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 sur le quai du naufragé. (cesare)

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MessageSujet: sur le quai du naufragé. (cesare)   sur le quai du naufragé. (cesare) EmptyDim 18 Oct - 21:05



CESARE & MISHA
❝ sur le quai du naufragé ❞

Il était tard cette nuit-là quand elle s’est échappée de chez elle. Elle étouffait trop derrière les murs de pierre et elle avait besoin d’autre chose. De plus. Elle voulait sentir l’adrénaline pulser dans ses veines et avoir le goût du sang sur ses lèvres. Tel était son instinct, telle était sa nature. Elle avait envie de chasser. Elle avait présumé que Dante le lui aurait interdit, la préférant enfermée à la maison à siroter tranquillement une tasse de sang chaud plutôt qu’à fureter dans les rues. Il aurait voulu l’accompagner, la surveiller. La contrôler. Et Misha détestait ça. Elle se savait imprévisible, elle se savait sauvage et c’était exactement ce qu’elle aimait dans sa vie de vampire : la force, la violence. La rage. Et cette soif qui la brûlait de l’intérieur chaque fois qu’elle croisait un être appétissant. Dante ne comprenait pas, ne voulait pas comprendre. Dante ne voyait en elle qu’une petite fille – cette même petite fille qu’il avait sauvée de la maladie voilà plus de cent ans. Pourtant, elle avait cent vingt-six ans désormais. Cent vingt-six ans. Elle avait traversé plus d’un siècle à ses côtés mais elle restait cette jeune vampire assoiffée des débuts, sauvageonne et friande de liberté. Alors la nuit lui offrait ce spectacle saisissant de la noirceur, de l’obscurité, de tous les monstres qui erraient les rues. Des créatures de l’ombre, comme elle, qui ne cherchaient qu’un peu de vie là où ne se respirait qu’un parfum de mort. Pendant longtemps, elle est restée assise sur les quais, à observer le port et la danse des vagues sur les coques des bateaux amarrés. Elle était simplement vêtue d’une nuisette noire et elle s’était dit avec un sourire ironique qu’elle aurait dû avoir froid si elle avait été normale. Mais qu’est-ce que la normalité, finalement ? Pour une vampire telle que la jeune blonde, normal signifiait boire du sang, dormir la journée et vivre la nuit ; pour elle, normal signifiait être éternel. Certains soirs, elle trouvait l’immortalité bien ennuyeuse. Bien plate. Alors elle avait soupiré et puis s’était relevée. Et voilà qu’elle déambulait, pieds nus et riant doucement, laissant comme une mélodie derrière elle carillonnant contre les murs. Elle s’offre le plaisir d’esquisser quelques pas de danse, ses jambes retrouvant comme le fourmillement habituel qu’elle sentait dans ses veines quand elle avait encore la chance de monter sur scène. La lumière des projecteurs lui manquait terriblement. Danser lui manquait. Elle voudrait tant retrouver ses chaussons, ses tutus et le ballet. Sentir le parquet sous ses pieds ensanglantés et la douleur dans ses membres.

Ses pensées se brouillent soudainement lorsque l’odeur sucrée lui chatouille les narines. C’est un parfum discret et subtil mais pourtant si masculin, si ferme. C’est un peu comme du chocolat noir, un peu amer quand il fond sur la langue. Aux aguets, elle observe la pénombre, prête à laisser exploser l’animal qui rugit en elle. Et soudain, elle l’aperçoit. Ombre se glissant parmi le dédale des rues. Elle entend sa respiration un peu sifflante, son cœur qui bat au même rythme que ses pas. Il résonne en elle et Misha frissonne. C’est comme un appel. Elle est pareille à ces rats que le joueur de pipeau envoûtait d’un peu de musique – une histoire fascinante, elle voulait être comme ce joueur de pipeau. Alors elle se propulse contre l’inconnu, le pousse contre un mur à la vitesse de l’éclair. Sa chair est tendre sous ses doigts qui se referment sur la gorge palpitante. Sa chaleur la brûle presque et elle adore ça. La jeune enfant à l’apparence si innocente gronde et sort les dents, le regard déjà affamé de sang. « Tu sens bon, elle commente d’une voix plus sombre, qui fait vibrer ses cordes vocales. » Le nez dans sa nuque, elle hume le parfum boisé, s’enivrant de cette odeur nouvelle et savoureuse qui laisse sur sa langue un goût de fleur d’été. L’homme sent bon l’ivresse et la folie, l’agitation. Il sent tout ce qu’elle a envie d’expérimenter, de vivre aujourd’hui. Il est tout ce qu’elle désire être et tout ce qu’elle n’est pas – tout ce qu’elle ne sera probablement jamais. Tandis que ses canines ont déjà déchiré la peau d’albâtre, le sang ayant déjà déposé son goût de fer sur ses lèvres avides, Misha se ravise et recule un instant. C’est la première fois qu’elle parvient à dominer son démon intérieur ; c’est la première fois qu’elle s’arrête avant même d’avoir bu une gorgée. Elle est elle-même un peu troublée par son comportement et elle fronce les sourcils. « Quel est ton nom, humain ? Que fais-tu ici ? » C’est peut-être parce qu’elle veut savoir ce que ça fait. C’est peut-être parce qu’elle veut vivre, ne plus être entièrement morte. Et reste au fond de son ventre la faim tenace qui l’appelle. Hurle. « Réponds et j’épargnerai peut-être ta vie, lâche-t-elle alors qu’elle le tient à distance, le corps comme prêt à bondir. » Misha observe les traits comme taillés à la serpe du visage masculin. Il y a quelque chose dans son regard qui la glace, là, à l’intérieur de la poitrine. Et toujours cette même mélodie enivrante qui résonne à ses oreilles. Le cœur qui cogne, symbole de vie.

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MessageSujet: Re: sur le quai du naufragé. (cesare)   sur le quai du naufragé. (cesare) EmptyLun 19 Oct - 19:32


or maybe this is danger,
and you just don't know.

@shewantsrevenge

Des pas qui résonnent dans la nuit, les siens qui frappent le béton glacé. Il aimerait se rapprocher des quais. Ceux de bois. Ce qui craquent, planches abîmées par le vent et les sels marins. Il aimerait s'approcher un peu plus de ces bicoques douteuses, de ces voiliers dont les étoffes claquent au grès du vent, s'agitent et inquiètent. Peut-être qu'il aimerait voler un de ces navires de fortune. Aller se perdre en mer. Le temps d'une nuit, ou peut-être le temps d'une vie. Non. Cesare tient à son existence, aussi pathétique soit-elle parfois. Il a choisi d'être celui qu'il est. Il en paye le prix, en porte les conséquences sur deux épaules qui s'affaissent de jour en jour sous le poids grandissant des erreurs passées. C'est sa punition, sans doute. Courber l'échine sous les souvenirs d'avant, d'hier, de quand il était encore là, lui. L'amant au dents acérées. Le maître du jeu, plus vulgairement son propriétaire traitant avec autant de haine que d'amour sa propriété. Il hante encore ses nuits, parfois. S'invite dans ses rêves. Le pousse à la dérive, un peu plus. C'est peut-être pour cela que Luciano est là ce soir. Perdu sur ce quai immense, résonnant d'étranges bruits des métaux qui se tordent et qui grincent en chœur. Spectacle effrayant qui l'apaise, paradoxalement. Pourtant, on lui a dit. Il ne faut pas traîner sur les docks, Cesare. Des choses s'y passent. Des humains y disparaissent. Les vampires. Le trafic. Ils rôdent et prennent, sans demander l'autorisation. Pourtant, il est bien là, à se promener, les mains au fond des poches. Peut-être que c'est ce qu'il espère au fond. Qu'ils le prennent, pour qu'il ressente à nouveau. Cette impression d'appartenir à quelque chose, à quelqu'un. Ce serait sûrement bref. Certainement qu'ils en finiraient vite avec lui, où qu'il regretterait rapidement son choix. Mais tant qu'il est là, libre, la question ne se pose pas. Il chasse les idées sombres de son esprit. Il avance toujours sans se soucier de ce qui se passe dans l'ombre. Humain insouciant, et pourtant loin d'être naïf. Douce proie que le prédateur guette, là, dans le noir de la nuit.

Elle apparaît, sauvage. Il n'a pas le temps de comprendre ce qui se passe que tout son être est plaqué avec violence contre un mur. Son regard se fait hagard, surpris. Qui, ou plutôt quoi. Son regard s'arrête sur elle. Apparition presque angélique. Enfant aux traits délicats. « Tu sens bon. » L'affirmation lui arrache un frisson quand la voix cristalline percute ses tympans. Elle est proche, trop proche, et il n'ose pas bouger. Il laisse faire. Aurait-il la force ? Briser une jeune femme, il n'en doute pas. Repousser une immortelle, il sait qu'il ne fait pas le poids. Alors il reste passif. Résultat d'une curiosité presque malsaine qui l'habite, d'une question macabre qui s'y additionne ; jusqu'où compte-t-elle aller ? Son cœur bat à rompre, sa respiration se fait faible, presque inexistante. Les crocs transpercent la chair, il grimace, échappe un gémissement douloureux. Il n'ose pas poser ses mains sur elle, tenter de l'éloigner. Il devrait pourtant, mais quand il en prend la décision, elle a déjà imposé la distance entre eux. Il regarde son propre sang sur les lèvres de la blonde. Carmin qui tranche avec le teint diaphane de l'inconnue. « Quel est ton nom, humain ? Que fais-tu ici ? » Son regard glisse sur elle un instant. Elle semble mépriser le froid, comme tous ceux de son espèce. Il en revient à elle quand elle poursuit. « Réponds et j’épargnerai peut-être ta vie. » Il ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais se ravise. Devrait-il dire la vérité ? Rien ne l'y oblige et pourtant ses lèvres se mouvent à nouveau pour bégayer un prénom, enveloppé d'un accent italien. Son prénom. « C-Cesare. » Il la regarde. Beauté mortelle, innocente créature aux premiers abords. Ses yeux de glace ne la quittent pas. C'est la première fois qu'il croise un vampire aussi jeune physiquement. C'est étonnant, et presque dérangeant. Ses doigts glissent jusqu'à son cou. La plaie brûlante à laquelle il recueille une ou deux gouttes de sang. Le liquide tâche ses doigts, lui fait prendre conscience doucement qu'il devrait fuir. Sauf qu'il le sait, ce serait inutile. Elle est trop rapide. Trop forte pour qu'il s'en sorte, sauf s'il s'y prend par la malice. Il réfléchit un instant. La vieille excuse est toujours là, tentante, facile. Il la lance en désespoir de cause. « J'appartiens déjà à un autre de ton espèce. Je doute qu'il apprécie qu'une gamine lui vole sa propriété. » De retour aux vieilles habitudes. Mais il transpire le mensonge par tous les pores. Il s'inquiète, pour une fois depuis trop longtemps maintenant. « Tu devrais me laisser partir. Te trouver une autre proie. Je ne compte pas courir ou fuir, il n'y aura aucune satisfaction à tirer s'il n'y a pas de traque, pas vrai ? » Il aimerait que ce soit une vérité universelle. Raleigh était comme ça, lui, il aimait voir la panique chez ses victimes. Réduire le moindre espoir à néant. Mais le monde vampirique ne tourne pas autour de cet unique vampire porté disparu pour l'instant, il devrait finir par intégrer profondément cette information.
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MessageSujet: Re: sur le quai du naufragé. (cesare)   sur le quai du naufragé. (cesare) EmptyMar 20 Oct - 22:11



CESARE & MISHA
❝ sur le quai du naufragé ❞

Elle a senti sa soumission avant même d’en prendre conscience. Il ne s’est pas débattu, pas un instant. C’était presque comme s’il l’avait attendue, comme s’il avait espéré cet instant. C’était étrange de ne pas sentir toute cette peur, toute cette angoisse qui la prenait habituellement à la gorge comme un parfum enivrant. Même si Misha n’était pas friande des victimes s’époumonant, suppliant pour leur misérable vie, elle ne pouvait nier que leurs cris rendaient la soif plus intense encore. Plus inextinguible. Et pourtant, l’humain n’avait pas réellement bougé. N’avait pas tenté de la repousser. Et même si son cœur avait sonné comme un tambour à ses tympans délicats, elle n’avait pas senti de respiration affolée contre ses cheveux. Rien qui ne trahissait le désespoir de la fin imminente. Et ça lui avait un peu déplu. Ça l’avait surtout interpelée. Alors elle observe l’étrange créature comme si elle était soudain devenue scientifique devant une expérience. Elle ancre les traits de ce visage masculin dans sa mémoire, de la longueur de ses cils à la courbe de ses lèvres rosées. Il est beau, pour un humain. Il est étrange et il la fascine. La jeune vampire ne sait pourtant rien de lui mais il attise sa curiosité d’une façon nouvelle. Il est la lumière et elle se fait papillon de nuit ce soir. « Cesare, elle répète dans un souffle, laissant rouler le r sur sa langue dans un frisson. » Elle aime sa voix, elle aime cet accent des pays chauds du sud. C’est beau, c’est doux. C’est presque comme une caresse intime sur sa peau diaphane. Alors, avec fascination, elle observe les doigts qui parcourent la plaie, se maculent d’un peu de sang. Le liquide vermeil enflamme ses sens et sa respiration s’agite un instant. Elle a encore ce goût sur la langue, un goût divin sur le palais. Elle en veut, encore. Elle en veut plus. C’était bien trop peu pour elle, pour sa soif si grande. Et Misha sourit avec malice lorsqu’elle l’entend proférer appartenir à quelqu’un d’autre. S’il avait été meilleur menteur, elle aurait pu le croire sur parole. Et elle se serait retirée sans demander son reste parce qu’il existait certaines limites qu’elle n’était pas prête à franchir. C’était comme trahir un code d’honneur, c’était comme violer l’intimité de quelqu’un d’autre. Un autre comme elle. Et elle respectait cela. Mais ses pupilles dilatées lui avouent elles-mêmes le pieux mensonge et elle vient se coller à Cesare. « On ne t’a pas dit que ce n’était pas très malin de mentir à un vampire ? souffle-t-elle dans un ricanement. N’as-tu donc pas peur de mourir ? »

Elle fronce néanmoins le nez, mécontente d’avoir été appelée ‘gamine’. Elle détestait tellement cette apparence si singulière. Et même après plus d’un siècle passé à errer dans ce corps d’adolescente, elle n’arrivait pas à s’y faire. Parfois, c’était un atout considérable et elle pouvait obtenir absolument tout ce qu’elle désirait grâce à son joli petit minois de poupée de porcelaine ; et d’autres fois, comme ce soir, où elle se haïssait de ressembler à une enfant quand elle aurait voulu être regardée comme une femme. C’était terrible car elle n’était ni petite fille ni entièrement adulte – elle était coincée, à tout jamais dans un entre-deux qui la frustrait. « J’ai peut-être l’apparence d’une enfant mais je reste plus vieille que toi, humain. » Et elle se savait redoutable, plus redoutable qu’il ne pouvait l’imaginer. Car si elle avait pris la décision de l’épargner jusqu’à présent, Misha pouvait tout aussi bien changer d’avis et lui déchirer la gorge à coups de dents. Ce serait amusant pour elle ; douloureux, pour lui. « Je ne prends pas mon plaisir dans la traque mais dans l’éviscération de mes victimes. Bien au contraire, le fait que tu ne débattes pas me faciliterait la tâche, assure-t-elle avec mordant, le menton levé fièrement. Ne te montre pas si présomptueux avec moi, tu pourrais le regretter amèrement. » Un sifflement grave s’échappe de sa gorge et elle montre ses dents, telle une bête prête à attaquer. Beaucoup la sous-estimait. Elle restait jeune pour une créature de son espèce et elle avait encore beaucoup à apprendre. Mais elle n’était pas aussi fragile qu’elle en donnait l’air et peu de monde semblait vouloir la croire capable des pires horreurs qui soient. Instinctivement, son regard glisse jusqu’à la plaie qui suinte au creux de la nuque. Elle entend presque le sang qui vibre sous la brise légère de la nuit. Une goutte qui s’échappe, puis une autre. Tout doucement, comme au ralenti. Et ses veines qui brûlent, asséchées, en demande du liquide de vie. Son échine se tend et elle vrille ses pupilles brûlantes dans les siennes. « J’ai soif, s’impose-t-elle sans honte ni détour avant de pincer légèrement les lèvres, ennuyée. Je veux dire… » Elle n’a aucune obligation de lui demander son avis ou même son accord. Sa condition de vampire lui permettait de se servir comme bon lui semblait et sans avoir peur des conséquences. « J’aimerais pouvoir me nourrir, elle reprend avec plus de tact. Accepterais-tu de me laisser boire de ton sang ? » Et pourtant, elle éprouve une certaine répulsion ce soir à laisser la bête prendre le dessus. Malgré tout son être qui hurle de s’abreuver dans l’instant, elle se force à la politesse, à l’attente.

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MessageSujet: Re: sur le quai du naufragé. (cesare)   sur le quai du naufragé. (cesare) EmptyMer 21 Oct - 22:23

« Cesare. » Son regard ne la quitte pas. Plus les secondes défilent, plus la situation devient perturbante – et pourtant, il s'y habitue. Il s'y fait, à cette enfant marquée par la mort. Figée à jamais dans un âge qui trompe. Il est le premier à être tombé dans le piège ; pensant sans réellement réfléchir, qu'une jeune fille respirant la candeur ne devait pas traîner sur les quais à cette heure là. Jeune femme certainement plus mortelle que le premier des tueurs en série venu. Il espère un peu naïvement s'en tirer sans écorchure – du moins, rien de plus que ce qu'elle ne lui a déjà infligé. Mais il ne fait rien pour arranger son cas. Il essaye pourtant. La ruse. Le mensonge qui lui brûle les lèvres. Piètre menteur qu'il est soudainement. Ce mensonge qui était pourtant sa réalité, il y a de ça plus de six mois. Maintenant, il est seul face au monde, à ces créatures qui n'ont plus aucune raison de l'épargner. Il devrait imprimer ce fait mentalement. S'en faire un post-it. Il n'est plus rien ni personne, pour ne pas finir sous les canines acérées de ces créatures nocturnes. Créature en question qui se fait soudainement trop proche. « On ne t’a pas dit que ce n’était pas très malin de mentir à un vampire ? N’as-tu donc pas peur de mourir ? » Il est à peine surpris qu'elle ait capté la supercherie. Lui même ne se serait pas cru. Pathétiquement crédible. Sans réel entrain pour mentir. La motivation de ne pas finir mort n'est pas suffisante ? Il y a peut-être un peu de ça. Un peu de cette curiosité, de cette envie de voir plus loin. De ne pas arrêter le jeu tout de suite, quitte à tomber de haut, à se faire mal. A mourir. Fascination morbide ou inconscience humaine. Un peu des deux sans doute. Cesare est un paradoxe. Terrorisé par la mort, mais pourtant tenté de l'étreindre comme un vieille amie, de l'embrasser comme si cela n'aurait aucune conséquence. Est-il fou ? Sans doute un peu. Suffisamment pour vivre dans ce monde où les immortels et les hommes-loups existent. Ou la magie n'existe pas que dans les contes. Il a cru devenir dingue pourtant, quand Raleigh lui a montré. Il s'est demandé ce qu'on avait mis dans son verre, ce qui déraillait chez lui, chez eux. Mais tout ça, c'est devenu sa réalité, son existence, son quotidien. Alors, s'il est réellement tombé sur la tête, s'il est vraiment fou, il ne s'en rend plus compte.

Il ne répond rien. Les mots sont au fond de son regard. De ses pupilles dilatées par la nuit et l'inquiétude. Je n'ai plus peur. Qu'il aimerait pouvoir affirmer. Ce n'est pas le cas. Il a peur. Comme tous les humains. Il est terrorisé. Instinct de survie qui le pousse à respirer, à fuir, qui laisse l'adrénaline dévaler dans ses veines. Instinct de survie qui lui fait pourtant défaut sur l'instant, contre lequel il lutte sans réel effort.  « J’ai peut-être l’apparence d’une enfant mais je reste plus vieille que toi, humain. » Il ne baisse pas le regard un instant ; est-ce qu'il devrait ? Sans doute. Soumis pour soumis, plus ou moins. Mais non. Cette once de fierté qui demeure lui intime de garder la tête haute. Si ce sont là ces derniers instants, il ne compte pas s'apitoyer ou offrir son intégrité à l'inconnue. « Je ne prends pas mon plaisir dans la traque mais dans l’éviscération de mes victimes. Bien au contraire, le fait que tu ne débattes pas me faciliterait la tâche. Ne te montre pas si présomptueux avec moi, tu pourrais le regretter amèrement. » Il se contente de la regarder en face, même si les propos qui lui échappent arrachent au barman un frisson de dégoût. L'image est glauque, il préfère ne pas y penser, songer à ces nombreuses victimes qui doivent jalonner le chemin de la blonde. Pourrait-il supporter lui, de prendre la vie ? Il n'en sait rien. Il en a pourtant rêvé, quand il était épris d'un de ces monstres. Il s'est imaginé comme eux. S'est demandé si ce n'était pas la solution au final ; ne plus rien craindre. Ne plus ressentir le froid, la douleur. Ne plus ressentir la culpabilité. Être le maître du monde, d'une manière. Surpassant sur bien des plans chaque forme de vie. « J’ai soif. Je veux dire… » Il se tend. Ses yeux glissent jusqu'aux lèvres de la jeune femme. Elle pourrait mettre fin à cette mascarade. Fin à tout cela, en refermant ses mâchoires sur son cou. Est-ce que ce serait douloureux ? Est-ce que ce serait comme s'endormir ? Vaciller doucement et se laisser tomber dans l'inconscient. Fermer les yeux à jamais. « J’aimerais pouvoir me nourrir. Accepterais-tu de me laisser boire de ton sang ? » Il est surpris de la demande. Il l'a vue sauvage. Comme si c'était une autre personne qui lui faisait face soudainement. Il la détaille sans réelle discrétion. Sans crainte. A-t-il rêvé ? Est-ce la même jeune femme qui lui fait face ? Le doute est bref. Une perle de sang dans son cou suffit à lui rappeler que non, il ne rêve pas. La surprise demeure. Il s'attendait à ce qu'elle se serve sans son avis. La voilà qui lui demande l'autorisation. Confus. C'est ainsi qu'il se sent d'abord.

Oui, non. Quelque chose lui dit que dans tous les cas, elle ne tiendrait pas compte de sa réponse. Pourtant, il réfléchit à ce qu'il va dire. À comment tourner les choses – comment imposer ses conditions. Est-ce qu'elle va bien le prendre ? Sans doute que non. Qu'est-ce qui lui coûte d'essayer ? À ce point, plus rien. « J'ai mes conditions. » Qu'il entame sans prétention. Il se contente de l'observer, l'expression neutre mais toujours un peu curieuse, ses grands yeux bleus rivés sur sa personne. Elle doit se demander sur quel genre de dingue elle est tombée. S'il est idiot au point de s'imposer, alors qu'il n'est pas du tout en position de force. Pourtant, c'est ce qu'il fait. Il s'impose, sans s'inquiéter de questions de logiques. « Est-ce que tu comptes me tuer ? » Il ne délire pas. La question est sincère. Elle influencera bien évidemment sa décision. Il ne tient pas à perdre la vie, du moins, pas de manière définitive. Il se dit et se pense trop jeune pour mourir. Ironique quand il observe son vis à vis, bout de femme n'ayant pas atteint la vingtaine à vue d'oeil. « Et aussi, j'aimerais savoir comment est-ce que toi, tu t'appelles. » Question sans réel intérêt sans doute. Lui même ne sait pas pourquoi est-ce qu'il le demande. Peut-être pour se retrouver sur un pied d'égalité, là où l'équilibre est pourtant rompu. Qu'espère-t-il ? Faire ami-ami ? Peut-être qu'il y a un peu de cela. Peut-être que discuter amènera le vampire à l'épargner. Il l'espère du moins. Enfin, sa dernière condition lui brûle les lèvres. Est-ce qu'il va oser demander ? Sans doute. Une fois de plus, il le sait ; il n'a plus rien à perdre. « Enfin, c'est donnant-donnant. Tu veux mon sang ? Je veux le tien. » Pauvre fou qui s'est cru en mesure de négocier. Il se dit juste que c'est trop lui demander ; qu'elle dira non, et qu'il aura ainsi une raison de refuser qu'elle le morde. Il ne décroche pas son regard d'elle. Toujours suspicieux, toujours sur ses gardes, même si ses défenses sont bien maigres face à elle. Peut-être qu'elle le trouvera audacieux. Peut-être qu'elle le trouvera juste stupide. Il fait juste ce qu'il peut pour survivre.


hrp:
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MessageSujet: Re: sur le quai du naufragé. (cesare)   sur le quai du naufragé. (cesare) EmptyMar 3 Nov - 13:22



CESARE & MISHA
❝ sur le quai du naufragé ❞

Elle n’apprécie pas vraiment de se sentir aussi troublée. Aussi bêtement troublée. Elle ne devrait pas, jamais. Tout comme elle ne devrait pas prendre le temps de demander. La politesse n’était pas de mise lorsque la soif devenait comme une brûlure dans sa gorge. Quelle importance qu’il soit consentant ou non ? Elle avait la force nécessaire pour le maîtriser, l’agilité adéquate pour le garder captif, prisonnier. Alors pourquoi perdait-elle donc du temps en conversation inutile ? Elle ne se comprenait pas. Elle ne le comprenait pas, lui. Et cela la dérangeait. Cela la dérangeait profondément. Il n’y avait pas assez de peur dans son regard, pas assez de désordre dans sa poitrine. Elle avait beau ne pas être une adepte de la délectation dans l’angoisse de ses victimes, elle aimait tout de même se sentir impressionnante. Et dans les yeux de Cesare, Misha se sent tout simplement enfant. Petite fille. Et elle déteste ça. C’est difficile pour elle d’accepter que ce sera à jamais l’image qu’elle renverra aux autres. Aux autres et à Dante, surtout. Elle voudrait parfois être comme toutes ces femmes aux courbes bien dessinées, bien formées. Pas cette jolie poupée de porcelaine incassable qui n’est que dans la fleur de l’âge. Alors elle avait appris à utiliser la force, la manipulation. Elle avait appris à tirer profit de ce visage d’ange plein d’innocence qui paraissait si inoffensif dans l’éclairage artificiel des lampadaires dans la nuit. Elle avait appris à faire de cette vulnérabilité une force pour obtenir ce qu’elle voulait. Elle aurait pu l’utiliser sur Cesare ; elle aurait dû l’utiliser. Mais il semblait bien trop calme, bien trop maître de lui-même en une telle situation. Et elle aurait dû se douter que le jeune homme en profiterait. Qu’il ne lui laisserait pas la tâche aisée si elle se montrait conciliante. Agacée, elle fait claquer sa langue sur son palais avant de soupirer, les sourcils froncés. « Sachant que si je te dis que je compte te tuer, tu refuseras de me nourrir et par conséquent, je me verrai obligée d’utiliser la force pour obtenir ce que je veux, elle rétorque d’une voix mécontente. Alors pour m’épargner du temps, je vais te répondre non mais tu ne pourras pas être certain que je te dis la vérité. » Parce qu’elle se servirait, quoi qu’il arrive. Parce qu’elle laisserait parler la bête à l’intérieur d’elle, quoi qu’il se passe. Si ce n’était pas lui, ce serait quelqu’un d’autre. Mais Misha se sentait bien trop fascinée par l’individu pour s’en détourner. « Mais dans tous les cas, je finirai par gagner et avoir ton sang, alors… » Elle laisse s’épanouir un léger sourire mutin, presque fier sur sa bouche. Comme pour lui dire de simplement rendre les armes, comme pour le prévenir de ne pas chercher à livrer bataille avec elle. Elle est pourtant un peu étonnée quand il lui demande son prénom, question qu’elle n’a pas l’habitude d’entendre très souvent. Pourquoi ce soudain intérêt ? Les sourcils légèrement froncés, elle penche la tête sur le côté. Elle hésite un peu à lui répondre. Elle sait déjà son prénom à lui, c’est bien plus que ce qu’elle sait de ses proies habituellement. Et la conversation allait rendre les choses beaucoup trop difficiles, beaucoup trop compliquées quand il s’agirait de lui boire son sang. « Misha, elle finit par lâcher comme à contre- cœur. Je m’appelle Misha. »

Mais la jeune vampire ne peut s’empêcher de le trouver courageux malgré tout. Il a cette façon de ne pas lâcher son regard, de rester un tant soit peu fier et digne malgré sa position d’infériorité. Elle aime ça. C’est agréable de ne pas le voir fuir devant elle, même si ça lui paraît pourtant tout aussi étrange. « Te donner de mon sang ? elle s’étonne vivement avec un mouvement de recul. » Misha avait déjà entendu parler de ça. Elle savait aussi quel effet pouvait avoir le sang de vampire sur les êtres humains. Beaucoup devenaient fous à cause de cette addiction. Et elle n’était pas certaine de vouloir être responsable de sa déchéance s’il venait à tomber dans ce tourbillon. Est-ce qu’il avait déjà goûté au sang d’un vampire auparavant ou bien était-il un de ces jeunes fous en quête de sensations fortes ? Elle-même n’avait jamais pratiqué ce don. Elle n’avait jamais trouvé la personne à qui elle daignerait s’offrir de la sorte – ou plutôt, si, elle l’avait trouvée mais cette personne-là n’en avait jamais voulu. Pendant un instant, elle baisse les yeux et se mord la lèvre. Que peut-elle répondre ? Si elle dit oui, elle ne veut pas faire mal les choses. Elle n’est pas non plus sûre de vouloir donner son sang à quelqu’un qu’elle ne connaît même pas. Est-ce qu’elle n’est pas censée partager son sang avec une personne à qui elle est attachée ? Envers qui elle éprouve des sentiments forts ? L’acte semble important pour elle, sans qu’elle sache vraiment pourquoi. Et si elle lui répond non, elle lui donne une raison de se refuser à elle. Misha se sent un peu comme piégée et cela lui déplaît. « Pourquoi vouloir boire de mon sang ? Par simple envie de découverte ou bien besoin d’une quelconque retrouvaille avec ce monde obscur ? elle se défile dans un regard soupçonneux à l’égard de Cesare. Tu as déjà goûté le sang de vampire ? » C’était une façon de reculer l’échéance, de ne pas accéder toute de suite à une demande qui, au fond, l’effraie. Elle redoute d’en arriver jusque-là. Elle ne comprend pas les motivations réelles de cet humain. « Qu’est-ce que tu me caches, Cesare ? » Un murmure, presque discret. Un coup d’œil interloqué, curieux. Comme le spectateur devant la bête de foire au cirque.

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