivre une piste, de le traquer, de le retrouver. Rien de grave, ce petit con avait fait une fugue pour ne pas passer un contrôle et, dans son escapade imprudente, était allé s'égarer dans une grotte. Une mauvaise chute, la jambe tordue, impossible de sortir. Crétin.

Ce fut ma première affaire, couronnée de succès. D'autres ont suivies, petit à petit, me permettant d'avoir un salaire à peu près stable et régulier. J'ai gagné en finesse, en sens de l'observation, en esprit de logique et en déduction.

Je ne me contentais pas de pister bêtement, mais d'étudier soigneusement les cas qu'on me proposait, d'analyser des indices, d'émettre des théories basées sur des faits. D'être un vrai détective, en résumé. La télévision m'aidait également à parfaire mon rôle.

J'ai gagné ma petite réputation à Edimbourg, au fil des années. J'ai trouvé ma vraie personnalité, en-dehors du loup, même si elle ne plaisait pas à tout le monde. Les affaires que je résolvais me confortaient dans ma place d'être humain, me prouvaient que je pouvais faire quelque chose de bien dans ma vie.

Et aujourd'hui ? Aujourd'hui, je continue à vivre. Avec le poids du passé. La crainte du lendemain. La méfiance face au reste du monde. Je suis seul et je préfère que ça reste ainsi. Bruce, "Maître", devait être le seul à avoir eu une telle emprise sur moi. Mon "maître", à présent, c'était moi-même. Et personne d'autre.