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 Une rencontre surprenante {ft. Nihkko.

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Matthew Ó'Riain
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MessageSujet: Une rencontre surprenante {ft. Nihkko.   Une rencontre surprenante {ft. Nihkko. EmptyLun 19 Oct - 2:03

Une rencontre surprenante.

Nihkko & Violett.


Six heures trente. J’étais prête à affronter cette nouvelle journée froide d’octobre, comme une fleur. Je devais être au bureau pour sept heures et demi, mais n’étant pas motorisée, je devais prendre les transports en communs. Ô joie. C’était tout ce que j’aimais. Et le trajet me prenait bien une heure. Entre le métro, le bus et la marche à pied. Non pas que ça me dérangeait, mais si j’avais réussi à trouver un appartement plus proche des pompes funèbres, j’y aurais sauté dessus sans le moindre doute. Ce n’était pas le cas malheureusement et dès les premières heures du matin, j’angoissais déjà. Enfin prête pour partir, sans oublier, bien évidemment mes écouteurs sur les oreilles, je sortis de chez moi et je me dirigeais tranquillement vers la station de métro la plus proche, qui se situait à environ cinq minutes. Je profitais de la fraîcheur de la matinée pour bien me réveiller, n’étant pas très adepte du café, trouvant ce breuvage infecte, c’était la seule solution que j’avais trouvé pour me faite tenir debout. Dès que le métro arriva, je m’engouffrais parmi la foule de gens. C’était incontestablement la pire partie de la journée, et de mon trajet. Je ne supportais pas le fait d’être collée serrée, comme des sardines, à des inconnus. La fin de journée était encore pire, car, tout le monde puait la transpiration. C’était juste insupportable. Mais ce que je détestais par-dessus tout dans ces endroits bondés, c’était tout simplement … les gens. C’était d’ailleurs à cause d’eux que je me baladais principalement toujours avec mes écouteurs aux oreilles. C’était pour éviter de les entendre. Certes, leurs discussions me parvenaient, mais c’était surtout pour éviter d’entendre ce qu’ils ne disaient pas. En quelque sorte leur pensées. Il y avait des jours ou je pouvais m’estimer heureuse, je n’entendais rien du tout, comme aujourd’hui apparemment, et d’autres ou je devenais littéralement folle et ou j’étais à deux doigts d’exploser, de leur crier de se taire, tout en état consciente qu’ils ne disaient absolument rien. J’étais maudite. En sortant du métro, soulagée que jusqu’à maintenant tout s’était bien passée, je montrai dans un bus, qui m’amenait à quelques rues de mon lieu de travail, avant de le rejoindre à pieds.

Arrivée sur place,  j’ouvris la porte avec mes clé, j’allumais toutes les lumières et mis en place la devanture. Enfin, je vérifiais surtout que tout était bien là où il devait être, et je levai les stores, signalant que la boutique était ouverte. Je me posais derrière mon poste de travail, mettant mon manteau aux vestiaires, avant de retourner m’asseoir, allumant mon ordinateur. Pendant qu’il se mettait en marche – il fallait vraiment que je dise au patron de nous changer ces foutues machines trop lentes – j’allais faire un tour à l’arrière. J’aimais bien prendre un peu de temps avec les cadavres. Je ne pourrais pas dire pourquoi, mais ils avaient un effet apaisant sur moi. Glauque vous dites ? En tout cas, eux, ne pensaient plus et c’était donc peut-être pour cela que je me sentais bien avec eux, même si, bien évidemment, je préférais tout de même la compagnie d’êtres vivants. En petit comité si possible. Avant de retourner au guichet, j’allais me préparer une bonne tasse de thé. J’avais hésité pendant un moment avec un chocolat chaud, mais le thé l’avait emporté. J’ouvris l’agenda et je vis qu’aucun rendez-vous n’était pris. Bon. Au moins, avec un peu de chance, la journée allait être tranquille. Je ne savais jamais comment me comporter vraiment avec les familles en deuil. La plupart du temps, merci mon émotivité, j’avais envie de pleurer avec eux. Mais heureusement pour moi, je savais quand même garder mon sang-froid et faire la différence entre vie privée et professionnelle. C’était un peu comme si, dès que j’étais ici, j’étais une autre personne. Commençant à trier le courrier que je venais de révéler, j’entendis la clochette tinter. Hum ? Je fronçais les sourcils, sans lever la tête de la lettre que je tenais en main, me demandant qui pouvait bien venir à une heure pareille. D’accord, on était ouvert, mais dès là à venir à l’ouverture ? C’était rare.

J’entendis des pas s’approcher du comptoir, et dès que j’en déduisis que la personne était assez près, je levai la tête vers elle. Je me trouvais en face d’un homme. Je dus plisser des yeux pour bien le voir, un rayon de soleil se reflétant dans la vitrine et m’obstruant la vue. A ce que je voyais, il avait l’air grand, et robuste. Ce n’était pas un cure dent en tout cas. Il avait les cheveux longs. Enfin … pas autant qu’une femme, mais ils lui arrivaient au niveau des épaules, quoique un peu plus haut quand même, et il faut bien le dire, ça lui allait plutôt bien. Je n’étais pas à même de juger, ne connaissant presque personne avec des cheveux longs, mais, à ce que je pouvais voir, ça lui donnait un certain style, et ça s’harmonisait bien avec sa barbe. Je lui souris, le sourire de circonstance. Je n’avais pas vraiment le choix. J’attendis qu’il soit à mon hauteur. « Bonjour, que puis-je pour vous ? » Avant que je puisse rajouter quelque chose, le téléphone à mes côtés sonna. Je fis une grimace, et prenant le combiné en main je m’excusais. « Juste un instant s’il-vous-plaît ». Je décrochais. « Pompes funèbres bonjour, que puis-je pour vous ? … Oui un instant, je regarde … Alors, il pourrait vous recevoir cet après-midi, à 13 heure, cela vous convient-il ? ... Oui, je note … Bonne journée Madame. Au revoir ». Je remis le téléphone à sa place, reportant mon attention sur l’homme devant moi. Je lui souris de nouveau. « Je suis tout à vous ».

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MessageSujet: Re: Une rencontre surprenante {ft. Nihkko.   Une rencontre surprenante {ft. Nihkko. EmptyLun 19 Oct - 18:41

une rencontre surprenante
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« Monsieur Bjornson? »

« C'est moi, » répondis-je, avare de parole comme je l'étais d'ordinaire. Il n'était pas rare de voir les flics débarquer au centre de la nature, mais ce n'était jamais des visites surprises qui m'enchantaient. Comme nous exercions deux professions similaires, nous devions travailler conjointement. Lorsque quelque chose de suspect arrivait sur le territoire, nous avions le devoir de le reporter aux autorités policières afin qu'ils fassent une enquête et puissent boucler l'affaire. Il arrivait qu'ils fassent fausse route et qu'ils n'aient tout simplement pas les ressources nécessaires pour élucider certains mystères, car ils relevaient du monde hors de l'ordinaire.

« Nous sommes venus vous parler de Jerry Burns, » expliqua l'un des deux officiers.
« Allez-y. »

Jerry Burns était mort. Ce salaud alcoolique avait finalement rendu l'âme dans la nuit du vendredi au samedi, à l'arrière d'un bar. Ça ne m'étonnais guère, voire pas du tout. Quand je l'avais connu, il avait déjà sombré dans les affres du rhum et du whisky depuis des années. Il avait été le ranger en chef précédent. À mon arrivée, c'était lui qui était chargé de me montrer les rudiments du métier de garde-champêtre. Avoir un ivrogne comme mentor ne m’avait guère été d’utilité, mais je n’avais pas eu d’autre choix que de l’endurer. Avec le temps, j’avais compris que c’était un homme tout simplement dépassé par les remous de son existence. Ma faible estime pour lui s’était assouplie, mais tous les autres avaient tendance à exécrer le personnage.

« Nous aimerions que vous veniez identifier le corps, » renchérit l'autre.
« Je passerai à la morgue lundi matin, » promis-je.

La fin de semaine passa et je me réveillai tôt le lundi. Je n'étais pas un adepte de la grasse matinée et je comptais aller identifier le corps et régler les détails concernant l'enterrement le plus vite possible. Les autres avaient accueilli la nouvelle sans éprouver un semblant de peine. Ils avaient plutôt ronchonné lorsque je leur avais dit que nous utiliserions une partie des fonds communs pour couvrir les frais d'enterrement de l'ancien ranger en chef. Jerry n'avait pas de famille ni d'amis, et encore moins une femme et des gosses qui tenaient à lui. Mais aussi exécrable avait-il pu être, il avait été l'un des nôtres et nous lui devions du respect pour cela. J'étais catégorique sur ce point et surtout non négociable.

J'enfilai mon uniforme de travail et engloutis machinalement mon déjeuner, seul dans ma tanière. Ma maison n'était habitée que par un seul résident, qui était ma personne. Ça ne me dérangeait pas et j'appréciais assez ces débuts de routine tranquilles et solitaires. Il n'y avait personne à qui adresser la parole et je pouvais vaquer à mes occupations comme bon me semblait. Je sortis dehors et humai l'air frais de cette journée d'octobre. L'été était parti pour de bon et nous migrions rapidement vers les temps froids. Je déverrouillai la porte côté conducteur du véhicule dont je bénéficiais en tant que ranger en chef, un pick-up blanc avec le logo du centre imprimé sur les flancs de la bête rutilante. C'était un bon camion, résistant et polyvalent. Je ne m'en plaignais pas.

Les pompes funèbres étaient situées pratiquement au centre-ville d'Edinburgh. En d'autres mots, cela voulait dire que le paysage était composé d'une forêt d'immeubles et de résidences plutôt que de nature sauvage, que les autos sillonnaient les sentiers pavés de bitume. C'était un décor si... artificiel. C'était certainement l'une des raisons qui m'incitait à rester sagement dans la banlieue le plus souvent possible. Heureusement, j'étais juste avant l'heure de pointe et ne resterait pas prisonnier dans les bouchons de circulation. Je garai mon pick-up dans le stationnement réservé aux visiteurs du centre de pompes funèbres, encore désert à l’heure qu’il était. Il semblait que personne n’avait encore à régler des affaires à cette heure-ci. Tant mieux, je pourrais voire aux miennes d’autant plus vite et m’en aller rapidement.

J’ouvris la porte principale et atterris dans le hall d’entrée. À quelques mètres, il y avait une réceptionniste affairée derrière son bureau, seule autre créature vivante en ces lieux. Je m’approchai à grandes enjambées du comptoir et pressai sur la sonnette pour attirer son attention. Elle devait avoir environ vingt-cinq ans et était plutôt jolie, avec ses traits délicats, sa peau claire et ses cheveux bruns soyeux. Elle me salua poliment, s’excusa pour répondre au téléphone, puis me demanda avec professionnalisme ce qu’elle pouvait faire pour moi. Elle avait apparemment été bien entraînée au service à la clientèle.

«Je suis venu pour identifier le dernier corps que vous avez reçu, » expliquai-je.

J’esquissai une ébauche de sourire un peu maladroite, qui devait plutôt avoir l'air d'un rictus pour le moins intimidant. Je n’étais pas habitué à être plaisant en société et personne ne vous dirait que j’étais un type souriant. Je n'avais jamais été à l'aise en société et ne le serais sans doute jamais, mais il arrivait de temps en temps que j'essaie de bien me comporter. La plupart du temps, mais tentatives étaient mal accueillies.
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Matthew Ó'Riain
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MessageSujet: Re: Une rencontre surprenante {ft. Nihkko.   Une rencontre surprenante {ft. Nihkko. EmptyMar 20 Oct - 1:29

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Tout en remettant en place quelques documents, je regardais l’inconnu dans les yeux, lui souriant, comme on nous l’avait appris à le faire. Pour ma part, ce n’était pas un problème. C’était inné chez moi. Depuis toute petite, malgré les malheurs que j’avais pu vivre jusqu’à présent, j’avais toujours souri, dans n’importe quelle situation. J’étais plutôt de nature optimiste. Assez bizarre pour quelqu’un qui bosse dans les pompes funèbres et qui se croit maudite, mais je suis comme ça et je ne vais pas changer pour autant. De toute façon c’est trop tard. « Je suis venu pour identifier le dernier corps que vous avez reçu ». Je le regardais, surprise, et en même temps amusée, de le voir essayer de sourire. C’en était presque chou et touchant. Ma surprise, elle, venait du fait qu’il venait identifier quelqu’un. Normalement, aux pompes funèbres, on s’occupait plutôt des corps, déjà identifiés par la famille. Sauf certains, pour la plupart des sans-abris, qui avaient été laissé complétement à l’abandon. « Euh … un instant ». J’ouvris un programme sur l’ordinateur, qui m’afficha instantanément les corps qui avaient été amenés la nuit précédente. Il y en avait trois en tout. Un sans aucun papier, en mauvais état, pas très beau à voir selon la description, un certain Jerry Burns, coma éthylique, ainsi qu’un dernier, Adam Fallon, chute mortelle d’un escalier, pendant ses heures de travail. Aucun d’eux n’avait été formellement identifié, et malgré les papiers d’identités qu’on avait trouvé sur eux, il fallait quand même vérifier leur identité avec de la famille, u, avec quelqu’un de proche, qui les connaissait bien. Etant donné qu’ils avaient retrouvés pendant la nuit, je comprenais mieux pourquoi les gens se présentaient directement ici pour l’identification formelle. Normalement, c’était la police qui s’occupait de cette tâche, et à la morgue de l’hôpital. Bon, ce n’était pas trop grave, du fait que, à l’arrière-boutique, on avait une pièce spéciale pour l’embaumement et la préparation des corps, une autre pour les quelques autopsies qu’on pratiquait, et une autre, la chambre froid, ou les corps étaient conservés. Arrachant un post-it, je notai rapidement les noms des dépouilles, inscrivant à côté le numéro de leurs dossiers. Tout était numéroté chez nous, comme si, dès leur mort, ils n’avaient plus aucune identité. Leur vie était définitivement finie.

Je reportais mon attention sur lui, tout en me levant, remettant en place mes habits. Je me sentis soudainement petite à ses côtés. Pour cette journée, j’avais tout simplement enfilée un pantalon noir, et, comme à l’accoutumée et comme le patron le voulait, une chemise blanche. Il voulait que tout le monde soit sobre, et classe en même temps. De temps en temps, rigolant entre collègues, on se prenait pour des employés de banques, toujours sur notre trente-un. Selon le patron, c’était un signe de respect, envers la famille. Je ne voyais pas vraiment comment l’habillement pouvait faire quelque chose, mais une partie de moi le comprenait parfaitement. On avait l’air plus sérieux. Les familles nous faisaient plus rapidement confiance. J’avais entendu dire, que juste avant moi, une autre jeune fille avait été engagée, et elle avait des piercings et des tatouages partout, ce qui avait terni l’image de l’entreprise. Personne ne voulait traiter avec elle. Surtout que, au guichet, nous étions en première ligne droite. C’était la première chose, ou presque, que les gens voyaient en rentrant. Mon post-it en main, je lui fis signe de me suivre, avant de prendre un trousseau de clé dans les mains. « On a eu trois arrivées hier soir. Est-ce que par hasard vous avez un nom ? ». Je me voyais ma lui présenter le mauvais corps. On ne savait jamais comment les gens pouvaient réagir à la vue d’un mort, et surtout, si par malchance, je lui montrais celui en état de décomposition et que pour finir ce n’était pas lui … je risquais gros aussi et je m’en voudrais. Aucune erreur n’était permise avec moi. J’étais tout à fait consciente de mettre la barre beaucoup trop haut, mais j’étais comme ça. Je voulais que le travail soit juste bien fait. Juste avant de l’amener dans l’arrière-boutique, je me penchai rapidement sur mon bureau, enclenchant le répondeur au téléphone, qui allait automatiquement enregistrer les messages. Etant seule, je ne pouvais pas me permettre de le laisser sonner dans le vide. Au moins, là, ils étaient avertis. Surtout que, je n’avais entendu personne arrivé. Aucun de mes collègues était présent. C’était encore trop tôt pour eux, et comme certains aimaient si bien le dire, les mors pouvaient bien attendre quelques heures.

« Suivez-moi ». Je me dirigeais vers une porte, au fond de la pièce, que je déverrouillais et nous nous retrouvâmes dans un couloir, que nous longeâmes sur quelques mètres. Tout autour de nous, d’autres portes. C’était ici que tout se passait. Autre que les pièces entièrement consacrés aux macchabés, nous n’avions notre petite salle de repos, ou nous passions nos pauses, et où nous mangions, les vestiaires, les toilettes et des douches, ainsi que la salle de réunion, pour parler en toute intimité avec la famille. Je l’amenais vers une dernière porte, que je me mis à ouvrir avec mes clés. Je me tournais vers lui avant d’entrer. « Je vous avertis, il ne fait pas très chaud là-dedans ». Effectivement, c’était la chambre froide. La température avoisinait les 2° C. Quoique, ça n’allait pas vraiment changer du temps qu’il faisait dehors, même si ici l’air n’était pas la même. Je le fis entrer et je le suivis. Juste devant nous, plusieurs tiroirs, certains contenant des corps, chacun avec une petite pancarte, pour mieux les identifier. Croisant les bras autour mon torse, ayant la chair de poule à cause du froid, je le regardais. « Vous êtes prêt ? ». J’étais à peu près sûre de sa réponse, vu sa carrure, mais on ne savait jamais. C’était étonnant le nombre de fois où j’ai pu voir des gens, encore plus grand que lui, s’effondrer à la moindre vue d’un défunt.

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MessageSujet: Re: Une rencontre surprenante {ft. Nihkko.   Une rencontre surprenante {ft. Nihkko. EmptyMar 20 Oct - 2:38

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La jeune femme contourna le comptoir et m’indiqua de la suivre. Je remarquai immédiatement qu’elle était petite, car je la surplombais d’une bonne tête, le sommet de son crâne arrivant tout juste à la hauteur de mon menton. Dans ma jeunesse, j’avais eu l’habitude de côtoyer des femmes beaucoup plus grandes et costaudes que cette demoiselle. Ma mère et mes cousines étaient toutes des Norvégiennes bien charpentées et dignes de ce nom; Helga, quant à elle, était plutôt du genre élancée et athlétique. L’employée des pompes funèbres n’était pas juste courte sur pattes, mais elle était menue aussi. Elle avait cet air fragile d’un être qu’on pourrait briser à la moindre brusquerie. C’était le genre d’individu qui me laissait toujours interdit. Comment pouvaient-ils arriver à survivre sur cette Terre? Comment parvenaient-ils à se défendre? Si l’occasion se présentait, je la défendrais volontiers, mais le problème était que je risquais de moi-même la blesser, involontairement. C’était une fille trop facilement… cassable pour un rustre comme moi. De toute façon, les chances de nous croiser à nouveau après aujourd’hui allaient être minces… J’imagine qu’elle devait être familière avec la grande ville, alors que moi, je préférais la banlieue, à trois quarts d’heure du salon funéraire. Je ne connaissais même pas son nom, en plus. Ce n’était qu’une inconnue parmi tant d’autres. Au fait, je ne tenais pas à la connaître. Et puis, Helga me laissait tranquille depuis quelques temps. Cela faisait un bail depuis la dernière fois où elle était venue hanter mes rêves durant la nuit. Elle ne me manquait pas vraiment, mais j'avais compris que le seul moyen de la garder à distance, c'était d'accepter de vivre seul. Helga et moi serions probablement liés jusqu'à ma mort. Lorsque mon esprit s'échapperait de mon corps, elle accepterait de rejoindre le monde des morts. Deal.

« Un type du nom de Jerry Burns, » lui répondis-je simplement.

Nous nous dirigeâmes vers la salle où ils gardaient les morts. Je m'étonnais que les enquêteurs n'étaient pas déjà sur les lieux pour inscrire sur leurs rapports que j'avais bel et bien identifié l'homme. J'avais accepté de venir ici plus par obligation que par réelle envie. Au fait, qui aimait devoir confirmer qu'une loque humaine était les restes d'un homme ou d'une femme? Ils étaient mieux de se pointer, ces flics en veston-cravate, car je n'allais certainement pas faire l'aller-retour une seconde fois. La jeune femme déverrouilla la porte qui donnait l'accès aux cadavres non identifiés. C'était une pièce où la température était basse afin d'éviter la décomposition des dépouilles. Je n'étais pas particulièrement dérangé par le froid, mais davantage par l'odeur de la mort, pourtant bien masquée par les produits aseptiques. J'avais l'odorat assez fin pour sentir la putréfaction plus ou moins avancée. Avant de me montrer comment avait fini Jerry Burns, l'assistante ne put s'empêcher de me demander si j'étais prêt, redoutant la manière dont j'allais accueillir la vue lugubre qui s'offrirait à mes yeux. Heureusement pour elle, je n'en étais pas à mon premier cadavre, aussi peu ragoûtant fusse-t-il. Les victimes laissées par les lycanthropes étaient rarement belles à voir.

« J'ai l'estomac solide, » dis-je pour la rassurer.

L'employée ouvrit le tiroir. La vue de notre bon vieux Jerry était effectivement écoeurante. Il n'avait pas encore entamé la cinquantaine, mais il faisait plus vieux que son âge, beaucoup plus vieux, même. Bien que le corps avait été lavé, cela n'effaçait pas l'usure précoce qu'il s'était infligé a lui-même. Le corps était émacié, étant mal-nourri depuis des années. Les joues étaient creuses, la barbe était mal entretenue, le corps couvert de cicatrices et de plaies pas entièrement refermées. La peau avait une teinte grisâtre, les lèvres desséchées entrouvertes sur des dents jaunes. Apparemment, sa retraite ne l'avait pas aidé.

« Sacré Jerry... » ne pus-je réprimer.

Paumé jusqu'à la fin, pensai-je intérieurement. Évidemment, je pris le soin de ne pas prononcer ces derniers mots à voix haute par respect pour le défunt, même si ces mots étaient vrais. Il avait foutu en l'air sa vie et n'avait rien fait pour se reprendre en main. En fait, je crois qu'il ne le pouvait tout simplement pas. Je ne sais pas si quiconque aurait pu y changer quoi que ce soit, car c'était une tête de mule. J'espérais que son âme tourmentée réussirait à trouver un répit et à se diriger vers la lumière. C'était le genre d'âmes qui avait tendance à errer à la surface de la tête ou encore, à sombrer dans les bas-fonds astraux, un genre d'enfer. Ma grand-mère était réputée pour partir à la recherche de ces âmes égarées pour les ramener vers le droit chemin. Petit, j'avais assisté à plusieurs de ces cérémonies où elle partait en voyage astral pour guider les âmes perdues et les orienter vers la lumière. Nous formions on tout, disait-elle, mais certaines âmes avaient peur de l'inconnu lorsqu'elles devaient quitter leur corps. Elle était morte quand j'avais douze ans. Si elle était encore vivante, elle aurait pu nous aider, Helga et moi, songeai-je.
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MessageSujet: Re: Une rencontre surprenante {ft. Nihkko.   Une rencontre surprenante {ft. Nihkko. EmptyMar 20 Oct - 4:32

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« Un type du nom de Jerry Burns » . J’hochais la tête, même si je n’étais pas sûre qu’il puisse me voir, étant donné qu’on était l’un à côté de l’autre. D’ailleurs, je me sentais toute petite. Je n’étais pas très grande, j’avais hérité la stature de ma mère – merci maman – et malgré le fait que je connaissais plein de gens plus grand que moi, ce qui n’était pas très difficile, je me sentais minuscule. J’avais aussi l’impression d’être à l’étroit, comme s’il empiétait sur mon espace vital, alors que ce n’était pas du tout le cas. Ce n’était pas de sa faute après tout s’il était grand. Et bien baraqué en plus. A côté je devais passer pour rien. Petite et toute fine. Complètement l’opposé. D’ailleurs, quand je parlais de mon métier à des gens, même si je n’étais qu’une simple secrétaire, ils étaient souvent étonnés. Jamais ils ne se sauraient imaginer que je puisse travailler dans ce milieu, qui est principalement masculin. J’avais beau être frêle, mentalement j’étais beaucoup plus forte de ce qu’on pouvait croire. C’était une bonne chose pour moi. Juste avant de m’approcher des tiroirs, me frottant les bras pour me réchauffer un peu – décidément, j’aurais dû prendre une jaquette avec moi si j’aurais su que j’aurais dû venir dans cette pièce – je lui demandais s’il était prêt. Question purement rhétorique. Qu’ils soient prêts ou non, de toute façon, ils étaient obligés d’y passer. « J'ai l'estomac solide » . Sa remarque me fit sourire. Combien de fois avais-je entendu des gens dire la même chose et, dès la vue du défunt, perdre toute contenance, devenir livide et dans le pire des cas s’évanouir ? C’était bien un homme de dire une chose pareille. Il ne fallait montrer aucune faiblesse. « Je vous crois, mais vous seriez étonnez ». Je m’avançais, sortant le post-it que j’avais rangé dans la poche, et vérifiant le numéro sous lequel était inscrit M. Burns. Juste à côté du nom, je remarquais que j’avais noté la cause de son décès : coma éthylique. Bon, normalement, il ne sera pas très moche à voir. En tout cas pas comme l’autre. Je débloquais la poignée et fit rouler le tiroir vers nous. Sans dire un mot, je relevai le drap qui le recouvrait, dévoilant juste son visage. Ca suffisait amplement pour l’identification.

Regardant droit devant moi, par respect pour le corps, je ne voulais pas trop passer pour une voyeuse, ce qui était déjà arrivé par le passé avec d’anciens collègues, je l’entendis s’approcher et tendre le cou. Je n’eus même pas besoin de lui demander quelque chose. « Sacré Jerry ... ». Il venait de confirmer que la dépouille appartenait bel et bien à M. Burns. Je sortis un stylo de ma poche, que j’avais pris avant de partir, et j’y inscrivis un petit « ✔ », confirmant ainsi son identité, pour le cas où la police viendrait plus tard. Dans le cas contraire, j’allais tout simplement lui faire signer un document, qui approuvait que, selon les règles, il avait bien identifié le cadavre n° 5667, en ma présence. Simple sécurité. Je remis en place la couverture, et je poussais le tiroir, qui se referma sur un bruit sec. Je me tournais vers lui, grimaçant légèrement à cause de sa taille, qui me faisait toujours de l’effet, et je pris un air sérieux. Je savais quand il fallait sourire et quand il ne le fallait pas, et pour ce qui allait suivre, c’était mieux de rester neutre. « Bon. Merci d’être venu pour l’identification Monsieur … ? », je me rendis compte qu’au fait je ne connaissais même pas son nom, mais je ne tarderais pas à le savoir. « Etant donné que la police n’est pas présente, je suis obligée de vous faire remplir et signer un document, pour nos archives, certifiant que vous avez bien reconnu la victime comme étant M. Burns ». Je me dirigeais vers la porte de la pièce, qui s’était refermée automatiquement et je lui fis signe de sortir. Une fois dans le couloir, je regardais un instant autour de moi avant de m’arrêter sur lui. « Suivez-moi s’il-vous-plaît ». Je l’amenai trois portes plus loin, que j’ouvris. C’était la salle de réunion, et c’était bien plus convivial que d’être au guichet, à la vue de tout le monde. En tout cas, c’était ma préférence. « Installez-vous seulement. Je reviens, je dois aller chercher quelques papiers. Désirez-vous un café ou de l’eau ? ».  

J’imprimais le dossier informatisé du tout récent défunt, je pris une fiche cartonnée ainsi qu’un formulaire à remplir, pour l’identification, qui sera bientôt tout assemblés. Ne sachant pas combien de temps j’en aurais encore exactement, j’ouvris un tiroir et je pris un téléphone portable, et je fis la déviation sur le fixe. Au moins, s’il sonnait, je pouvais toujours répondre. De ce fait, je pris aussi un bloc-notes avec moi, que j’utiliserais comme mémo. Je mis juste la pancarte que j’étais occupée et que si on avait besoin de moi, ils pouvaient sonner sur la sonnette mise à disposition. Avec tout mon bazar sous le bras, je m’arrêtais à la fontaine à eau pour remplir de veux avant de retourner dans la salle de réunion. Je posais le verre devant M. Barbe et je m’installais en face de lui, déposant mon bordel à mes côtés. « Voilà pour vous ». Je pris le document d’identification et je le lui tendis. « J’aurais besoin de quelques informations – si vous n’êtes pas au courant de tout, ce n’est pas grave – ainsi que de vos coordonnées et bien sûr de votre signature ». Je lui tendis par la même occasion un stylo. « Je sais que ça peut être barbant, mais c’est malheureusement obligatoire ».J’enchaînais directement par une autre question, tant qu’on y était. « M. Burns, était de votre famille ? Ou alors vous savez s’il en avait une ? Ce serait surtout pour régler quelques détails concernant l’enterrement ». Je bus une gorgée de mon verre, me levai, allait chercher d’autres feuilles dans l’armoire derrière mois, relevant des funérailles, et retournait m’asseoir, profitant de l’observer sous toutes les coutures.

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MessageSujet: Re: Une rencontre surprenante {ft. Nihkko.   Une rencontre surprenante {ft. Nihkko. EmptyMar 20 Oct - 17:16

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« Bon. Merci d’être venu pour l’identification Monsieur … ? »
« Bjornson. Nihkko Bjornson. »

Je remarquai bien que c'était à peine si elle ne frissonnait pas. Elle aurait dû revêtir une veste ou quelque chose du genre pour la garder plus au chaud. Elle avait l'air déplacé dans ce genre d'endroit, trop douce et fragile pour côtoyer la mort au quotidien. J'imaginais qu'elle devait être plutôt forte mentalement pour faire ce boulot et afficher ce sourire paisible. Je connaissais des gars beaucoup plus grands et costauds qui réagissaient mal à la vue d'un cadavre, comme bien des gens. Je savais aussi que si certaines personnes avaient l'air inébranlables, certains murs de briques avaient des fissures invisibles. Parfois, certaines personne craquaient et c'étaient celles dont nous nous en entendions le moins. Était-elle comme ça? À garder tout au dedans jusqu'à ce que tout s'effondre? Cette fille m'intriguait.

« Étant donné que la police n’est pas présente, je suis obligée de vous faire remplir et signer un document, pour nos archives, certifiant que vous avez bien reconnu la victime comme étant M. Burns. »

J'acquiesçai pour lui faire comprendre que j'avais saisi, puis la suivi jusqu'à la salle de conférence. Son beau visage s'assombrit et revêtit un masque impassible de neutralité. Je trouvai que cela ne lui semblait pas naturel. N'était-elle pas ce genre de fille qui souriait naturellement à tout le monde, beau temps, mauvais temps? J'aurais pensé qu'elle était le genre de personne que d'autres qualifiaient de rayon de soleil, le genre de personne qui pouvait rendre votre journée plus supportable par sa présence. Mais de toute façon, je ne savais pas très bien pourquoi j'y prêtais attention... et pourquoi travaillait-elle dans un endroit pareil? La plupart des femmes souriantes travaillaient dans un milieu public, certes, mais beaucoup plus joyeux, comme par exemple dans des établissements scolaires ou des ateliers d'art, ou encore je ne sais quel autre endroit. Mais rarement dans des pompes funèbres.

« Installez-vous seulement. Je reviens, je dois aller chercher quelques papiers. Désirez-vous un café ou de l’eau ? »
« De l’eau suffira, merci. »

Elle revint quelques instants plus tard avec deux verres et un méli-mélo de paperasse sous le bras. Son côté ouvrière assidue comme une petite abeille me plaisait bien. Elle avait l'air d'une fille qui tenait à ce que les choses soient faite. Moi-même, je n'aimais pas que les gens trainent de la patte avec leur ouvrage. J'avais flanqué à la porte plusieurs employés que je jugeais trop paresseux, au grand dam de mon supérieur. Il n'y avait pas de place pour ceux qui ne voulaient pas travailler au sein de mon équipe.

« M. Burns, était de votre famille ? Ou alors vous savez s’il en avait une ? Ce serait surtout pour régler quelques détails concernant l’enterrement. » En fait, Jerry avait déjà eu une relation avec une femme, Evelyn, et ils avaient même eu une fille, il y avait de cela plusieurs années. Mais comme c'était un type violent, Evelyn avait foutu le camp avec leur fille Maddy lorsque la petite avait quelques mois à peine. Elles n'avaient jamais repris contact avec lui ni l'une, ni l'autre. Il avait perdu son droit de paternité depuis belle lurette. Alors que nous patrouillions ensemble, Jerry m'avait un jour déballé toute l'histoire d'une traite. J'imagine qu'aujourd'hui, elles avaient refait leur vie sans lui et menaient sans doute une existence beaucoup plus saine qu'avec ce trou du cul. Je ne jugeais pas nécessaire de les embêter avec la mort d'un fantôme du passé. J'étais le seul à connaître la vérité et je n'avais pas l'intention de l'ébruiter.

« Non, Jerry et moi étions des collègues de travail. C’était un loup solitaire, donc pas de famille, de femmes ou d’enfants… un peu comme moi, en fait. » Les derniers mots sortirent de ma bouche sans que je m'y attende. C'était une réflexion émise à voix haute, davantage pour moi que pour mon interlocutrice. Il était vrai que nous avions quelques points communs : nous avions tous les deux fait des erreurs qui nous avaient éloignés de ceux que nous aimions, nous étions tous les deux bourrus. Je n'étais peut-être pas un loup solitaire, mais plutôt un ours grognon.

« Organiser un service funéraire ne sera pas nécessaire. Un enterrement suffira. »

Cela pouvait sembler sans coeur, mais Jerry n’avait pas d’assurance-vie et que des dettes… comme de toute façon, personne n’allait venir au service, autant l’enterrer tout de suite. J'avais accepté de régler pour lui ses problèmes d'argent, surtout pour sa famille en fait, alors ma bonté avait tout de même une limite.

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Matthew Ó'Riain
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MessageSujet: Re: Une rencontre surprenante {ft. Nihkko.   Une rencontre surprenante {ft. Nihkko. EmptyMer 21 Oct - 3:33

Une rencontre surprenante.

Nihkko & Violett.


De retour dans la salle de conférence, je lui vais tendu son verre, poser devant lui les papiers qu’il devait compléter et signer et j’étais partie vers une armoire prendre d’autres documents, ceux relatifs aux dispositions pour l’enterrement. Je me rassis enfin en face de lui, lui tendant un stylo. Pendant que je patientais, le temps qu’i le remplisse, j’en profitais pour l’observer. Je ne pourrais pas dire pourquoi, mais il y avait quelque chose chez lui qui m’attirait, mais je n’arrivais pas à y mettre le doigt dessus. Surtout que, ce n’était pas du tout mon genre et il était plus âgé que moi. Je n’arrivais pas vraiment à lui donner un âge, à cause de sa barbe, qui avait le don de vieillir les hommes, mais en tout cas une bonne dizaine d’années de plus que moi. Pendant qu’il écrivait, je m’étais permise de l’interrompre, juste pour lui demander s’il savait si M. Burns avait de la famille quelque part  à avertir, et qui s’occupera de la suite. Il avait levé la tête vers moi pour me répondre, et nos regards se croisèrent. « Non, Jerry et moi étions des collègues de travail. […] un peu comme moi, en fait ».  Sur le moment je ne sus quoi dire, quoique, il n’y avait rien à dire et ce n’était pas de mon devoir de le faire. Mais j’étais quand même surprise qu’il se considère comme un loup solitaire. Je ne le voyais pas du tout comme ça. Ma foi, on ne connaît jamais vraiment quelqu’un, même les gens qui sont le plus proche de nous. Je comprenais un peu mieux pourquoi il arrivait à garder son self-control, qu’il n’était pas parti en larmes, comme certains, à la découverte du corps, et qu’il avait l’air d’être si détaché de tout. Ce n’était qu’un simple collègue pour lui, et, même s’il était ici, ils n’étaient peut-être pas si proches que ça. Et de toute manière, chacun faisait son deuil de la façon qu’il le voulait, je faisais juste trop de conclusions hâtives. Mais après tout, cela ne me regardait pas. Je me perdis un instant dans mes pensées, dans mon passé. A la mort de mon père plus précisément. Je n’avais que trois ans et je n’avais donc pas vécu sa mort que ma mère, qui elle, était parti en crise dès l’annonce de son suicide. Pour ma part, je m’en étais bien sortie, mais bon, vu mon jeune âge, je n’avais certainement pas réalisé l’ampleur de la situation, et je n’avais quasiment aucune souvenirs de lui. Maintenant que je suis adulte, je n’ai dû faire face à aucune mort dans mon entourage, alors je ne pourrais même pas dire comment je réagirais. Tout ce que je savais, c’est que, quand j’avais dû placer ma mère dans un institut spécialisé, je n’avais versé aucune larme. Je n’étais pas du tout du genre à tout garder en moi, et ni à pleurer en public. Je ne faisais plutôt quand j’étais seule, dans mon con. J’étais plutôt une fille réaliste aussi, qui avait tendance à tout relativisé. Comme si rien ne pouvait me toucher alors que c’était faux. Avec les années, sans m’en rendre compte, je m’étais forgée un mur, pour me protéger du monde. « Un loup solitaire Monsieur Bjornson ? », je secouais la tête, ayant écorché à moitié son nom. « Je ne pensais pas qu’un loup solitaire puisse s’intéresser à un collègue. Il devait certainement être beaucoup plus proche de ce que vous dîtes ». Je m’interrompis, me rendant compte de ma bourde. Je baissais les yeux sur la table, n’osant plus le regarder, me demandant bien ce qu’il m’avait pris de lui dire une chose pareille. La vie des gens que je croisais ne m’intéressait pas du tout, et … je rougis légèrement. « Désolée … Je ne voulais pas. C’est votre vie après tout. Je m’en excuse. Je n'aurais pas dû ». J’étais toute gênée et je n’osais plus le regarde en face. Je n’avais qu’une envie, me transformer en souris et aller me cacher dans un trou.

« Organiser un service funéraire ne sera pas nécessaire. Un enterrement suffira ». J’hochais la tête, relevant la tête vers lui, mes joues toujours roses. Satané gêne. Ça m’apprendra à penser tout haut. Je pouvais m’estimer heureuse que je n’entende rien d’autre que sa voix, quoique, au fond de moi, à cet instant précis, j’aurais bien voulu entendre autre chose, juste pour savoir ce qu’il avait pensé. Mais c’était mieux ainsi. Tout compte fait, je ne préférais pas savoir. Je serais encore plus gênée. « D’acc … D’accord, juste un enterrement ». Je tournais la tête vers des papiers, et j’y sortis un catalogue que je lui tendis. « C’est donc vous qui allez vous occuper de sa mise à terre ? Si oui,  voici un catalogue avec différents cercueils … et une liste de prix ». J’avais enfin réussi à le regarder de nouveau. Mais je n’étais toujours pas à l’aise. Je me rappelais subitement que j’avais un verre d’eau à mes côtés, et j’en bus une gorgée. « Si vous voulez, on peut même faire un tour à l’exposition, si cela vous intéresse … pour vous aider à choisir. Est-ce que vous aviez déjà une idée de quoi faire exactement ? » Je ne savais plus quoi dire, j’avais l’impression de mélanger les pinceaux. Je n’étais plus du tout professionnelle. Une seule bourde de ma part avait suffi à déstabiliser tout mon monde.

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