Kasper ☜ Out of this world, I look at you.

Le soleil décline au loin, la pénombre est déjà présente, il fait nuit pour les pauvres humains, mais pas assez pour lui, ce vampire. Oskar de son nom, il craint le soleil et aime sortir seulement quand celui-ci est vraiment loin. Non en réalité même s'il sent les derniers rayons du soleil qui traine encore sur la ville, malgré la nuit tombée, ce n'est pas cela qui l'empêche de sortir, non. Il est levé depuis peu, mais ne se presse pas, il a le temps. Nous sommes jeudi et le jeudi, il ne chasse pas, ou que très rarement. Non en ses soirs de semaines, il a une autre activité des plus intéressantes et intrigantes. Dans sa crypte aménagée, il se lave et s'habille tel un humain normal que son corps paraît encore être, si ce n'est une certaine pâleur de peau et des crocs qui fondent leurs apparitions alors que ses narines reniflent le sang de sa victime de la veille. Étendu sur le sol, un peu plus loin, cette petite mauviette a réussi à défaire ses liens et a tenté de fuir. Bien tenté, mais le sous-sol de la crypte, qui est la partie aménagée de la bâtisse est bien sécurisé et impénétrable dans un sens comme dans l'autre si on ne connaît pas le truc. Le visage du vampire arbore un sourire amuser et qui pourrait donner la chair de poule à n'importer qui d'un peu sensés. Dommage cependant, Oskar n'aura pas le ventre plein avant de sortir. Tant pis, il avait cas mieux attaché le gringalet. Il ne prend même pas le temps de déplacer le corps qu'il se contente d'enjamber d'une grande foulée. Pas le temps, il ne veut pas le raté. Il s'occupera de son nouveau paillasson mort plus tard.

Vêtu de noir il sort de la crypte telle une ombre, discret, silencieux il referme derrière lui. Il traverse ce cimetière et fonce vers le centre-ville où il vit. Qui ? Lui, il ne connaît pas son nom en réalité, un grand blondinet à la carrure imposante. Un homme qu'on n'embête pas, c'est sûre mais un regard aussi bleu que ceux du vampire, tout aussi intrigant. Il est gardien de cimetière, Oskar le sait il a déjà manqué de le croiser. Mais depuis des mois il joue au chat et à la souris avec ce type. Il l'intrigue, c'est plus fort que lui, c'est dans ses tripes dans ses veines. Alors comme chaque jeudi Oskar grimpe comme un chat noir dans ce grand arbre dont il ignore le nom, se cache parmi les quelques feuilles rougies par l'automne et sans un bruit sans un geste, attend, patiemment.

Une rude journée aujourd’hui, le cimetière avait été particulièrement calme, mais tes sens avaient été chamboulé, un petit bruit tout au nord du cimetière, un petit bruit tout au sud du cimetière. Tu avais fini par penser que la fatigue te jouait des tours. Parce que ce cimetière, finalement, tu le connais par cœur, un peu comme ta poche, en fait. En même temps, tu y passes tes journées entières dedans, vu que tu es censé le garder. Garder quoi? Les morts? Te demandent souvent les gens. Dit comme ça, ça parait pas spécialement difficile comme boulot. Du moins, les morts ne doivent pas trop être dérangeant, non. C'est surtout les vivants qui viennent visiter les morts qui te dérangent. La journée, c’est particulièrement calme, des petits papys et mamies viennent visiter leurs amis. Avec un petit sourire sadique, tu te demandes si ils sont pas plutôt en train de visiter leur futur location. Bref. La journée, c'est tranquille. La nuit, en revanche, c'est plutôt assez mouvementé. Il y a les vandales, les créatures. Les gardes de nuit, se transforment parfois en chasse. T'es pas là pour ça, à la base, c'est ton lieu de travail, ce cimetière, mais c'est plus fort que toi, en fait, tu peux pas lutter contre ça, tu peux pas lutter contre l'appelle de tuer ces erreurs, toi, Kasper.

Peu importe, tu as fini, maintenant, tu rentres chez toi. Dans ton petit coin de paradis, en plein centre-ville. Une fois garé sur le petit parking, tu descends de voiture. Tu prends même le temps de fumer une petite cigarette, histoire de décompresser un peu de ta journée, qui avait été assez stressante, d'ailleurs. Adossé au mur, tu relèves vivement la tête en entendant un bruissement assez suspect étant donné le manque de vent. Tu fixes les buissons, les arbres alentours, t'as la mauvaise impression d’être surveillé. Machinalement, tu fourres ta main dans ta poche. Tes doigts se referment contre le manche du couteau que tu gardes toujours sur toi, bien caché. Tu regardes avec insistance, mais il fait trop sombre, tu vois rien. De toute façon, avec la journée que tu as eu, tu te dis que c'est surement la suite logique des choses, fatigue, stress, etc. Tu finis par lâcher ce manche de couteau en lanière et tu termines ta cigarette le plus sereinement possible, sans y penser, une bonne douche, ça sera parfait pour finir de te détendre.

T'as aménagé un petit seau avec du sable devant chez toi, en guise de cendrier. En y enfonçant ton mégot dedans, tu regardes une dernière fois les arbres et les buissons. Plus aucun bruit, la rue est déserte et peu être calme, trop calme à ton gout, même. Anormalement calme peut être, mais tu t'attardes pas dessus, ce qui te prend tous tes neurones pour la seconde, c'est de penser à la bonne douche brûlante que tu vas te faire dans cinq minutes. Tu finis par lâcher la verdure du regard et tu rentres enfin chez toi, porte fermé à clé à double tour, comme à ton habitude.

Changement d'avis, changement de programme, finalement, tu vas te laissé tenter par un bon bain en mousse, il ne faut juste pas que tu t'endormes dans ta baignoire. Tu poses ton blouson sur le porte manteau, tu retires ton t-shirt en le laissant traîner par terre négligemment et tu commences par faire couler l'eau chaude dans la baignoire en rajoutant du produit pour mousser. Une bonne petite soirée en perspective.