Sujet: Vicious Circle | ft. Teresa Hamilton Ven 15 Jan - 13:20
Vicious Circle
Real, or not Real ? Δ North West Highlands ; Stornoway Teresa Hamilton Δ Vassili A. Kandinski
Cette ville pue. Son empreinte dégueulasse a depuis longtemps pris possession de l'atmosphère, si bien qu'on en a oublié la véritable odeur. Ici, tout pue : les rues, les voitures, les bus, les pigeons, les bestioles, les poubelles, même les gens puent, c'est une infection. Pourquoi ont-ils tous l'air si épanouis, dans ce cas ? Ils n'ont certainement pas le même odorat qu'elle. Vassili sent tout, voit tout, n'oublie jamais rien. Elle est comme l'omniscience, même si son esprit n'est pas capable de s'immiscer dans toutes les têtes de ce monde. Elle s'ennuierait, sans aucun doute. Qu'ont-ils tous de bien intéressant, après tout ? Sont-ils, chacun d'entre eux, aussi exceptionnels qu'on le dit ? Mensonge. S'ils sont tous uniques, aucun ne l'est réellement. Ils sont la foule, sobre, constante. Elle est parmi eux. Elle se faufile, rapide, virevoltante, elle en suit les méandres avec agilité. Elle connait la ville par coeur. Ses moindres recoins, le nom de chaque rue, l'emplacement de chaque lampadaire, le bruit de chaque vague. Elle a tout appris, tout analysé, tout examiné. Elle est la Reine de la Fourmilière, ici. C'est elle qui ordonne, qui observe, qui opère. C'est elle que l'on craint et que l'on respecte. C'est elle qui veille à l'ordre et au calme. Alors elle sait tout. Peu d'entre eux vivent sur les îles des Hébrides Extérieures. Les créatures surnaturelles ne sont pas rares, par ici, cherchant simplement le façade des quelques forêts où personne ne va jamais. Mais des vampires, il y en a trop peu, si bien que, parfois, elle est même la seule. Et,à cet instant T, elle ressemble davantage au super prédateur, pilier de la chaîne alimentaire, devant un troupeau de proies insignifiantes. Il ne lui suffirait que d'une impulsion pour réduire à néant cette île et sa population. Mais si Vassili a toujours eu la folie des grandeurs, et une envie dévorante de pouvoir faire ses preuves, elle demeure néanmoins juste, du moins, comme elle le désire et le peut. Sa justice à elle est parfois loin d'être celle de son Clan, parfois loin d'être celle de sa Race. Mais il n'y a aucune paire d'yeux qui ne la démasquerait ici. Elle est seule.
William ne l'a pas accompagnée dans son périple. Il n'est que trop peu venu sur les îles, régnant pour elle sur les côtes, attendant son retour, se nourrissant comme il le désire. Les rares fois où les deux associés se séparent, ils se manquent éperdument l'un à l'autre. Mais Vassili adore la solitude, et ne peut s'empêcher de s'y jeter lors d'une occasion comme celle-ci. Mais, aujourd'hui, elle n'est pas seule, et elle le sait. Elle ne l'est plus du tout depuis quelques mois. L'ombre de son ombre est là, quelque part, le regard figé sur sa silhouette qui avance. Oh, elle le sait, elle sait tout. Teresa Hamilton. Comme si elle ne connaissait pas son identité, ou son visage. Il n'a guère fallu très longtemps à son associé pour retrouver le nom qui se cachait derrière ses traits. N'ayant aucune affection pour l'humaine qui demeure intéressée par les agissements de sa maîtresse, le vampire lui a alors proposé de la tuer sur-le-champ, en toute discrétion, simuler un accident, ou peu importait, afin d'être enfin débarrasser de cette créature. Mais Vassili n'aime guère les parties de chasse qui se terminent ainsi. Et... elle s'est habituée à voir la petite humaine lui courir après. Pourquoi, ou plutôt, pour qui, elle s'en contrefiche. De toute évidence, si quelqu'un tente de l'espionner, il n'a guère découvert grand chose. Cela fait des mois déjà que Vassili joue avec la petit Teresa. Elle la perd, la retrouve, disparaît, réapparaît. Elle joue, elle en jubile, elle en rit, et elle s'en délecte. La chasseuse chassée par sa propre proie. Drôle de situation pour elle, n'est-ce pas ? Si, au début, elle s'est méfiée de son appartenance, ou plus principalement de sa race, son odeur l'a rapidement renseignée sur son humanité, et surtout, sur sa mortalité. Il n'y a aucun doute : cette femme n'agira pas contre elle directement. Ou, si elle le souhaite, qu'elle essaie simplement de la rattraper. De la suivre, déjà, serait un bon point pour elle. Car Vassili fait ce qu'elle souhaite, et elle désire bel et bien qu'Hamilton la suive, uniquement pour la perdre et s'affoler toute seule, situation jubilatoire pour la vampire.
Elle tourne à gauche, au prochain carrefour. Derrière elle, elle entend des pas se dépêcher, jusqu'à de nouveau l'avoir en ligne de mire. Un coup de vent dans son dos lui amène son parfum sur un plateau d'argent. N'a-t-elle aucune connaissance de ses capacités, ou est-ce simplement une erreur de parcours ? Elle l'ignore, et elle sourit, le regard défilant sur les passants et la rue qui s'étend. Elle n'a aucune priorité, aucun rendez-vous, aucune obligation. Elle marche, tranquillement, juste pour s'amuser avec la pauvre humaine. Elle ignore même être le jouet. Vassili tourne à gauche, puis à droite, puis encore à gauche, et toujours Teresa la suit. Pas mal. Mais pas assez bon, malheureusement pour elle. Il reste encore quelques progrès à faire, ou du moins, passer de l'humanité à l'immortalité, pour simplement la suivre comme elle le désirerait. La vampire ne se retourne jamais pour la regarder. Les rares fois où elle s'est arrêtée afin de l'observer, elle la contournait pour l'observer de loin, souvent de dos. Elle se surprenait à l'analyser, elle aussi, pour noter chaque détail dans son crâne. Elle se surprenait à la trouver charmante, sans pour autant être assez proche pour pouvoir réellement le constater. Mais, aujourd'hui, elle compte bien éliminer les quelques mètres qu'elle désire supprimer. Elle tourne, tourne, se détourne, se retourne, encore, encore, à vitesse grand V. Elle presse le pas devant les passants, traverse les ruelles en quelques secondes lorsque personne n'y passe. Amusant, n'est-ce pas ? Si bien que, en une minute à peine, elle est désormais derrière la brune. En passant, elle a volé un café des mains d'une jolie blonde. Elle ne l'a même pas vue passée, trop occupée sur son téléphone portable. Vassili observe, ce dos qu'elle ne connait que trop bien, ces habits droits et serrés qu'elle a l'habitude de voir désormais, ses longs cheveux bruns qui virevoltent au vent pour y imposer leur parfum. Vassili s'adosse sur le coin de la rue, alors qu'Hamilton semble soudain s'affoler, tournant la tête pour retrouver sa cible. Comment pourrait-elle savoir qu'elle est derrière elle ?
« Votre filature est médiocre. »
Volte-face. Hamilton. Enfin, elles se rencontrent. Il en a fallu, du temps. Ses petits yeux écarquillés reflètent absolument sa surprise, et Vassili en rit légèrement, trop heureuse de l'effet qu'elle peut avoir sur les gens. C'est plus fort qu'elle, elle adore ça. Elle se relève légèrement, observe les passants, un instant. Ne pas s'attarder sur le soi-disant prédateur, la proie ne doit guère montrer qu'elle est intéressée par lui. Cela n'est guère naturel.
« Il faut un certain degré d'expérience et de talent pour suivre un vampire. Je suis d'ailleurs très étonnée que vous n'ayez pas encore été remplacée. »
Elle fait une légère moue d'ignorance, puis boit une gorgée de son délicieux café. Bien évidemment, il n'a aucunement le goût de sang, et n'est donc, pour elle, qu'un dîner sans saveur. Mais il demeure aussi chaud que le liquide qui constitue chaque mortel, il lui rappelle la sensation qu'il fait dans l'oesophage.
« Il est vrai que, peut-être, aurais-je été préoccupée un instant de votre sort, ou, non, attendez.. ! En fait, pas du tout. »
Elle lui sourit doucement, se retourne vers elle et la fixe au fond des yeux. Elle s'approche, démarche féline, ou plutôt, vampirique. Une démarche reconnaissable parmi leur semblable. Elle la regarde, de haut en bas.
« Une question me turlupine, néanmoins... Vous a-t-on engagée involontairement, ou votre employeur était-il totalement lucide lors de votre entretien ? »
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