Pour connaître un mortel, donne lui du pouvoir.

   âge: 62 ans. lieu de naissance et origines: franco-ecossaises. statut civil: veuve. profession: Grande Archiviste. comment avez-vous atterri à la british library: Elle en est l'origine, a créé les archivistes pour mieux comprendre ce qui les entoure. qu'est-ce que votre personnage connait/pense du surnaturel: elle en connaît beaucoup. c'est qu'elle a passé quasiment toute sa vie à chasser les informations réelles ou non là-dessus. Elle est une véritable encyclopédie sur pattes, et en sait plus que ce qu'elle ne le fait croire. avez-vous un lien spécial au projet darwin: elle en est l'instigatrice. Ayant décidé de pousser plus en avant la recherche sur le surnaturel, elle a choisi de créer ce projet afin de pouvoir voir de visu et en temps réel ce que pouvait donner les effets de la génétiques, ces croisements entre créatures et humains. quelle est votre réputation à edimbourg: celle d'une femme intelligente et vive, dont il vaut mieux se méfier et ne pas se faire une ennemie, qui semble diriger tout le monde à la baguette telle une matrone Italienne. traits de caractère: charismatique. leadeuse dans l'âme. implacable. intelligente. fière. inflexible. curieuse. sincère. réservée sur ses émotions. oratrice de talent. convaincante. terre-à-terre. de sang-froid. confiante. sûre d'elle. travailleuse. ne fait pas assez attention à sa santé. aigrie par sa vieillesse. a du mal à faire confiance aux autres. soucieuse. colères phénoménales. hautaine. discrète sur elle-même. éblouissante. énergique. calme. humble. indomptable. besoin de contrôler. paranoïaque. présomptueuse. carriériste. crédits: shiya (avatar) groupe: the science.

   

   ✝ 001. Elle fume depuis l'âge de vingt-deux ans. Cette vilaine habitude, comme elle l'appelle, ne l'a jamais quittée totalement, même quand elle a eu ses deux enfants. A présent qu'ils sont loin d'elle, elle se permet trois cigarettes par jour. Elle les fume avec classe, de ces manières nobles qui font une femme du monde, selon elle, et elle n'achète qu'une marque très chère d'un tabac blond importé de France. ✝ 002. Ses goûts pour le luxe n'ont d'égal que la richesse de son patrimoine. Elle déteste devoir se rabaisser à ce qu'elle considère comme de la nourriture ou des vêtements de moindre mesure. Elle cultive sa classe et sa prestance, ainsi que sa silhouette en mangeant bio et sans gluten, s'il vous plaît. ✝ 003. Totalement et pleinement homosexuelle, depuis une trentaine d'années. La mort de son chasseur de mari lui a enfoncé la brèche ouverte par douze ans de mariage malheureux. Elle a découvert l'amour des formes et des femmes, et n'a plus jamais désiré un homme après cela. Elle assume ce côté là de sa personnalité, ne le cache pas spécialement mais ne s'étale pas non plus dessus. Ses enfants évitent d'avoir des liens avec elle, ils ont décidés de prendre une autre voie loin du surnaturel. ✝ 004. Elle fait très bien la cuisine, et quand une chose la rend nerveuse ou l'empêche de dormir, elle fait comme sa grand-mère : elle prépare des pâtisseries, même - surtout - en pleine nuit. Rien ne vaut l'odeur d'une tarte aux pommes en train de cuire pour vous mettre les idées en place. ✝ 005. Ses origines nobles, qui remontent jusqu'à la cour de Louix XIV, lui ont offert des manières de vivre très polies et très délicats, que certains jugent froides et distantes. Elle est très vieille école, a du mal à comprendre la jeunesse d'aujourd'hui mais tente tant bien que mal de se mettre à la page. Son intelligence lui permet d'assimiler, mais elle a tout de même des réticences à voir l'époque évoluer. ✝ 006. Propriétaire terrienne, elle possède diverses appartements et maisons qu'elle loue à prix moyen. Elle vit de ses rentes mais aussi de l'héritage de sa famille. Elle contribue également énormément au financement des Archivistes. Elle dépense sans compter pour eux, qu'elle considère comme une famille. ✝ 007. Maniaque du contrôle et rendue paranoïaque, elle n'aime pas être seule et déteste qu'on la surprenne. Elle se sent mal quand elle ne peut prévoir les choses ou quand elles échappent à son contrôle. Elle a également un souci avec l'étalage des émotions, et passe pour une créature froide et cruelle aux yeux des autres, quand elle n'est pourtant que retenue et politesse. ✝ 008. Rage contre les chausseurs. Ancien mari, décédé, qui chassait lui aussi les créatures. Mariage arrangé entre deux vieilles familles. Homme qu'elle n'a jamais réellement aimé, mais qu'elle admirait. Il lui a appris à se battre et c'est de lui que vient son amour de l'observation, alors même que sa famille se targuait de connaître le surnaturel. Elle a perdu dans sa mort un allié de poids, mais par certains côtés, son décès l'a libérée. ✝ 009. Une haine farouche pour les transports en commun. Jamais de sa vie elle ne prendra le bus ou le métro. C'est en voiture, avec chauffeur, qu'elle se déplace, ou alors à pieds si il le faut. Jamais en boîte à sardines, collées aux autres. Agoraphobe sur les bords, quand se placer face à une foule avec ses mots comme seule arme ne la dérange pas. ✝ 010. Ne vous fiez pas à son physique quelque peu abîmé par le temps. Encore alerte et forte - moins qu'à ses vingt ans, elle vous l'accorde - il serait dangereux pour vous de la sous-estimer. Bonne tireuse et endurante, elle saura vous faire regretter de n'avoir vu en elle qu'une vieille. Pourtant, son arme favorite reste la force des mots, et elle est une oratrice avant d'être une combattante potable. Son rôle est d'apprendre et de classer, non pas de tuer.
   

   

La chasse n'avait jamais été ce qu'elle préférait. Sa famille laissait cela aux autres, à ceux qui les servaient ou qui étaient leurs alliés depuis la nuit des temps, comme se plaisait à le dire son idiot de père. Certains ramenaient parfois des trophées : têtes tranchées, coeurs dénués de vie, membres étranges. Cela, par contre, l'intéressait au plus haut point. Elle se glissait dans la remise froide et pleine de vents coulis, à peine adolescente, pour observer dans les aquariums remplis de glace les objets flous qui avaient appartenu à des espèces vivantes. Le sang ne la gênait pas - comme il n'a sûrement jamais réellement dérangé les femmes. Ludmilla ne se faisait pas voir, quand elle explorait ainsi de façon plus poussée le monde que sa famille pensait connaître. Pour elle, les trésors offerts par les chasseurs n'étaient pas de simples trophées à admirer, mais des sources de connaissance, si on allait plus loin. Hélas, trente fois hélas, ses parents n'avaient jamais eu la simple idée de prendre une main de vampire, ou une tête de lycan, pour examiner ce qui se cachait dans leurs gènes. Pour la jeune femme, c'était le principe de base. La curiosité - une émotion qui vous faisait pousser des ailes. Elle allait prendre les livres de biologie et d'anatomie de son grand frère, futur chirurgien de son état, et comparait ce qu'elle lisait avec ce qu'elle avait vu. Elle dormait peu, mais ses cours de coutures ou de danse la voyaient toujours avec un charme et une élégance certains. Ludmilla ne voulait pas décevoir ses parents : la simple éducation voulait qu'elle soit la créature parfaite qu'ils désiraient, peu importait la pression énorme qui pesait ses ses frêles épaules. Reconnus en France et en Ecosse comme une famille qui s'intéressait au surnaturel depuis des siècles, ils avaient depuis longtemps des alliances avec diverses familles de chasseurs. Ces hommes-là, Ludmilla ne les aimait pas : arrogants et brutaux, ils n'étaient à ses yeux que des animaux, simplement capables de ramener ce qu'elle désirait, de quoi attiser et caresser sa curiosité. C'est pourquoi, quand elle atteignit ses seize ans, la nouvelle que sa mère lui annonça la mit dans tous ses états, au point qu'elle en oublia les bonnes manières.

« Je refuse qu'on me marie à un homme que je vois uniquement comme un rustre arriéré tout juste capable de chasser ce qui lui fait peur. » Heureusement pour elle, elle était seule avec sa mère dans le petit boudoir de leur maison familiale d'Edimbourg. Ce qui lui évita sûrement une claque retentissante. Le froncement de sourcils de sa mère survint avec les paroles mielleuses et venimeuses. « C'est amusant, ma chérie, car je ne pensais pas t'avoir demandé ton avis. » Le souffle coupé, Ludmilla, qui s'était levé de son ottomane, s'y rassit, la main sur le coeur, les dents serrées. « Henry est le pire de tous ! Comment osez-vous ... Comment pouvez-vous me faire ça ? » fit-elle d'une voix atone, d'où les émotions s'étaient enfuies pour mieux mourir dans le brasier de son corps. « Vous m'avez confié, un jour, qu'étant votre dernière fille, j'étais sûrement votre préférée. Que vous saviez que je m'instruis aux dépends de Richard, mais que vous admiriez mon intelligence et mon courage ! Que je n'étais pas une fille comme les autres, dociles à la manière d'un mouton, et que vous auriez aimé être comme moi étant plus jeune ! Vous n'aimez pas père, et votre mariage de connivence ne vous a apporté aucun bonh- » Ludmilla n'échappa finalement pas à la claque, qui brûla sa joue et y laissa une marque écarlate. Les larmes aux yeux mais refusant de pleurer, elle défia du regard sa génitrice qui souriait tristement. « Ludmilla, vous êtes unique. Mais ne croyez pas que vous changerez le monde, ma douce. Chaque mère espère le meilleur pour ses enfants. Ce que je vous souhaite, c'est une grande famille et un avenir brillant auprès de Henry. Peu importe ce que vous ressentez pour lui, cette alliance permettra de consolider nos relations. Pensez à cela, vous qui aimez tant vous glisser pour observer ses trésors ramenés de ses chasses » murmura t-elle doucement, en levant une main pour saisir l'épaule maigre de Ludmilla. Mais après un regard dédaigneux et horrifié, elle tourna sur elle même dans un bruissement d'étole et sortit sans faire le moindre son de ses bottines à talons, les poings serrés.

Debout comme une oie sauvage, le menton haut et le regard assassin, Ludmilla faisait tout pour que Henry ne soit pas tenté de la demander à danser. Hélas, c'était sans compter que le jeune homme appréciait les natures fortes et qu'il admirait la jeune femme pour son tempérament et sa beauté. S'approchant d'elle, il passa une main dans ses boucles brunes pour les tirer en arrière et s'inclina, espérant être élégant dans son costume noir fraîchement acheté. Il sourit, et ne récolta qu'un regard glacial. « Vous êtes très en beauté, Miss Ludmilla, ce soir » fit-il, pour faire la conversation. « Accepteriez-vous une danse avec moi ? » Sa voix était tremblotante. Aucun charisme. Juste un courage bête et suicidaire. Ludmilla lui tendit sa main, plus par charité que par réelle envie, et ils virevoltèrent sous les regards tendres ou amusés. Henry était beau, d'un certain point de vue. Il manquait cruellement de conversation, mais il était poli et courtois. Peut-être arriverais-je à m'y faire, songea amèrement Ludmilla. Après plusieurs décennies de vie commune, peut-être commencerais-je à le voir non comme un parasite brutal mais comme un ami ... Elle ne comprenait pas la jalousie de ses deux soeurs aînées. Elle ne comprenait pas pourquoi elle n'étais jamais tombée amoureuse d'un bel homme, à la manière de ses soeurs. Elle s'interrogeait parfois sur ses émotions : seule la curiosité et l'envie de bien faire semblaient importantes, chez elle. Etait-elle si étrange, si bizarrement constituée pour n'être pas aussi sensible que les femmes qu'elle connaissait ? Puis elle songeait aux études qu'elle faisait en douce sur les cellules des lycans, avec des appareils qu'elle avait commandé et acheté en douce, et elle s'endormait sur des calculs et des comparaisons, ignorant les sentiments qu'une jeune fille de son âge se devait d'avoir, pour la bonne société.

« Vous êtes sérieuse ? » Ludmilla plissa les yeux d'un air outré. Les bras croisés sur sa poitrine, elle tapota du pied, comme si le temps lui-même devait se plier à ses exigences, et son regard noir aurait été métaphoriquement parlant capable de fondre le métal tant il était brûlant de colère. « Je ne peux pas abandonner mes chasses, enfin ! » Henry était perdu, il aimait sa femme éperdument, et le manque d'émotions qu'il ressentait en retour l'avait toujours blessé. Il faisait maints efforts pour lui plaire, en vain, et il se pliait à ce qu'elle demandait uniquement pour lui faire plaisir. Ce n'était pas un mauvais bougre, juste un être trop simpliste pour attirer réellement l'attention de Ludmilla. « Vous ne vous en rendez pas compte, mais vous êtes en train de détruire tout le système surnaturel. Vos chasses sont irrégulières et particulièrement meurtrières, que ce soit d'un côté comme de l'autre, et vous- » « Ludmilla, ma douce, c'est notre objectif - faire le plus de morts possibles dans l'autre camp » assena t-il doucement, en s'approchant d'elle. Il aurait voulu la prendre dans ses bras. Il l'admirait, il l'aimait, et il aurait voulu qu'elle l'aime. « Il faudrait que vous cessiez. » Mais elle savait que c'était comme demander à la pluie d'arrêter de mouiller. Ludmilla se promit qu'un jour, elle tenterait de contrôler les chasseurs. Quitte à les payer pour qu'ils soient sous ses ordres et pour qu'ils fassent ce qu'elle dise. Une idée saugrenue lui vint, mais elle avait toujours été particulière, non ? « Apprenez-moi à me battre. » Henry la considéra une seconde avant d'éclater de rire. Une seconde encore, et sa joue cuisait sous une claque, presque un coup de poing. « Ne vous moquez pas ! » s'écria Ludmilla, la rage au ventre. Son regard brillait de convoitise, et Henry la désira soudain très fort. Il se pencha et l'embrassa. Ludmilla se tétanisa, et une partie d'elle voulu le tuer pour cela. Pourtant, depuis leur mariage cinq mois auparavant, ils n'avaient toujours pas consommé ce qui leur était du. Dans un élan de sacrifice, elle consentit à apaiser les désirs d'Henry, en se disant qu'ainsi, peut-être accepterait-il de lui enseigner le maniement des armes. Ludmilla venait de faire un pas de plus dans la manipulation. Henry accepta avec joie de lui apprendre à se battre, et suite à cela, Ludmilla n'eut plus jamais d'hésitation. Elle manipula aisément Henry, et c'est sûrement de ces unions que naquirent leurs enfants, à la plus grande joie de leur père. Ils étaient sensés être ses trésors, ses amours, mais Ludmilla n'avait jamais eu la fibre maternelle. Elle préférait s'occuper de son petit laboratoire et de ses notes. Elle était devenue assidue et particulièrement savante, et elle avait quelques correspondants de par le monde à qui elle adressait des lettres sur leurs connaissances qu'ils mettaient en commun. L'un d'eux avait suggéré de se donner un nom, et le Talamasca était né. Ludmilla laissa ses enfants grandir sans son amour, car rien n'était plus important pour elle que l'étude de l'occulte et de ses mystères. Elle en vint à agrandir ses laboratoires, s'acheta quelques bâtiments, des terres, et l'argent coulant ainsi à flots grâce à son intelligence et à son don pour la manipulation, elle commença à engager quelques personnes de son entourage qu'elle devinait particulièrement intelligentes.

Son mari était mort dans une chasse aux vampires. Ludmilla vivait donc seule, et ses enfants, assez âgés pour vivre leur vie de leur côté assistés par la nounou, ne l'ennuyaient plus. Elle regrettait parfois de ne pas avoir été assez là, mais elle voyait surtout en eux une erreur énorme. Car, à présent qu'elle se savait amoureuse d'une de ses élèves, elle devinait que les hommes ne l'avaient jamais attirés car elle préférait les femmes. Sa liaison avec une membre des Archivistes - ainsi avait-elle crée une branche indépendante du Talamasca, afin de faire leurs propres recherches -lui avait fait découvrir nombre de choses, et surtout la raison pour quoi elle se sentait si différente. Elle avait enfin ouvert les yeux. Elle restait souvent tard dans la National Scottish Library, achetée à son nom comme couverture, une aile étant réservée aux Archivistes. Enfin, enfin elle changeait le monde. Aidée par des gens intelligents et curieux comme elle, elle faisait en sorte que leurs études n'aient aucun impact sur les créatures qu'ils observaient. Ils avaient compilé nombre de documents intéressants qui pourraient être légués à la prochaine vague d'Archivistes. Ludmilla était fière d'elle, fière de ses élèves. Grande Archiviste de son état, elle n'avait pas fini d'avoir des idées, et si l'argent ne suffisait pas, parfois, elle savait toujours comment manipuler. Pourtant, elle vieillissait. Sa beauté se fanait doucement, et le temps assassin emportait avec lui nombre d'atouts qu'elle avait pris pour acquis. Elle se sentait seule, sans ses enfants avec elle, et aucune relation sérieuse avec quiconque. Elle n'avait que ses Archivistes et même si parfois cela lui semblait trop peu, la plupart du temps, elle se disait avec lucidité que sa trace était assurée, et qu'ils étaient sa véritable famille.

« Il nous faut à présent faire des tests. Veillez à ce qu'ils soient concluants. » L'homme hocha la tête, et Ludmilla observa une dernière fois derrière la vitre teintée les premiers cobayes qui allaient se révéler les origines du Projet Darwin. Injecter des cellules aux origines de particularité vampiriques à des humains, voilà le projet fou qu'elle avait en tête. Les femmes allaient être fécondées en pensant avoir participé à une étude sur les vitamines des embryons. Aucun ne saurait. Elle se pressa pour aller répondre aux lettres de ses collègues et amis du Talamasca. « Une dernière chose. Vous m'appelez, pour les premières vérifications. » Le dos tourné, elle s'éloigna dans un bruit de talons, laissant derrière elle les effluves piquantes de son parfum au bois de cèdre, et la vision d'une femme capable de tordre le monde d'un regard haineux. Le scientifique poussa un soupir et cligna stupidement des yeux. Miss de Valmont était parfois un peu effrayante, mais ses idées et ses idéaux, qu'elle avait inculqué aux Archivistes, étaient des valeurs que tous partageaient. Il eut un sourire et alla chercher les cellules.