cassius bellamy + i live among you, well disguised.

âge: 32 automnes qu'il traîne ses guêtres dans ce bas monde. lieu de naissance et origines: Glasgow fut son berceau, l'univers entier sa demeure, son sang et celui de ses aïeuls est écossais. statut civil: Le chien galeux ne mérite nulle affection, le dégoût qu'il s'inspire obombre et corrompt chaque idylle, il s'astreint à un célibat forcé et lorsqu'il succombe à la concupiscence invétérée qui s'arrime à son essence, Cassius s'esbigne dès que les lueurs palotes de l'aube balbutiante se pointent . profession: Naguère, farci de desseins louables et d'aspirations honorables, il s'est placé sur la ligne de front, uniquement armé de sa plume affûtée, afin d'effleurer l'horreur humaine et de la dénoncer haut et fort, de colporter l'indicible aux masses insignifiantes se vautrant dans leur confort. Toutefois rompu par le faix des atrocités dont il a été témoin, il est revenu la queue entre les jambes au gris pays, vivote désormais au bas de l'échelle, il prospecte aujourd'hui la merde en quête d'un quelconque ragot afin de vendre quelques lignes fadasses au journal local. De correspondant de guerre à pigiste, la déchéance fut cuisante. famille et/ou meute: La solitude est sa maîtresse, l'exil son plus féal compagnon. Il doit bien avoir une soeur, par delà l'Atlantique mais ça fait si longtemps que lorsqu'il invoque ses traits, ceux-ci sont flous, oblitérés par l'érosion du temps. Si un jour il cesse d'être écartelé entre son humanité et sa bestialité, et que ces deux entités consubstantielles s'apprivoisent, peut-être aura-t-il une meute. Pour l'heure, en tout cas, Cassius se conjugue au singulier. comment vivez-vous les soirs de pleine lune: Il se claquemure au fond d'une cave sordide ou s'évanouit dans la noirceur d'une forêt profonde. Bien qu'il ne porte que peu d'égards à ses pairs, il ne souhaite pas accabler davantage sa conscience d'ores et déjà esquintée. Aussi ne souhaite-t-il pareille malédiction à personne. quelle est votre réputation à edimbourg: Une ombre qui danse sur un mur, un hurlement qui éventre le silence vespéral, un nom quelconque au bas d'un article de journal, rares sont ceux qui connaissent ce reclus. traits de caractère: Effacé + froid + caustique + réfléchi + revêche + solitaire + érudit + misanthrope + lovelace + nihiliste + indifférent + à vif + troublé + retors + rancunier + mythomane  crédits: Anomia + yllenhaal. groupe: barking dogs.

✝ 001. Il était jadis un fervent croyant mais depuis qu'il fut teinté par le malin, Cassius a déserté la demeure du Seigneur. ✝ 002. Il abhorre sa dualité animale, sa nouvelle nature le répugne au plus haut point, exacerbe plus encore l'acuité du dégoût qu'il s'inspire.  ✝ 003. Sitôt la sorgue tombée, les spectres du passé lui susurrent leurs grises mélopées, grignotent son repos et empoisonne son royaume onirique. Pour contrer ces insomnies, Cassius bâfre somnifère sur somnifère ou abandonne tout simplement la lutte, préférant arpenter les cloaques d'Édimbourg. ✝ 004. La guerre a gravé son emprunte indélébile sur le loup et ces horreurs viennent souvent le lutiner. Un bruit trop soudain, une clameur trop tonitruante, un flash lumineux trop vif , autant de détails insignifiants aux yeux du commun des mortels qui, lui, le transissent d'effroi, le replongent en plein coeur d'escarmouches brutales. Il est alors comme prostré, se retranche dans les méandres les plus profonds de son être, imperméable au monde et aux événements, à mille lieux de là, retourné à une époque révolue. ✝ 005. L'alcoolisme est probablement sa tare la plus invétérée. Le coude est léger, s'envole volontiers vers le gosier béat pour y verser diverses liqueurs. Cassius a trouvé refuge au fond d'une bouteille et il s'y noie allègrement, s'adonne à ce lent suicide avec un zèle pourtant empressé. Ça rend les choses plus faciles, dit-il, lui permet d'émousser le tranchant des remembrances pernicieuses. ✝ 006. Le mensonge suinte de sa gueule sans même qu'il s'en rende compte. Un vice ayant pris racine il y a longtemps déjà, il tord les faits à son avantage, grime la vérité avec des couleurs qui lui sont favorables. Il lui arrive fréquemment de se forger une identité de toute pièce, d'arborer un masque factice et de duper ses pairs pour le simple plaisir de la chose. C'est sa façon à lui de se gausser de ce bas monde et de ces hères insipides, en chaussant et déchaussant ces façades chimériques dans un balais infernal, si bien qu'il lui arrive parfois de perdre trace de qui il est véritablement.  ✝ 007. C'est un curieux, il aime savoir, s'instruire. Il peut compulser des jours durant tous les ouvrages traitant d'un sujet qui le passionne. Il n'a de cesse de faire croître sa culture générale. Son encéphale est farci de mille et un savoirs, tantôt utiles, tantôt non.  D'ailleurs, lors de ses investigations, il fait montre d'une diligence similaire, s'immergeant totalement dans l'univers qu'il souhaite explorer. ✝ 008. Il est coutumier de voir Cassius une cibiche coincée entre les lèvres, il fume presque constamment, brûlant avec entrain sa chandelle, se repeignant les poumons de noir. ✝ 009. L'art est l'unique chose qui parvient encore à griffer la gangue de glace. Il peut s'abîmer des heures durant dans la lecture d'un ouvrage qui tuerait d'ennui le commun des mortels et il peut vous entretenir longuement sur la musique. ✝ 010. La vitesse le grise terriblement. Sous le couvert de la nuit, il se cale derrière le volant de son carrosse et fait vrombir la mécanique de tous ses feux, dévore l'asphalte à une cadence vertigineuse. Piloter à se rompre la nuque est l'une des rares choses qui lui arrache un sourire véritable.

De tout temps, les Bellamy ont fait rimer conflit et profit. Un clan d'hommes fort en gueule, intempérants, puisant une mâle fierté du port du sacrosaint uniforme et des prérogatives en découlant. Leurs destinées étaient écrites en encre écarlate depuis les limbes utérines : une éducation martiale et austère, parfois presque forcenée, pour forger des guerriers impavides et inexorables.
Qu'elle ne fut pas, ainsi, la déception du patriarche lorsque ses yeux se posèrent sur son héritier. Comme si la providence désirait apprendre à cette lignée pétrie d'orgueil, elle nantit James Bellamy d'un nourrisson frêle et quiet, presque timoré. Il ne se laissa pourtant pas décontenancer pour si peu, si certain qu'il était qu'il pourrait éradiquer cette « pusillanimité » honteuse de son arborescence généalogique.

Néanmoins, ni les suppliques ardentes, ni les mercuriales incessantes, ni les horions rageurs du père ne purent remodeler l'essence du fils. Envers et contre tout, Cassius demeura une âme éthérée, préférant la compagnie des livres à celle de ses camarades, ce qui lui valut bien vite les foudres de ses congénères. Estampillé, il fut traité comme un paria, condamné à errer seul en ce bas monde. Un esprit béni d'une superbe sagacité et otage de cette odieuse solitude. Il batailla ferme, à l'aube de sa vie, contre cette nature qui était sienne, s'évertua à s'engoncer dans le moule si prisé par le paternel, à conquérir l'amitié de ses pairs. Autant de tentatives couronnées de désastre. En grandissant, il devint le réceptacle de la hargne de ses condisciples, et chaque fois qu'il revenait au domicile l’œil bariolé de violet, le géniteur assimilait cela à la plus infâme des opprobres, conjuguant ses propres roustes aux hématomes tavelant déjà le corps étique du gosse. Les seuls jours filés de soie qu'il connut furent les précieuses semaines passées annuellement aux côtés de la famille Forrester, et plus particulièrement Ainsley, qui était aussi insurgée que lui face aux doctrines familiales. Tout du moins, lorsqu'il pouvait réchapper aux chasses, durant lesquelles il ne manquait jamais de se vautrer dans le ridicule et de subir des avanies cuisantes.

Et puis, aux abords de la majorité, les désirs les plus intimes de l'éphèbe furent exaucés par une divinité pleine de commisération. Le cœur d'ébène du paternel flancha et cané, le géniteur. Aujourd'hui encore, il se souvient de l'allégresse qui faisait chanter son sang à l'enterrement, et du terrible sentiment de culpabilité qui le tiraillait, pendant que les faciès graves de l'assistance luisaient de sel et irradiaient de douleur, de la petite main d'Ainsley dans la sienne, elle qui lui serinait des paroles aussi réconfortantes que creuses, dont il n'avait que faire.

Ainsi rendu à l'âge d'homme, il fallut à Cassius choisir son arme de prédilection. Là où ses aïeux s'étaient saisis des siècles durant de dispensateurs de mort, lui préféra se munir d'une plume, dispensatrice de savoirs et rejoignit la London School of Journalism. Libéré de ses entraves, il put enfin éclore, s'ouvrir au monde et aux idées supérieures, exister sans concession ni vergogne. Ses professeurs lui trouvèrent une plume virulente mais efficace, et la gente féminine certains charmes dont il usa et abusa, sans jamais donner racines à quelque idylle que ce soit, préférant virevolter au gré des vents de son inassouvissable soif de voluptés.

Fût-il mû par les rémanents de ses remords ou bien par l'écho des tares familiales, nul ne pourrait le dire mais toujours est-il qu'une fois fort de son diplôme, il choisit de mettre son existence sur le fil et de se jucher sur les frontières de l'enfer, partant couvrir les conflits armés se déchaînant en Irak. Là-bas, il apprit que, contrairement aux préceptes paternels, la guerre n'avait rien de glorieux, loin s'en faut. Là-bas, il fut témoin des vilenies que l'homme est capable de perpétrer. Ce fut la fin de l'innocence. Au fur et à mesure de l'investigation, son feu brûla de plus en plus bas, jusqu'à mourir complètement. Il fut gagné par le fiel et la glace, devenant mithridatisé face à l'effroi et à l'horreur. Cassius venait à contempler d'un regard atone les monceaux fumants de carne et de viscères qui furent naguère ses compagnons, se demandant distraitement quand son dieu qui lui était autrefois si cher et si auguste avait déserté ces terres désolées. Il avait beau se claquemurer dans une écœurante impassibilité de façade, faire mine de coucher les mots avec la désïnvolture de celui que l'apocalypse ne concerne pas, ses peurs étaient tangibles dans les détails. Son stylo empoigné d'une main trémulante, un sommeil bâfré par les cauchemars, un alcoolisme bulbutiant, autant de signes qui dénonçaient les démons tapis sous la surface. La terreur ensevelie perça au grand jour lorsque que ce fut sa personne désabusée que la Faucheuse réclama. Une escarmouche incongrue, une détonation qui le happe, l'odeur de son propre sang qui empuantit l'air, ses propres chairs calcinées et ce fut la fracture, l'esprit qui se disloque.

Brisé, il regagna l'Angleterre, allant enfouir sa géhenne dans les bas-fonds de Londres, menant une vie de débauche, s'agenouillant face à la sujétion aux vices. Pour gagner son pain rassi, il louvoya dans les cloaques les plus malfamés de la capitale, naviguant au milieu des naufragés, des épaves, si similaires à lui, à la recherche de chimères urbaines, taillant la biographie de tel junkie ou dépeignant la sinistre existence de telle canaille, afin de faire frissonner les cossus lecteurs dans leur tour d'argent. Il monnayait les déboires et la dépravation d'autrui. Et ce fut lors d'une de ces vaines chasses au récit qui défrayerait la chronique, lors d'une nuit baignée de blancheur astrale, qu'il buta sur le fauve qui allait faire à nouveau dérayer son existence. Une simple pression des chicots et son essence s'empoisonna, se drapa des couleurs du malin. Désemparé, révulsé, effrayé, alors que cette damnée nuit se mourrait, il fit ce qu'il connaissait le mieux : fuir. Vers son Écosse natale, mettre le plus de distance possible entre lui et le monstre. Mais rien 'y fit. Le mal continua de le gangrener, la lune altière continua de le rendre féral, dangereux, imprévisible. Et l'appel obsédant de ses semblables qu'il continue encore aujourd'hui d'ignorer, oui, mais pour combien de temps ?