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 C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.

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Eames Montgomery
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MessageSujet: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyMer 7 Oct - 1:31

C'est reparti pour un tour.

Clydia & Eames.


Une nouvelle journée qui commence. J’étais toujours autant extenué que la semaine précédente. Je n’avais pas vraiment eu le temps de me reposer, avec tout ce qui s’était passé, et bien évidemment, les criminels, eux, ne se reposaient jamais. Comme s’ils n’en avaient pas besoin. De ce fait, La semaine qui avait commencé la veille, m’avait offert sur un plateau d’argent des nouvelles enquêtes, des plus simples, comme de la maltraitance conjugale qui se finissait dans un bain de sang, au meurtre pur et simple sans aucun indice ni suspect. Soupirant, je m’assis à mon bureau, prenant un dossier, qui traînait parmi tant d’autres, sur mon bureau tout propre, au hasard. Espérant que la pioche serait bonne. J’avais beau aimer mon boulot, peut-être un peu trop même, mais j’espérais juste de tout mon cœur, que pour une fois, je choisirais une affaire assez simple à régler. Une qui ne me prendrait pas trop de temps. Je commençais légèrement à saturer, et je me demandais même si je n’allais pas prendre une année sabbatique ou arrêter tout court de pratiquer ce métier. Certes, il en était hors de question, mais j’étais actuellement dans une période où rien n’allait. Par chance, j’étais effectivement tombé sur un dossier simple. Une simple affaire de maltraitance conjugale. Simple, pas vraiment, mais en tout cas plus que les autres. A ce qui était noté, le suspect était déjà sous les verrous, pour un petit séjour de garde à vue. Il me suffisait juste de l’interroger et de recueillir ses aveux, s’il voulait bien m’en parler, ce à quoi j’étais assez doué. En attendant, je décidais de faire autre chose, le laissant patienter dans sa mouise encore un moment. Qu’il cogite. Au bout d’un quart d’heure, un de mes collègues passa sa tête dans l’entrebâillement de la porte pour m’annoncer que Monsieur Moreau était passé la veille, et qu’il me cherchait, pendant que j’étais sur le terrain. Soupirant, je le remerciai d’un signe de tête avant de retourner à mes affaires. Il pouvait très bien attendre aussi celui-là.

Inconsciemment, je m’affalais dans mon siège, prenant mon stylo et grignotant le bout, me demandant ce qu’il voulait bien me vouloir. Jusqu’à présent, il me voulait surtout plus de mal que de bien, à toujours venir s’immiscer dans mes enquêtes en cours, à fouiner partout, à vouloir des renseignements. Moi qui pensais m’en être débarrassé, j’avais eu tort. C’était pire qu’une sangsue. Une fois qu’il vous avait dans sa ligne de mire, il ne vous lâchait pas. Je n’étais en tout cas pas prêt à céder à ses caprices. Je dois bien avouer qu’il avait quand même fait un effort. Ca faisait maintenant une semaine que je n’avais plus entendu parler de lui. Chose rare avec lui. La dernière fois, c’était la fameuse soirée ou j’avais décidé d’aller boire un verre, dans un quartier dont je n’avais pas l’habitude d’aller, et je m’étais retrouvé toute la soirée en tête à tête avec lui. Il avait eu la bonne idée de me lancer un pari. Celui qui resterait le premier débout. J’avais en quelque sorte gagné, même si la victoire n’avait pas été loyale. Je lui avais d’ailleurs dit, que, si par tout hasard je gagnais, ce que j’avais douté sur le moment, il me ficherait la paix. Vu son état, il avait certainement dû oublier l’accord. Levant les yeux au ciel, je me demandais ce qu’il avait bien pu oublier d’autre. Moi-même j’avais oublié une certaine partie de la soirée, quand j’avais été pas mal alcoolisé, avant de reprendre mes esprits, contrairement à lui. La soirée avait été pitoyable, je n’avais pas d’autre mot pour la décrire. A la fin, j’avais dû le ramener chez lui, le traitant depuis le bar jusqu’ici, au commissariat, et il pesait son poids. D’ailleurs, pendant deux trois jours je sentais mes côtes qui me tiraient. Fallait vraiment que je retourne faire un peu d’exercice pur entretenir mon corps. Le remettre en forme. Je n’avais tout simplement plus le temps. Pour finir, je laissais la matinée suivre son cours, et vers les midi, je sortis m’acheter un petit en-cas, juste pour avoir quelque chose dans le ventre, avant de m’attaquer à la plus grande partie de ma journée. Les retrouvailles avec ce cher Clyde.  Ayant dû le ramener, il était tout à fait logique que je savais ou il habitait, mais par précaution, après mon repas, j’étais retourné dans mon bureau vérifier son adresse sur mon ordinateur, qui contenait la plupart des renseignements sur tous les habitants d’Edimbourgh.

Quand l’horloge sonna les treize heures, je me décidais. Je me levai de mon bureau, j’enfilais ma veste et je sortis. Il n’habitait pas vraiment loin, mais je choisis tout de même de prendre ma voiture de fonction. Je prenais toujours cette voiture pour venir au travail, laissant les deux autres dans mon garage. C’était plus sûr. Au bout de quelques minutes, et heureusement pour moi, je trouvais une place ou me garer juste pile en face de chez lui. C’était une bénédiction. La plupart du temps on devait tourner en rond un bon moment avant de trouver une place ici. Je mis le macaron de la police devant le pare-brise et je m’approchais de son bâtiment. Pour me donner un peu de courage, je m’arrêtais devant la porte, pour m’en griller une. Ne sachant pas à quel étage il habitait exactement, je scrutais les boîtes aux lettres, cherchant son nom, que je trouvais assez rapidement. Je gravis alors les marches jusqu’à chez lui, me postant devant sa porte, en donnant quelques cous, espérant qu’il soit là et qu’il entende. Je n’avais pas vraiment d’autres informations sur lui, alors je m’étais tout simplement dit qu’il devait travailler directement chez lui. Fallait juste qu’il soit présent. J’enfonçais mes mains dans les poches, essayant d’entendre le moindre bruit qui pouvait provenir de son appartement et qui pourrait m’informer de sa présence. Et il faut rajouter juste que je n'étais pas d'une humeur très joyeuse. Il me faisait perdre mon temps là.

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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyMer 7 Oct - 20:54

C'est reparti pour un tour



Et une journée de plus dans la vie libre du détective Clyde Moreau. Moi. Vous vous demandez sûrement ce que je peux faire de mon temps quand je ne bosse pas. Quelque chose d'enrichissant, hein ? Après tout, j'ai passé quoi... Douze, treize années dans une cave ? Je suppose que je devrais mettre à profit chaque instant de mon existence à apprendre tout ce qui a pu m'échapper...

Mais non. Là, je suis devant la télévision, une bière à la main. C'est dingue tout ce que le petit écran a pu m'enseigner sur le monde. C'est comme ça que j'ai su qu'on était censés remercier les gens qui nous avaient rendu service, leur donner un petit quelque chose en retour. Pas que j'ai eu grand-monde à remercier, dernièrement...

A part Eames. Merde. Si j'avais su qu'un jour, je lui serais redevable, je crois que j'aurais ri. Ou que j'aurais grommelé une insulte. Mais les faits sont là. Il y a à peu près une semaine, Eames m'a ramené complètement bourré. C'est grossièrement tout ce dont je me rappelle de ce soir-là. Oh, et de l'avoir surnommé "Gueule de con", je crois... C'est pas très clair.

J'avais dû boire des litres et des litres... Probablement pour faire passer la soirée le plus vite possible, Eames devait être chiant comme la pluie, sur le terrain comme dans la vraie vie. Mais bon... 'Restait qu'il m'avait ramené chez moi alors qu'il aurait pu me laisser dehors et qu'on m'aurait probablement retrouvé dans une ruelle, dépouillé jusqu'au dernier centime...

Bref, il fallait le remercier. En lui offrant un truc, d'après la télé. Mais quoi ? Personnellement, je ne connaissais guère que deux trucs qui me faisaient plaisir : une viande saignante et une bonne bouteille. Comme je doutais qu'il apprécie que je lui apporte une côte de boeuf, je m'étais décidé pour l'alcool. Un whisky seize ans d'âge, c'est la classe, quoi !

Ca m'avait également coûté un petit paquet... Il avait intérêt à être reconnaissant, nom de nom ! Enfin... Pas vraiment. Je veux dire... C'est un cadeau pour un service rendu. Comment Eames est supposé se sentir, dans ce cas-là ? Hmm...

Un jour, j'ouvrirais un dictionnaire. Mais pas maintenant. Il y avait Walker Texas Ranger à la télé. 'Tain, j'adore cette série ! Pourquoi Eames ne pourrait pas s'inspirer un peu de Walker ? Il ferait un bien meilleur flic, pour sûr.

En tout cas, pas moyen de le croiser, cet inspecteur à la noix. J'étais allé le voir au boulot pour lui donner sa bouteille, mais non, rien. Môssieur est sur le terrain. Môssieur bosse. Qu'est-ce qu'ils croient, ces abrutis ? Moi aussi, j'travaille. Pas aujourd'hui, certes. Mais uniquement parce que j'ai résolu une affaire l'avant-veille et que là, pour le moment, la clientèle afflue pas. Mais ça viendra...

Certes, j'en avais profité pour fouiner un peu, écouter des discussions, glaner quelques informations... On ne sait jamais. Mais soit j'ai manqué de discrétion, soit j'étais là un mauvais jour, parce que personne n'a dit quoi que ce soit d'intéressant pour moi. Tss...

Alors qu'une scène d'action était sur le point de commencer, on frappa à la porte. Un soupir s'extirpa de mes lèvres, tandis que je baissais le son de la télévision. Evidemment, toujours au meilleur moment... Il allait m'entendre, celui-là... Si c'est de la publicité, ce pauvre gars va s'en prendre une belle...

En me dirigeant vers la porte, mon pied se heurta à un cadavre de bouteille, qui alla rouler contre le mur dans un bruit peu discret. Un juron m'échappa. Je devrais peut-être ranger... L'ordre, c'est pas vraiment mon truc. Ma poubelle est remplie à ras bord, j'ai de la vaisselle plein l'évier, sans compter les mégots et les bouteilles vides qui traînent... Comme l'hygiène, ça fait partie des trucs auxquels je ne suis toujours pas familiarisé. Ca viendra, un jour... Peut-être.

Je n'étais pas très présentable. Le cheveu gras, des cernes profondes, la barbe de trois jours, une chemise tachée, un jean défraîchi et des chaussettes qui paraissaient avoir fait la guerre... Bah, qu'importe. De toute façon, j'allais me débarrasser de ce visiteur vite fait bien fait.

A l'instant où j'arrivais devant la porte, je reconnus cet odeur qui me parvint aux oreilles. Mon regard se dirigea vers la bouteille intacte qui trônait sur ma table à manger. Bon, au moins, ce serait fait. Il avait intérêt à l'accepter, ça faisait une semaine que je me retenais de la boire... Bon, okay, quatre jours... Un Whisky seize ans d'âge, mince !

J'ouvris la porte, le détaillant du regard. Bon, comment j'étais censé le saluer, moi ? On allait rester simple, allez...

"B'jour. C'est pour quoi ? Besoin d'aide pour une enquête ?"

Je m'effaçais pour le laisser entrer, l'invitant à me suivre. Je repris la bière que j'avais déposé, buvant quelques gorgées, avant de lui indiquer la bouteille de Whisky d'un geste rapide :

"Cadeau. Pour t'remercier de m'avoir ramené. Dépêche-toi de l'embarquer, elle me fait de l'oeil depuis trop longtemps."

C'était comme ça que ça devait se passer, non ? En général, ça se finissait en câlins et embrassades, sous les gémissements attendris des spectateurs... Bon, j'espérais sincèrement qu'on n'en arriverait pas là. Un câlin avec Eames... Brr...

"T'as quelque chose d'important à me dire ou tu veux juste dire "Coucou" à ton vieux pote Clyde ?"

"Pote", ce n'était certainement pas le meilleur terme pour nous désigner. Mais il m'était venu tout seul, sans que je n'y réfléchisse. Je me demande bien pourquoi...

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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyJeu 8 Oct - 16:08

C'est reparti pour un tour.

Clydia & Eames.


J’attendais donc devant sa porte, sans savoir s’il était là ou pas. Je n’avais pas cherché à le joindre avant de venir, et pourquoi faire d’ailleurs, et j’étais donc dans le flou total. Je regardais pendant un moment les alentours. Clyde vivait dans un vieil immeuble, ou de la peinture commençait à s’écailler sur les murs. Je secouais la tête, me disant que jamais je ne pourrais habiter dans un endroit pareil. Certes, pas tout le monde avait les moyens de se payer des grandes maisons, et tel était mon cas aussi, mais au moins, mon bâtiment avait de l’allure. Ici … bah ici voilà quoi. Je n’ai pas assez de mots pour décrire cet endroit. N’ayant toujours pas une quelconque réponse, je posais mon oreille sur la porte et j’entendis au loin le son d’une télévision. Bon, au moins, apparemment, il devait être là. Je l’imaginais très bien assis les jambes écartés sur son canapé, en caleçon, crade, en train de se gratter les couilles et roter joyeusement, s’en fichant que je sois devant sa satané porte. Perdant gentiment patience, je décidais de toquer à nouveau, et si vraiment, dans les cinq minutes qui suivraient, il ne serait toujours pas là, je m’en irais. Je n’avais pas que ça à faire non plus. Il me faisait déjà assez perdre mon temps  comme ça.

J’étais à deux doigts de partir, tournant le dos, quand j’entendis un cliquetis de clé dans la serrure et que la porte s’ouvrit, me laissant entrevoir Clyde dans toute sa splendeur. Il avait les cheveux gras, des cernes, quoique ça, à la limite, j’en avais aussi, une chemise avec des tâches douteuses, un jean qui avait l’air d’existé déjà au Moyen-Âge, de vieilles chaussettes trouées, pour ce que je pouvais voir, et une petite barbe de trois jours. Fallait que je lui parle de l’ami Gilette, à moins qu’il ne veuille se la laisser pousser et jouer au Père Noël. Soupirant, je le regardais de la tête au pied. Mon dieu. C’était encore pire de ce à quoi je pensais. Je le connaissais négligent, mais à ce point. J’en eu presque un haut le cœur, alors même que je n’étais même pas encore rentré dans son taudis. Ça promettait ! Faut bien l’avouer, j’étais légèrement mal à l’aise devant lui, ne sachant pas trop comment me comporter. C’était censé être mon meilleur ennemi, pas mon ami, malgré ce qui s’était passé la semaine dernière. Je n’eus même pas le temps de dire quelque chose qu’il avait déjà pris la parole. Décidément, il n’avait pas changé d’un pouce. Toujours autant aimable le Clyde. « Tiens, tu me traites plus de gueule de con maintenant ? », un sourire narquois se dessina sur mes lèvres avant de rajouter « T’as cru voir Jésus toi, et en HD en plus. Non. Je n’ai besoin d’aucune aide ». J’y avais été peut-être un peu fort, mais, lui non plus n’avait pas tendance à mâcher ses mots, alors pourquoi pas en faire autant ? Sur ces mots, il me laissa entrer. J’ai hésité un moment à franchir le pas de sa porte. Rien qu’à le voir lui, j’avais peur pour le reste. Timidement, je passais la porte pour me retrouver dans le couloir. Brusquement, un mélange d’odeur vint me frapper à la figure et j’eus de nouveau un haut le cœur. « Putain ». Je n’étais même pas encore arrivé dans la pièce principale que ça puait déjà la mort. Fallait vraiment lui apprendre quelques règles d’hygiènes à celui-là. Et le fait qu’il soit un loup-garou n’était pas une excuse. Je suivis du regard qui se posa sur la bouteille de whisky. Je m’approchais de celle-ci, en faisait bien attention à ou je posais mes pieds. Ne sait-on jamais. Je restais un moment devant la bouteille, mon regard passant de Clyde à elle. C’était un whisky de seize ans d’âge. Il était complètement malade ma parole. Ça ne devait pas tourner très rond dans sa tête. Je pris instinctivement la bouteille dans mes mains, avant de poser mon regard sur l’épave. « Merci. Mais ce n’était pas nécessaire tu sais ».

Je me t’étais toujours dans le couloir, n’ayant pas très envie de continuer mon chemin. Heureusement que j’avais englouti juste un sandwich ce midi. Je posais délicatement la bouteille à sa place, espérant ne pas l’oublier là en partant, et je croisais les bras. « Mon vieux pote Clyde ? » J’haussais un sourcil, de stupeur plus qu’autre chose. « On est potes maintenant ? » Je secouais la tête. « Non non. On m’a dit que tu me cherchais, alors me voilà. Il s’agit de quoi cette fois ? T’as besoin d’un petit coup de main pour une enquête ? Des informations ? » Je m’interrompis, avant de sortir un paquet de cigarette de ma poche et d’en allumer une. Il fallait que j’enlève cette puanteur de mes narines, et je n’avais pas trouvé un autre moyen. De toute façon j’étais sûr qu’il n’allait pas m’en vouloir. « C’est bien ton boulot non de fouiner partout dans les affaires des autres ? ». Je le regardais, en plantant mon regard dans le sien, en tirant sur ma cigarette, que je désignais rapidement « Scuse, mais je pense pas que ça te dérange, je suppose. Vu le reste ... ». Un air dégoût s'était dessiné sur mon visage.

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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyJeu 8 Oct - 21:44

C'est reparti pour un tour



J'aurais peut-être dû faire un brin de ménage... Eames n'avait pas l'air enchanté à l'idée de rentrer chez moi. Qu'est-ce que j'y pouvais ? J'savais pas qu'il allait venir, moi ! J'étais devant ma télévision, tranquille, et lui, il débarque, sans prévenir, comme si tout lui était dû, comme si j'étais censé tenir ma piaule impeccable vingt-quatre heures sur vingt-quatre heures ! Merde, alors, il était vraiment sans gêne.

De toute façon, je n'étais pas sûr que mon appart ait été particulièrement propre un jour... Je l'avais acquis dans un état tout juste passable et mon mode de vie sauvage n'avait pas arrangé les choses. Bruce n'avait pas vraiment pris le temps de m'apprendre le tri équitable et ce genre de conneries, non. Et moi, j'avais eu mieux à faire que de savoir comment faire disparaître une odeur de vieux mégot. J'étais toujours en train de lutter pour parvenir à laver mes fringues, après tout. Ou juste moi. Etre propre... C'était un challenge. Un vrai.

Jouer les humains civilisés, c'était un combat de tous les jours. Quand personne n'était là pour me voir, je préférais abandonner la lutte, me reposer, même si je continuais les efforts. Franchement, si je m'écoutais à 100 %, je me serais déjà débarrassé de ces fringues qui me grattaient et je me baladerais à poil. J'suis à peu près sûr qu'Eames n'apprécierait pas d'être accueilli dans mon appart' par un loup-garou nudiste grognant... S'il savait tous les efforts que je faisais...

En attendant, j'ignorais toujours ce qu'il faisait là. Visiblement, il n'avait pas besoin de mon aide, même si j'avais du mal à voir ce que Jésus ou qui que ce soit d'autre en ait à faire. C'était entre lui et moi, ça, personne d'autre. Bref... Il s'était finalement décidé à rentrer. Pas trop tôt. Et il avait pris la bouteille, aussi. Merci. Un peu plus et j'allais la boire sans pouvoir me retenir.

Je haussais un sourcil à sa déclaration, perplexe. Pas nécessaire ? Bien sûr que ça l'était ! Il m'avait rendu un service... Je devais lui retourner la pareille, non ?

"C'soir-là, t'aurais pu m'laisser tout seul et tu l'as pas fait. Quand quelqu'un fait un truc pour toi, t'es censé l'remercier, non ? Alors, voilà. Cadeau. Si ça te plaît pas, j'peux toujours chasser un cerf. Ca fait de la belle viande. Et ça m'dégourdirait les pattes."

Même si l'idée qu'il refuse ce Whisky m'était insupportable. Enfin bon... Il m'avait tiré d'affaire, je suppose que je n'avais pas le droit de me plaindre s'il chipotait un peu. Un cerf, c'était bon, aussi. C'était approprié, ça, non ? Je veux dire... La chasse, c'est aussi un truc d'humains, non ? Et s'il ne veut pas de l'alcool, il doit bien vouloir de la viande... Et la meilleure viande, c'est celle qui est fraîche, naturelle... Breeef...

Eames avait l'air aussi décontenancé que moi par cette histoire de "Vieux pote". Vraiment, je ne savais pas d'où ça sortait, c'était venu tout seul. Un truc à la télé, peut-être ? Aucune idée. Quoi qu'il en soit, j'avais haussé les épaules lorsqu'il m'avait demandé si on était censés être potes, désormais.

"J'crois pas. T'es toujours l'même inspecteur à la noix et moi, j'suis toujours le même fouineur. Non, j'confirme, on est pas potes, maintenant. J'sais pas d'où ça vient, ça... Ca doit être la bière."

Et sur ces paroles, j'avalais les dernières gorgées. Je considérais la poubelle remplie à ras bord d'un regard circonspect, avant de me décider à laisser la bouteille rejoindre ses consoeurs sur le sol. Tandis qu'elle roulait dans un bruit métallique, s'arrêtant dans sa course au contact d'un mur, je reportais mon attention sur Eames. Pourquoi je le cherchais, hein ? Ca lui paraît pas évident...

"Réfléchis. J'suis censé te remercier, j'sais pas où t'habites, j'sais juste où tu travailles. Tu crois quoi ? Que j'fais le pied de grue devant le bar où j't'ai croisé en espérant que tu reviennes ? Hé, j'suis détective, j'suis loin d'être un abruti, contrairement à ce que t'as l'air d'croire..."

Et j'en ai profité pour fouiner. Mais ça, je n'allais pas le lui dire. Ses collègues s'en étaient probablement chargés pour moi. Bah, pas comme si j'avais appris quoi que ce soit d'intéressant ou de compromettant, de toute manière... Vraiment décevante, cette visite inutile au commissariat...

Il alluma une cigarette. L'envie d'en faire de même me saisit, mais ce fut une autre tentation qui s'empara de moi face à son dégoût et son attitude. Le souhait de lui casser la figure jusqu'à ce que mort s'ensuive...

Je serrais les poings. Retiens-toi. Frapper un gars de la police comme ça, sans raison, c'est vraiment, vraiment pas une bonne idée...

"T'as un problème, Eames, peut-être ? J'devrais en revenir à "gueule de con", ça t'va bien, finalement. Parce que t'es vraiment une gueule de con."

Je pouvais sentir que mon coeur battait à vive allure. Je mourrais d'envie de me jeter sur lui et de lui faire ravaler son expression dégoûtée et le mépris qui suintait par tous ses pores. Ca devait lui changer de son luxe propret, c'est sûr ! Mais tu sais quoi, connard ? C'est ma vie. La mienne. Et je me suis battue pour la gagner. Si ça te plaît pas, va te faire voir.

Je voulais lui dire tout ça. Mais ce serait lui admettre que je valais moins que lui. Que ce n'était qu'une demi-existence, bâtie sur un château de cartes. Mon hygiène laissait à désirer, j'en étais conscient. Le rangement, ça restait un concept à apprivoiser. Et les produits d'entretien, j'y comprenais rien. La dernière fois que j'avais essayé d'en utiliser, j'avais failli inonder l'appart'. Et mon odorat en avait pris un coup. Un parfum artificiel de Lavande m'avait esquinté les narines pendant des jours, ça m'avait filé une telle nausée...

"Fume tant que tu veux. Cale-toi aussi sur l'canap', tant que t'y es. C'est moins crade que ça en a l'air. Et y a pas de puces ou quoi que ce soit dans le genre."

En tout cas, moi, je n'allais pas attendre sa permission. Je m'affalais dans mon canapé, jetant un coup d'oeil distrait à la télévision. Un nouvel épisode de Walker Texas Ranger... Ca me faisait rêver...

"Tu d'vrais prendre exemple. Tu règlerais probablement plus facilement tes affaires si tu cassais simplement la gueule à ceux que t'essaies d'appréhender. 'Fin pour ça, faudrait que tu saches te battre... Moi, j'pourrais te plier en deux sans problème."

Je repérais une bouteille qui n'était pas tout à fait vide et je m'en emparais d'un geste vif. Boire, regarder la télé, manger, dormir... C'était à peu près tout ce que je faisais de mes journées, lorsque je n'enquêtais pas. Qu'étais-je censé faire d'autre ?

"J'crois qu'il me reste des bouteilles au frigo. Sinon y en a une ou deux qui traînent qui doivent avoir encore de quoi se taper quelques gorgées. Oh, et t'as ton Whisky, aussi. Tu peux l'boire. Faut pas que ça soit gâché."

Est-ce que je lui proposais de rester un peu ? J'sais pas... Peut-être... La solitude me pesait probablement un brin. Et puis... je n'avais jamais eu l'occasion de passer du temps avec quelqu'un, chez moi... Même si ce quelqu'un était ce connard d'Eames.

C'était comme ça qu'on était supposés faire, non ? Inviter à rentrer, proposer à boire, de se poser... Qu'est-ce que je devais dire d'autre, moi ? J'sais pas... Merde, j'en ai pas la moindre idée... J'suis complètement paumé...

"Euh... T'as aussi des steaks dans le frigo. Si t'as faim. La viande est fraîche. C'est génial, les frigos, j'pensais pas que c'était possible d'empêcher la viande de pourrir, comme ça. Ca donne vraiment un autre goût."

Mes pensées allèrent à la chair en décomposition dont je me nourrissais désespérément dans la Cave. Un frisson de dégoût me parcourut. Brr... Plus jamais...






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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyVen 9 Oct - 17:33

C'est reparti pour un tour.

Clydia & Eames.


J’étais debout, dans le couloir, essayant de poser mes yeux juste sur Clyde et pas les alentours. Mon haut le cœur n’était pas encore parti et je ne voulais pas vraiment régurgiter devant lui. Bon, avec la crasse qu’il y avait déjà, ça ne changerai pas vraiment, mais tout de même. J’essayais tant bien que mal de ne plus respirer, mais c’était une chose impossible. Après tout, j’étais un humain, et même si j’étais un sorcier, j’avais besoin d’air pour vivre. Pendant un court instant, je me suis maudit d’être venu le voir, j’aurais tout simplement pu le contacter et lui demander de venir me voir au commissariat ou ailleurs. J’aurais aussi du partir tant que j’en avais encore eu le temps, mais je n’avais rien fait de tout cela. Je pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Soupirant, je regardais un instant la bouteille. C’était quand même pas mal pour un simple remerciement. Surtout le seize an d’âge ! Il n’y était pas allé de main morte sur son cadeau là. J’en étais presque mal à l’aise.  Je l’écoutais, hochant la tête. Il avait parfaitement raison sur ce point. Il ne savait peut-être pas se compoter encore correctement en tant qu’humain, et en tout cas pas niveau d’hygiène, mais ça, il le savait. Il avait certainement dû l’apprendre quelque part. « Oui, tu as tout à fait raison. Mais tu n’avais pas besoin de prendre un seize an d’âge et tu sais, parfois, les gens n’attendent rien en retour ». Je m’interrompis, avant de m’empresser de rajouter « Mais merci beaucoup, ça me touche. Vraiment ». Je ne voulais pas le mettre mal à l’aise. Après tout, il avait fait un effort, et j’acceptais avec plaisir son cadeau. Même si, selon moi, il n’aurait pas dû en faire autant. Soudainement, un petit rire s’échappa de mes lèvres. « Non c’est bon, mais si tu veux aller chasser, va seulement, je ne vais pas te l’empêcher ».

Toujours planté là, n’ayant pas bougé d’un pouce. On se regardait comme en chien de faïence. Ce fut Clyde qui reprit la parole avant moi. Apparemment, on était sur la même longueur d’onde concernant cette histoire de potes. Je ne m’imaginais pas du tout tenir ce rôle. Déjà,  qu’en temps normal, je n’étais pas toujours d’une très agréable compagnie, mais avec lui encore moi. C’était tout bonnement impossible. En tout cas pour l’instant, c’était encore trop tôt. Et ce n’est pas parce que je l’ai ramené chez lui, qu’on devenait forcément ami. J’avais juste fait mon boulot de simple citoyen en aidant un autre. Certes, pas tout le monde n’aurait agi de la même manière que la mienne, mais j’avais été élevé de cette façon et de temps à autre ça remontait à la surface. « Voilà. Je te reconnais mieux maintenant. T’es de nouveau Clyde, j’ai eu peur pendant quelques instants que t’ai changé », répondis-je, ne me répartissant pas de mon sourire moqueur. « Certainement la bière. Oui ». Ou pas. J’étais sûr que, au fond de lui, il en mourrait d’envie d’avoir quelqu’un avec qui bien s’entendre, avec qui il pourra parler de tout, de se comporter plus comme un humain que plutôt vivre continuellement dans le passé. Hum. Décidément j’allais de surprise en surprise et mon sourire narquois ne voulait pas quitter mon visage. « Tu es détective ? Tu en es sûr ? Car, à ma connaissance, un détective sait découvrir assez facilement ou les gens habitant nan ? Ce n’est pas ton boulot de savoir ça ? ».  Je m’étais ensuite allumé une cigarette pour me faire passer cette odeur nauséabonde qui avait imprégné mes narines. D’ailleurs, avant de retourner bosser, si j’y retournais, fallait que je passe par la case maison. Mes vêtements devaient déjà infectés la mort à l’heure qu’il était. « Non aucun problème. Quoique si … au fait. Toi ». Je lui souris, avant de poursuivre « Vas-y, traite moi seulement de gueule de con, ça ne m’affecte pas. Mais regarde toi dans un miroir avant ». Je tirai sur ma cigarette, me faisant le plus grand bien. Après la semaine que je venais de vivre, surtout deux soirées, ou j’avais pu me défouler, me libérer des poids qui pesaient sur mon dos, je m’étais promis de me comporter de nouveau normalement. De mettre de côté mon aspect connard, mais j’ai vite remarqué qu’avec Clyde, c’était tout bonnement impossible. Quand il se dirigea vers la pièce qui lui tenait de salon, je pris la bouteille de whisky dans mes mains, le suivant. Pourquoi ? Aucune idée. Quand il me proposa de m’asseoir sur un canapé, je déclinais l’offre. Non c’est bon. J’étais très bien debout, et de toute façon, si ma venue ici était juste pour le whisky, je n’avais pas besoin de m’asseoir. Vu l’état douteux des canapés, je n’en avais pas envie non plus. Plutôt mourir. Ils avaient l’air d’avoir fait la guerre. « Merci mais je suis très bien debout. Ça me fait du bien au dos …. », première excuse débile qui était sorti toue seule. Il n’allait pas la gober de toute façon. Je doutais un peu de la véracité de ses propos. C’était bien crade. Pour ça, ça l’était. Il avait peut-être tellement l’habitude de vivre là, qu’il ne voyait même plus la saleté. Je fixai ensuite mon regard sur le poste de télévision, qui diffusait un épisode de Walker Texas Rangers. Ça existe encore ce truc ? Mon dieu. Je n’ai plus vingt ans. « Tu regardes encore ça ? Mon dieu … », je me tournais vers lui, fronçant les sourcils. « Qu’est-ce que t’en sais ? Tu ne connais rien de moi et tu ne sais pas comment je résous certaines enquêtes. A tout te dire je n’ai pas toujours suivi les règles. Et heureusement. Alors abstient toi de tout commentaire quand tu ne sais pas à qui tu as à faire le sac à puce ». C’était sorti tout seul, involontaire. Je me préparais déjà mentalement à devoir esquiver un coup. Mais ne rien ne vint de suite. Je ne fis aucun commentaire sur les autres remarques, il n’y avait rien à dire de toute façon et j’avais qu’une hâte, sortir d’ici. Je me plantai devant lui, ma bouteille en main, lui cachant son épisode fétiche. « Bon, tu me cherchais juste pour ça ? Bon bah merci quoi, je ne vais pas tarder du coup. J'ai d'autres choses à faire que de traîner ici». De nouveau le sourire moqueur qui de dessina sur mes lèvres. « A moins que tu vas de nouveau me supplier comme un bébé pour que je reste avec toi ? Car tu ne veux pas rester seul » ….

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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyVen 9 Oct - 18:51

C'est reparti pour un tour



Eames était le plus doué pour mettre mes nerfs à vif, décidément. Un mot, une attitude, et paf, j'étais en proie à la colère, à la fureur. J'imaginais aisément mon poing s'écraser sur sa gueule de con, envoyant voler ses dents dans toute la pièce. Oh oui... Ce serait tellement bon... Mais je ne pouvais pas faire ça, hein ? Même si c'était terriblement tentant...

Son sourire moqueur, ses paroles venimeuses... Il semblait saisir la moindre occasion pour me traîner plus bas que terre. J'en faisais de même. Pas de ma faute si cet abruti d'inspecteur a décidé de lancer les hostilités... Et je m'étais appelé son "vieux pote" ? Non. Hors de question. Pas avec ce type-là. Pas avec ce gars que je meurs d'envie de mordre et de dévorer. Si je devais me remettre au cannibalisme, il serait probablement ma première cible...

Un frisson me parcourut tandis que les souvenirs remontaient à la surface. Des flashs, tout au plus... Ma mâchoire de loup-garou qui se referme sur le corps sans vie de Bruce... Définitivement pas un sujet de plaisanterie. J'avais bouffé son cadavre, merde. Ca me vaudrait quoi, ça, si quelqu'un venait à le savoir ? De la prison ? La peine de mort ? J'en ai pas la moindre idée... Je l'avais une fois et je ne recommencerais plus. Plus jamais. Même si ma victime pouvait être ce crétin d'Eames.

Je grognais furieusement quand Eames remit en cause mes compétences de détective. Certes, il n'avait pas tort. J'aurais dû être capable de retrouver son adresse. En fait, je pouvais le faire facilement. Il me suffirait de traquer son odeur. Mais passer des heures à renifler son parfum et à suivre sa piste... Beurk. Rien que d'y penser, ça me donne la nausée... Evidemment, je ne pouvais pas le lui dire sans révéler mon statut de Loup-Garou. Mais ça ne m'empêchait pas de répliquer d'un ton tout aussi narquois :

"J'suis sûr que tu serais ravi que j'connaisse ton adresse perso. J'pourrais venir te voir quand je veux. C'est vraiment ce que tu souhaites, Eames ? Nan, parce que je peux commencer les recherches et aller squatter chez toi, hein !"

J'eus un ricanement. Non, je n'allais pas le faire. Même si l'idée qu'il connaisse mon adresse et pas l'inverse me déplaisait. Il ne le voulait pas et je n'avais pas l'intention de le pister, ça blesserait mes narines sensibles. Je préférais mille fois l'odeur de ma piaule que celle qu'il se trimballait en permanence. Au moins, les mégots humides et le reste couvraient sa senteur... Un bien pour un mal, je suppose.

Je ne répondis pas à sa remarque. Me regarder dans un miroir ? Pour voir quoi ? Je savais très bien ce qui s'y refléterait. Et que j'en détesterais chaque centimètre, chaque aspect. La créature de Bruce. Son louveteau. C'est ce que je verrais probablement dans le miroir. Ou une gueule de con. Un poivrot. Un détective raté. Au choix. Probablement un peu de tout ça.

Je m'étais finalement calé dans le canapé, proposant à Eames d'en faire de même. A dire vrai, c'était la première fois que je recevais quelqu'un chez moi dans un cadre qui n'était pas professionnel. Enfin, si on exceptait les quelques filles que j'avais payé et qui étaient venues passer du temps avec moi... D'habitude, ça se passait plutôt dans les toilettes des bars, mais, de temps en temps... Bref. Eames était la première personne qui venait chez moi sans avoir été payé et sans attendre de moi que je joue le détective. Alors, j'étais censé faire quoi, moi ?

Je ne devrais probablement pas m'en inquiéter. Je veux dire... C'est Eames. Il a sa bouteille, tout est clair, il n'a plus qu'à se barrer maintenant. A tourner les talons et à partir. Pourtant, je le retenais. Je lui parlais d'une de mes séries préférées, je lui proposais de se servir au frigo... Pourquoi, hein ? Pourquoi... ?

Je crois que j'avais essayé de partager un truc. Vraiment. A ma manière, certes, mais j'avais tenté le coup. J'avais parlé de mon héros, Walker, de la façon dont il m'inspirait et sur lequel Eames devrait également prendre exemple.

Evidemment, cette gueule de con avait choisi d'être méprisant. C'est vrai, à quoi je m'attendais ? C'était à Eames que je parlais. Eames, bordel de merde ! Qu'est-ce que j'espérais de lui, moi ? Pourquoi, au fond de moi, j'avais l'air de croire qu'il était capable d'être autre chose qu'une enflure ?

"Ouais, j'regarde ça. Ca t'dérange, peut-être ?"

Walker Texas Ranger m'avait bien plus appris sur la vie qu'il ne pourrait l'imaginer. Cette série et bien d'autres... Sans la télévision, je serais probablement incapable d'évoluer en société. Certes, je n'étais toujours pas doué et il y avait un tas de choses que j'étais toujours incapable de saisir, mais... Merde, quoi. Est-ce que ça lui donnait le droit de marcher comme ça sur ce que j'aimais ?

Un ricanement m'échappa lorsque Eames tenta de se faire passer pour un mauvais garçon. Vraiment, il ne jouait pas selon les règles ? Lui, le fonctionnaire de police tout propret, tout coincé ? Laissez-moi rire...

Son insulte me laissa indifférent et je me contentais de répondre en dissimulant à peine mon hilarité :

"Qu'est-ce que tu as fait de si illégal, hein ? Tu t'es garé sur une place handicapé pour pouvoir choper un suspect ? Bravo, t'as gagné, j'suis terrifié."

Quelque part, notre échange m'amusait. Ca me distrayait et ça le retenait un peu, au moins. Tout ça, ça ne faisait pas bien mal à qui que ce soit. Du moins, jusqu'à sa dernière phrase...

Mes mains s'étaient subitement crispées, si fortement que celle qui tenait la bière éclata la bouteille en mille morceaux de verre. Je me levais d'un bond, renversant la table basse pour l'atteindre, lui. Eames. Putain. Eames.

Je ne savais pas ce qui m'avait autant atteint dans ses paroles. Il... Il avait tapé là où je n'attendais pas à ce qu'il frappe. Et bordel, que ça faisait mal... Bordel, que c'était douloureux...

Je voulais le tuer. Mourir. Hurler. Pleurer. Mordre. Frapper. Faire quelque chose. N'importe quoi. Mon corps bougeait tout seul, mû par sa propre volonté. Je le plaquais violemment contre le mur, les yeux brillants de fureur, le corps tremblant de colère.

Le premier coup de poing partit, enfonçant le mur à quelques centimètres de sa tête. Manqué. Ou était-ce vraiment le cas ? Avais-je seulement voulu le frapper réellement ? Il... Il n'avait pas tort...

J'avais peur d'être seul. Peur de la nuit et des cauchemars. Peur que tout ceci ne soit qu'un rêve et de m'éveiller dans la Cave. Seul. Seul, puis avec Bruce. Maître. Bruce. Maître. Merde. La ferme !

Je ne l'avais jamais supplié. Et ça, cette peur, je... je ne l'avais jamais dit à personne. Comment... Comment pouvait-il... ? Comment savait-il que... ?

Tout se précipitait dans ma tête, des pensées confuses, furieuses, désespérées, perplexes. Je ne savais plus où j'en étais, ce que j'étais censé faire. Je voulais le frapper, ne pas lui faire du mal, comprendre, le tuer, l'épargner... Je... Merde... Merde...

Je reculais d'un pas, le souffle court, laissant échapper entre plusieurs inspirations des grognements sauvages :

"Tu... Tu..."

Les mots ne venaient plus. Il n'y avait que la colère. La peur. L'angoisse. La honte. En reculant encore, mon talon heurta la table basse. Ce fut suffisant pour que ma fureur se déverse sur le pauvre objet qui n'avait rien demandé. Un coup de pied et je l'envoyais à nouveau contre le mur, si proche d'Eames.

Je revins à ce dernier, le prenant par le col, grondant d'une voix sourde les seuls mots qui étaient parvenus à s'extirper de ma gorge :

"Une raison... pour que j'te bouffe pas, là, maint'nant."

Après tout, qu'est-ce qui m'en empêchait ? Qu'est-ce qui me l'interdisait ? Je pouvais presque entendre Bruce m'encourager en ce sens...

Vas-y... Qu'est-ce que tu attends ?"

Lui obéir ? Ne pas lui obéir ? Merde, j'sais plus... j'sais plus...




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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyVen 9 Oct - 20:07

C'est reparti pour un tour.

Clydia & Eames.


Je n’avais pas pris la peine de lui répondre. Je l’avais donc laissé parler, dans le vide. Complètement. Je m’étais dit, que tout compte fait, je n’avais pas envie de gaspiller de la salive pour rien. Si le lui voulait, qu’il le fasse, mais qu’il ne compte pas sur moi. Je regardais tout autour de moi, mon air de dégoût ayant remplacé mon sourire moqueur. Mon dieu. Mais comment s’était possible de vivre dans une porcherie pareille ? Je n’étais pas forcément une fée du logis, mais au moins je savais tenir ma maison propre. Alors que là … même une ferme était mieux rangée que son appartement. Et je ne parle pas de son aspect physique. A la limite, la barbe de trois jours, je pouvais comprendre. Il m’arrivait à moins aussi de ne pas me raser tous les jours, ce qui n’était pas le cas aujourd’hui, mais son habillement … laissant à désirer. Ça m’en était presque insupportable alors que ce n’était pas mon problème. J’aurais dû partir dès que je l’avais pu. Pourtant je ne l’avais pas fait. Grossière erreur. J’avais senti l’atmosphère changer d’un coup avant même qu’il ne brise un verre. C’était devenu tout à coup plus électrique. La confrontation n’était pas loin. Apparemment, j’avais touché son point sensible. La solitude. C’était la première fois qu’il réagissait aussi violemment à un de mes propos. J’avais fait mouche. Un sourire vint de nouveau se dessiner sur mon visage quand son poing atteignit le mur juste derrière moi, frôlant mon oreille. Mon regard se fit mauvais. Nous voilà. C’était parti. Même ça il n’était pas capable de le faire correctement. Il était mauvais en tout point. Qu’est-ce que j’aurais voulu qu’il m’atteigne, qu’il se comporte en homme. Mais même pas. Il avait préféré m’épargner et taper dans le mur. J’haussais les épaules. Que grand bien lui fasse. S’il voulait encore plus amoché son appartement … Il recula d’un pas, et je me préparais physiquement à une riposte. Je retroussais les manches de ma veste et de ma chemise, parant les prochains coups qui allaient pleuvoir. Il se mit soudainement à essayer de parler, sans y parvenir. « Tu bégaye maintenant ? C’est de mieux en mieux ! » Sous l’effet de la colère, il failli partir à la renverse, cognant au passage sa table basse, qui se mit rapidement à voler à l’autre bout de la pièce avant qu’il ne revienne vers moi, me plaquant au mur, m’empoignant par le col de chemise. Petit joueur. Je le laissais faire un instant, en jouant au petit soumis. Pour mieux le prendre par surprise plus tard. « Une raison ? J’en ai des tas de raison ? Tu veux que je te la fasse courte ou longue ? » J’essayais de garder mon self-control, ne pas lui foutre mon poing dans la gueule. « On va la faire longue alors.  Primo, je suis inspecteur de la crim’, tu n’es qu’un simple détective. Tous mes collègues savent ou je suis. Et eux, contrairement à certains, vont vite faire le rapprochement avec ma disparition. Deuzio, tu as trop besoin de moi pour que tu me tue, et de toute façon je ne t’en crois pas capable. Terzio, pas des moindres, si tu essaies de me faire quelque chose, tu auras une horde de sorciers à tes trousses, à te pourchasser comme un loup que tu es. Et ça, ce n’est pas bien. Ca briserait complétement la confiance entre les deux ». Je pris une grande inspiration. « Voilà en résumé le pourquoi ». Un grand sourire s’étala sur mon visage, alors qu’il m’empoignait toujours. « Sale petit clébard ! Bas les pattes. Tu me répugnes. Tu te crois malin là ? » Un rire s’échappa de mes lèvres et je me retrouvais dans l’incapacité de reprendre mon sérieux. « Si seulement tu savais ce que je pourrais te faire subir, là tout de suite ». J’avais instinctivement posé ma main sur mon arme, même si je ne comptais pas m’en servir. Je préférais être à arme égales. Je le regardais, lui souriant. Le méprisant. Le poussant à commettre l’irréparable. Qu’il essaie seulement. Puis, soudainement, sans qu’il n’ait vu venir quoique ce soit, je penchai ma tête en arrière pour lui envoyer à un coup de boule, à la façon Zidane. Clyde lâcha son emprise sur mon col et partit à la renverse, s’écrasant au sol. Je me penchais au-dessus de son corps, pour ensuite m’agenouiller à ses côtés, posant mes genoux sur son ventre, appuyant sans trop lui faire de mal, et avec mes mains, je lui maîtrisais les bras. « Et maintenant, brave petit toutou, tu vas rester calme si tu veux ta pâtée ce soir ».

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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyVen 9 Oct - 20:45

C'est reparti pour un tour



J'avais du mal à suivre les paroles d'Eames. Elles se superposaient au discours de Bruce, qui me suggérait vivement de le dévorer. De le tuer. Il n'était qu'un humain. Je valais mieux que lui. Nous valions mieux que lui. Maître et moi... Nous le surpassions en tout point. Je n'avais qu'à ouvrir la gueule, refermer mes crocs sur lui... Et pourtant, je ne le faisais pas. Je ne le frappais même pas. Je... Je l'écoutais... Ces réponses venimeuses... Ce discours qui m'inspirait à la fois incompréhension et souffrance...

Il savait que j'étais un Loup-Garou... Il me parlait de sorciers... Ca existait, ça ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je suis complètement paumé. Qu'est-ce que je suis censé faire ? Le frapper ? Le lâcher ? Le dévorer ? Reculer ? Quoi ? Je... Je ne sais pas... Et Bruce... Maître... Faut-il que je lui obéisse ?

J'ai l'impression d'être bloqué. Paralysé. Incapable de faire un choix, incapable de réfléchir, incapable d'avancer. Comme autrefois... Je ne pouvais pas faire quoi que ce soit seul. Sans Ses conseils, sans Ses ordres... je n'étais qu'une forme de vie immobile, régie par ses instincts, par Sa domination. Mais je... je ne voulais plus lui obéir... J'étais libre... n'est-ce pas ?

Il voulait que je fasse d'Eames mon repas. Mais je... je ne souhaitais pas me soumettre à lui, à Bruce, à Maître... Ce que je voulais, c'était... c'était... quoi, en fait ? Qu'est-ce que je voulais ? Qu'est-ce que j'allais faire ? Ma poigne se desserrait légèrement, mais je ne le lâchais toujours pas. J'aurais voulu retenir en arrière, être assis sur mon canapé et choisir de ne pas répondre à la porte. Mais je l'avais fait. Et maintenant, je... je...

Il riait. Se moquait. Me méprisait. A raison, sûrement. Seul, je ne pouvais pas fonctionner. C'était impossible. Je n'avais pas été conçu ainsi. Elevé ainsi. Sans Bruce, je n'étais rien. Et Eames le savait. Il devait s'en douter depuis le début et se gausser de mes tentatives d'être normal. Humain. Je ne pouvais pas. J'avais échoué. Je n'y arriverais jamais.

Je le vis poser sa main sur son arme, mais je ne cherchais pas à l'en empêcher. C'était peut-être mieux comme ça... Que tout s'arrête et que la Mort vienne me prendre... Elle m'offrirait le repos... ou un retour à la Cave ? Je ne sais pas... Mais c'était sûrement mieux que ça. Cette demi-vie inutile. Cet essai vain d'être fonctionnel et fonctionnel... Pathétique. Pitoyable.

Je ne voulais pas le tuer, non. Je souhaitais qu'il m'achève. C'était ça, mon voeu. Ce qui me poussait à rester immobile. Mettre fin à tout ça, à cette mascarade ridicule. Je n'étais pas détective. Je n'étais pas humain. Je n'étais même pas Clyde Moreau. Tout ça était faux. La vérité, c'était que... je n'étais rien. Derrière le mensonge, il n'y avait personne. Pas un souvenir, pas un désir propre, hormis celui de mourir. Personne.

La douleur vint me saisir. Je n'avais rien vu venir. Un coup de boule fulgurant, des étoiles devant les yeux et je l'avais lâché, m'effondrant à terre sous le choc. Instinctivement, je tentais de me relever, mais il m'en empêcha et je n'avais pas la force de lutter. Me battre... Pour qui ? Pour quoi ? J'étais seul... Tout seul...

Tu n'es pas seul, Clyde. Tu ne l'as jamais été. Je suis là pour toi.

Les paroles d'Eames me parvenaient à peine, dans un écho brumeux tout juste compréhensible. Brave toutou... Pâtée... Je ne sais plus... Que va-t-il me faire ? Que comptait-il me faire subir ?

Tu sais très bien ce qui t'arrive lorsque tu n'es pas sage, Clyde. Il n'est pas différent de moi. Et tu as été très méchant, mon louveteau. Très, très méchant...

Mes yeux clignèrent frénétiquement. Un instant, je crus voir une lame d'argent. Celle-là même dont Maître se servait pour me punir... Celle qui avait marqué mon corps de toutes ces cicatrices qui n'avaient jamais disparu... Mon corps réagit instinctivement, mobilisant ce qui lui restait de force pour se défaire de l'emprise d'Eames. J'eus beau me cambrer, gémir, grogner, j'étais coincé. Coincé.

M'avait-il affaibli à ce point ? Que m'arrivait-il ? Pourquoi... Pourquoi je ne pouvais pas m'en sortir ? Ma vue se brouilla. Puis laissa place à l'obscurité. Je n'étais pas dans mon appartement avec Eames. J'étais dans la Cave, avec Bruce... Maître. Avec Maître. Et il m'avait immobilisé parce que... parce que...

Mon louveteau si stupide... Tu ne te rappelles même plus de tes propres fautes ? Penses-tu vraiment que cela te permettra d'échapper à ta punition ?

Tant bien que mal, quelques mots parvinrent à s'extirper de ma gorge :

"P... Pardon... Pas... Pas la lame... Pitié..."

Je voyais son éclat. Je pouvais presque la sentir pénétrer ma chair. Marquer ma peau. J'étais dans la Cave. Pas dans mon appartement. Dans la Cave. Il n'y avait jamais eu d'appartement. De vie à l'extérieur. D'Eames. Non. Juste la Cave. Un rêve. Un long rêve. Et Maître.

"Pitié... Gentil... Bon louveteau... Promis..."

Il n'y avait pas d'autre explication. Maître était le seul à pouvoir me dominer de la sorte. Eames n'était qu'une illusion. Une illusion sans logique, qui avait perdu sa consistance au moment où mon rêve s'achevait. Il n'y avait que la Cave. Le noir. La brillance de la lame d'argent. Et la douleur. Un hurlement m'échappa.


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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyLun 12 Oct - 1:16

C'est reparti pour un tour.

Clydia & Eames.


En moins de deux, j’avais réussi à le mettre au sol et à le maîtriser. Malgré tout, je ressentais quand même une petite douleur au front. Ça m’apprendra à donner des coups de boules, mais c’était la seule solution que j’avais trouvé pour sortir de son étreinte. J’étais encore trop jeune pour mourir et je ne comptais pas crever là, comme une merde, chez lui. Surtout pas par lui. Au sol, j’avais posé un genou sur son ventre, au cas où il se défendrait, et je m’étais même préparé à devoir riposter. Mais rien ne vint. Je me rendis soudain compte qu’il avait eu de la chance dans son malheur, car j’aurais pu lui faire beaucoup plus de mal que ça. Grâce au V. Je n’en avais fait l’expérience qu’une fois, et depuis, mon corps en réclamait. Je n’avais toujours pas été en racheter, essayant de combattre le manque tout seul. Jusqu’à maintenant j’avais encore bien tenu, mais jusqu’à quand, je n’en savais rien. Fallait d’ailleurs que j’en touche quelques mots à Aileen, car tout ça, c’était à cause d’elle, alors que je n’avais rien demandé. Là, dans le salon, je regardais tout autour de moi cette porcherie, grimaçant légèrement. Clyde n’avait toujours pas essayé de se rebeller, et de ce fait, je lâchais un peu mon emprise sur lui. Au cas où. Il ne réagit même pas, mais à la place, il se mit à geindre comme un petit gamin. Soupirant, je me demandais quand c’est qu’il allait commencer à se comporter comme un vrai adulte plutôt que comme un gosse ou une poule mouillée. Je ne savais pas trop de quoi il parlait, mais il commençait à délirer sur une lame. Je regardais mes mains. Non. Je n’avais rien. La seule arme que je portais, était mon arme de service, qui était toujours dans son holster. Pas de lame en vue. Je le regardais, essayant de le secouer, pour qu’il reprenne ses esprits. Rien n’y fit non plus. Il parla ensuite de louveteau, qu’il serait gentil et soudain je compris. C’était reparti pour un tour. La soirée de la semaine précédente repassa dans ma tête. Son aveu. Ce qu’il était. Sa faiblesse. Sa peur. Ne voulant pas rester planté là encore longtemps, je me levai, secouant la tête. Il avait vraiment un problème, et même si j’avais suivi quelques études de psychologie, je n’avais pas envie de jouer au thérapeute. Sans ménagement, je le pris par les bras et je le soulevai, avant de l’entraîner dans son canapé. Je me plaçais en face de lui, et je m’agenouillais pour être à son hauteur. Je plantai mon regard dans le sien, espérant qu’il revienne vite à lui-même. Qu’il revienne dans la réalité. « Bon ». Je claquais des doigts pour avoir son attention. « Clyde, je n’ai aucune lame sur moi et je ne compte pas te faire du mal. Jamais de la vie. Je ne suis pas comme ça ». Je passais mes mains devant ses jeux, juste pour qu’il réagisse et qu’il ne recommence pas à délirer de nouveau. « Je ne sais pas ce qui s’est passé dans ta vie, et si tu ne veux pas en parler, ce n’est pas grave. Mais tu as un sérieux problème là mon pote. Je sais ce que tu es, mais malheureusement, je n’ai pas assez de connaissance en la matière et donc, je ne sais pas vraiment deviner ce que tu as vécu … », je m’interrompis, remarquant soudain que, en levant du sol, son t-shirt était remonté sur son ventre, et même assis, il ne s’était pas remis en place. Pendant quelques instants, bouche bée, je ne pouvais pas enlever mon regard des marques qui striaient sa chair. « Putain Clyde ! Qqu’est-ce qui t’es arrivé ? » Je secouais la tête, secoué par ce que je venais de voir et par pudeur, je rabattis le t-shirt, qui couvrait sa peau.

Restant silencieux un moment, je me levai, et, sans connaître son appartement, je me dirigeais vers la  cuisine, fouillant dans les tiroirs à la recherche d’un verre vide. J’avais le souvenir qu’il m’avait dit qu’il y avait des bières au frais, mais vu la gravité des choses, j’avais besoin de plus fort. Je retournais au salon, et, m’agenouillant de nouveau en face de lui, j’ouvris la bouteille de whisky seize an d’âge qu’il m’avait offerte. Elle ferait très bien l’affaire. Je n’avais pas prévu de faire long feu. Apparemment mes plans avaient changé. Je posais mes mains sur ses genoux, pour lui faire comprendre que j’étais là, qu’il ne risquait rien. Qu’il était en sécurité. « Tu veux revenir à toi là, tu n’as rien à craindre. Il n’y a personne ici, à part moi, et je ne te veux aucun mal. Je sais que tu ne veux pas m’en parler, tu me l’as déjà dit la semaine dernière, mais peut-être que, ça te fera le plus grand bien, et en même temps, je serais au courant de ta situation et je pourrais peut-être t’aider à aller de l’avant … qui sait ». Je m’interrompis pour remplir mon verre avant de le boire d’un trait. Sacrilège pour ce que c’était ! Je le rempli à nouveau, et cette fois-ci, j’en bus juste une gorgée. « Je sais que ça peut te paraître bizarre ce que je suis en train de faire là, surtout qu’on est pas vraiment parti sur de bonnes bases et qu’on ne s’aime pas vraiment, mais à ce que j’ai remarqué aujourd’hui … tu as vraiment besoin d’aide. De soutien. Tu ne peux plus vivre comme ça, dans un autre monde, et avoir constamment peur ».  En attendant une quelconque réaction ou réponse de sa part, je m’allumais une cigarette, tout en réfléchissant. Je voulais avoir un retour avant de pouvoir poursuivre. Sans son accord ou son aide, je ne pouvais rien faire et je ne servirais donc à rien.

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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyLun 12 Oct - 10:39

C'est reparti pour un tour



Des mains me soulevèrent. Elles n'appartenaient pas à Bruce. Ses mains, je pouvais les reconnaître entre mille, les yeux fermés. Griffues, brutales, musclées... Il ne cherchait pas à être doux. La douceur n'était pas un mot qui faisait partie du vocabulaire de Maître. Il dominait. Il asseyait son statut de Supérieur, à chaque occasion, jour après jour, heure après heure.

Parfois, il m'arrivait de me demander s'il ne voulait pas se rassurer et se prouver qu'il était toujours mon Maître... Mais je ne l'avais jamais dit à voix haute. Il le prendrait mal. Il me punirait. Et je ne voulais pas que ça arrive. J'étais un bon louveteau. Un louveteau que l'on n'avait pas besoin de blesser.

Ces mains-là, ce n'étaient pas les siennes. J'en étais persuadé. Alors... A qui appartenaient-elles ? Une voix me parvint. Un claquement de doigt me fit sursauter et mes paupières clignèrent frénétiquement, cherchant à faire sens à ce qui se passait autour de moi. Ma main s'égara sur une surface douce. Encore. Pas de douceur dans le monde de Maître. Pas de douceur dans la Cave. Juste le froid. L'obscurité. La puanteur. La souffrance. Alors... Qui ? Où ?

Les ténèbres autour de moi s'atténuèrent, laissant entrevoir un visage familier, un endroit qui résonnait dans ma mémoire. Eames... Oui, Eames c'était ça. Je n'étais pas dans la Cave. Bruce n'était pas là. Bruce était mort. Je l'avais bouffé, il y a des années de cela. Je... J'étais... chez moi. C'est ça, chez moi. Là où les choses douces existent.

Je suivis du regard les mains qu'il secouait devant mes yeux, tentant de remettre de l'ordre dans mes pensées confuses. J'avais du mal à maintenir mon attention sur l'instant présent, sur ses paroles qui ne faisaient pas forcément sens et me parvenaient brouillées, comme s'il se trouvait à plusieurs kilomètres de moi et criait pour se faire comprendre.

Eames n'était pas doux, loin de là. Mais il n'était pas Bruce. Bruce m'aurait déjà puni. Lui se contentait de parler. Peu à peu, je parvins à comprendre ses mots, ses paroles. Un sérieux problème... Mon pote... Ce dernier mot me tira un gloussement confus. Vraiment ? Mon pote ? Il n'allait pas s'y mettre, lui aussi...

Eames se tut brusquement, son regard se fixant sur un point. Je baissais les yeux, comprenant alors ce qui attirait son attention. Oh oui, les cicatrices... Souvent, les filles étaient troublées lorsqu'elles découvraient ce qui se cachait sous mes vêtements. Les traces de dents, les estafilades, les coups de griffe... J'avais beau guérir vite, Bruce frappait suffisamment fort pour que les blessures ne disparaissent pas complètement. Il avait laissé Sa marque, une autre façon de prouver que je lui appartenais.

Il y avait aussi ce que je m'étais fait subir, malgré moi, sous forme de Loup-Garou. Seul face à moi-même, il fallait bien que je déverse sur quelque chose ou quelqu'un la sauvagerie féroce de l'animal qui m'habitait. Et ce quelqu'un, c'était moi. Je finissais les nuits de pleine lune en sang, sans me rappeler exactement de tout ce que je m'étais fait subir. Mon corps s'en rappelait pour moi.

Mes doigts commencèrent à suivre distraitement une longue cicatrice, jusqu'à ce qu'Eames ne reprenne la parole, ne rabatte mon t-shirt sur ma peau, comme s'il ne voulait plus voir ce qui se trouvait dessous. Mes lèvres remuèrent, mais je ne parvins pas à articuler un mot compréhensible ou cohérent. Trop tôt. Le louveteau effrayé était toujours là. Celui qui savait tout juste parler. Celui à qui on avait dû tout réapprendre, une fois sorti de la Cave.

Un instant, Eames s'éloigna. Il avait probablement l'intention de partir. De me laisser seul. Les cauchemars allaient revenir, je le savais. Je pouvais presque voir la silhouette de Bruce se dessiner devant mes yeux. Mais je n'avais pas la force de le retenir. Tout juste de le suivre des yeux, attendant avec appréhension qu'il s'en aille. Mais il ne le fit pas. Non, il était revenu.

Lorsqu'il ouvrit la bouteille, les effluves de l'alcool vinrent troubler mes sens. Mon regard se posa automatiquement sur le récipient, fasciné par cette vision, cette odeur. L'alcool... Mon compagnon de galère... Celui qui était toujours là, toutes les nuits, tous les jours, sans jamais se dérober... Celui qui me faisait autant de bien que de mal... L'alcool. Qui régissait mon existence.

Les mots d'Eames se firent entendre à nouveau. Il me fallut déployer un effort épuisant pour me concentrer sur eux, me détacher de la bouteille, de ce verre qu'il se servit ensuite. Envie. Soif. C'était difficile de rester attentif face à cette tentation dévorante. Pourtant, je captais ses mots. Un à un. Et ils me laissaient perplexe, profondément incrédule.

M'aider... à aller de l'avant ? Vraiment ? Pourquoi ? Qu'est-ce que ça lui apporterait ? Je n'arrivais pas à comprendre... Il me détestait. Il me méprisait. Et là, comme si de rien n'était, il me proposait son soutien. C'était incompréhensible. C'était bizarre. C'était probablement un truc humain. Et je n'étais pas très doué pour appréhender la logique humaine. Mes ennemis, je les détestais et je les évitais ou les combattais. Ceux à qui je tenais, je les aimais et je les protégeais. Voilà, c'était simple. Facile à saisir. Pourquoi tout était si compliqué ?

Il se servit un autre verre. Mes yeux se mirent à briller d'envie. Je levais mon bras droit, le tendant vers la bouteille, mais sans parvenir à l'atteindre. Mon bras retomba lourdement sur mon canapé, tandis que je laissais échapper un soupir. Je me sentais... épuisé. Achevé par cette bagarre, ce "retour" soudain dans la Cave, l'angoisse, les tours que mon esprit me jouait... Je n'avais plus la force d'esquisser le plus simple des mouvements.

Tu ne peux plus vivre comme ça... Il avait raison, mais j'ignorais comment exister autrement. Comment vivre d'une autre façon. Ce quotidien était fragile, malsain, difficile, mais il était largement préférable à la Cave et c'était tout ce que j'étais parvenu à construire seul, sans aide. C'était une demi-vie, celle d'un loup qui tentait d'être humain, sans toutefois y parvenir.

Eames se replongea dans le silence. Il avait l'air d'attendre quelque chose de moi... Que je réponde, peut-être. Les mots peinaient à venir... Mes lèvres s'entrouvraient, mais ne laissaient échapper que des sons presque bestiaux. Ressaisis-toi. Je suis chez moi. Plus dans la Cave. Je suis humain. J'ai appris à communiquer. A me faire comprendre. Allez... Un effort...

"Je..."

Mon regard s'aventura sur la bouteille de Whisky et je laissais échapper, malgré moi :

"J'ai soif."

Ce n'était pas la réponse qu'il attendait. Je le savais et pourtant, c'était sorti. L'odeur du Whisky m'embrumait l'esprit, réveillait mon goût pour l'alcool, mon addiction. J'avais du mal à songer à autre chose. Il le fallait, pourtant...

Lentement, je secouais la tête, tentant de me remettre les idées en place. L'effort me tira un autre soupir.

"Tu me détestes. Tu me méprises."

Ca n'avait rien d'accusateur ou d'agressif. C'était une simple constatation, un soulèvement des faits. Il me détestait et pourtant... il était là. Il parlait. Cherchait à me ramener à la raison. C'était étrange. Bizarre.

"Je... Je n'ai pas toujours peur."

Souvent, mais pas toujours. Il m'arrivait d'être sûr de moi. De temps en temps. Je savais que je sautais du coq à l'âne, mais j'avais du mal à organiser correctement mes pensées. Que je parvienne à nouveau à parler était déjà une étape, même si je ne parvenais guère qu'à marmonner des phrases courtes.

Un nouveau "J'ai soif." m'échappa. Maladroitement, je portais mes mains à mes tempes pour les masser. Tout semblait si confus... J'avais l'impression d'avoir ingéré une drogue ou bu trop d'alcool... J'étais sobre, pourtant. Désespérément sobre.

"J'fais ce que j'peux. Pour l'appart, le quotidien, le reste... J'fais ce que j'peux."

Mais ce n'était pas assez. Mon appartement était crade, insalubre, invivable pour tout autre que moi. Je le savais et pourtant, il restait en l'état. Jonché de mégots et de bouteilles vides. Sale. Désordonné.

"Ca a l'air facile, pour toi, pour vous..."

Une nouvelle fois, une constatation. Curieuse, logique, presque innocente. Oui, tout semblait si simple pour tout le monde... Garder un appartement propre, s'habiller correctement, prendre soin de soi, discuter avec les autres sans se faire détester... Si simple...

"Tu... Tu crois que..."

L'odeur du Whisky me monta à nouveau à la tête. Un autre "Soif !" m'échappa, presque un cri. Je me tus, cherchant à conserver le semblant de raison qui me restait encore. Cette odeur, putain...

Ma main s'aventura sur mon crâne, grattant mon cuir chevelu. Probablement pouilleux. J'avais l'habitude.

"... C'est trop tard... pour apprendre ? Pour être humain ?"

J'étais déjà vieux. Je n'étais plus un enfant. C'était à eux que l'on enseignait les règles élémentaires, les bonnes manières, l'hygiène, tous ces trucs-là. Et moi, je... j'étais un adulte. Qui ne se rappelait plus avoir été un enfant banal, un enfant humain.

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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyMar 13 Oct - 17:47

C'est reparti pour un tour.

Clydia & Eames.


Assis à califourchon en face de Clyde, j’attendais une quelconque réaction de sa part. Jusqu’à maintenant, le temps que j’enchaînais quelques verres de plus, il n’avait rien dit d’autres à part qu’il avait soif. Au tout début, je fis comme si je n’avais pas entendu. Vu ce qui s’était passé la dernière fois, je n’étais pas sûr que l’alcool lui fasse le plus grand bien. J’étais certain qu’il avait besoin de boire plus que de raison pour approcher du coma, pour tout oublier, même si, justement, au contraire, et à ce que j’avais vu, l’alcool le plongeait plutôt dans son passé, dans ses souvenirs traumatisants. Ce n’était pas du tout bon pour lui, et s’il voulait s’en sortir, il fallait qu’il modère sa consommation. Malgré tout, au bout d’un moment, je lui tendis quand même un verre. Un seul. « Tiens ». Au moins, il allait arrêter de me saouler avec sa soif et peut-être que, même si j’en doutais, il allait enfin finir par me parler. Je n’avais pas que ça à faire et je n’étais pas baby-sitter. Soupirant, j’appuyais mon dos contre la table basse juste derrière moi, remplissant à mon tour mon verre. Je n’aurais peut-être pas dû mais vu la situation, c’était la seule chose que j’avais trouvé qui pouvait me permettre de tenir le coup. Un rire rauque s’échappa de mes lèvres. Décidément, tout partait à vau-l’eau. Je n’étais plus moi-même. Mon comportement avait changé du tout au tout. Je faisais des choses qu’à une époque, je n’avais jamais pensé être capable. Ma vraie personnalité foutait le camp à grande vitesse, remplacée par une autre. Je me trouvais soudain ridicule de faire la morale à Clyde. Je n’étais vraiment pas mieux que lui. Avoir besoin de coucher avec plusieurs personnes, qui plus est des presque inconnues, et de devoir boire pour tenir le coup … ce n’était pas moi. Il fallait aussi que je me remette en question, que je reprenne le contrôle de moi-même, mais au fond de moi, en tout cas une partie, aimait cette vie. Une vie de liberté, ou on avait le droit de faire ce qu’on voulait, sans être jugé. Merci le 21ème siècle. Je n’étais pas le seul dans ce cas-là. Mais pour le moment, il ne fallait pas que je m’apitoie sur mon sort. J’étais ici pour Clyde. Quoique, à la base j’étais surtout venu parce qu’il me cherchait et je ne comptais pas faire tard. Au bout d’un moment de silence, répétant dans ma tête ce qu’il m’avait dit, je me levai et je croisais les bras sur mon torse.

Haussant les épaules, plantant mon regard dans le sien, je mis encore un petit moment avant de répondre. « Aucune idée. Peut-être. Peut-être pas. Il est toujours possible d’apprendre, mais … », je m’interrompis, cherchant les mots justes, essayant en même temps de me calmer. « … il faut avoir de la volonté, je pense. Laisser le passé de côté et vouloir recommencer une nouvelle vie. Apparemment, tu as encore beaucoup de chemin à parcourir ». Soupirant, je fis quelques pas sur le côté, buvant d’un trait le fond du liquide qui restait dans mon verre avant de le poser sur la table. « Je ne sais pas ce que t’as vécu et certes, d’un côté, ça ne m’intéresse pas. Mais pour que tu sois arrivé à ce stade … ça devait être quelque chose. Ce n’est pas du tout mon genre, surtout envers toi, mais c’est déjà la deuxième fois que je te propose mon aide, que tu refuses. Je n’ai plus rien à faire ici ». Je regardais un instant autour de moi, je me baissais pour prendre la bouteille, avant qu’il ne la finisse. Il en aurait été capable. Mais il me l’avait offerte et elle était donc à moi. « Si tu veux t’en sortir, tu dois faire des efforts aussi. Sans ça, tu n’arriveras à rien. Je me demande presque comment ça se fait que t’es encore en vie ». Je fis de nouveau quelques pas, en direction du couloir qui donnait sur la porte d’entrée. Il était temps que je parte d’ici avant de devenir fou et ne plus contrôler mes gestes. « Sur ce, je vais partir, je n’ai pas que ça à faire et j’ai l’impression de perdre mon temps plus qu’autre chose ». Avant de me diriger vers la porte, je jetai un dernier coup d’œil à Clyde, à moitié avachi sur son canapé. « Le reste, ne tient qu’à toi ». Cette fois-ci, j’étais bien décidé à partir et je m’approchais donc de sa porte. La libération.

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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyMar 13 Oct - 21:32

C'est reparti pour un tour



Je ne pensais pas qu'Eames allait me servir. Les mots étaient sortis de ma gorge sans que je ne le souhaite réellement, une pulsion incontrôlable, une obsession addictive à ce truc qui me détruisait de l'intérieur et de l'extérieur. Je le savais. J'en étais conscient.

Et pourtant, oubliant toute ma lassitude, je me jetais sur le verre qu'il me tendait comme la pauvreté sur le monde, l'engloutissant en quelques gorgées. Juste de quoi me mettre le goût en bouche, me rappeler cette sensation... Et me pousser à en vouloir encore. Encore. Toujours. Encore.

Je n'osais pas croiser le regard d'Eames. J'avais peur d'y lire du mépris, je crois. Non pas que j'attendais de lui qu'il m'estime ou quoi que ce soit dans le genre, hein. Juste... Je savais que je cédais à mes faiblesses et je détestais le faire devant lui ou qui que ce soit d'autre. J'avais l'impression que ça m'arrivait de plus en plus souvent, ces derniers temps...

Eames venait de mettre le doigt sur le noeud du problème : laisser de côté le passé. Oh, j'aurais tout donné pour pouvoir l'oublier, ce fichu passé. Seulement, il était là, dans mes pensées, à chaque instant, et il ne disparaissait pas. C'était presque la moitié de ma vie. Comment laisser ça de côté, hein ?

Les mots me venaient plus facilement. Le choc émotionnel devait s'être atténué un petit peu...

"T'sais, je... j'demanderais pas mieux que d'plus avoir d'passé. Juste le présent et l'avenir. Ouais, si j'avais un voeu à faire, c'serait celui-là."

Mais on ne pouvait pas faire disparaître le passé d'un claquement de doigts. Ce serait déjà fait, sinon. Débarrassé de tout ça, je pourrais peut-être espérer commencer quelque chose. Sans les réflexes, les trucs qui me rappelaient autrefois et me bloquaient, sans toutes ces pensées idiotes qui me pourrissaient la tête...

Le reste de ses paroles me fit hausser un sourcil. Quoi ? Quand est-ce que j'avais refusé son aide ? Et il voulait dire quoi par "deux fois", exactement ? Je me rappelais absolument pas qu'il me l'ait proposé auparavant... Bon, ma mémoire n'était pas très fiable, certes, mais ça, j'aurais quand même pas pu l'oublier, hein ?

Et voilà qu'il se cassait. Ah non, s'il se tire, j'ai pas l'intention que ce soit sur un malentendu. Qu'on se fasse la gueule, ça m'allait très bien, mais pas sur un truc que je n'avais pas dit ou pas fait. C'est vrai, merde, on a suffisamment de raisons pour se détester mutuellement sans rajouter des trucs imaginaires par-dessus...

"Hey !"

Je me relevais un peu trop brusquement, ce qui me valut de perdre l'équilibre et de m'effondrer sur le sol dans un bruit sourd. Quelques étoiles passèrent devant mes yeux, mais rien d'alarmant. J'avais connu pire.

Me redressant, je me dirigeais tant bien que mal vers la porte d'entrée, m'appuyant sur mes meubles et les murs pour ne pas risquer une nouvelle chute. Me collant le dos contre ma porte pour l'empêcher de sortir immédiatement, je marmonnais d'un ton malaisé :

"Je... J'ai pas dit qu'je voulais pas d'ton aide. J'ai pas dit ça."

Trouver les mots, se faire comprendre correctement, éviter les quiproquo... Les rapports humains, c'était vraiment l'angoisse. Parfois, je rêvais d'être simplement un loup. Ce serait tellement plus simple. Mais j'étais un loup-garou et il fallait que je compose avec l'homme que j'étais. Que j'apprenne.

"J'étais juste surpris. J'veux dire... T'es Eames. T'es le dernier type dont j'attendrais un coup d'main. En même temps, j'connais pas vraiment d'gars qui m'aideraient, comme ça."

Ca faisait vraiment bizarre de parler de tout ça, de cette manière. Je n'avais pas l'habitude. C'était même carrément perturbant. J'avais l'impression que mon coeur battait plus vite et j'avais des sueurs froides. L'angoisse, quoi...

"J'fais des efforts. Si j'me laissais aller complètement, j'serais déjà à poil et à quatre pattes en train d'grogner dans une forêt. Et j't'interdis d'te foutre de moi, j'suis sérieux et ça a rien d'drôle."

L'homme et l'animal... Je me demandais si tous les loups-garou avaient autant de difficulté que moi à concilier leurs deux natures. C'était peut-être juste mon éducation qui avait fait ça... Bruce était bien plus équilibré que moi, malgré ses délires de "loup alpha".

"J'sais pas pourquoi j'suis toujours en vie, moi non plus. Y a des fois où j'me dis qu'ce serait plus simple pour tout l'monde si j'étais juste mort ou si j'avais pas choisi de tenter ma chance à l'extérieur..."

J'aurais pu rester dans la cave jusqu'à ce que la faim, la soif ou la maladie ne m'emportent. Après tout, à la mort de Bruce, j'avais été incapable de partir tout de suite. J'étais "attaché" à cet endroit, à la Cave. Dehors, c'était l'inconnu. J'avais réussi à me convaincre de partir. Mais était-ce réellement une bonne idée ?

"C'que je sais, par contre, c'est que j't'ai pas dit qu'je voulais pas d'ton aide. 'Fin, pas quand tu viens de m'le demander, en tout cas."

Je me dégageais de la porte, m'appuyant contre le mur. Les bras croisés, je m'efforçais de reprendre mon souffle. C'était la première fois que je parlais de tout ça à quelqu'un. Sobre. Sans l'effet de l'alcool pour atténuer les émotions ou les dénaturer. Juste moi. Au naturel.

"Mais j'te retiens pas. Je sais que c'est crade ici et que t'as mieux à faire que d'traîner avec un loup-garou alcoolo. Fais c'que tu veux. J'te force pas."

S'il voulait partir, qu'il le fasse. Au moins, le malentendu était dissipé. Même si, au fond de moi, j'espérais qu'il reste... Je ne le lui avouerais jamais. Non, non. Mais... j'voulais pas être seul. J'détestais être seul.

"Tu... Tu f'rais comment pour laisser le passé de côté, toi ? Ca paraît fastoche, quand tu l'dis... Mais j'en ai pas la moindre foutue idée et ça me tue, là."

Au sens propre comme au sens figuré.
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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyJeu 15 Oct - 2:33

C'est reparti pour un tour.

Clydia & Eames.


La main sur la poignée de la porte, prêt à foutre le camp d’ici, à retourner à l’air à peu près pur d’Edimbourg, j’entendis un bruit sourd provenant du salon. Je ne pus m’empêcher d’avancer, pour voir d’où il provenait.  Clyde était vautré par terre. Encore une fois. Il ne me semblait pas si saoul que ça pourtant, et je ne pense pas qu’un seul verre ait pu lui faire quelque chose. C’était certainement à force de trainer chez lui à longueur de journée, il devenait devenir un légume. Prochaine étape : le nourrir via une sonde. J’attendis qu’il se relève et qu’il dise quelque chose, en croisant les bras. S’il s’était étalé comme une merde par terre, embrassé son sol, c’est qu’il y avait certainement une raison derrière. Je patientais donc. Une impression de déjà-vu m’assailli. Clyde qui essayait de me retenir. C’était déjà la deuxième fois en l’espace d’une semaine. Je ne savais pas trop comment l’interpréter, surtout que jusqu’à maintenant, c’était la seule personne qui avait essayé de me retenir. Fallait que ça tombe sur lui. Soupirant, j’ouvris la bouteille pour en boire une gorgée, directement au goulot, avant de la refermer. Je l’écoutais d’une traite, sans l’interrompre, réfléchissant en même temps à tout ce qu’il me disait. « Je … J’ai pas dit qu’je voulais pas d’ton aide. J’ai pas dit ça ». Soit Clyde était sourd, soit il entendait que ce qu’il voulait bien entendre. Il me semblait pourquoi lui avoir proposé mon aide. Ou alors j’avais mal formulé ma phrase ce qui faisait que du coup c’était pas du tout une proposition d’aide. Je ne savais plus. J’étais peut-être aussi en tort après tout. Je n’étais pas parfait, quoique l’on puisse croire. En tout cas, que je lui ai proposé son aide ou pas, j’étais certain par contre qu’il ne l’avait jamais accepté. Il ne semblait pas être de cet avis, mais à moins que cette fois-ci c’est moi qui ait mal entendu … Juste un simple quiproquo. Pas besoin d’en faire tout une histoire. « J’étais juste surpris. J’veux dire … T’es Eames. T’es le dernier type dont j’attendrais un coup d’main. En même temps, j’connais pas vraiment d’gars qui m’aiderait comme ça ». Haha. Ça voulait dire quoi ça ? Que j’étais Eames ? Je serais les poings dans les poches. Fallait que je me contrôle, avant que ça ne dégénère de nouveau. Ce n’était pas de sa faute, mais … voilà, en quelque part ça m’atteignait tout de même et je devais garder mon sang-froid. Après tout, j’avais vécu des situations bien pires que celles-ci, mais voilà, Clyde avait le don de m’insupporter. Je détournais un moment le regard, pour penser à autre chose. Il me disait ce qu’il pensait, ce qu’il avait sur le cœur. Il commençait gentiment à se confier, quoique, pas vraiment pour le moment, mais c’était déjà bon signe qu’il parlait. Je n’allais pas gâcher ce moment. « J’fais des efforts. Si j’me laissais aller complètement, j’serais déjà à poil et à quatre pattes en train d’grogner dans une forêt. Et j’t’interdis d’te foutre de moi, j’suis sérieux et ça n’a rien d’drôle ». Un sourire s’afficha sur mon visage, imaginant Clyde courir à poil dans la forêt. Pour le grognement, il lui suffisait d’avoir quelques verres dans le nez et c’était bon. Mais le reste, je me retins d’en rajouter une couche. Comme il venait de le souligner, il était sérieux et j’évitais donc de me foutre de sa gueule. C’était préférable. Mais jamais je n’oublierais cette image de lui. Il continua sur sa lancée. « J’sais pas pourquoi j’suis toujours en vie, moi non plus. Y a des fois j’me dis qu’ce serait plus simple pour tout l’monde si j’étais juste mort ou si je n’avais pas choisi de tenter ma chance à l’extérieur … ». Je fis une grimace. J’aimais j’aurais pensé qu’il était déjà à ce stade, mais d’un côté, je pouvais le comprendre, je ne savais pas du tout ce qu’il avait vécu, mais ce ne devait pas être joyeux joyeux vu comme il avait fini. Certes, être un loup-garou n’arrangeait pas les choses, mais il devait certainement y avoir autre chose. Il fallait réagir vite. Je ne voulais pas vraiment devoir être appelé ici-même parce que les voisins se plaindront d’une odeur pestilentielle. Je m’en voudrais certainement. « C’que je sais, par contre, c’est que j’t’ai pas dit qu’je voulais pas d’ton aide. Fin’, pas quand tu viens de m’le demander, en tout cas ». Ce n’était pas l’impression que j’avais eu, mais bon, apparemment il avait l’air d’y tenir à cette histoire et j’hochais la tête. Après tout, c’était peut-être mal qui avait mal interpréter ses remarques ou son comportement. Quoique j’avais des doutes mais j’allais dans son sens. Je ne voulais pas voir un mort sur la conscience. « Mais, j’te retiens pas. Je sais que c’est crade ici et que t’as mieux à faire que d’traîner avec un loup-garou alcoolo. Fais c’que tu veux. J’te force pas ». Etonnamment, malgré le fait qu’il me laissait partir, je ne bougeais pas d’un pouce. C’était comme si j’étais glué au sol. Quelque chose, dont je n’avais pas conscience, me retenais ici, auprès de lui. « Tu … Tu f’rais comment pour laisser le passé de côté, toi ? Ca paraît fastoche, quand tu l’dis … Mais j’en ai pas la moindre foutue idée et ça me tue,là ». Très bonne question. Comment je faisais ? Je n’en savais fichtrement rien. Déjà la première chose à savoir, c’était que, à ce que je pensais avec raison, j’avais eu un passé beaucoup plus simple que le sien. Je n’avais pas à me plaindre, même si je le faisais pour plusieurs raison. Mais comment je l’avais oublié ? Je n’avais aucune réponse miracle. Je ne l’avais jamais oublié vraiment, j’avais juste réussi à le mettre dans un coin de ma tête. C’est tout.

Je m’étais juste enfoncé de plus en plus dans mon travail, oubliant tout le reste, au détriment du reste de ma vie. J’avais aussi déménagé de ma ville natale, pour venir m’installer ici. Ça n’avait pas été de refus. Et ensuite, après avoir acquis quelques années d’expérience, j’étais parti à l’autre bout de monde pendant environ trois – quatre ans. Avant de revenir. Ma thérapie avait été le travail. Et pour le moment, sans trop savoir pourquoi, l’alcool revenait petit à petit ainsi que les filles. Peut-être pour combler un manque ? Mais je ne savais pas quoi lui répondre. Nous n’avions pas le même passé et je n’étais pas sûr qu’il pourrait l’oublier de la même façon que je l’avais fait. Je le regardais, c’était la moindre des choses. « Je n’ai jamais dit que ce serait simple d’oublier son passé, ou même de le mettre de côté. C’est un grand, très grand même, travail sur soi, qui demande de la volonté. Si tu n’y crois pas, tu n’y arriveras pas. Tout dépend de toi tout compte fait » Je m’interrompis un instant. « Comment j’ai fait ? On va dire que je vivais que pour mon travail … et que contrairement à d’autre, j’ai eu de la chance. Malheureusement, il n’y a pas de recette miracle ».  Je regardais tout autour de moi, soupirant. Je ne savais pas par où commencer, et à la place, je m’allumais une nouvelle cigarette, en tendant une à Clyde. « Je ne sais pas trop quoi te dire »,  je me grattais la tête, reportant mon attention sur le jeune homme. « Déjà, je pense, si tu veux reprendre ta vie en main et oublier le passé, faut … changer de vie au fait. Enfin … Te décrasser, nettoyer ton appartement. Essayer de vivre comme tout le monde, du moins essayer. Je sais que  ce n’est pas facile. Mais je ne sais pas quoi te dire d’autre ». Je tirai sur ma cigarette, un peu mal à l’aise, car je me sentais impuissant face à cette situation. « Tout dépend de toi ».  

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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyJeu 15 Oct - 23:15

C'est reparti pour un tour



Je crois que j'espérais sincèrement qu'Eames ait une recette miracle à me proposer. Un truc du genre, "Hey, si tu tournes trois fois sur toi-même en mangeant du pâté, t'es sûr d'oublier ton passé". Il était sorcier, après tout, ils devaient avoir des rituels bizarres, ces gens-là. Mais non. Rien. Juste un "Tout dépend de toi". La chance. Me consacrer à mon travail. Il en avait de bonnes, lui...

Je ne pouvais pas lui en vouloir. Je veux dire, c'était moi qui l'avait retenu, qui avait mis trop d'espoirs sur lui, comme s'il en savait vraiment plus que moi sur la chose, comme s'il avait à sa disposition toutes les clés pour résoudre mon problème. Bien sûr qu'il ne les avait pas. Il ne savait rien. De mon passé, il n'avait probablement qu'une vague idée et je n'étais pas prêt à me confier. Est-ce que je le serais un jour ? Pas moyen de le savoir. Pour le moment, je restais bouche cousue.

Il me tendit une cigarette. Un "Merci" se glissa hors de mes lèvres, quelques secondes après son geste. Pas encore tout à fait un réflexe, un truc qui avait du mal à sortir naturellement, mais ça viendrait. Je suppose que c'était un premier pas pour la socialisation. Bonjour, au revoir, merci... Rien que ça, ça avait mis du temps. Alors, le reste...

J'avais 36 ans. J'étais alcoolique, bordélique, crade, chiant, vulgaire, violent. J'avais oublié huit années de ma vie, passé douze ans dans une cave et le reste à errer sur Terre sans réel but. J'apprenais, petit à petit, tout seul. Je pouvais m'habiller, manger, parler, lire, écrire. Mais ce n'était pas suffisant. Ce ne serait jamais suffisant. Et ça, je le savais bien. Je ne le savais que trop bien. Je tirais sur ma cigarette, pensif. Qu'est-ce que j'étais supposé répondre à tout ça ?

Me décrasser, nettoyer mon appartement, tenter de vivre comme tout le monde....

"J'apprends à l'faire. Avec la télé, tout ça..."

C'était probablement pathétique, mais la télévision m'avait probablement sauvé la vie. Elle m'avait offert une compagnie dans les heures les plus sombres de mon existence, m'enseignant le fonctionnement de la société, des rapports humains. Des heures durant, je l'avais regardée, répétant inlassablement des phrases prononcées, imitant des tonalités, des intonations de voix. Elle avait été mon meilleur professeur. Mon seul professeur.

J'ignorais vers qui j'étais supposé me tourner. Qui je devais aller voir. Les hôpitaux n'étaient pas envisageables. Comment m'absenter à la pleine lune ? Comment réussir à préserver le secret de ma nature dans un endroit pareil ? Ce serait probablement la meilleure solution et pourtant... c'était impossible. J'étais seul. Seul face à une lutte qui me paraissait insurmontable.

Il n'y avait que la télévision. Cette boîte carrée qui avait apporté un sens à ma vie, en me convainquant de devenir détective, même si j'étais loin d'être au niveau d'un Sherlock Holmes. Mon odorat seul était la clé de la majorité des affaires que j'avais résolu. La déduction, la logique, tout ce qui faisait un vrai détective... C'était secondaire. Presque absent.

Tss... J'étais vraiment incompétent, hein ? Pas étonnant qu'Eames me méprise à ce point. J'avais beau lui rendre la pareille, je savais qu'il était dans le vrai : je n'étais guère plus qu'un fouineur, un chien en quête de pistes à renifler. L'admettre à voix haute, ça, par contre...

Je m'égarais. J'avais régulièrement du mal à organiser mes pensées. Ma tête était en bordel, comme mon appartement. Au moins, j'étais cohérent là-dessus... On va dire que c'était un début. Ouais, c'est ça...

Je tirais une autre taffe, laissant la fumée de la cigarette imprégner mes sens. A ça aussi, j'étais accro. Alcool, clopes, télé... Je pouvais me vanter d'avoir un quotidien sain et exemplaire.

"Comment t'as appris à faire tout ça, toi ? J'veux dire... Rester propre, savoir quel produit acheter pour nettoyer ton appart', parvenir à cuisiner sans craindre de tout faire exploser... Rassure-moi, c'est pas un truc inné, hein ?"

Quelque part, je me doutais de la réponse. Qu'on l'avait élevé. Que ses parents lui avaient appris ce genre de trucs. Mais j'avais besoin d'être rassuré. Qu'on me dise que ça venait de quelque part, que c'était pas juste... naturel. Merde, quoi... A qui j'étais censé dire que je ne savais pas faire une lessive, qu'il m'arrivait encore de lutter avec mes lacets ou que j'étais incapable de faire la différence entre shampoing et gel douche ? Que j'étais paumé à ce point ?

Ils se foutraient de ma gueule. Ils en profiteraient pour me rabaisser. Pour exploiter mes faiblesses. C'était comme ça que ça fonctionnait, non ? Si t'étais faible, si les gens te voyaient comme ça, ils se jetaient sur la place de dominant. Ils t'aplatissaient. Te soumettaient. Je ne pouvais pas dire ça à qui que ce soit. Ce serait permettre à un autre Bruce de s'imposer dans ma vie.

Mon regard se posa sur Eames, que je dévisageais avec une expression songeuse. Je ne savais plus quoi penser de lui. Un instant, il me donnait envie de lui sauter à la gorge. L'autre, il me foutait une trouille telle que je m'enfonçais droit dans mes délires et que je recommençais à jouer les louveteaux bien sages. Et il y avait ces moments où j'avais l'impression qu'il y avait presque une connexion entre nous. Un truc.

La tête ailleurs, j'écrasais ma cigarette sur le sol de mon appartement sans y penser à deux fois. C'était trop compliqué, tout ça. Les nuances, ça me donnait la migraine. C'était plus facile quand tout était blanc ou noir. Vrai ou faux. Oui ou non. Gentil louveteau ou louveteau qui mérite d'être puni. Simple.

Merde, est-ce que j'étais en train de regretter la Cave ? Non. Non, ça ne me manquait pas. J'étais libre. Plus de Bruce, Maître, plus de punitions, plus de ténèbres, de cette odeur de pourriture à côté de laquelle mon appartement paraissait sentir la rose... La liberté. Et son absence de limites, proprement terrifiante.

L'angoisse menaçait de me sauter à nouveau à la gorge. Je fermais les yeux, respirant profondément, comme on me l'avait appris à l'hôpital pendant le court temps où j'y avais séjourné. Jusqu'à ce que la réalité ne me rattrape... Jusqu'à ce que je ne sois obligé de m'enfuir, avant de me transformer en loup-garou, avant que tout ne dérape...

Mes pensées se remirent en place. Juste un peu. De quoi réaliser que j'en attendais sûrement beaucoup trop d'Eames... Il était mon rival. Mon ennemi. Un flic. Pas mon sauveur, mon ami ou je ne savais quoi encore. Ce genre de personnes n'existait pas pour moi. J'étais seul.

"Désolé. J'veux dire... T'es là à m'écouter, alors que t'as sûrement mieux à foutre. A la base, t'étais juste venu comprendre ce que j'faisais à fouiner dans ton commissariat. Et nous voilà."

Un rire m'échappa. Un rire dénué de toute forme de joie. Rien que de la nervosité. De la lassitude.

"J'sais même pas ce que j'espérais qu'tu me répondes, en fait. T'es le premier à qui j'peux poser ce genre de questions et je... j'sais pas... j'ai cru que t'aurais toutes les clés en main. Qu'en tant que humain, en tant que flic, tu savais exactement quoi faire. Que tu pourrais me dire comment oublier mon passé, comment réussir à être normal, tu vois ?"

Je passais une main dans mes cheveux, mon regard évitant le sien, se focalisant sur une tache sur le sol. Tout plutôt que de lire quoi que ce soit à mon égard dans ses yeux. Si j'y voyais de la pitié ou du mépris, je risquais de me mettre à chialer... ou d'être en colère. J'sais pas bien. C'est confus.

"Sherlock, Walker, tous ces gars à la télé... Ils ont toujours un plan. Ils savent ce qu'ils doivent faire, ce qu'ils doivent dire. Ils maîtrisent tout, sur tous les points. J'pensais que c'était pareil pour les autres. Que je manquais un truc, un élément, j'sais pas... Mais t'as pas de plan, hein ? Pas de réponses à toutes les questions, pas de savoir universel..."

Mes yeux s'aventurèrent sur la bouteille qu'Eames tenait toujours. Merde. Voilà que mes pensées se centraient dessus. Soif. Boire. Soif. Il... il fallait que je me contrôle...

"J'sais même pas ce que je te raconte. Je... Je dis des conneries, voilà tout..."

Un autre rire. Boire. Soif. Soif. SOIF ! Ma main se dirigea vers la bouteille de Whisky. Elle suspendit toutefois son envol à mi-chemin, tandis qu'une vision me permettait de retrouver un semblant de raison : elles tremblaient. Mes mains tremblaient. De désir, d'avidité, d'excitation, d'angoisse... Elles tremblaient. Pour cette putain de bouteille.

Un grognement contrarié m'échappa. Ca devenait plus fort que moi. Bruce n'était plus mon maître. L'alcool avait pris sa place. Pitoyable. Putain...

Je frottais mes yeux d'un geste maladroit. Reprends-toi, reprends-toi... Change de sujet. Dis quelque chose. N'importe quoi.

"Je... Tu veux boire un coup ?"

Non, pas ça. Putain, tu pouvais dire tout ce que tu voulais, mais ça... Ca ?

"Oublie. Oublie, j'ai rien dit."

Mes pensées ne tournaient plus qu'autour de ça. Tout mon corps me réclamait cet alcool qui faisait partie de mon quotidien. Ce réconfort empoisonné. Alcool. Soif.

"Je... Désolé, Eames. Désolé pour ces conneries."

Soif. La ferme. La ferme !
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Eames Montgomery
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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyLun 19 Oct - 3:10

C'est reparti pour un tour.

Clydia & Eames.


Quoi lui dire de plus ? Aucune recette miracle n’existait malheureusement. Je voyais bien à son regard qu’il en attendait plus de moi, mais je ne pouvais pas en faire plus. Je n’étais pas magicien non plus. Enfin, en quelque sorte oui, mais je ne me trimballais pas avec un chapeau sous le bras qui me permettait de sortir des réponses à tours de bras. Il devra donc se contenter de ça. Dès que je m’allumais une cigarette, j’en tendis une à Clyde. Dans mes souvenirs de la semaine précédente, il fumait, alors bon. Ça n’allait pas me tuer de me montrer agréable avec lui, et fallait bien enterrer la hache de guerre un jour. Jusqu’à aujourd’hui, je ne le connaissais pas vraiment, voire pas du tout, et il faut dire qu’encore maintenant je n’étais pas plus avancé, mais ayant pu voir dans quoi il habitait, je commençais à bien comprendre et je me disais, que tout compte fait, il devait quand même avoir un bon fond. Il fallait juste prendre la peine de l’écouter, de mieux le  connaître et mettre de côté son côté fouineur. Après tout, c’était son gagne-pain, je pouvais tout à fait le comprendre. Surtout, ce n’était pas nouveau que les détectives privés étaient des fouineurs, et que souvent, ils frôlaient l’illégalité. Alors à quoi bon m’en prendre à lui alors que ce n’était pas le seul dans ce cas ? J’allais faire un effort, et au fond de moi, je n’étais pas comme ça. Normalement, je n’étais pas du genre à juger des gens comme ça, sur un coup de tête et les mépriser. C’est que … je ne sais pas. J’étais juste différent ces derniers temps, comme si, l’éducation que j’avais reçue en état gosse, était parti en voyage. Clyde n’y était pour rien. « J’apprends à l’faire. Avec la télé, tout ça … ». Je grimaçais à cet énoncé. Ce n’était pas du tout contre lui, mais bon, la télé … Je le laissais parler, sentant de nouveau qu’il n’avait pas fini. Une sorte d’intuition. Je n’étais pas un bon flic pour rien. « Sherlock, Walker, tous ces gens à la télé … Ils ont toujours un plan. Ils savent ce qu’ils doivent faire, ce qu’ils doivent dire. Ils maîtrisent tout, sur tous les points. J’pensais que c’était pareil pour les autres. Que je manquais un truc, un élément, j’sais pas … Mais t’as pas de plan hein ? Pas de réponses à toutes les questions, pas de savoir universel ... ».  J’hochais la tête et tirai sur ma cigarette, qui arrivait gentiment à la fin, avant de lui répondre. « Effectivement, comme tu viens de le dire, je n’ai pas de réponse à toutes les questions, je n’ai pas le savoir universel et je ne suis pas un surhomme. Et la télé … Certes, tu peux apprendre des choses en la regardant, mais il faut surtout savoir que la plupart des films et de séries … tout est faux. Pas tout ce que tu peux voir correspond à la réalité, ni n’est juste ». Je finis ma cigarette, et suivi le mouvement de Clyde, je la jetai par terre. « Regarde Walker, tu m’as fait une remarque tout à l’heure, comme quoi je ne lui ressemblais pas. C’est normal. C’est un personnage de fiction, et tu trouveras rarement qui se comporte comme lui ». J’avais dit tout ce que je voulais dire sur ce sujet. Il n’y avait rien d’autre à dire. La télé n'était que pur mensonge.

« Comment t’as appris à faire tout ça toi ? J’veux dire … Rester propre, savoir quel produit acheter pour nettoyer ton appart’, parvenir à cuisiner sans craindre de tout faire exploser … Rassure-moi, c’est pas un truc inné, hein ? » Sa remarque me fit presque rire, car, elle n’était pas tout à fait correcte. J’avais été éduqué. Comme le 90 % des gens, mais pour le reste, j’avais dû l’apprendre tout seul, comme un grand. « Mes parents … en grande partie. Pour les produits de nettoyage, personne. J’ai juste repris ceux que mes parents achetaient à l’époque ». Je m’arrêtais, et un léger rire s’échappa de mon cou. « Pour ce qui est de cuisiner sans tout faire exploser, c’est autre chose. Ma mère m’a certes appris à cuisiner, mais une fois que je me suis retrouvé livré à moi-même, c’était une autre paire de manches. J’te dis pas le nombre de fois où j’ai fait cramer ma bouffe. A une époque je faisais que commander … C’est dire. Et oui, je ne suis pas parfait. Ça s’apprend juste petit à petit, en faisant des erreurs ».  Je le regardais, tout en me perdant dans mes pensées. De mes premières années de liberté, tout jeune recrue à l’Académie de police, ou je n’arrivais même pas à me faire cuire un œuf, mais la vie l’obligeant, je n’avais pas eu d’autres choix que de persévérer et apprendre à cuisiner. Je n’allais tout de même pas manger des pizza toute ma vie. Je n’avais tout simplement pas eu le choix. Et je savais très bien que, Clyde n’était pas le seul dans sa situation. Bon nombre d’hommes, pour la plupart, comptait sur les femmes, et dès qu’ils étaient seuls, ne savaient rien faire. Mon téléphone vibra dans ma poche, mais je ne répondis pas. J’avais autre chose à faire. Si vraiment c’était important, ils rappelleront. Ils avaient qu’à attendre un instant. J’étais sur le terrain. « Je … Tu veux boire un coup ? » Je secouais la tête, remarquant au passage le lapsus. Il avait encore soif. Il voulait boire un coup. Je plantai mon regard dans le sien. « Non Clyde. Si tu veux changer, il faut commencer par arrêter de boire, ou en tout cas, diminué la consommation. Je dis ça pour ton bien. Je sais que c’est facile à dire et que ce ne l’est pas du tout de le faire … mais il faudra au moins essayer. Et si vraiment, il y a des gens qui sont là pour t’aider ». C’était déjà un bon pas s’il arrivait a arrêté l’alcool, ou du moins à en diminué les quantités. Il aurait peut—être les idées plus claires, et s’en sortirait mieux. Reprendrait sa vie en main. Mon téléphone re sonna dans ma poche. Je m’excusai. « Juste un instant ». Je pris l’appel. « Qu’est-ce que tu veux bordel ?! J’ai pas le temps là. Vas-y, accouche ». J’écoutais mon interlocuteur en silence, soupirant, avant de raccrocher. J’avais été dérangé pour rien. « [color:a06a=greyJe ...]Désolé Eames. Désolé pour ces conneries ». Je reportais mon attention sur le loup, souriant légèrement. « Ne t’en fais pas Clyde pas besoin de t’excuser. Je serais déjà parti depuis longtemps si j’en aurais rien à foutre de toi ». Je restais planté là, sans savoir quoi dire, m’allumant une autre cigarette, tant qu’à faire.

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MessageSujet: Re: C'est reparti pour un tour {ft. Clyde.   C'est reparti pour un tour {ft. Clyde. EmptyLun 19 Oct - 15:20

C'est reparti pour un tour



C'était une situation vraiment bizarre. Eames et moi, en train de discuter, de fumer, comme si on était les meilleurs potes du monde. C'était anormal. Vraiment anormal. C'était pas désagréable, mais... quelque part, c'était plus simple quand je me contentais de le haïr et de lui balancer des piques de temps à autre, quand nos chemins venaient à se croiser. Là, je me retrouvais dans une situation qui ne m'était pas familière. Et ça me foutait les jetons, je l'avoue.

Il parlait, on parlait, je l'écoutais, il me répondait. Pas d'insultes. Pas de vannes méchantes. Rien de tout ça. Une discussion normale. Enfin, aussi ordinaire qu'elle pouvait l'être étant donné le sujet de conversation... Je ne pensais pas partager ce genre de moments avec Eames. En fait, je ne pensais pas partager ça avec qui que ce soit. Ce n'était pas moi. Mais est-ce qu'il fallait que je sois "Moi" ? "Moi" se détruisait à boire jusqu'à en perdre la raison. "Moi" était incapable de vivre correctement. "Moi" était détesté par tout le monde.

Eames évoqua sa mère et mes pensées allèrent à la femme qui m'avait mis au monde. Je n'arrivais pas à me rappeler des traits de son visage. Le son de sa voix, les attentions qu'elle avait ou n'avait pas pour moi, le prénom qu'elle avait choisi pour moi... Rien ne me revenait. Peut-être qu'elle m'avait réellement aimé. Peut-être qu'elle avait attendu désespérément que je revienne, supplié la police de retrouver ma trace, pleurer sur ma "mort"... Ou peut-être pas. Je ne pouvais pas le savoir.

Une "mère"... Celles que je voyais dans mes feuilletons me faisaient parfois rêver. Des femmes dévouées, qui prenaient soin de leur enfant, séchaient leurs larmes, les réconfortaient, leur témoignaient un amour que je n'avais jamai connu. C'était différent de ce que m'offraient les filles que je payais pour me tenir compagnie, les nuits où tout était trop difficile à supporter. Mais c'était tout ce que j'avais. Tout ce que j'aurais jamais, probablement. Tant que j'avais de l'argent à disposition, bien sûr.

"J'me rappelle pas de ma mère... avais-je laissé échapper pensivement."

Que dire de plus ? Je ne pouvais pas pleurer une femme que je ne connaissais pas. J'avais suffisamment de trucs dont je devais m'inquiéter pour ne pas m'encombrer un peu plus. Je n'avais eu ni père ni mère. J'avais eu Bruce. Un Maître. Au moins, je n'avais pas été seul, comme je l'étais aujourd'hui.

Je secouais la tête pour chasser cette pensée. Il fallait que j'arrête de m'accrocher au passé. Que je coupe le lien qui subsistait toujours avec lui. Pendant des années, Bruce avait constitué l'entièreté de mon monde. La seule personne que je côtoyais, le seul que je connaissais, le seul avec qui j'interagissais... Mon univers, c'était lui et uniquement lui, une lumière vicieuse et sournoise dans un quotidien de ténèbres.

Aujourd'hui, mon monde était beaucoup plus grand. Il y avait Eames, mes clients, les gens que je croisais... Rien d'aussi personnel, rien d'aussi profond et étroit que ce que je partageais avec Bruce. Mais c'était probablement pour le mieux. Je ne pouvais pas me permettre de tomber à nouveau dans ce genre de pièges. J'étais libre. Relativement, tout du moins.

J'avais du mal à imaginer Eames en train de galérer pour se faire cuire un oeuf. C'était une image qui ne collait pas avec ce que je songeais de lui. Pour moi, il était cet inspecteur exaspérément parfait à qui la vie semblait sourire et tout donner sans concession. Et là, j'apprends qu'il faisait cramer sa bouffe. Comme n'importe qui. Comme moi. Je ne saurais pas dire ce que ça me faisait ressentir... Un mélange de soulagement et d'incrédulité, je suppose...

L'alcool continuait à me hanter, à me tenter. J'étais tombé dans quelque chose que je ne maîtrisais pas, une nouvelle prison, une nouvelle "Cave". Boire. Ca me soulageait. Ca me protégeait. Je ne réfléchissais plus correctement. J'oubliais. Je dormais. Je me détruisais. C'était sans doute ce que je recherchais, sans vraiment en avoir conscience : me tuer à petit feu.

J'étais confronté à un monde qui me dépassait, à une existence qui m'angoissait. Toutes ces choses que je ne comprenais pas, tous ces gens qui me méprisaient sans me connaître, tout, tout. Je ne me sentais pas à ma place ici. Et je ne pouvais pas retourner dans la Cave. Je ne voulais pas retourner dans la Cave. Mais quelle était l'alternative ? Une errance infinie, une illusion de liberté, une souffrance perpétuelle ?

Je buvais. Pour oublier. Parce que mon corps le réclamait. Parce que j'étais accro. Entièrement et complètement accro. Et Eames devait probablement le réaliser. Sans vraiment y réfléchir, presque malgré moi, je lui avais proposé de boire. Le regard qu'il m'avait lancé m'avait laissé un sentiment de gêne et de honte. J'avais vite détourné les yeux, mal à l'aise, tandis qu'il refusait et me conseillait d'arrêter. De diminuer.

Tout en moi me criait de ne pas l'écouter. Qu'en sait-il, lui ? Pourquoi renoncer à la seule chose qui te rend heureux, Clyde ? Tu crois que ça te fait du mal, mais ce n'est pas le cas. Boire t'aide à survivre. Boire t'aide à vivre. Que ferais-tu, si tu n'avais pas l'alcool pour t'aider à noyer ton chagrin ? Tu es faible. Faible et démuni. Tu en as besoin. Eames ne te connaît pas. Il ne sait rien. Tu as soif. Bois.

La sonnerie de mon téléphone me fit sursauter, me tirant de mes pensées. Nerveux, je me rongeais les ongles, m'excusant auprès d'Eames quand l'appel fut terminé. Il s'alluma une autre cigarette, m'assurant qu'il en avait quelque chose à faire de moi. J'avais du mal à comprendre. Est-ce qu'il avait pitié ? Est-ce qu'il espérait que, si j'allais mieux, je lui ficherais la paix ? Je ne pouvais pas croire que nous puissions devenir amis. Pourquoi voudrait-il d'un ami comme moi ? C'était absurde.

De ma main libre, je grattais mes cheveux. J'étais sale. J'avais peut-être des puces, des poux, des parasites... Je n'en manquais pas, quand j'étais dans la Cave. Ca faisait de la compagnie, on pouvait dire. Mais ce n'était pas un truc qu'un humain normal se permettrait. Tout comme le désordre qui régnait chez moi. L'odeur nauséabonde. Les cadavres de bouteille qui traînaient, témoignages de mon addiction.

Je pris une profonde inspiration. Il fallait que je fasse quelque chose. Que je tente un truc. N'importe quoi. Et cette fois, je n'allais pas abandonner. Ce n'était pas inné. Même si c'était long, je... je pouvais apprendre à fonctionner en société. A me laver correctement. A m'habiller sans difficulté. A faire la cuisine. A... A devenir un être humain décent...

"S'ils ont besoin d'toi pour quelque chose, vas-y. Je... Je voudrais essayer de mettre un peu d'ordre dans tout ça. J'sais pas trop par où commencer, si j'dois me laver avant ou après, si les produits que j'ai sont suffisants, si j'vais y arriver, mais... je dois faire un truc."

Et j'avais besoin de détourner mes pensées de l'alcool. Elles étaient toutes tournées vers la boisson, me sifflant de déboucher une autre bouteille, de me laisser aller, de boire, boire, boire... C'était tellement tentant. Tellement simple. A qui cela importerait si je faisais des efforts ? Si je tentais d'être un peu plus présentable ? J'étais... J'étais seul. Tout seul.

"J'sais pas combien de temps j'vais pouvoir garder la motivation. J'ai soif, une putain d'soif, et je sais que si je recommence à boire, je ne m'arrêterais pas, que tout ça, ça aurait été vain, et que je vais juste redevenir cet enfoiré alcoolo et asocial si je me contente d'abandonner."

Je me mordis la lèvre, passant mes doigts sur ma barbe. Je devrais peut-être la raser un peu ? Je risquais surtout de me couper... Et comment je saurais que j'avais bien fait mon truc ? Que je ne m'étais pas raté, que j'étais bien rasé, bien coiffé, propre, décent ? Merde, j'en avais pas la moindre idée...

"M... Merci d'être passé. Et d'être resté, surtout. Je... Je te jette pas dehors, surtout pas, mais... faut que je reprenne ma vie en main. Et d'une seconde à l'autre, je sais que cette volonté-là, elle peut disparaître. Qu'il faudra tout recommencer. Et, franchement, j'doute que t'aies envie d'avoir une nouvelle fois ce genre de conversations avec moi."

Je laissais échapper un rire, pas très joyeux. Je voulais lui demander son aide. Qu'il me montre comment faire toutes ces choses. Qu'il me guide, qu'il m'enseigne, qu'il me conseille. Mais je ne pouvais pas lui demander ça. C'était Eames. Pas ma mère, pas mon père, juste Eames. Je n'étais même pas sûr de pouvoir le considérer comme un ami. Je ne savais pas ce que c'était, un ami.

J'ouvris la bouche, la refermais, l'ouvris encore, avant d'abandonner. Je ne pouvais pas lui demander ça. Pas à lui. Pas comme ça. Et même s'il acceptait, je n'étais pas certain de vouloir qu'il me voit de la sorte. Faible, maladroit, angoissé. Il en avait déjà trop vu. Bien plus que ce que j'autorisais n'importe qui à savoir ou à voir de moi. Ca me mettait mal à l'aise.

"J'vais commencer par me laver, j'crois. Ce sera plus facile. Après, je... j'sais pas trop. Je vais trouver."

Je laissais échapper un soupir. J'étais épuisé. Je rêvais de m'effondrer sur le canapé et de boire jusqu'à plus soif. Mais ce serait trop facile. Beaucoup trop facile. Je ne pouvais pas me le permettre.

"Merci, Eames. Et... euh... j'te promets d'essayer d'être moins chiant. Je te garantis pas les résultats, mais j'vais tenter le coup. On verra alors si on peut p't'être devenir amis. Peut-être pas. J'en sais rien."

Tout était confus. Nouveau. Je marchais sur un chemin qui ne m'était pas familier. Et tout en moi me poussait à emprunter une autre voie, beaucoup plus simple, beaucoup plus confortable. Combien de temps pourrais-je encore me convaincre de poursuivre ma route ? De faire des efforts ? Combien de temps ?

"Repasse quand tu veux. Même juste pour boi... pour discuter, j'veux dire. Pour discuter."

Soif. Il fallait que je me bouge. Prendre une douche... Oui, c'est ça. Prendre une douche. Une première étape. Et après ? Après... essayer d'être humain. Oui. Garder l'espoir. Tout n'était pas perdu. Je n'étais pas voué à être un semi-homme pour le reste de mes jours. Il y avait d'autres alternatives. Et, parmi tous ceux que je connaissais, c'était Eames qui me l'avait montré. La vie était vraiment bizarre, des fois...
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