Le seul souverain dont on doit accepter le joug est la raison (the end)

Les vampires ont fait le serment de ne jamais toucher à une sorcière. C'est un serment qui ne les lie pas réellement, pas autant que je l'aurais voulu mais à moins de jeter un sort sur tous les membres du Coven pour rendre leur sang mortel pour les vampires, il n'y a pas grand chose que je puisse  faire à part leur faire confiance.

La vie reprend peu à peu son cours, les Mayfair trouvent que je n'en ai aps fait assez, les autres croient que j'en ai trop fait,tout le monde aurait sans doute fait mieux, surtout à posteriori, bref la vie est comme elle était avant, il y a tant de critiques et si peu d'artistes.

En parlant d'artistes j'en ai découvert un nouveau récemment, il est atteint de synesthésie et peint ce qu'il voit quand i écoute de la musique. C'est envoûtant, j'espère lui faire signer un contrat prochainement, et lui offrir un vernissage digne de ce nom.

Et puisque nous parlons des nouveautés en ville, une sorcière est arrivée récemment, une policière assez jeune et ne faisant partie d'aucun Coven. Aujourd'hui, sous un soleil des plus agréables en cette saison j'ai décidé d'aller la voir, de lui parler d'Ad Astra, de lui parler de ce qu'elle peut découvrir en nous rejoignant. Mais je veux surtout découvrir qui elle est, en apprendre davantage sur elle. Le Coven se porterait encore mieux avec une nouvelle membre, surtout une jeune, elles ont plus d'imagination, d'idées, d'envies, de soif de découverte. Mais je suis surtout intriguée par cette nouvelle sorcière.


C'est assise sur un banc que j'attends de la voir sortir du commissariat. Bien sur je sais à quoi elle ressemble, je suis la Suprême d'Ad Astra, si nous n'avons plus d'oracle nous avons internet et surtout des membres un peu partout, même au poste de police.

Quand je la vois sortir je m'avance vers elle tout en lissant d'un geste machinal ma longue robe rouge et, arrivée à sa hauteur, la salue poliment :

"Bonjour Mademoiselle McKay. Je suis Margaret MacPherson, auriez-vous un moment à m'accorder ? "

Je souris poliment pour tempérer l'aspect abrupte de mon arrivée et indique d'un geste du menton le bord de la Leith, presque désert à cette heure où nous pourrions parler sans crainte d'être entendues.
Si beaucoup d'habitants d'Edimbourg sont des êtres surnaturels ce n'est pas le cas de tous et j'aime autant éviter de parler de magie en public, juste au cas où quelqu'un entendrait une phrase par hasard et découvrait à cause de moi l'étendu de son ignorance.
Le risque est minime, quand les gens entendent ils croient qu'on parle d'un film ou qu'on est de ces amateurs qui croient avoir des pouvoirs, mais il suffit d'une fois, non ? Et prudence est mère de sûreté.

Longue journée. Adalyn sort du commissariat, passant une main sur son visage pour tenter bien inutilement de chasser ses pensées. À l’extérieur, elle marque un temps d’arrêt, fouillant dans son sac pour en extirper ses clopes, son briquet. La première bouffée de nicotine a sur elle un effet des plus agréables, et on remarque à sa posture qu’elle se détend aussitôt. Quelques collègues quittent les lieux pendant qu’elle profite de sa cigarette, et elle les salue tous avec un petit sourire, un hochement de tête. Peu à peu, elle tisse des liens, et elle sent qu’elle gagne le respect et la confiance de ses collègues. Avec son partenaire, c’est une toute autre histoire, mais elle n’a pas envie d’y penser. Elle veut juste finir sa cigarette, attraper un taxi – il faut vraiment qu’elle se trouve une voiture, elle se ruine complètement – et rentrer chez elle pour regarder sa série du moment.

Alors qu’elle s’apprête à jeter son mégot dans le cendrier, elle remarque une femme qui lui est inconnue s’approcher d’elle, magnifique dans une longue robe écarlate. Le genre de vêtement qu’on remarque. « Bonjour Mademoiselle McKay. Je suis Margaret MacPherson, auriez-vous un moment à m'accorder ? » Espace d’un moment, Adalyn s’interroge quant à l’identité de cette femme. Qui est-elle, et surtout, pourquoi semble-t-elle la connaître? Elle pense aussitôt à une journaliste, et voudrait lui dire que sa journée est terminée, et que de toute manière, elle ne confie jamais quoi que ce soit sur ses dossiers aux vautours journalistiques. Elle laisse ce côté du travail à son supérieur, qui manie beaucoup mieux les mots qu’elle, qui sait comment satisfaire l’avide curiosité des journalistes sans pour autant compromettre ses enquêtes. Mais l’inspectrice n’argumente pas, il faut dire que sa curiosité est stimulée, et c’est tout naturellement qu’elle hoche la tête, suivant l’inconnue vers la Leith. Elle n’a pas l’impression que cette femme soit dangereuse, et dans le pire des cas, elle a toujours sur elle son arme de service.

Durant la courte marche, son regard se tourne fréquemment vers Margaret, et un sourire légèrement timide se forme sur ses propres lèvres. Un silence respectueux semble s’être imposé, et Adalyn n’y comprend franchement rien. Tout ce qu’elle sait, c’est que cette femme impose le respect par sa prestance toute naturelle, et elle devine d’avance qu’elle doit être une femme fascinante. « Je ne veux pas paraître impolie, mais… », commence-t-elle lorsque Margaret cesse sa marche, maintenant qu’elles sont arrivées près de la Leith. « Est-ce qu’on se connaît? Je veux dire, est-ce que je vous connais? Parce que manifestement, vous savez qui je suis, mais j’ignore tout de vous… » Son discours masque bien mal sa nervosité, et son sourire timide ne fait que s’agrandir légèrement.

La jeune femme semble surprise, elle hésite un instant, pourtant elle finit par me suivre, nous marchons en silence. Un silence qui semble de rigueur, comme un préliminaire nécessaire à ce qui suivra.

Finalement quand nous sommes assez loin de tous et de tout elle me demande qui je suis. Je souris légèrement et m'excuse aussitôt


"Je suis navrée... Cela m'a pris du temps mais j'ai fini par m'habituer aux gens sachant qui je suis sans que j'ai à le dire. Je suis la Suprême d' ad astra per aspera. "

Je continue de marcher, cela m'aide à réfléchir, et puis si nous nous tenions immobiles ici nous attirerions l'attention, même si ma tenue suffit généralement.

"J'ai appris votre arrivée, je voulais en savoir plus sur vous, et éventuellement, si je pense que vous pouvez vous y plaire, vous inviter à nous rejoindre"

Si je pense qu'elle pourrait s'y plaire et qu'elle y serait utile, recruter pour le coven n'est pas tâche aisée, il faut des gens ayant les même idées que nous mais aussi apte à travailler ensemble, à me faire confiance pour mener le Coven, des gens qui s'entendront avec les autres membres afin d'éviter des disputes futiles et des guerres internes stériles. Bref c'est tout un art. La plupart du temps les gens viennent vers nous, mais quand de nouvelles sorcières arrivent en ville j'aime à les rencontrer moi-même.

Des nuages viennent cacher le soleil, d'un geste machinal je les chasse avant de laisser un vent léger se lever pour camoufler nos paroles à un couple qui nous croise et un joggeur qui les double. Je n'use pas de mes pouvoirs pour de grandes œuvres, pas de pluie pour les cultures du Coven ou de tempête pour détruire mes ennemis, quoi qu'un éclair par ci par là puisse m'échapper pour mieux me faire entendre. Mais ces petits gestes du quotidien ne me coûtent pas tellement d'énergie et offrent un petit confort bien appréciable. Je tente, bien sur, de ne pas en abuser, mais chasser deux nuages ne peut guère créer d'effet papillon.

"Bien sur si ma démarche vous dérange je me contenterais de passer mon chemin après m'être excusée."

Après tout je ne vais pas forcer une jeune femme à me raconter sa vie et ses secrets. Au fond je viens surtout lui proposer de mieux comprendre cette ville, la ville des êtres surnaturels. J'ignore pourquoi nous avons été attirés ici il y a des générations, maintenant la plupart viennent ici en quête d'une communauté. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde, certains ignorent que nous sommes nombreux ici, ou que les loups et vampires le sont aussi.

"Enfin...Je me devrais, bien sur, de vous donner quelques conseils. La ville est au bord de la guerre, une maladresse pourrait nous coûter cher."

Les vampires ont reculé, mais pour combien de temps ? La moindre étincelle pourrait mettre le feu aux poudres. Le sang synthétique a aidé à l'apaisement, bien sur, mais pour combien de temps ? Une ombre d’inquiétude traverse mon regard avant de s'effacer, attendant la réponse de la jeune femme.

« Je suis la Suprême d'ad astra per aspera. » Sur ces mots, Adalyn dévisage Margaret durant un court instant. Il ne s’agit pas d’un manque de respect, mais simplement d’une incrédulité authentique, et la sorcière est si transparente avec ses émotions, elle ne peut simplement pas cacher sa surprise. Elle marque un temps d’arrêt, mais reprend rapidement sa marche pour suivre les pas de Margaret. Pour être honnête, Adalyn se doutait bien que différents covens existaient en Écosse, tout comme il y en avait plusieurs à Londres, sa ville natale. Elle-même n’avait jamais souhaité rejoindre celui de ses parents, et si elle avait été obligée de le fréquenter durant l’adolescence, elle ne s’était plus présentée à aucune rencontre depuis plus d’une décennie. Ainsi, elle était surprise qu’on l’approche dans une telle optique. N’ayant jamais manifesté d’intérêt envers la pratique de la magie, se contentant d’utiliser son propre pouvoir dans le cadre de son travail et de ses relations interpersonnelles, Adalyn hésite, ne souhaitant pas non plus paraître brusque ou impolie. « C’est juste que… J’ignore si je pourrais apporter quelque chose au sein de votre groupe. » Ses propres paroles l’étonnent, parce qu’en temps normal, elle aurait tout simplement décliné l’offre sans plus de cérémonies. Mais l’attitude générale de Margaret impose le respect, et il faut bien avouer qu’elle est flattée que la suprême l’ait approchée. Et puis, la solitude se fait pesante ces derniers jours, peut-être que rejoindre un coven serait un bon moyen de créer de nouveaux liens, de se créer une place bien à elle dans cette ville où elle se sent bien étrangère. Dans tous les cas, sa curiosité est définitivement piquée, même si la vérité reste authentique : elle ignore si elle pourrait être bonne à quoi que ce soit, dans un tel contexte.

Elle croit remarquer un léger changement dans la température ambiante, et un regard curieux se pose sur Margaret, exprimant une question qu’elle n’ose pas formuler. Devinant que le don de son interlocutrice est responsable de ce changement, elle éprouve une fascination réelle à son endroit, et a déjà envie d’en savoir davantage sur elle, sans pour autant savoir quelle attitude adopter pour ne pas paraître impolie. Mais son envoûtement est captivé par les dernières paroles de la suprême. Une guerre? Aussitôt, elle pense à l’armée, aux gouvernements. Mais elle a bien l’impression que ce n’est pas ce dont il est question, et ses questionnements ne font qu’augmenter. « Une guerre… Qu’est-ce que ça sous-entend, exactement? » Le sérieux et l’honnêteté de Margaret lui font froid dans le dos, elle ressent comme une grande anxiété sourde, comme si elle était directement concernée par les événements à venir. Alors, qu’au fond, elle ne ressent toujours pas d’attachement particulier envers cette ville, ni envers ses habitants, à quelques exceptions près.

L'hésitation de la jeune femme et sa réponse laissent à penser qu'elle manque de confiance en elle, peut être également manque-t-elle de confiance en ses congénères, je ne saurais dire. Il existe assez peu d'informations sur les sorciers, pas de base de données générale, même si ce serait parfois bien pratique, le principal souci étant que ce serait également très pratique pour nos ennemis. Les sorciers ne sont, par nature, pas extrêmement confiants, du moins ceux que j'ai rencontré et moi-même, ce qui commence déjà à faire un nombre assez grand pour se faire une idée et généraliser quelque peu. Les statistiques ne sont pas vraiment ce que je préfère en mathématiques, mais je les maîtrise assez pour penser que j'ai rencontré un nombre significatif de sorciers dans un panel de situations assez variées, depuis mon enfance jusqu'à mon accession à un pouvoir que je n'ai jamais désiré.

Peut être pourrons nous étudier cela au long de la discussion.


Après tout le coven est connu en ville mais probablement pas en dehors, quant à moi je ne sais toujours rien de la demoiselle qui marche à mes cotés. Difficile de prendre une décision, ou même simplement d'y réfléchir si l'on n'a encore aucune carte en main, ce n'est déjà pas aisé quand on connait toutes ses cartes.

Je surprends son regard curieux tandis que je termine mon discours en parlant de la guerre, je voudrais répondre à sa curiosité première mais la seconde me semble plus importante, je retiens donc un soupir

" Un vampire a, semble-t-il, transformé l'une des nôtres. Elle a du être exécutée. J'ai choisi de réagir en imposant un ultimatum  aux vampires. Certains auraient voulu attaquer, d'autres murmurent que les vampires ne sont peut être pas responsables.... Tout le monde a son avis sur la question, la ville est en ébullition. J'espère que le tru blood permettra d'apaiser les esprits."

Je souris légèrement, il faut bien une petite lueur d'espoir après tout, je me retourne pour faire face à la jeune femme et ajoute :

"Si les vampires venaient à attaquer l'un des nôtres, même hors Coven,  la guerre serait déclarée. Mais je l'ai dit aux miens et je vous le dis également, si c'est un sorcier qui ouvre les hostilités, le Coven ne s'impliquera pas."

Du moins je ne m'impliquerais pas, après je ne peux interdire aux autres d'agir, chacun décidera de ce qu'il convient de faire mais la guerre ne sera pas ma décision dans ce cas. C'est dérisoire comme choix, j'en suis consciente, c'est une façon de me dédouaner peut être...Ou bien peut être est-ce une façon d'affirmer au contraire mon désir de paix, je ne déclarerais pas la guerre, mais je ne laisserais pas les vampires nous détruire pour préserver une paix illusoire.

Je croise les bras sans vraiment m'en rendre compte, fermant la porte à ces pensées sombres, à ces décisions passées ou à venir qui ne sont pas d'actualité à cet instant et sourit de nouveau à la jeune femme. Elle n'est pas venu au meilleur moment, la ville est si belle en temps normal, quand la guerre ne couve pas.

Toutes les informations divulguées par Margaret provoquent un long frisson chez Adalyn. Si elle avait encore des doutes face à l’existence des autres créatures nocturnes, ils sont désormais caducs. Ayant toujours côtoyé de près l’univers du fantastique, elle a toujours été plus ou moins au courant que les légendes avaient une grande part de vérité, bien qu’elle ignorait à quel point la population surnaturelle était développée. Lorsqu’elle posait des questions à ses parents, on se contentait de lui répondre que mieux valait ne pas trop en savoir. Il faut croire qu’à Edimbourg, on parle plus ouvertement de ces choses là. Même si Adalyn ne devrait pas nécessairement se sentir concernée par les problèmes éprouvés par les divers habitants de la ville (après tout, elle-même n’a rien à voir avec ce conflit), elle sent une pointe d’angoisse percer en elle. « Pour être honnête, j’ignore comment réagir face à ces informations. Le Tru Blood? Je ne sais même pas ce dont il est question… » Elle lève légèrement les bras dans un signe d’excuse, affichant un sourire navré. Si Margaret s’attendait à rencontrer une sorcière qui prend son rôle au sérieux et qui se fond dans la masse surnaturelle, elle sera sans doute déçue. Bien qu’elle ait appris à vivre avec son don, à l’utiliser quotidiennement et à accepter les mauvais côtés de celui-ci, elle n’a jamais éprouvé la même ouverture d’esprit face à sa condition de sorcière en tant que tel. Elle a toujours refusé d’exploiter cette part d’elle-même.

« Vous savez, mes parents font partie du coven Unitas virtute. Ils sont à Londres. » Elle ignore à quel point ces mots éveilleront les connaissances de Margaret. Il lui semble qu’il s’agit là du plus grand coven de la capitale anglaise, mais elle pourrait se tromper. Un coven composé majoritairement de wiccans, mais qui ouvre ses portes à toutes les magies. Les rituels et sortilèges communs sont habituels dans ce regroupement, mais Adalyn n’y a jamais pris part, refusant catégoriquement de se présenter aux rencontres de l’organisation dès qu’elle a atteint ses dix-huit ans. « Je ne me suis jamais sentie à l’aise dans ce groupe, d’où mes réserves. Je serais ouverte à l’idée de participer à une rencontre, mais encore une fois, j’ignore si j’y trouverai ma place. Je n’ai jamais cherché à développer mes aptitudes, je me contente simplement de mon pouvoir… » Les mots prononcés par Margaret reviennent dans son esprit. Si une guerre venait à éclater à Edimbourg entre les diverses créatures, pourrait-elle vraiment observer le tout avec recul, sans chercher à s’impliquer? Adalyn a toujours été du genre à vouloir se jeter dans l’action, elle ne pense pas pouvoir rester recluse dans de telles circonstances. « En cas de guerre, mieux vaudrait être le mieux entourée possible, non? »

Je hausse un sourcil étonné devant son ignorance, il est vrai que mon rôle m'oblige à m'intéresser à tout et que d'autres ont la chance de n'y être pas contraints. J'envie, quelque part, son ignorance, sa naïveté en quelque sorte. Elle mentionne le nom du Coven de ses parents, qui ne semble pas être le sien, à moins que j’interprète mal. Je ne les connais pas, mais les Covens sont rarement connus en dehors des limites de la ville où ils siègent, et même dans une ville certains covens cultivent le secret. Notre monde est un monde discret, que ce soit vis à vis des humains ou entre nous. C'est une force et une faiblesse.

Son explication confirme mes doutes, elle ne se sent pas membre du Coven, je peux comprendre cela, j'ai été moi-même, autrefois, opposée à l'organisation que je dirige aujourd'hui. Étonnant, non ?

Le Coven a pour objectif principal l'échange, le partage et la protection de la ville, et de la magie. Nous œuvrons à protéger notre secret vis à vis des humains mais aussi à éviter les conflits.

Même si parfois ils naissent au sein même du coven, mais je tais cette partie, cela n'est pas lié. Après tout il existe toujours des tensions et des conflits dans les regroupements, c'est le propre de l'humain, et des créatures humanoïdes, chacun tire la couverture à soi, chacun est persuadé d'avoir raison, chacun veut être entendu, respecté, écouté. Pour l'instant les conflits sont rares et gérés en interne, mais qui sait si cela durera avec la tension ambiante qui met tous les nerfs à vif.

Sa dernière question mérite réponse elle aussi et j'y reviens

Etre bien entourée est toujours un plus, être très entourée ne l'est pas forcément. Je ne voudrais pas vous voir entrer dans le coven si vous ne croyez pas en ce que nous défendons. Cela ne profiterait à personne.


Je ne lui ai pas demandé quel était son don, quelque part cela ne me regarde pas si elle ne décide pas de le partager avec moi.  Avec toutes ses interrogations nous nous sommes un peu éparpillées et je termine en répondant à ses questions précédentes, après tout c'est au coven de la séduire pour l'instant, ensuite si elle le décide ce sera à elle de montrer patte blanche.

Le Tru Blood est une alimentation pour les vampires, pour protéger les humains. Et je maîtrise la météo comme vous l'avez deviné.

Il n'y a aucune raison pour moi de ne pas le mentionner, après tout mon pouvoir n'est pas vraiment le secret le mieux gardé d'Edimbourg, loin de là. C'est même un secret de polichinelle. Je n'en use pas souvent mais assez pour que tous sachent de quoi je suis capable, je suis la Suprême après tout et cela implique, malheureusement, parfois des démonstrations de force.

Les paroles de Margaret donnent beaucoup à réfléchir à Adalyn. Elle apprécie particulièrement la nuance apportée par la suprême entre le fait d’être bien entourée, versus le fait d’être trop entourée. Il est vrai qu’elle ignore si ses propres valeurs peuvent rejoindre celles du coven, et elle ne pourra sans doute par le dire avec certitude tant qu’elle n’aura pas fréquenté le cercle de sorciers. « Je le répète, je ne suis pas familière avec cet aspect de moi. Mes parents ont tellement voulu m’imposer l’essence de ma nature que l’effet désiré s’est complètement renversé. J’ai toujours nié ce que j’étais, et même si j’utilise mon don quotidiennement, je ne sais rien faire d’autre. J’ignore comment je pourrais protéger qui que ce soit… » Sur ces paroles, elle a un sourire, baissant le regard vers son enseigne. « En dehors de mes fonctions bien ordinairement humaines, entendons-nous. », ajoute-t-elle avec un petit rire. « Plus sérieusement, j’aimerais découvrir davantage cette partie de moi. Il est peut-être trop tard, je l’ignore. Mais si vous voulez… » Elle s’arrête au milieu de sa phrase, soudainement intimidée. Margaret impose le respect, elle ignore à quel point elle peut s’aventurer avec elle quant à ses quelconques demandes. « Il existe une forme d’enseignement? Des mentors, un truc du genre? », demande-t-elle finalement, n’osant pas formuler la question comme étant directement adressée à Margaret. Mais elle réalise que, si elle veut apprendre, c’est avec elle qu’elle aimerait le faire.

La réponse sur le Tru Blood pique sa curiosité, mais elle se contente d’hocher la tête en guise de compréhension. Décidément, la technologie fait des miracles, elle serait bien curieuse d’en apprendre davantage sur cette boisson. Qui l’a produite? À quel point est-elle efficace? Ces questions devront attendre, cependant. « J’avais remarqué, pour la météo.. », répond-elle avec un sourire, levant la tête vers le ciel où elle a remarqué les changements survenus il y a quelques minutes. « Quant à moi, je peux déceler toutes formes de mensonge. C’est un don à double tranchant… » Un soupir franchit ses lèvres. « Si cela me permet d’avoir une carrière florissante dans les forces de l’ordre, ma vie personnelle en souffre beaucoup. » Elle ignore pourquoi elle se confie ainsi à cette femme dont elle ignorait l’existence moins d’une heure plus tôt. Mais quelque chose en Margaret l’apaise, elle a instinctivement confiance en cette femme qui aurait beaucoup à lui apprendre. « J’ai souvent souhaité être différente, être… normale. » Un sourire triste aux lèvres, Adalyn hausse les épaules puis secoue légèrement la tête, comme pour chasser ces pensées. Combien de fois a-t-elle voulu chasser son don, même si cela équivalait à perdre son grand avantage professionnel? « Peut-être qu’il est justement temps que j’apprenne à apprécier ma condition à sa juste valeur. »

Je souris en l'écoutant parler de ses parents l'ayant poussée trop tôt, trop fort, ce sont des parents, ils ont toujours tous les défauts aux yeux de leurs enfants, pendant une période, avant cela ils sont parfaits et après seulement peut-on vraiment les voir tels qu'ils sont, humains, avec des défauts et des qualités, avec des failles, des erreurs, des réussites, des sentiments...Bref des gens comme tout le monde.

Je la laisse finir de parler, son don est étonnant, intéressant, complexe,  cela ne doit pas être facile à vivre au quotidien, je comprends qu'elle n'ait pas eu envie d'en savoir plus. Elle n'en a peut être pas éprouvé le besoin, moi je n'ai pas tellement eu le choix, la moindre crise de colère déclenchait un orage et, soyons francs, j'étais une adolescente au fort tempérament, pour ne pas dire franchement imbuvable. Si je n'avais pas appris à maîtriser mon don le nouveau déluge aurait duré bien plus de 40 jours et Dieu n'aurait pas eu besoin d'intervenir.

Elle grandit, cela se sent dans sa dernière phrase, elle est en train d'apprendre à s'accepter. J'ouvre la bouche pour lui répondre mais mon portable vibre dans mon sac, je souris en guise d'excuse et jette un oeil à l'écran.

"Je suis navrée, c'est important, j'en ai pour une seconde"

Dis-je à la jeune fille avant de répondre au téléphone. C'est le secrétaire de la Galerie, un sorcier, qui m'appelle, il sait que je n'aime pas cela et que je préfère les sms ou les mails, moins envahissants, je sais donc avant qu'il ne parle qu'il a une bonne raison de me déranger. De fait il n'attend pas que je parle  pour me dire ce qu'il en est, j'écoute attentivement et réponds "J'arrive" avant de raccrocher et me retourner vers Adalyn

"Je serais heureuse de vous en apprendre davantage sur la magie, si vous le souhaitez. Votre don fait partie de vous mais peut être....mis en silencieux, si vous apprenez à le maîtriser. Il peut également grandir, peut être pourrez-vous forcer les gens à dire la vérité par exemple, ou voir à travers une illusion ou connaitre la nature réelle des gens... Chaque don est unique et lié à son propriétaire à dire vrai."

Je souris et lui tends ma carte avant d'ajouter

"Appelez-moi, nous conviendrons d'un rendez-vous. Je suis désolée de m'enfuir ainsi mais le travail m'appelle. J'ai été ravie de vous rencontrer et j'espère avoir bientôt de vos nouvelles.".

Je m'éloigne ensuite d'un pas rapide et décidé pour héler un taxi dans lequel je monte sans un regard en arrière. Intéressante jeune femme, j'espère qu'elle m'appellera. Je m'installe confortablement dans le siège et commence à réfléchir à ce que m'a dit mon secrétaire, sachant qu'il me faudra quelques interminables minutes pour le rejoindre.

To be continued