âge: Atlas harassé par les cycles, il porte sur ses épaules le poids méphitique de trois millénaires et quelques deux-cent poussières. lieu de naissance et origines: L'exorde de sa piètre mortalité se situe dans l'un des berceaux de l'Humanité, là où ne restent plus que ruines et aquilons sauvages, pilastres effondrés et murmures antédiluviens ; à Mycènes, dans le Péloponnèse. statut civil: S'est exempté depuis des ères immémoriales à la troublante besogne du concubinage. Il n'a pourtant pas trait au célibat ; comment le pourrait-il puisqu'époux il a été lorsque battait encore son myocarde. profession: Historien. Dramaturge. Théologien. Peintre. Fossoyeur. Comment définir un spectre errant, comment saisir les intérêts d'un être ayant vu éclore et trépasser sous ses prunelles les civilisations plurales des Hommes ? La sapience d'un tel spectateur pourrait converser des heures à propos de l'Histoire terrestre, s'émerveiller d'un regard quiet pour les astres, et se taire des décennies entières dans le recueil du Silence. Les cendres de l'Éternité tapissent les cloisons de son crâne, repaissent ses phalanges et comblent les abysses de son âme ; alors pensez donc à tout ce qu'il a pu être. Depuis quelques années, il se passionne pour l'art modeste de la restauration d'oeuvres. L'Éphémère et l'opiniâtreté des mortels à combattre cette fatalité le passionne, l'interroge, le trouble... Nonobstant ces occupations, il officie au sein de la Camarilla en tant que Grand Ordonnateur, et ce depuis sa fondation, en 1685. créateur: Teos. Nul n'en connait vraiment le récit. dons particuliers:Résonance Limbique, il est capable de s'approprier la quintessence d'autrui et de sentir pendant un laps de temps défini ce que l'hôte ressent, vit. Que ce soit la caresse du soleil sur un carré de peau, ou la joie plénière d'un nouveau-né, en passant par la quiétude d'un esprit serein, il est pendant quelques minutes et parfois plus d'une heure, l'être infecté. Cela ne lui procure aucune réelle mainmise, mais lui permet une connexion métaphysique avec n'importe quel hère foulant cette terre. Un genre de méditation lui pourvoyant sérénité et force, mais qui laisse chez le client une sensation terrible de mélancolie, le lien crée, bien qu'unilatéral, marquant au fer rouge l'âme du mortel. D'aucuns peuvent en périr, selon l'état psychique (indépendant de l'âge et du sexe). méthode de chasse: Passéiste manifeste, il jouit d'une largesse égotiste qui lui permet d'avaler à la source sa denrée. On ne saurait prohiber au Grand Ordonnateur ce petit écart oiseux qui le voit lamper des calices et décliner toute bouteille de tru:blood — boisson dont il a néanmoins jaspé les gosiers vampiriques. Il n'est d'ailleurs pas rare, afin de soûler le frisson malséant de sa prédation, qu'il chasse littéralement des victimes lâchées sur sa propriété de plusieurs hectares. Un loisir auquel il convie fréquemment ses Infants — une activité familiale comme une autre. appartenance: Séide de la Camarilla, naturellement, puisqu'il en est le berger. avis sur le tru:blood: Une liqueur essentielle afin de dulcifier l'ire des sorciers. La réponse incommode aux tensions exacerbées des derniers temps qui, il ne le sait que trop bien, ne laissera pas indifférent le peuple des Ombres. N'en prônant guère les bienfaits discutables (bienfaits qu'un Ancient et traditionaliste de son genre aurait envie de récuser sur nombre de points), il sait toutefois devoir panser les plaies béantes laissées dans l'arantèle de la société surnaturelle. D'une guerre, il n'en veut pas. Pas plus qu'il ne veut voir son omnipotente mainmise s'égrener par la panique. Le tru:blood est selon lui l'ambroisie qui servira autant les intérêts de la race que les siens. quelle est votre réputation à Edimbourg: Nanti discret, il est de ces aristocrates dont on entend peu parler et que l'on ne connait éventuellement que de nom. Il ne veut pas du regard humain, il ne veut pas de son attention, ni de sa curiosité ; il évite jusqu'à la présence du simien que les globes mornes dérangent. Sa notoriété dans le verso de la réalité n'en est pas plus dissemblable, à un détail près : Caliban Aidês est un patronyme à la consonance chthonienne, qui laisse au palais l'arrière-goût d'une phobie tenace. Ce penchant pour la solitude et l'isolement dans sa thébaïde n'avive que plus encore les légendes et mythes à son encontre. Il est le Patriarche. Il est le Cruel. Il est le Juste. Il est ce qui doit être, un architecte et destructeur, tout à la fois. traits de caractère: Élégiaque ♰ Laconique ♰ Orateur ♰ Draconien ♰ Protecteur ♰ Intégriste ♰ Féroce ♰ Impavide ♰ Neurasthénique ♰ Observateur ♰ Lovelace ♰ Roide ♰ Désaxé ♰ Stratège ♰ Ascète ♰ Cérébral ♰ Leader. crédits: Tumblr (gifs), Richard II, Shakespeare (citation). groupe: Show me your teeth.
Le monstre prend vie
001. On ne l'entend jamais dire Seigneur, Dieu, ou Tout-Puissant, car à l'image du monstre Caliban choisi pour oriflamme, il voit en la puissance divine son Prospero. Ainsi donc le nomme-t-il, son esclavagiste. 002. Bête érotique lorsque vient l'heure de se sustenter, il désapprouve toutefois le coït sous quelque forme qui soit ; il s'agit selon lui d'une tare primitive qui n'extrade de ses reins morts pas le moindre des plaisirs. Truisme ou menterie ? Il y a bien un corps qui embrase ses penchants, corps qu'il ne touche pourtant plus depuis des siècles. Corps-damné. Corps-aimé. Ce qu'Ils éveillent ensemble n'est plus envisageable, plus admissible, car légat des Six Traditions il est devenu. 003. Taulier des charognes, il se voue au dressage de son ethnie depuis si longtemps que le terme d'Aidês est apparu, gravé dans l'électrum de son épitaphe. Il lui viendrait du dieu psychopompe Hadès, lui-même dérivé du mot grecque háidês ; l'invisible.004. Stèle fêlée par le temps, il arrive que de sa lucidité, il ne lui reste plus que la grêle sonate de la vésanie retorse. Il paraît que l'Ancêtre retient prisonnières nombre de névroses, nombre de démences, un nid véritable de toutes les vicissitudes endurées par les générations passées, présentes et futures. Parfois il s'égare, part rôder à l'autre bout du globe sans but ni raison. Parfois aussi, son fiel est tel qu'il est dévastateur, meurtrier ou purement obscène. Il peut lui arriver, au contact de vestiges, larmoyer d'une peine inconsolable. Comme il peut survenir aussi de le constater déphasé, inapte à reconnaître son époque, et l'entendre quémander son fiacre, parler des augures, évoquer les sacrifices ou blâmer des démiurges omis de tous. 005. S'est pris d'affection pour ces étranges feuillets dits « comics » où les récits manichéens extrapolent les mythes, et moulent leurs héros dans de grotesques collants. Sa collection dépasserait le millier de numéros, dit-on. 006. Avoir un jour été roi, il l'a effacé du kaolin de sa mémoire, tout comme les grandes lignes de ses chroniques. Parfois pourtant, la résurgence se fait, sur tel écho d'émoi, ou tel relent de pensée. Une chose est certaine, il garde en son for une noble élégance, un orgueil régalien. 007. Vous ne trouverez aucune trace de technologie dans la demeure qu'est son château en ruines. Elle est proscrite. Elle est bannie. Exilée là on veut d'elle, dans l'erg des inepties qu'est devenu le XXIème siècle. 008. Mélomane, il exerce ses phalanges tantôt sur des instruments à cordes, tantôt sur les canines élavées de touches de pianos. 009. Chacun de ses Infants, dignes engeances de la lignée des Atrides, ont une particularité. Une particularité que leur Créateur a souhaité sauvegarder, moudre à l'infini dans les anales historiques. Ils sont illustres pour une raison, parfois discrète, parfois notoire ; mais toujours sublime, aux yeux de Caliban. 010. Néanmoins, le pater familias exerce sur sa progéniture un sinistre joug. S'il est bon envers eux, s'il a, toujours, été un père aimant, cela ne l'a guère empêché, à deux reprises depuis les derniers siècles, d'executer ses vilains garnements. Qu'on le trahisse lui, ou que l'on trahisse les Traditions est une forfaiture qu'il ne saurait accepter.
Derrière l'écran
pseudo: Pathos. âge: Vingt-quatre. pays: Le Nouveau Monde, pour les études. fréquence de passage: Régulière. personnage inventé ou scénarii: Inventé. commentaires/avis: Le contexte m'a inévitablement séduite, mais alors quand j'ai vu que ça se passait en Écosse, jackpot. Et puis, taxez-moi de bestiole superficielle, mais j'aime énormément la sobriété du forum (design + codage). avatar: Benedict Cumberbatch.
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Sujet: Re: From Hell. (caliban) Lun 16 Nov - 22:21
They look at me and think ;
« Is he going to send me to the devil ? »
But they should know,
I am their devil.
Histoire
ACTE I
– DARK AGES –
-1274 AV. J.-C.
Il y a l’obscurité. Il y a la moiteur. Touffeur aux pénombres inquiétantes, la nuit le berce dans ses draps trempes sur lesquels sa carcasse dolente gît. Le souffle est lent. Il se fait parangon d’agonie ; serpents à sonnette, ses bronches sifflent avec le fiel du mourant. Que l’on m’achève ! requiert ce roi fiévreux qu’un chapelet de praticiens entoure. Les bouches, alors, se tordent, d’inquiétude et d’effroi. Les gestes se hâtent, appliquent derechef onguents et pommades, balaient l’air du souffreteux avec des plantes séchées que l’on fait brûler pour assainir ses pensées. Il n’est pas question de laisser le trépas emporter leur wanaka, le suzerain doit survivre, l’oracle l’a prédit puisque tel est le vouloir des dieux. Mais Atrée se meurt, et Atrée souffre. Le corps entier convulsé de spasmes, les organes se désagrégeant comme des tristes dunes, n'inhalant plus que du soufre, ne voyant plus que d’opaques silhouettes agitées çà et là. De ce calvaire, il n’en veut plus. Las, la fatigue, l’éreintement et la faiblesse de son organisme ne lui permettent pas le moindre des mouvements, pas le moindre des suicides. Suspendu au bon-grès d’une plèbe égoïste et d’une cour obstinée, il demeure, miséreux, pâle et pitoyable, dans sa couche moribonde.
D’entre les hères affairés se détache subitement le phonème altier de son fils, voix familière qui fait s’articuler les lippes crevassées et sèches du suzerain. « Laissez-nous… Laissez-nous… Ah, Égisthe. Viens à moi. Viens à moi et dis-leur de partir, qu’ils partent tous ! » Les globes funestes de l’alité, révulsés par la colère, se déportent incessamment sur l’éphèbe qui s’assoit en bord de literie. « Père. Comme tu es blême… Il semble que la lune t’ait approché de trop près et qu’elle ait déposé sur ta peau les cendres couvrant son étoffe. » Il y a un râle. « Ce n’est pas la lune qui m’a approché, Égisthe, mais le cortège d’Hadès. Mon heure approche, plus tôt que je ne l’aurais cru… Et je n’en comprends pas l’algie. Je suis souffrant et pourtant, il semble que ce soit… autre chose… » Le monarque de Mycènes, timbre grave et regard trouble, lorgne par-derrière l’épaule du sylphe qui toutefois se penche, plie l’échine jusqu’à l’oreille de l’homme et, tout en lui saisissant la dextre avec tendresse, lui confesse posément. « C’est peut-être parce que tu as été empoisonné, Père. Ou devrais-je dire mon Oncle. » Atrée se meut brutalement à l’évocation du titre filial, mais son poulain reste prostré sur lui, ses muscles hardis claustrant avec supériorité la charpente du malade. « Te souviens-tu encore de ton frère Thyeste ? Oui… Bien sûr… Comment ne pas t’en souvenir… Tu as occis ses fils, mes frères, les as faits cuir et les lui as donnés en festin. Tu n’es qu’un ogre, mon Oncle, un ogre couronné que les dieux ont eu le malheur de préférer à mon père légitime. » Atrée murmure, C’est impossible, impossible… non, impossible, mais déjà le régicide se redresse-t-il et dégage-t-il les bras faiblards du sire qui ne peut qu’observer, là, dans son doux sarcophage, le reflet de Thyeste lui sourire et le haïr. Cet enfant adopté, l’engeance de son frère ? Le vertige précipite l’esprit du souverain dans la folie. « Oui, je le vois, maintenant, il règne en toi la médiocrité de ton paternel, tous deux vautours, tous deux charognards dépourvus de bravoure ! Eh bien qu’attends-tu, fils de traitre, pour planter ta lame dans mon cœur ! » Les pas se détournent. Et les syllabes, effeuillées dans l’océan nocturne, jugent. « Tu auras ta mort, Atrée. Mais ce que je veux avant tout est ton supplice. »
Son court sommeil, cette nuit-là, n’est que poix de songes, et torrents de cauchemars. Endormi par un sempiternel breuvage administré par ces maudits praticiens, il se sera affaissé dans les bras de Morphée après avoir averti ses autres fils de la félonie d’Égisthe.
Au réveil, les flammes du Styx pourlèchent déjà son âme. Il ne lui reste plus grande vitae, tant et si bien que basculer les yeux vers les balcons béants devient une entreprise laborieuse pour le mourant ; un chagrin affolant l’empoigne, constatant qu’il ne verra peut-être pas l'aurore. Perle de pluie sur sa joue creuse. Silence endeuillé. Il n’emporte de sa vie que le péché. Que la solitude. Nulle gloire. Nulle paix. Ce n’est plus qu’une question d’instants. Qu’une question de battements. Un déplacement, toutefois, survenu à ses côtés et mouvant sa couche avec discrétion, l’oblige à renouveler l’exploit pour tordre cette fois son cou vers la droite. Une statue s’y tient. D’onyx peinturlurée, à moins que ce ne soient les pigments des ténèbres environnantes couvrant avec secret le galbe du visiteur. « Tu m’as fait venir ? » Les voilages aux fenêtres valsent subitement et une brise consolante emplit la chambrée. L’accent est celui d’un égyptien, mais l’idiome formulé, bien qu’intelligible, s’embête d’une élégance rare. Majestueuse. « Qui es-tu ? » Les cordes vocales sont à peine audibles. Les sourcils d’Atrée se tordent. « Es-tu un Hyksôs ? » Rire ronflant, lascif. « Nullement. Les jeux de pouvoir ne m’intéressent guère. Vois donc où ils mènent. À la perdition. Non, je suis Teos, le Thaumaturge du Nil, et tu m’as fait mander. » Les paupières d’ivoire s'effondrent. « Vrai. Mais je n’ai plus besoin de toi. Mon sort est scellé. Aucun remède ne saurait guérir le mal qui m’habite. Pas même les tiens. » Les épaules larges de l’étranger s’ébrouent d’orgueil. « Je te trouve bien présomptueux. Tu ne connais pas ma magie, moins encore mon talent. À dire vrai, je ne le promulgue pas à tout le monde. » Les calots céruléens refont surface, animés d’une ultime lueur altière. « Je ne suis pas tout le monde. » Soupir de Teos. Ses nippes fleurent le safran ranci. « Un roi, n’est-ce pas ? Je n’ai que faire de ton rang. Serais-tu le plus bas des indigents que je te viendrais quand même en aide. Le choix de l’accepter, cette aide, ne dépend par contre que de toi. Je dois savoir, Atrée, fils de Pélops et d'Hippodamie, si fouler cette terre tu le veux encore. »
Oui, je le veux.
ACTE II
– the tempest –
XVIème SIÈCLE
Cette pluie battante, ondée biblique s’abattant sur la ville de Londres, vient à point nommé distraire le pas hagard du Damné. Elle est si glacée. Elle est si violente. Ce ne sont point des trombes, mais des surins, oui ; le ciel pleure avec hystérie, ce soir. De quoi épurer les hardes chenues drapant l’allure du vagabond, de quoi laver ses mèches auburn que l’astre flavescent n’a plus liché depuis des éons. La carne marmoréenne de l’errant personnage est ointe, à mesure qu’il chemine, par les sanglots de l’empyrée. Tandis qu’alentour l’on se presse et l’on galope pour s’en aller prendre refuge dans telle auberge ou telle maisonnée, près de telle auge ou sous tel escalier, la fange aux semelles et souillant les chausses du petit peuple, lui déambule dans l’immensité désertée du pavage. La froideur, il ne fait que la subodorer, la force apocalyptique du déluge aussi ; puisqu’il ne sent rien. Rien. Absence cruelle de tout, abattement pérenne de ce spectre alangui sur les pages de l’Histoire, il n’y aurait, pour l’assouvir, pour satisfaire son seul désir, que la vision somptueuse d’un lever de soleil. Il pourrait alors se remémorer les couleurs et les teintes que prend la réalité lorsque nimbée de lumière, il pourrait reposer ce regard triste mordant les obscurités de chaque Âge, il pourrait, pour la toute dernière fois, s’endormir sous les caresses apaisantes des rayons ignés.
Et c’est là bien son intention. Aujourd’hui sera sa dernière danse dans la mélopée de l’existence.
Pourtant. Le sinistre climat le rend morose. À partir tout de feu calciné, autant le faire sous une aube mémorable. Il mérite un bûcher digne de la plus furieuse des comètes. Digne du plus barbare des incendies. Emporter avec lui des miettes du Monde. Illuminer l’horizon si vigoureusement qu’en seront aveuglés les panthéons réunis. Mais ces nuages… ces maudits nuages… risquent de tout gâcher. Un rictus torve transperce le portrait blafard et, poussé par l’éternelle flânerie, l’homme bifurque des venelles noyées pour s’enfoncer dans les soubassements de la ville. Demain, peut-être. Demain, probablement. Demain, il pourra enfin mettre fin à cette farce grotesque qu’est devenu son nomadisme. Un escalier de pierre est dévalé, sur les marches desquelles se tassent mendiants et oubliés, malades et mourants. Une nation pouilleuse dans laquelle il se complait, et parmi laquelle il aime à masquer sa fétidité, non pas olfactive, mais bien ontologique. Il y a, là-dessous, des sœurs laborieuses qui offrent le minima aux brebis galeuses venues trouver asile dans les tripailles de la ville, et puis aussi quelques nobles têtes venues racheter leurs péchés par le biais d’oboles. Il guigne cette populace, ne s’en mêle pas, louvoie entre les silhouettes étendues et celles miséricordieuses, obvie résolument celles parées de chapelets, et puis atterrit plus loin, plus profondément dans ce dédale de couloirs humides que quelques bougies ténues éclairent. Il prend alors place sur une barrique, s’y assoit et relève une jambe sur laquelle se scelle un bras nonchalant. Prunelles évaporées sur le mur d’en face, il observe à lui seul un tableau invisible que sa mémoire allaite, jusqu’à ce que, dans le mutisme du large corridor parfois secoué de toux et de lointaines jérémiades, ne lui parvienne le fumet délectable de veinules jeunes, promptes à la moisson. Avec une lenteur pesante, le menton se tourne et voit apparaître, dans une alcôve de pierre, un tiers de naïade que sa position occulte à la vue du quidam. Elle tient, entre ses frêles menottes – aussi délicates que la rosée, et pourtant aussi longues que les pattes d’une tarentule – un opuscule qu’il reconnaît sitôt. Une pièce transcrite par ce dramaturge dont on loue partout à Londres les talents, William Shakespeare, une pièce lue et relue par les orbes voraces de la créature curieuse – curieuse de lire, en ce siècle et millénaire, des vérités que ces pendards de savants disent être sornettes et fariboles. À croire que l’Humanité a perdu goût aux mythes. Devenue insipide et creuse, Elle ne se réfugie plus que dans ses écrits. Le museau de l’intéressée se hisse, alertée probablement par l’aura hypnotique qui émane de la tranquille abomination. La voilà d’ailleurs qui quitte son trône d’infortune et s’en vient rejoindre l’oiselle encagée. Genoux pliés et coudes posés, mouvance surnaturelle qui paraît tromper la gravité et les sens juvéniles, l’inconnu ausculte la vénusté dans la torpeur d’une fascination éclatante. Il y a, chez cette enfant, une promesse insaisissable, insondable, innommable. Il retiendra à jamais la moindre de ses ridules, le moindre de ses airs, et si à jamais doit être un jour, et un seul, alors qu’il en soit ainsi. « Je me nomme Caliban. » Elle saura, peut-être, résoudre l’énigme de son choix. Un indice tapageur. Un indice quêteur. Pourvu qu’elle comprenne. Pourvu qu’elle l’accepte dans cette Tempête qu’est la leur.
Elle sourit. Lui dit être Alcine.
ACTE III
– UNTIL DEATH DO YOU PART. –
XVIème SIÈCLE
Treize mois plus tard. Bramley, Hampshire Royaume-Uni.
La sylve bruisse au contact de l’ire vengeresse qui, en tapinois, observe la demeure alanguie dans la campagne anglaise. Monceau de fiel tenu à bras le corps, l’incommode personnage drapé d’un rouge prophétique nielle ses deux astres coléreux sur la lucarne qui, à des miles plus loin, reluit timidement. Le logis nobiliaire l’aura reçu plus d’une fois entre ses murs de pierre, octroyant à l’unique maîtresse des lieux le droit de parfaire ses classes pécheresses. Il lui aura ravi plus que sa vertu ; son âme aussi. Oiselle encagée dans leur nid blasphématoire, dans cette résidence secondaire, elle s’est recueillie loin du père et de la mère, et de la société londonienne entière, pour concéder à son amant le démon toute liberté d’intrusion ; en ses nuits comme en son sein. Des mois entiers à s’apprivoiser, puis à se dépouiller, ôtant nippes et sainteté comme l’éclipse spolie la lune de ses chairs virginales. Pourtant, le voilà à peine parti, à peine absent, que sa Déchirure le remplace, le concède aux ténèbres et au formol de l’oubli, acceptant d’un tiers qu’il lui passe la bague au doigt et l’enferme à jamais dans le cycle marital. Fureur et Folie, deux alliages trempant l’exosquelette du Damné, l’auront conduit une dernière fois aux portes de la lande brumeuse pour mirer son empire prendre feu pour de bon. Irrésolu à décliner forfait, il s’élance pourtant. Une vélocité si preste que le domaine et les hectares sont rejoints, puis dépassés, en moins de temps qu’il ne faut à la chrysalide pour naître en ce monde maudit. Bourrasque torrentielle. Destruction des biens. Les fenêtres sont éventrées et traverse la chambre une chimère impossible que les feux de l’âtre couvrent et recouvrent d’ombres parjures, félonnes. L’époux qui saille sa promise – grotesque tableau de goret penché sur sa pâture – est saisi par l’épine dorsale, puis envoyé, cul nul et génitoires frileuses, contre une moulure de cloison. L’ossature est rompue. Aubade délicieuse à l’oreille du mélomane, qui toutefois ne s’en satisfait pas. L’ogre dantesque revient sur son gibier, le malmène ce-faisant d’autres tortures plus vindicatives et brutales les unes que les autres, empilant sur la carne éclopée balafres et nébuleuses améthystes, membres pendus et cruor sué. L’autre de conspuer le crime, espérant de ses cris suppliciés que la géhenne prenne fin. La dextre du triste monstre s’enfonce dans le gosier, fore les parois, empoigne le muscle lingual et déracine l’objet encombrant en une gerbe écarlate venue déployer ses élytres contre le visage tordu de Caliban. Qu’il se taise, le sot. Qu’il ravale ses glaviots. Alcine se précipite. Alcine le supplie. Alcine et sa fragrance de Paix Hégémonique. Alcine et ses fines menottes, aussi délicates que la rosée, et pourtant aussi longues que les pattes d’une tarentule. Alcine contre qui il s’abîme, fracassant ses paumes ensanglantées auprès de la nuque opalescente, tâtant la vie adorée, puis abhorrée, qu’elle retient en elle dans son caprice de mortelle. Les pieds nus sont soulevés. Il vole, le bel ange, suspendu en hauteur par les crochets de l’amok. D’un geste, la carcasse-fille est envoyée contre le lit à baldaquin, dans ces draps fourbis par un stupre qui n’aura cette fois pas été le sien. Spectacle repris, scène poursuivie ; un autre animal penché sur elle, pauvre agnelle décidément asservie à la masculinité pérenne. Mais lui, non, lui n’est pas de ce genre, pas même de cette espèce, ni de cette dynastie, exit l’époque et l’ère, ses intensions sont louables ; elles sont celles de l’immortel Chagrin. La rage, écumant les lippes à mesure que sont vociférées les syllabes, décuple sa mainmise en ces larmes rubicondes que les calots déversent. « M’ATTENDRE. ÉTAIT-CE LÀ QUELQUE LABORIEUSE ENTREPRISE ?! M’ATTENDRE. » Il croit être parti une poignée de secondes, tandis que s’est absenté son être plus de huit mois. Mais il croit aussi parfois que la terre est plate et que les dieux veillent. « TU NOUS AS RENIÉ. » Elle était son éclat subreptice. Son aimable sablier. « TU ÉTAIS MA DERNIÈRE VOLONTÉ. » Les mains s’emmêlent. Les mains se battent. Elle tente. Elle essaie. De le raisonner, lui, enfer claquemuré dans sa prison de frusques. Il ne veut pas. Refuse. Condamne. La gestuelle s’emporte, les muscles s’étirent, la literie grince. Poupée de chiffon, il l’envoie une fois de plus rêver en apesanteur dans le berceau des airs. Mais lorsqu’elle atterrit, sa vénusté, sa perle, c’est sur une éclisse du chambranle vandalisé, un pieu sur lequel le thorax vêtu d’une simple liquette aérienne se plante, s’empale. Il l’aura finalement fait crucifier, son Christ. Et Judas que l’acte estomaque, met un temps à comprendre que l’éphémère aussi, touche sa belle Alcine.
Mais lui aussi, est un thaumaturge. Lui aussi, possède un talent...
♰ ♰ ♰
(c) hawking
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Sujet: Re: From Hell. (caliban) Lun 16 Nov - 22:26
Bienvenue à la maison officiellemeeeeent ! J'adore ta plume pour ce début de fiche et Benedict... Ma petite Diane (mon adorable DC) va adorer ce personnage !
Si tu as besoin, ma boîte à MP est ouverte et celle des autres membres du staff aussi !
Sujet: Re: From Hell. (caliban) Lun 16 Nov - 22:31
Bienvenue parmi nous
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Sujet: Re: From Hell. (caliban) Lun 16 Nov - 22:42
Aurore ☞ Je n'hésiterai pas, promis. (a) Diane ? Genre l'espion Assaimite au sein de la Camarilla ? Je doute que le mien l'apprécie, hinhin. :killing: Ayé, à peine arrivé y a déjà des problèmes à régler.
Sujet: Re: From Hell. (caliban) Lun 16 Nov - 22:47
PAPOUNEEEEEEEEEET *retient Hell par les cheveux pour pas qu'elle l'étouffe*
Hiii, ça me fait très plaisir de te retrouver ici et cette fois tu n'empêchera pas au rp
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Sujet: Re: From Hell. (caliban) Lun 16 Nov - 22:48
Bienvenue parmi nous et bonne continuation de fiche :D . J'ai bien hâte de connaître l'histoire de ce si vieil homme vampirique et quelle célébrité pour le représenter, bon choix :D .
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Sujet: Re: From Hell. (caliban) Lun 16 Nov - 22:49
Sujet: Re: From Hell. (caliban) Lun 16 Nov - 22:50
Waah je t'aime déjà, ta plume. + ton pseudo + Benedict. Bienvenuuue.
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Sujet: Re: From Hell. (caliban) Mar 17 Nov - 0:11
Ahah, ça faisait longtemps ! :aww: Bienvenue dans le coin !
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Sujet: Re: From Hell. (caliban) Mar 17 Nov - 0:19
Mai ☞ By Jove, ma sale gamine réincarnée ! Fait plaisir de te retrouver ici aussi.
Nathaniel ☞ Vieil homme, vieil homme, de suite les insultes. --->
Misha ☞ Bonjour petite. Ma boîte t'est ouverte si tu veux qu'on discute du lien proposé, tmtc.
Sampsa ☞ J'te retourne (le compliment ), ton prénom et ta bouille sont un combo de bon goût. J'te mangerais bien si t'étais pas pro-extermination des miens.
Matyas ☞ Indeed my dear.
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Sujet: Re: From Hell. (caliban) Mar 17 Nov - 0:37
Je veux un lien *-* (non t'as pas le choix ) J'ai hâte de lire la suite (a) Bienvenue parmi nous
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Sujet: Re: From Hell. (caliban) Mar 17 Nov - 0:46
Ahhh... mais non, mais non, pas en ce sens-là. C'était dans le sens de l'expérience et de la sagesse et tout ce qui vient avec le temps.
Sujet: Re: From Hell. (caliban) Mar 17 Nov - 11:34
*débarque :P ... voit l'âge ... voit la provenance du perso ... tombe sous le charme de la plume :silent: ...*
Vous et mon futur moi faudrait qu'on discute Monsieur ...
Ewen Dawkins
burn the witch ✝ administrateur
pseudo : Xelette célébrité : Rami Malek ♥ crédits : avatar: Shiya / gifs: Summers & moi Messages : 461 Date d'inscription : 17/09/2015 Age : 33
Sujet: Re: From Hell. (caliban) Mar 17 Nov - 13:27
Bienvenue à toi. Bon je pense que tout le monde est tombé amoureux de ton début de fiche et de ton personnage... je ne ferai donc pas exception à la règle Bon courage pour le reste de ta fiche et si tu as la moindre question, n'hésite pas à venir MPorn le staff
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Sujet: Re: From Hell. (caliban) Mar 17 Nov - 13:58
Quelle superbe plume, quel personnage impressionnant et intéressant. Ce monsieur promet bien des choses, à sa simple lecture. J'ai hâte de voir où va se porter ta barque, et de lire la suite. Je cherche déjà des idées de liens, parce que passer à côté d'un tel personnage serait un crime.
Je t'envoie de bonnes ondes pour la continuation de ta fiche, mon cher Caliban
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Invité
Sujet: Re: From Hell. (caliban) Mar 17 Nov - 15:17
Caliban comme dans Tara Duncan bienvenue !
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Sujet: Re: From Hell. (caliban) Mar 17 Nov - 16:55
Ooooh un ouroboros
*retourne économiser pour s'en faire tatouer un*
Bienvenue ici
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Sujet: Re: From Hell. (caliban) Mar 17 Nov - 17:53
Ezra ☞ Avec grand plaisir pour le lien, cuty kitty.
Nathaniel ☞ Bon, ça va, tu te rattrapes bien. T'aurais pu arguer que j'me bonifiais comme un grand cru, mais je passe quand même l'éponge (humour, humour ).
Skyla ☞ Oh tiens, ce nom de famille m'évoque kékun. Avec plaisir de même, ça m'intrigue tout ceci.
Ewen ☞ MR. ROBOT. Aehm. Scuzi. Ce minois me fait danser la javanaise à chaque fois que je le vois (ou me fait danser à l'égyptienne, tout pareil, same shit, different groove ). Je n'hésiterai pas pour les MPorn, c'est si aimablement proposé.
Ludmilla ☞ J. Lange. Grande Archiviste, il va effectivement falloir nous croiser. Entre vieilles branches, on a des choses à se dire, je n'en doute pas un seul instant.
Mairead ☞ Plutôt comme l'ogre Shakespearien dans The Tempest, en fait. Cette attribution de nom fait d'ailleurs partie de l'une des anecdotes de son histoire, et comme ça correspond à l'époque de ce cher William... Nulle Tara Duncan en vue. ->
Marguerite ☞ J'exige une photo de cette botey le jour où tu te le fais faire.
Grand merci à vous, c'est un accueil des plus chaleureux et qui donne envie de poser ses valises. ︎ J'espère ne décevoir aucune attente. :letter:
Cináed L. McIntyre
the science ✝ archiviste
pseudo : dandan. célébrité : charlie hunnam crédits : lux aeterna Messages : 359 Date d'inscription : 26/09/2015
Sujet: Re: From Hell. (caliban) Mar 17 Nov - 17:56
Who, le pilier des vampires qui débarque et quel avatar !! OMG, tous aux abris, j'adore ça ! Bienvenue à toi avec ce personnage de malade, il va faire des ravages. J'ai trop hâte d'en lire plus.
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Sujet: Re: From Hell. (caliban) Mar 17 Nov - 18:24
Cináed ☞ Merci bellâtre. PRESSSSSIOOOOOON.
Irene S. Andrews
show me your teeth ✝ vampire
pseudo : Balulalow célébrité : Rebecca Hall crédits : Herjuliwiii Messages : 262 Date d'inscription : 29/10/2015
Sujet: Re: From Hell. (caliban) Mar 17 Nov - 19:31
BON, je commence par quoi ? Le choix d'avatar de fou ou ce poste de Grand Ordonnateur de la Camarilla qui est absolument parfait pour Cumberbatchou ? Mamma mia, c'est surtout pour ce début de fiche... Trop de détails (déjà) intéressants et d'excellentes références, excusez-moi, je défaille. Bienvenue à la maison Caliban the Cannibal ( ) et bon courage pour ta fiche ! Comme le dit Ewen, tout le forum t'a déjà adopté, tu n'as pas besoin de te mettre la pression.
P.S.: D'ailleurs, j'ai vu que toi, pathos, tu étais l'un de ces créateurs ayant fait des avatars sur Rebecca Hall. (j'ai mis un peu de temps à réaliser que j'avais déjà vu ce pseudo quelque part, en fait je le vois partout, même dans les icons de ma fiche de liens ) J'en profite donc pour te remercier humblement de ces créations, elles sont sublimes.