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 Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.

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MessageSujet: Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.    Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.  EmptySam 19 Sep - 19:24

Elle est retrouvée. Quoi ?
— L'Éternité.
Saül & Dante
Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire. ▬  Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince



Automne malade, air atone, crépuscules rouillés, feuilles calcinées, couleurs mortes. Tout est dilué dans les eaux. Un linceul aux portes de l’hiver se forme devant les regards fatigués. La nuit arrive, plus fauve et redoutable, ne laissant que des stries dans le ciel cendreux, pâles sueurs du soir, d’or et de brun. Les étoiles sombrent, le vent murmure les hécatombes. On se terre dans les chaumières. Lui dehors, déchirant les voiles chimériques. Il rêve encore, Salvatore. Il rêve, n’était-ce pas le désir de son maître ? Un rêve éternel, sélénite, une utopie intérieure, dans un monde cancéreux. Il ne voulait plus de tout ça. Le sommeil de plomb, dans un caveau, là où personne ne viendrait troubler son repos. Seule issue possible, si on peut appeler cela ainsi. Quant à Dante, il a respecté les vœux chers à son aimé. Il a donné de son âme pour ne pas ternir le testament d’un grand esprit. Ne pas devenir un monstre. La promesse gravée dans le marbre mémoriel. Loyal, l’ancien gladiateur s’est retiré des cercles vampiriques, a erré dans le monde terrestre en quête de splendeurs et d’idéal. Un Rimbaud aux fantasmes baudelairiens. Les mains toujours au fond des corps, en expédition archéologique, il déborde de fascination. Il n’a pas abandonné les projets scientifiques. Il devient un dépositaire du savoir, Enok en principe fondateur.

Les journées trépassent, de simples courants d’air pour un être qui a vécu plus de mille ans. Une poussière de plus sur son monocle. Un grain de sable dans l’œil. L’ennui le happe. Au service des tsars, il œuvre à ce qui lui semble bien. Innovations anatomiques et médicales, la plume râpe le papier. Il reporte les dates, les heures, chaque événement, même minime, pour ne pas oublier le temps, ne pas s’en défaire. Insoumis à lui, il s’efforce malgré tout de s’y référer. Il compte les nuits. Combien encore avant son retour ?

1920. Bienvenue à Hurle-vent, plaine désertée balayée par les zéphyrs blancs, les abords d’un cimetière en périphérie de la ville glaciale. Saint-Pétersbourg. Les cloches féériques, les geysers marmoréens, les rues ternes et les hauteurs bariolées, comme pour peindre l’espoir. Une veillée funèbre. Chaque nuit, le même rituel. Des chandelles à moitié consumées dans la petite chapelle en ruines. Une chevalière aux armoiries de son dominus qu’il embrasse et trempe dans un verre de sang. Une offrande. Cela pourrait le faire revenir. Qui sait ? Puis il ferme les yeux. Imagine. Goûte encore ces douceurs, ces moments enrobés dans du coton, les lèvres langoureuses, la chair vibrante au moindre contact, peau contre peau, le désir sulfureux, un trépas, le dévouement à temps plein, une entité à protéger de ses bras. Il vit d’illusions, il lui parle parfois, dans le vide.

« Reviens-moi, Enok. »


Des propos à peine audibles. Une diable conviction l’habite. Il lui reviendra…il en est sûr.

Mais c’est toujours ce même firmament, ces mêmes tic tac, ces mêmes échos dans le noir qui lui répondent. Il attendra. Il a toute l’éternité, n’est-ce pas ?



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MessageSujet: Re: Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.    Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.  EmptySam 19 Sep - 20:10


   
Dante & Enok
   “When he shall die,
Take him and cut him out in little stars.
He will make the face of heaven so fine,
That all the world will be in love with night,
And pay no worship to the garish sun.”
▬ William Shakespeare
L
e coffre était enfin arrivé à destination. Un cercueil de bois de rose, qu’on avait mis à sa disposition depuis la Camarilla florentine. Il avait fait appel à leurs services, se présentant à eux dans un état bien pitoyable. Le vaisseau qui lui servait de corps avait fait son temps, et pas moins de trois siècles immobilisé avaient eu un effet pour le moins surprenant. Ils connaissaient son identité, à l’instant même où il avait passé le pas de leur porte: Enok Bjølsen, vampire du Nord. Un ancien. Ils avaient connaissance du sommeil qu’il avait entreprit. Il n’était pas rare que les buveurs de sang quittent la surface de la Terre pour se faire oublier, un temps. Contrairement à la croyance commune, l’éternité a un prix. Rares étaient les vampires qui tenaient plus de quelques siècles. La plupart se laissaient tuer bêtement, ou se donnaient la mort. Un dessein qu’Enok aurait connu, si son infant ne l’en avait pas empêché. Les florentins avaient attendu son réveil durant trois siècles, tout comme Dante probablement. Il n’y croyait peut-être plus. Lui savait que pour son maître, le simple fait d’exister était devenu un fardeau. Lui qui avait été si enthousiaste face aux fruits du monde, avait fini par se lasser. Une mort de l’âme qui avait suffit à faire de son existence un cauchemar éveillé. Il ne voyait plus de but à ses nuits passées à fouler le globe, si ce n’était pour tenir compagnie à son gladiateur d’amant. Un être brave, qui formait sa plus grande fierté.

À son réveil, ses pensées lui étaient dévouées. Enok se sentait coupable de l’avoir laissé seul dans la nuit noire, comme un ciel sans étoile. Depuis son introduction aux ténèbres, ils n’avaient encore jamais imaginé errer l’un sans l’autre. Son départ avait été mal reçu, il le savait, mais il n’avait pas eu le choix. C’était le sommeil, ou la mort véritable. À présent, ne pouvait le laisser seul. À sa plus grande surprise, pourtant, un sentiment particulier revint à lui. Une sensation qui lui avait manqué autant que l’étreinte de Dante: Enok était affamé. Jamais encore il ne but autant, pas même que lorsqu’il était encore nouveau-né (du moins, il ne s’en souvenait plus). On lui apporta des calices l’un après l’autre. Il les laissa tous dans un comma certain, presque incapable de retenue. Il jubilait, enivré du sentiment procuré par sa propre soif qui n’en finissait pas. Pas moins de 17 personnes passèrent entre ses crocs, juste assez pour l’éveiller à nouveau à sa non-vie. Ses joues bien roses contrastaient à présent avec le marbre de sa peau. On lui offrit une toge et le conduisit à son cercueil, il lui fallait voyager jusqu’en Russie. Un train l’y conduisit, et durant son nouveau sommeil il prit cette fois le temps d’écouter le monde qui l’entourait. Les conversations des slaves sur les nouvelles inventions de l'époque. Les sons de la machine à vapeurs, les voitures. Tous ces éléments humains l’excitaient grandement, il se sentait un peu comme un voyageur du Temps, en dichotomie ultime avec ce XXième siècle dont il ignorait tout. “Saint Pétersbourg !” annonça-t-on avant qu’on ouvre son lit fait de de bois. Celui qui l’avait protégé de l’Astre comme un ami silencieux.

Le moment tant attendu, enfin. On l'escorta jusqu’à une petite chapelle en ruine dont il ignorait tout, et la présence de son aimé suffit à lui arracher un sourire longtemps oublié. C’était écrit dans les cieux, ils se retrouvaient finalement, même à l’autre bout de l’Europe. Enok était habitué aux contrées froides, il se sentait en Russie comme chez lui. Laissant son escorte derrière lui, il s’avança seul dans la bâtisse désolée. Il sentait une peine infinie qui ne manqua pas de le laisser le coeur serré. Approchant enfin de sa tête blonde favorite, il murmura: "Tes désires sont des ordres, Dante.” Prononcer son prénom suffit à évoquer en lui un frisson. Il tendit les bras avant d’ajouter, les yeux embués de sang: "Trouveras-tu la force de me pardonner ?
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MessageSujet: Re: Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.    Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.  EmptySam 19 Sep - 20:57

Elle est retrouvée. Quoi ?
— L'Éternité.
Saül & Dante
Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire. ▬  Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince



Une escorte. Les amis aux dents longues. Il a tout mis en œuvre pour qu’on retrouve sa trace comme une piste bien fraîche depuis Florence. Dante souhaitait que pour le réveil du brave tout soit parfait, cérémonieux, sobre comme le personnage et pas moins attentionné. Il ne voulait pas d’une perte de temps, une nouvelle errance. Tout était apprêté, le serment scellé dans un tombeau. Un ensemble floral en attendant le grand retour.

La Sibérie ne l’a pas épargné. Il s’est renfermé, il aurait pu mourir dans les neiges, mais une idée fixe surnageait, cette ritournelle comme une comptine. Contre toute attente, c’est une fille vagabonde qui vint à lui. Crachant du sang sur le blanc laiteux, le rouge barbouillant l’angélique pureté, la vierge aux mains de la Mort. Il a fait ce qui lui paraissait juste. Enok aurait fait de même. La sauver, inverser le cours des choses. Son destin n’était ni écrit ni programmé à l’avance. « Ce n’est pas un cadeau de ma part. C’est le legs de mon maître. » Ce qu’il lui a appris. Tuer est un choix. Sauver aussi. Il lui doit tout…

Une hallucination. Ce n’est pas la première fois. A la lueur des bougies…silhouette fantomatique. Autour, le décorum sordide de faux deuil, des objets pour se recueillir, une mort annoncée, prédite, une foutue mascarade. Des cadres photos vides. Carcasses aux rires étranglés. De la poussière bénie. Un mur des lamentations. Ne pas oublier, rendre hommage. Enok n’est plus là, quelle est la raison dernière ? Les espoirs vains, les attentes vaincues. Le sang-froid se morfond, veut s’enterrer ici, sous terre, lui aussi veut dormir, il souffre, éreinté de vivre sans une part de sa personne, comme le trou laissé par un organe vital après une opération chirurgicale. Plus rien ne dure. Le temps détruit tout. Le temps est traître.

Pendant un instant, il doute.

« Tu n’existes pas. »

Ce bruissement dans l’air, cette présence-absence, il n’est pas vraiment là. C’est dans sa tête, dans ses mirages qu’il cultive depuis tant de décennies. Il a plusieurs fois rencontré un spectre prenant sa forme, le hantant, reproduisant les modulations de sa voix juste pour le plaisir de torturer ses sentiments écorchés vifs.

« Va-t-en. » Un hurlement foudroyant, qui explose dans la chapelle en démolition. Tout se délite, même l’amour. Le héros vainqueur du sommeil qu’il repousse d’un mouvement brusque. « Je ne peux plus. Tu comprends ? » Il se bat contre un ennemi invisible. La rage résonne. Les vitraux tremblent. L’orage gronde bientôt. La folie rogne sa conscience dégénérée. Il bondit sur l’autel, déchire une partie de sa chemise trop blanche, trop innocente et plaque une lame contre sa gorge nue. La ferraille transperce la peau de l’immortel. Le carmin se répand, des gouttes qui glissent paresseusement. Le crucifié, Christ mortuaire, la dague qui s’enfonce davantage. Voici mon sang livré pour toi… « Mieux vaut en finir maintenant. Je ne veux pas de cette existence. Tu n’avais pas le droit de partir sans moi… » à genoux. Non il ne regrette rien. Pas un instant de leur vie consumée à deux. Mais il est trop tard, le froid s’engouffre sous les paupières, les dernières heures seront enténébrées plus que d’ordinaire.

« Mieux vaut périr que de vivre comme ça. »

Enok le croyait assez fort, il avait tort.




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MessageSujet: Re: Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.    Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.  EmptyDim 20 Sep - 3:28


   
Dante & Enok
   “When he shall die,
Take him and cut him out in little stars.
He will make the face of heaven so fine,
That all the world will be in love with night,
And pay no worship to the garish sun.”
▬ William Shakespeare
L
Ils avaient été heureux, en Italie. Patrie du gladiateur et pays d’adoption d’Enok, ce pays à la chaleur parfois épouvantable, avait été le théâtre de leur existence durant plusieurs siècles. C’est naturellement que le danois choisit le cimetière de Florence pour y sommeiller. Il ne souhaitait pas fuir son infant ou leur maison, il était simplement las. Les couleurs de son monde étaient devenues ternes, et les sons banales. Plus de deux millénaires avaient eu raison de lui. D’abord la perte accablante du goût du sang, puis le désintéressement complet de toute cause mortelle. C’est cette indifférence à tout qui l’a fait réagir. Lui qui avait toujours ressenti une certaine compassion pour l’Homme, se surprenait à ne plus empatir. En perdant son intérêt si caractériel pour l’humanité, Bjølsen avait le sentiment de perdre sa propre identité. Dépression typique d’un vampire ancien qui refuse de prendre sa retraite. Sa fascination pour les sciences et les hommes avait des limites, et il les avait atteintes. Tragédie d’un monde qui s’est effondré pour Enok.

Son réveil s’était fait de façon naturelle. Trois siècles endormi avaient suffit à le rendre à nouveau curieux, ignorant à présent tout de ce monde qui l’avait pourtant vu naître. Le sentiment d’être étranger à sa propre planète suffit à raviver la flamme qui s’était éteinte en lui, au cours du XVIIième siècle. Encore discrète, Enok espérait que bientôt cette dernière animerait ses moindres faits et gestes, comme du temps où il était encore un nouveau-né. Il se délectait à présent des inventions qu’il rencontrait, et du style vestimentaire pour le moins différent des êtres qu’il croisait. Lui et sa toge faisaient bien tâche; il espérait secrètement que Dante lui apprenne les us et coutumes de cette nouvelle époque. Son espoir ne fut que de courte durée, cependant: son amant ne semblait pas réaliser que sa présence n’avait rien d’un mirage.

Écoutant ses paroles, il fronça les sourcils. Regard sévère qu'il perdit aussitôt. Les mots de son infant lui transperçaient le coeur comme des dagues. Il l’avait laissé en grande souffrance, assez pour qu’il ne puisse plus distinguer le rêve du réel. Il s’apprête à s'expliquer quand il le voit brandir une lame qu’il porte à sa gorge. Du délire, et les larmes du vampire qui coulent à grosses gouttes. Il hurle à bout de poumons: “Dante, je t’ordonne de poser cette lame tout de suite !” Un ordre. Lien magique qui unit un vampire à son créateur le sauve. Le bout de métal tombe sur le sol de marbre dans un bruit infernal, qui ne manque pas de provoquer chez Enok un sursaut. Il s’avance vers Salvatore le pas décidé avant de lui infliger une gifle des plus sèches, et éclate en sanglot dans une étreinte attendue depuis bien trop longtemps. “Je suis désolé de t’avoir laissé seul, mon amour. Je suis là, à présent. Je ne dors plus.” Il lui couvre le visage de baisers avant de le soulever avec tendresse, de le poser sur le marbre froid et de sécher ses larmes à lui. Moment tant attendu, un aperçu du paradis. “Ne mets pas fin à ta vie, pas pour moi. J’aimerais que tu me présentes ton monde."
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MessageSujet: Re: Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.    Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.  EmptyDim 27 Sep - 15:55

Elle est retrouvée. Quoi ?
— L'Éternité.
Saül & Dante
Hello darkness, my old friend
I've come to talk with you again
Because a vision softly creeping
Left its seeds while I was sleeping
And the vision that was planted in my brain
Still remains
Within the sound of silence  
▬  Simon & Garfunkel, The sound of silence



Tandis que le sang dégoutte sur les dalles ancestrales, que la lame exerce une puissante pression contre la peau, que son esprit chavire, les souvenirs affluent en rafales. La descente aux Enfers, la nekuia grecque. Ulysse, Orphée, ils ont traversé les mêmes épreuves. Ne te retourne pas, ou tu perdras ton Eurydice à tout jamais, susurre Hadès. Le Prince des Poètes n’a pu se résoudre à continuer sans être sûr que son aimée était derrière lui. Tout s’est alors affadi et affaissé. L’écroulement d’un monde. Dante a ressenti le même spleen. S’il a survécu pendant des siècles, c’est qu’il avait une foi inébranlable. Mais apparemment, tout se brise, tout s’écorche, tout se noie dans l’écume des jours. Il n’a pas vaincu les démons intérieurs, il n’a pas su se projeter plus loin. La fin arrive toujours trop vite.

L’impératif surgit du néant. La mort dans l’âme, il se fige, le bras paralysé contre sa propre volonté. La lame qu’il lâche sous l’injonction de son Créateur. Ce dernier n’a utilisé qu’en de rares occasions ce lien indéfectible qui les lie. La claque l’ébranle tout soudain, soulève des restes d’humanité en lui. L’offense le grise. La force dans ce coup, une force unanime, sublime, détonante dans l’air comme un coup de fusil, est un bienfait du Seigneur. Enok l’arrache à sa dégénérescence. Le geste est nécessairement brusque. Il le fallait. Le poids du corps qui chute. Le jeune miraculé s’enroule autour de lui, les baisers qui l’agressent presque. La tendresse le tue.

Ce n’est pas une hallucination. La vérité éclate en mille sanglots. Ça tranche dans le vif. Le rouge qu’il barbouille sur le visage de l’aimé. Les larmes qui transpercent sa peau de marbre. Dante n’ose pas l’embrasser, de peur qu’il ne disparaisse. Les illusions ont eu raison de lui. Abasourdi, le silence s’abat sur lui. Les douleurs n’ont pas encore eu le temps de se refermer. Il doit digérer l’information encore trop surréaliste à ses yeux. « Enok. » Conjurer l’absence par la mention de son nom. « J’étais aux portes de la folie, navré. » Il lance un euphémisme pour détendre l’atmosphère. « Ne pars plus. Jure-le. Je ne te survivrai pas sinon. » Un fait qu’il clame. Il connaît la froideur, il a failli y succomber, il pourrait recommencer si… « Ce n’est pas la première fois que tu me sauves. Tu fais encore les comptes ? Combien de dettes ? » Un rire rauque. Il pose une main sur la plaie de son cou, celle-ci se refermera sans doute plus rapidement que les écorchures du passé et du présent. « Mon monde…tu as juste quelques siècles de retard. Je ne sais pas par où commencer. J’ai…procréé. Une fille. » Fierté dans les yeux. « J’ai appliqué tes méthodes, je n’ai pas cédé à mes pulsions. » Dante ignore quel chemin prendre, comment dire tous les souvenirs, toutes les connaissances en quelques mots seulement ? C’est comme s’ils se redécouvraient totalement. Il a changé, il n’est plus le même sang-froid. Il s’est endurci, peut-être trop d’ailleurs. Une carapace épaisse, une forteresse imprenable qui ne laisse que peu de place aux émotions. « Je suis médecin royal auprès des tsars. » L’anatomie, les dernières avancées médicales n’ont plus de secrets pour lui. « Tu peux être ce que tu veux. » Mais ce qui apparaît le plus important dans l’instant… « Rentrons chez nous. »




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MessageSujet: Re: Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.    Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.  EmptyDim 27 Sep - 18:10


   
Dante & Enok
   “When he shall die,
Take him and cut him out in little stars.
He will make the face of heaven so fine,
That all the world will be in love with night,
And pay no worship to the garish sun.”
▬ William Shakespeare
E
nok pose un regard tendre sur son aimé, il ne peut retenir un sourire digne d’un petit garçon rassuré. Ses joues sont délicatement perlées de rouge, la peur de perdre son infant l’avait entrainé dans un tourbillon d’émotions plus intenses les unes des autres. Il ne pouvait décrire le bonheur de l’avoir enfin retrouvé sain et sauf. C’était presque comme si les trois siècles qui les avait séparés s’étaient évanouis en un instant. Lui, son amant millénaire. Le danois se perd dans une contemplation sans nom de son cher Dante, il se souvient à présent combien il aime laisser son regard se balader sur le corps du gladiateur. Un idéal de beauté pour Bjølsen, dont il ne se lasse pas. Lentement, il l’attire vers lui et lui dérobe un baiser. Ses crocs se plantent délicatement dans sa lèvre inférieure. Il lampe doucement quelques gouttes de son sang qui viennent mourir dans sa bouche. Échange de sang qui lui avait manqué, acte typiquement vampire dont Enok raffole toujours autant. Il desserre son étreinte et lui caresse la joue, embrassant ses mains çà et là. Reclus dans sa tombe solitaire, toutes ces sensations lui avaient manqué. Ses retrouvailles avec Dante lui embaumaient le coeur. “Je suis là, je ne te quitterai plus, du moins si tu veux toujours de moi.

Il arbore un sourire mélancolique aux lèvres, revenir n’a pas été simple. Il a souvent voulu sombrer dans le néant durant son sommeil, disparaître comme un bandit. Se laisser couler au fond du styx lui semblait être une solution facile, simple. Faire face à son existence sans fin était bien plus compliqué. Pourtant, ce nouveau siècle qui lui tend les bras lui semble bien différent de ce qu’il a connu autrefois. Un véritable choc auquel il ne s’attendait pas. “Que racontes-tu, des dettes ?” Il pose un doigt sur ses lèvres meurtries, qui reprennent forme, peu à peu. “Tu ne me dois rien, tu sais bien que mon amour pour toi est sans condition.” Un des seuls. Enok n’a jamais compté les amants, mais jusqu’ici aucun ne s’est cantonné au piédestal sur lequel il place Salvatore depuis des millénaires.

Une fille ?” son visage s’illumine. Le curieux se demande à quoi elle ressemble, et pourquoi il l’a choisie. “Tu devais être bien seul, j’en suis désolé.” Il sait lui-même que la création de Dante fut en partie une réponse à la disparition de son propre créateur. Un choix qu’on ne fait pas à la légère. “Elle doit être spéciale pour que tu l’aies choisie. Je serais heureux de faire sa rencontre. Quel est son nom, où est-elle ? Tu t'apprêtais à la laisser seule malgré son jeune âge ?” Ses paroles aigres-douces, lui-même ignore comment réagir à une telle annonce. Il sait combien transformer un mortel est un sujet sérieux, lui-même n’a que Dante pour une raison et une seule: le cadeau des ténèbres n’aurait convenu à personne d’autre.

Tsars, ce mot lui est familier. Dante et son obsession immortelle; servir les plus grands, coûte que coûte, et se retrouver couvert d’or. Il dévisage tout de même son infant. “Cela sonne merveilleux, Dante. Qu’est-ce qu’un médecin ?” Il se sent perdu, un instant. Être ce qu’il veut.. lui-même ignore la palette qui s’offre à lui en ce XXième siècle. Il observe tout autour de lui. “Chez nous ? Où est-ce ? Va-t-on retrouver ton enfant ? Devons-nous rester en Russie ?” Un flot interminable de questions. Enok cherche à comprendre, c’est comme si les rôles étaient à présent inversés. Lui l’élève, et l’italien son professeur. Il cherche son enseignement comme un nouveau-né. “Conduis-moi à ta bibliothèque, j'aimerais apprendre de tes lectures. J’ai faim de ton savoir. Tu es mon maître, à présent, et je suis à ta merci."
WILDBIRD
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MessageSujet: Re: Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.    Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.  EmptyDim 27 Sep - 19:00

Elle est retrouvée. Quoi ?
— L'Éternité.
Saül & Dante
Allez viens, j't'emmène au vent,
je t'emmène au dessus des gens,
et je voudrais que tu te rappelles,
notre amour est éternel et pas
artificiel
▬ Louis attaque, Allez viens j't'emmène au vent



Il ne voyait que la poussière des ans, enfin, cela fait sens. Une attente trop longue certes, mais enfin des réponses, des secrets qui quittent le tombeau, un regard neuf, il retrouve le vampire qu’il connaît. Les mêmes traits, le même enthousiasme délirant pour tout. Un amour éteint aux braises encore chaudes et qu’on peut rallumer en un souffle. Dante a l’impression de redevenir humain pendant de brèves secondes. C’est agréable cette familiarité qu’il n’a partagée avec personne d’autre. Il serre le corps d’Enok plus fort par réflexe. Le baiser sanglant qu’ils échangent rappelle les désirs enfouis, l’abondance de fantasmes qu’il avait presque oubliés et ces nuits cajoleuses à s’entremêler, le corps en émoi, la passion tout contre l’oreille du tendre. Il l’achève de cette langueur canines contre lèvres. Le goût enivrant ravive les sens du bellâtre. Il revit entre ces crocs. Ta vie pour la mienne. Ta mort pour ma mort. Des promesses qu’on ne peut décidément pas enterrer même après tant de siècles. L’absent n’est plus, c’est une joie enfantine, un philosophe qui le remplacent.

« Je ne peux rien te refuser. » Constat implacable, non rien. Il est si faible face à son dominus. La soumission naturelle et volontaire. Il peut tout donner sans rien en échange. Quoiqu’il en dise, des dettes, il en a. Il se sent trop redevable. Il se mordille l’intérieur de la joue, un tic qu’il a quand il ne veut pas contredire son interlocuteur. « Eve. » Comme la première femme. Le caïnite n’a pas pu s’empêcher de combler sa solitude. « Il fallait la sauver. Elle allait mourir. Si jeune, si belle,…une vraie princesse russe. Quand tu la verras, tu comprendras. Je ne pouvais pas la laisser partir. » Elle fut sa piqûre d’humanité quotidienne, sans quoi il serait décédé depuis longtemps. « Elle n’est jamais bien loin. Elle part, revient, elle ne m’a pas quittée pendant ses premières années. Or elle n’a pas encore acquis nos…principes. » Hélas. Il fait un piètre maître à côté d’Enok. La sauvageonne n'en fait toujours qu'à sa tête, au grand dam de son Créateur.

Salvatore pose sa tête contre l’épaule du miraculé. « On peut quitter la Russie, mais j’ai une demeure grandiloquente comme tu t’en doutes. » Sourire malicieux. Il ne cache pas ses penchants pour le clinquant, le luxe ostensible. Un péché mignon comme on dit. « La bibliothèque va te plaire. » Une immense pièce aux rayonnages couvrant les murs, des échelles en bois pour atteindre le haut. Un palace livresque. « Un médecin est une personne qui soigne autrui. » Le vampire millénaire a exercé plusieurs métiers, de croque-mort à chirurgien. Il s’inscrit dans une continuité qu’il doit encore une fois à son Créateur. « J’ai continué tes recherches sur l’homme. » Une caresse du nez dans le cou du gredin. « Allez viens, je t’emmène au vent. » A son tour de porter son sire. Il le dépose devant le seuil de l’imposante bâtisse. « Notre royaume. » Une porte s’ouvre. Quelque nouvelle aventure s’y dissimule. La chaleur d’un foyer a dû lui manquer pendant son hibernation. « Tu crois que tu pourras quitter tes livres pour m’accorder de ton temps ? » plaisante-t-il en voyant le regard du jeune fou. Il l'ébouriffe et le laisse découvrir les curiosités.



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MessageSujet: Re: Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.    Elle est retrouvée. Quoi ? — L'Éternité.  EmptyDim 27 Sep - 22:29


   
Dante & Enok
   “When he shall die,
Take him and cut him out in little stars.
He will make the face of heaven so fine,
That all the world will be in love with night,
And pay no worship to the garish sun.”
▬ William Shakespeare
L
'immortel se laisse aller dans les bras de son amant, ne cherchant qu’à s’y abandonner. Il se love contre son torse comme un louveteau contre sa mère. Il aimerait s’y fondre, lui qui a déjà réalisé un fantasme égoïste. Dante lui appartient depuis plus plusieurs millénaires, Enok se souvient à peine de son existence avant de l’avoir rencontré. Un mortel au coeur d’or, il n’a pas su le laisser à la mort dès lors qu'arriva son heure. Il lui offrit la vie éternelle, quand bien même Dante était aux portes de Saint Pierre. Il a coupé ses ailes d’anges à la racine, enfant sans coeur aujourd’hui repus. Tout comme dans la Rome antique, Enok refuse de laisser partir son brave gladiateur. Il le repêche avant qu’il ait le temps de commettre le pire. Bonheur de retrouver Salvatore en un morceau. Le sourire qui se balade sur les lèvres de Bjølsen est unanime, cette dépression qu’il animait se retrouve rapidement chassée de son esprit. L’étreinte de son époux de sang lui rappelle bien des souvenirs de nouveau-né, que leur discussion s’empresse d’effacer. Il retient un petit rire moqueur. “Une princesse russe ? Si elle te rend heureux, c’est le principal.” Eno espère qu’elle est aussi intéressante que sa beauté le laisse entendre, mais n’émet aucun commentaire, il préfère attendre de la rencontrer. Il fronce néanmoins les sourcils à la phrase qui se déverse de la bouche de Salvatore. Lui qui pensait avoir tout appris à son infant, quelle déception. “Nos principes ? Que veux-tu dire par là ? Et quand l’as-tu rencontrée ? Il faut dresser les nouveaux-nés sans relâche, cela m’a pris des années avec toi, tu as peut-être oublié. Tu ne devrais pas la laisser seule, Dante. Tu vas le regretter.” Une pause, il se sent quelque peu coupable de lui parler ainsi. À peine retrouvés et le voilà qui lui donne des leçons, il n’a aucune envie de poursuivre une pareille conversation. “Ceci dit c’est ton infant, libre à toi de choisir la manière dont tu souhaites l'éduquer. Je ne m’en mêlerai pas.”

Il l’observe poser sa tête contre son épaule, regard empli de malice auquel il ne peut que succomber. Enok connait son infant comme le fond de sa poche, lui et son attrait pour le luxe. Il faut dire qu’il l’a longtemps nourri, incapable de lui refuser un jouet de plus, aussi clinquant soit-il. Dante tolère sa part d’humanité, lui peut bien accepter son matérialisme. La grandeur de leur demeure lui importe peu, mais il ne peut contenir un sourire attendri face à l’enthousiasme de l’italien. “Nous pouvons rester ici, si tu es déjà installé.” Il se laisse porter sans protester. Du temps où Dante était mortel, il aimait le laisser s’occuper de lui comme on s’occupe d’un enfant. Douce illusion dont il n’est jamais parvenu à se débarrasser. C’est à se demander qui est le créateur, des deux. “Une personne qui soigne… tu es devenu guérisseur ?” mots maladroits prononcé par un voyageur du temps qui ne connait rien au XXième siècle. “Mé-de-cin.” murmure-t-il. Il ne demande qu’à ce que Dante lui apprenne cette terminologie dont il ignore tout. Il l’emporte chez eux et lui ébouriffe les cheveux affectueusement, Saül se contente de le prendre par le bras avec un geste tout féminin dont lui seul a le secret. Il dépose amoureusement un baiser sur sa joue avant de répondre: “Cet endroit est sublime, mon Dante. Tu as un observatoire ? Pour qu’on puisse regarder les étoiles ? Ou est-ce que vous autres les avez déjà rebaptisées ?” Sa passion pour l’astrophysique ne l’a pas quitté. “Oh, je suis si heureux d’être de retour, amore mio ! J’aimerais que nous puissions étudier ensemble, je ne veux plus te quitter. Sauf peut-être si tu dois t’occuper de ta princesse. Je serai ton deuxième enfant." Une pause. "Est-ce que tu as des calices ? Je meurs de faim. Parle-moi donc du sang des russes !"
WILDBIRD
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