EVENT SPECIAL ST VALENTIN ✝ Couple 4

La Burns Night était passée. Dans la tête de tout le monde il n'y avait qu'un seul nom: Athena O'Malley. Elle était devenue l'ennemie publique numéro une. Recherchée par tout le monde, son était crié dans tous les médias. Qu'on soit au courant ou pas sur la vérité de cette tragique soirée, la Burns Night laissant un profond traumatisme chez les habitant d'Edimbourg. Pourtant, l'envie de continuer à vivre n'était pas partie. Car bien au de-là de la tragédie, la volonté de rester unis et de poursuivre son quotidien était encore présente. La soirée de la Saint-Valentin fut annoncée. Surprise générale ? Pas tant que ça ! Quatorze février. La soirée avait été préparée aux petits oignons. Pour cette occasion le restaurant « Le Cupidon » avait été réquisitionné. Pour ce soir ? Le plus grands blind date de la ville. Rien que ça ! Un grand nombre de célibataires était prévu au programme. Le but ? Oublier un instant nos regrettés défunts et se laisser aller à un moment de légèreté !

Vingt heures pétantes, tout était prêt depuis un petit moment. La salle avait été décorée à l'avance. Le ton rouge était à l'honneur, par chance, aucun taureau n'était venu à la soirée ! Entres les chaises drapées de rouge, les pétales de roses rouge sur les nappes blanches, tout avait été prévu pour que l'ambiance y soit. Les couples avaient déjà été formés avant l'arrivée. Sur chaque table était indiqué le nom de chaque « couple » attendu. Rendez-vous à l'accueil, les serveurs et serveuses se feront une joie de vous indiquer votre place attitrée. Par chance, ce soir, c'est générosité absolue, tout vous sera offert par votre ville. Repas à l'œil ! Dans la salle, une piste de danse à été aménagé, avec un fond sonore …. des slow bien évidemment ! Coupe de champagne, mets fins au programmes et slow langoureux au programme ! La soirée durera-t-elle jusqu'au bout la nuit pour vous ?

Elle ne venait pas si souvent dans ce quartier. Elle vérifia l’adresse sur le carton d’invitation avant d’entrer dans le restaurant. Le Cupidon. Quoique, avec un nom pareil, elle pouvait difficilement avoir le moindre doute. Une petite voix dans son esprit lui signala qu’il était encore temps de faire demi-tour. Elle la chassa rapidement. Elle avait déjà hésité toute la journée, mais maintenant qu’elle était là, elle n’allait pas rentrer chez elle. Et puis, au fond, elle était un peu curieuse. Elle vérifia sa montre. Huit heures moins le quart, elle était légèrement en avance. Elle avait eu peur d’arriver au retard et se faire trop remarquer. D’autant que ça n’aurait pas été très poli de sa part. Elle entra sans trop savoir à quoi ça allait ressembler dedans. Elle fut agréablement surprise. Le décoration, quoique dans l’ambiance, restait sobre et chic.

Elle ne s’était pas vraiment inscrite… l’invitation était juste arrivée dans sa boîte aux lettres quelques jours auparavant, sans qu’elle ne se doute de quoi que ce soit. Avec l’énergie que Skyla, sa coloc, avait mis pour la motiver à y aller… elle la soupçonnait un peu d’être responsable de ça. Mais, en même temps, sa mère l’avait appelé deux fois plus que d’habitude récemment et pas que parce qu’elle avait entendu parler de la Burns Night. Ses maigres talents de détective n’avait pas suffit à élucider l’affaire, le mystère restait entier. Mais après tout, elle n’avait rien à perdre. Ça pouvait être amusant ! Surtout, elle avait bien besoin de changer un peu d’air, de se divertir, de se détendre. On ne pouvait pas vraiment dire que la dernière soirée à laquelle elle avait assisté avait été divertissante. Elle en faisait des cauchemars particulièrement stressants… elle qui n’en faisait plus depuis qu’elle avait dix ans, elle n’était pas spécialement ravi de les retrouver.

Elle n’était pas spécialement douée en matière de rendez-vous amoureux. Ses dernières relations sérieuses commençaient à remonter à un peu… et ça ne lui manquait pas vraiment. Elle était trop jeune pour se fixer, selon elle. Pas selon sa mère. Sur les conseils de Skyla, elle avait choisi de faire simple. Elle avait assorti un jean avec une paire de bottes à talons en cuir pour le bas, et pour le haut, un top de couleur clair et une veste en cuir noir. Côté maquillage, un trait d’eyeliner et une pointe de gloss. Finalement, elle avait gardé ses cheveux détachés. Quelque chose qui la mettait en valeur, mais qui restait quelque chose qu’elle aurait pu porter tous les jours. Elle se présenta au serveur, qui l’accompagna jusqu’à sa table et remplit son verre d’eau. Sur sa table, le carton blanc indiquait « Lysandra et Maël » et elle ne put s’empêcher de se demander à quoi il pouvait bien ressembler.

Elle s’installa à table, déposant son sac sous la chaise et sa veste sur le dossier de la chaise. Il ne restait plus qu’à attendre. Pour s’occuper, elle regarda autour d’elle. Elle n’était pas la seule à être en avance. Plusieurs personnes entrèrent les unes après les autres. Elle reconnut certaines personnes. Nerveuse, elle regarda sa montre à nouveau. Il était huit heures moins cinq minutes.

Cinq minutes ne lui avait jamais paru être un temps aussi long. En même temps, on ne pouvait pas vraiment la définir comme quelqu’un de patient, non plus. Mais en l'occurrence, l’attente ne faisait que renforcer son malaise et elle était sérieusement en train de se demander si elle avait bien fait de venir. Puisque regarder l’heure — discrètement — vingt fois par minute ne semblait pas faire avancer le temps plus rapidement, elle commença à jouer avec les franges de la nappe, sans vraiment s’en rendre compte et sans cesser d’observer le reste de la salle à la dérobée. Il était vingt heures pile lorsque l’hôtesse dirigea quelqu’un jusqu’à sa table. Il portait une chemise noire, ce qui lui donnait un côté classe et il avait remonté les manches, dévoilant ses tatouages.

Toute à son observation, elle faillit louper son prénom… quand bien même celui-ci était écrit sur le carton blanc. Elle sourit en voyant le bouquet qu’il lui tendit, tout en virant un peu au rouge sur le haut des joues. C’était un superbe bouquet de roses rouges, parsemé de fleurs blanches qu’elle reconnu instantanément. Des lys, dont l’agréable odeur couvrait facilement celle des roses. Elle les aimait tout particulièrement parce que son prénom était directement inspiré du nom en français de ses fleurs. C’était même un sacré hasard.

- « Oh, c’est gentil ! Je m’appelle Lysandra, mais on m’appelle plus souvent Lys. Merci pour les fleurs, elles sont magnifiques. Le hasard fait bien les choses, on les appelle des lys en français. »

Elle approcha le bouquet plus près de son visage, pour sentir les fleurs de plus près, avant de les déposer sur la table à côté d’elle. La première chose qu’elle ferait en rentrant chez elle, serait de les mettre dans un vase. Elle adorait les fleurs et elle était toujours terriblement déçue quand celles-ci finissait irrémédiablement fanées. Certains disaient que c’était le rappel que toutes les belles choses ne duraient qu’un temps, mais Lysandra était un brin plus pragmatique, c’était simplement le cycle de la vie. Soudain, elle se rendit compte qu’elle n’avait rien amenée à offrir. Ce qui était pour le moins embarrassant. Elle baissa les yeux sur ses mains et le rouge lui monta à nouveau aux joues.

- « Je suis terriblement gênée, je n’ai pas pensé à t’offrir quelque chose. »

Ce fut l’instant exact que l’une des hôtesses choisit pour leur demander ce qu’il souhaitait boire. Instinct féminin ou pas, elle tombait à pic. Une petite voix dans sa tête supplia pour de l’alcool et vu sa nervosité, elle ne pouvait pas lui donner entièrement tort, c’était pas une si mauvaise idée. Elle réfléchit une fraction de secondes, avant de pencher pour une valeur sûre.

- « Un mojito pour moi, s’il-vous-plaît. »

Elle profita que l’attention de Maël soit distraite quelques secondes pour analyser les motifs de ses tatouages. Fascinée, elle ne remarqua pas que la serveuse avait déjà disparue quand elle porta son regard ailleurs. Pour la énième fois en quelques minutes, ses joues virèrent au rouge à nouveau. Elle était toujours attirée par les tatouages, même si elle n’avait pas encore sauté le pas, sans qu’elle ne sache pourquoi.

Elle le regarda ouvrir légèrement sa chemise. C’est vrai qu’il faisait chaud dans cette pièce, mais elle n’avait malheureusement pas grand chose d’autre à enlever. Sa veste et son foulard reposait déjà sur le dossier de la chaise. Il avait tellement l’air plus confiant qu’elle, elle en était presque impressionnée. Elle avait l’impression d’être rouge comme une pivoine, en plus d’être terriblement gauche en comparaison. C’était tellement gentil de sa part de lui avoir amené un bouquet que, surprise, elle s’était un peu détendue. Dieu merci, elle avait « oublié » de mentionner cette soirée à sa mère, elle n’aurait donc pas à lui faire de compte rendu. Elle était déjà bien partie pour ne pas esquiver l’interrogatoire de sa colocataire, il aurait plus manqué que sa mère s’y mette.

- « Je suis une très grande lectrice de romans, de tous les genres. J’avoue, ma préférence va au fantastique. J’essaye de tenir un blog aussi, depuis quelques années, mais on ne peut pas dire que j’écrive très régulièrement. C’est sans prétention, mais ça me permet de dire des choses que mon journal ne me laisserait pas écrire. Je suis journaliste. »

Elle préféra éviter de mentionner que ses articles adoptaient bien souvent un point de vue féministe assez engagé. L’intégralité d’entre eux ne parlaient pas toujours de ça, mais c’était une chose qui lui tenait à coeur. Au travail, elle était parfois frustrée que la ligne éditoriale soit parfois trop consensuelle. Son blog était donc un petit nid douillet entre l’échappatoire et le défouloir. Non pas qu’elle ait honte d’être féministe, au contraire, mais elle savait que certaines personnes pouvaient avoir une mauvaise idée de sa vision du féminisme et ce n’était définitivement ni l’endroit, ni le moment de se lancer dans un cours complet. Comme elle pouvait être intarissable sur le sujet, il fallait donc mieux qu’elle ne s’engage pas sur cette pente.

- « D’accord, à toi, qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Oh, si je peux me permettre, je suis assez impressionnée par tes tatouages. Ils sont superbes. Est-ce que tu en as beaucoup ? Ils représentent quelque chose ? »

Elle s’arrêta net, comme si elle avait parlé plus vite qu’elle n’était capable de réfléchir. Elle n’était pas spécialement une grande bavarde en temps normal, mais elle avait déjà appris à ses dépends, qu’avec la nervosité, elle était capable de ne plus s’arrêter.

- « Oh, pardon, je pose beaucoup trop de questions et je ne te laisse même pas le temps d’y répondre. Je dois dire que c’est la première fois que j’assiste à ce genre de soirée, ça me rend un peu nerveuse. »

Une petite voix dans sa tête lui fit remarquer que premièrement, elle n’avait pas vraiment besoin de le dire, ça devait se voir comme le nez au milieu de la figure et que deuxièmement, il n’y avait aucune raison. Maël avait l’air gentil, au delà de toute espérance. Le serveur revint avec leur verre, qu’il posa sur la table sans avoir à leur demander quoi était à qui. Elle hésita. Allaient-ils trinquer à la bonne réussite de cette soirée ?

La soirée battait son plein. Les jeunes couples faisaient pleinement connaissance. Il était clair que la soirée allait passer l'éponge sur le carnage de la Burns Night. Tout le monde s'amusait bien - enfin presque. Mets fabuleux et bonne ambiance, un régal pour tous. Mais le véritable plat de résistance n'était pas encore arrivé.

Vous vous pensiez à l'abri mes pauvres petites choses ? Mais qui avait prévu qu'une petite sorcière de Prima Lux se trouvait dans les cuisines et ce dans les plus grands des secrets. Cette jeune sorcière n'était pas à la Burns Night, mais elle fut ivre de colère quand elle apprit la perte tragique de ses amis et amies. Alors, vous commencez à trembler ?

Et pendant ce temps-là, un cocktail fit son entrée. Le "coup de foudre", c'était le nom si doux qu'il portait. Un petit shooter rouge qui faisait pensé à la couleur d'une pomme d'amour de fête foraine. Doux et sucré. Comment ne pas résister ? Qui pouvait deviner que derrière ce cocktail, il y avait une potion qui vous serait.... fatale ! Incolore, inodore, impossible à détecter. Le meurtre parfait pour la parfaite vengeance.

Dans la cuisine, la petite sorcière se frottait les mains. Ses sœurs et ses frères seraient largement vengés. Mais.... car il y avait un mais... Les choses ne tournèrent pas comme prévu. Il n'y eut pas de mort. Mais un cri se fit entendre. c'est alors que vous, pauvre petit innocent, vous vous rendiez compte... que vous veniez tout juste de changer de corps. Quoi de plus déroutant que d’être face à soi-même ? Peut-être se retrouver un corps qui n'était pas le sien ! La petite sorcière s'était lancée dans une potion bien trop ambitieuse... et vous veniez de récolter son échec cuisant. Maintenant dans le corps de votre partenaire, vous veniez aussi de gagner ses capacités. Il était télépathe ? Vous alliez entendre toutes les pensées environnante. Votre valentine avait le don de pyrokinésie ? Attention au feu ! Maintenant amusez-vous bien avec votre nouveau corps...


Règles & précisions
- Tout le monde boit la potion et personne ne la détecte jusqu'à ce qu'elle agisse sur vous.
- La potion agit presque instantanément. Vous avez une sensation de plénitude, comme si vous flottiez au-dessus de votre et PAF ! Ça fait de chocapics !
- Cette potion n'a PAS d'antidote, donc inutile de chercher... enfin si vous voulez perdre votre temps... Les effets partiront dans quelques heures par chance.
- Vous gagnez les habilités de votre partenaire en étant dans son corps. Mais il est évident que vous les maitrisés moins bien que lui. Alors prenez garde, il ne faudrait pas blesser votre corps d'origine.

Elle sourit, appréciant à sa juste valeur sa tentative de la mettre à l’aise en reprenant la conversation. Lysandra n’était pas vraiment le genre de personne qui cherchait l’amour désespérément, même si elle doutait que ce genre de personne existe vraiment, surtout à son âge. Elle ne fréquentait pas non plus les sites de rencontres. Pour ainsi dire, c’était sans doute la première fois qu’elle rencontrait quelqu’un dans le cadre de ce genre de soirée. Pour une première, ça ne se passait pas si mal que ça. Elle s’était peut-être fait trop de films catastrophes dans sa tête.

- « Je l’aime beaucoup, en tout cas. Même sans connaître sa signification, il a un côté très sobre et très mathématique. »

Même si ça n’était pas forcément un compliment aux yeux de tout le monde, c’était dit de façon à ce qu’il n’y ait aucune ambiguïté. Venant de sa part, c’était un compliment. L’explication lui fit oublier son malaise, malgré qu’elle bloque un instant sur le métier de Maël. C’était plutôt original comme vocation. A moins que ça n’en soit pas vraiment une. Elle n’osait pas poser la question et, de toute façon, elle fut rapidement distraite par l’arrivée de leur commande, accompagnée d’un étrange, mais appétissant, shooter rouge. Elle remercia la serveuse, avant de trinquer avec son partenaire de la soirée.

- « Et bien, à notre rencontre, j’imagine ! »

Elle but le verre d’un trait… et elle regretta immédiatement. La pièce se mit à tanguer vertigineusement et elle s’accrocha à la table, dans un geste du dernier recours. Nom d’un chien, qu’est-ce qu’ils avaient mis dedans pour qu’elle se sente aussi mal aussi vite ? Elle ferma les yeux, espérant que le vertige allait passer. Parce que ça risquait de gâcher la soirée, si elle faisait un malaise maintenant. Pourtant, en temps normal, elle tenait relativement très bien l’alcool. Son record de shooter s’élevait d’ailleurs à un nombre scandaleux. La sensation passa assez vite, et elle rouvrit les yeux. A quel moment elle avait lâché la table, elle ne savait pas bien. Par contre, elle avait l'impression de ne plus voir les couleurs correctement. Sa couleur de peau semblait différente. Rectification, elle devait avoir des hallucinations car elle portait maintenant le tatouage dont Maël venait de lui expliquer la signification.

Elle ferma les yeux et les rouvrit… pour se retrouver en face d’elle-même. Pour quoi ? Elle fit un bond en arrière et son pied renversa quelque chose qui se trouvait sous la chaise. C’était le cadet de ses soucis. Elle se trouvait en face d’elle-même, merde ! Et ça, c’était définitivement pas normal.

- « Surtout, ne me dis pas que… »

Elle s’arrêta net. C’était ce qu’elle avait eu l’intention de dire, mais ce n’était pas sa voix. Il fallait accepter la réalité en face… ils avaient échangés de corps. Elle respira un grand coup, pour calmer la vague de panique qui était en train de monter en elle. Ou en lui. Merde, elle ne savait plus.

- « Maël ? Au moins, est-ce que c’est bien toi qui est dans mon corps ? »

Ils n’étaient pas seuls dans le restaurant et à en juger le flottement soudain… ils n’étaient pas les seuls à qui ça arrivait. Il n’aurait plus manquer qu’ils soient obligés d’aller chercher leur corps respectifs parmi les autres convives.

HRP:

C’était très perturbant de s’avoir en face de soi, mais c’est plutôt comme si elle faisait face à un étranger utilisant son apparence. Et vu son expression figée de surprise, elle n’était pas la seule à être décontenancée par les évènements. Elle réfléchit rapidement, mais l’évidence la frappa quand elle se vit… non, quand elle vit Maël sentir le reste d’un des shooters mystérieux. Évidemment ! C’était la seule chose qu’ils avaient tout les deux consommées depuis leur arrivée à cette soirée. Sans doute une potion concoctée par une sorcière maligne. Et si c’était bien ça, alors ce n’était rien de grave.

- « C’était la dernière chose auquel je m’attendais en venant à cette soirée. Mais apparemment, rien ne se déroule jamais comme prévu dans cette ville. »

Elle avait parlé à voix basse, plus pour elle-même que pour son interlocuteur. Néanmoins, il n’était pas difficile d’entendre la pointe de frayeur et d’épuisement dans sa voix. Elle était née et avait vécu une grande partie de sa vie à Edimbourg, et pourtant elle n’avait jamais eu autant l’impression que cette ville ne tournait pas rond… Sans comprendre où Maël avait l’intention de partir avec son corps, elle s'apprêta à le suivre. Mais il n’alla pas bien loin, maîtrisant relativement mal l’art de marcher sur des talons. Il tomba sur les fesse avant d’avoir fait trois pas.

Encore sous le choc de l’émotion, elle éclata d’un rire nerveux et incontrôlable avant de s’arrêter net, puis de repartir de plus belle. Le fait que ce ne soit pas son rire l’avait momentanément perturbé, mais c’était trop bon de rire un bon coup dans ce genre de situation. Plusieurs personnes dans le restaurant, encore sous le choc sans doute, la regardèrent avec perplexité, mais elle s’en moquait bien et se précipita pour s’aider… enfin pour aider Maël à se relever, le sourire toujours aux lèvres.

- « Si tu me permets, je tiens à récupérer mon corps en un seul morceau. D’autant que le coupable doit être parti depuis longtemps maintenant. Il doit sans doute exister un antidote, mais si c’est bien ce que je pense que c’est, les effets s’arrêteront d’eux-même. La patience n’est pas mon fort non plus, mais je crois qu’attendre est la solution la plus efficace. »

Il y avait l’air d’avoir plus peur que de mal, ceci dit. Et tant mieux, elle ne s’était encore jamais rien cassé et si ça pouvait durer, c’était pour le mieux. Touchons du bois, comme qui dirait. Elle se regarda, toujours avec un sourire amusé au coin des lèvres. Même si elle n’appréciait pas franchement l’ironie de la situation, elle préférait le prendre avec le sourire. C’était ça ou paniquer… et si elle commençait à paniquer, elle fondait en larmes.

- « Ceci dit, si tu veux pouvoir marcher sans risque, j’ai des chaussettes décentes et je ne pue pas des pieds. Tu peux toujours enlever les bottes. »

C’était sans doute bizarre de faire ça dans un restaurant, mais c’était bien le cadet de ses soucis dans l’immédiat. Déjà en temps normal, elle se moquait un peu de se taper l’affiche. Alors dans une situation extraordinaire, encore plus.

HRP:

Elle analyse rapidement l’expression avec laquelle elle se regarde maintenant. Oups. L’évidence la frappe brusquement. Peut-être qu’elle n’aurait peut-être pas dû être aussi bavarde. Mais dans l’agitation générale, elle avait relativement un peu oubliée de réfléchir. Son sourire s’efface lentement. Merde. Elle faisait une sacré idiote parfois… Avec un peu de chance, il n’avait aucune idée de quoi elle parlait et il l’a prendrait pour une gentille fille un peu allumée. Sauf que la chance ne semblait pas être son point fort, ce soir. Rectification. Elle lui faisait carrément défaut depuis quelques semaines. Histoire de détourner temporairement l’attention, elle hocha la tête en silence, attrape la main de Maël et le tire vers la cuisine. Elle pousse la porte de la cuisine, manquant de rentrer de plein fouet dans une serveuse qui ne s’attendait visiblement pas à les voir.

- « Excusez-moi, mais les clients ne sont pas autorisés dans la cuisine. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? »

Chance. Où étais-tu quand on avait besoin de toi ? Arrêtée net dans son élan et sans exactement avoir réfléchi à ce qu’elle pourrait dire une fois arrivée à destination, elle bafouilla quelque chose en ultime recours.

- « Euh… on aurait juste aimé parler à la personne qui a fait les cocktails rouges qu’on nous a offert. »

Elle coupa court à sa phrase, de peur de trop en dire si elle continuait à parler. C’était peut-être pas la peine de raconter toute l’histoire, sous peine de passer pour une cinglée, sans aucun doute.

- « C’est bizarre. Vous n’êtes pas la première personne qui demande ça. Qu’est-ce qu’il avait de spécial ce cocktail ? »

Elle laissa échapper un rire nerveux qui ne lui ressemble pas, avant de se mettre à jouer nerveusement avec la manche repliée de sa chemise noire. Une voix au fond de son crâne se met à hurler frénétiquement à la serveuse de répondre à la question, en utilisant des termes moins polis. Ça y est, elle panique. Les larmes lui montent aux yeux. Elle voudrait juste pouvoir rentrer chez elle, se planquer au fond de son canapé et attendre que tout redevienne normal. Mais apparemment, un peu de normalité était trop demander. Elle se mord la lèvre en se tournant vers elle-même, enfin Maël, un air d’appel au secours sur le visage.

C’est là qu’elle se rend compte qu’elle ne lui a pas lâché la main. Qu’elle lui a pris la main à un moment donné, en fait. Elle lui laisse la récupérer... bien que techniquement ce soit la sienne. C’était tellement compliqué cette histoire. Heureusement, elle était presque sûre que ça ne durerait pas beaucoup plus longtemps qu’une soirée parce qu’elle n’était pas certaine de s’habituer à voir quelqu’un d’autre dans son corps. Ni d’être dans celui de quelqu’un d’autre, d’ailleurs. Temporairement, la gêne remplace la panique et elle ne sait plus où se mettre. Une autruche. Elle voulait être une autruche. Juste se mettre la tête dans le sable, c’était moins compliqué que disparaître et presque aussi efficace.

HRP: