Time goes by ... [Mai]

Laurier, aneth, romarin et … c’était quoi ensuite déjà ? Je creuse. Je me concentre. Rien à faire, je le savais que j’aurais du noter ce dont j’avais besoin au lieu de m’entêter à me dire que j’allais tout retenir sans problème. Des herbes et des pierres c’était pourtant pas compliqué à s’en souvenir pourtant. Tout en marchant, les talons  de mes bottes martelant le bitume je m’agace à tenter par tous les moyens de faire ressurgir les éléments manquant. Sky’ ma pauvre fille si tu perds déjà la mémoire maintenant qu’est-ce que ce sera dans quarante ans ? Encore faudrait-il que j’y arrive, que je survive à tout ce qui peut bien me tomber dessus dans ce monde de dingue. Quand j’y repense, je me dis qu’il y a dix ans j’ignorais encore tout ou presque de ma véritable nature, pas de créatures magiques ailleurs que dans les bouquins ou à la télé, le bon temps en quelque sorte. Et aujourd’hui voilà que je laisse mes pas me guider vers une boutique ou j’ai du mettre trois fois les pieds depuis mon arrivée, en général c’est Lys qui fait nos « courses spéciales sorcelleries », je pense que je ne suis pas encore suffisamment en phase avec tout ça, même si j’apprends tous les jours, que je découvre de nouvelles choses dès que j’en ai l’occasion. Je suis une sorcière rien n’y changera alors autant que j’embrasse à pleine lèvres cette partie de ma nature et tout le monde qui en fait partie. Mais c’est pas vrai quatre herbes et deux cailloux c’est pas sorcier … enfin si pour le coup ça l’est. J’avais peur de quoi, que je perde ma liste et qu’on me perce à jour ? Qu’on me brûle en place publique ? Je pense plus qu’on le fasse de nos jours, mais connaissant ma famille, je n’ai pas envie de faire revivre de tels passage, on a déjà donné il y a quelques siècles merci. Le mot d’ordre du jour : protection. Je ne sais pas pour quelles raisons exactement mais je dois me méfier et même si je suis généralement prudente, à quelques exceptions près, bon ok je fais souvent n’importe quoi dans ma vie privée. Je n’aime pas ce sentiment que quelqu’un de mon entourage puisse m’être négatif, nocif, toxique. Surtout sans en connaître les raisons exactes. Ma grand-mère à un don, elle ne s’est jamais trompée d’après ma mère et ma tante. Elle voit les choses, elle les voit arriver, des prémonitions. Et il semblerait que dans ces dernières visions c’est à moi qu’on veut s’en prendre. Après une trentaine de minutes en bus j’ai rejoint Leith. Le bus, quelle aventure, moi qui fait le quatre vingt pourcent de mes déplacement avec mon chauffeur personnel cela faisait longtemps que je n’avais pas repris les transports en commun. Ça change, c’est le moins que l’on puisse dire, mais je n’avais pas envie de faire plus d’une heure de trajet à pied, et solliciter mon chauffeur pour me rendre dans une boutique telle que celle-ci, tout sauf discret. J’ai encore du mal avec le fait que je ne sois pas une humaine lambda, mais dans ce bus je n’étais pas la seule, je l’ai senti il y avait l’un d’entre eux quelques rangées devant la mienne. Quelle idée de prendre le bus à la tombée de la nuit aussi … Lorsque je pousse la porte de la boutique et y pénètre je retrouve une ambiance apaisante et je me dis la même chose que la dernière fois, il faudrait que j’y vienne plus souvent. Je jette quelques regards autours de moi avant d’entendre un bruit et de me diriger vers celle qui pourra certainement m’aider à retrouver les éléments manquant à ma liste. Arrivant à sa hauteur je stoppe, un peu trop brusquement peut-être mais c’est principalement du à la surprise de reconnaitre le visage de la jeune femme qui se tient en face de moi. Je ne pourrais pas dire avec exactitude quand je l’avais vue pour la dernière fois, il y a quelques années mais combien ? Ce que je pouvais me souvenir par contre c’est des conditions dans lesquelles je l’avais rencontrée, à chaque fois que nous nous étions retrouvée ce n’était pas pour boire le thé ou jouer au bridge en tout cas. Presque malgré moi je me surpris à la regarder de bas en haut avant de revenir à ses yeux. Elle n’avait pas beaucoup changé, toujours aussi mignonne en tout cas. Je brisais le silence devenant presque gênant. "Depuis combien de temps as-tu quitté Londres ?"

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Time goes by...

Bonjooooour! Grand sourire sur mon visage, ton enjoué... Personne y croit n'est-ce pas ? Bon bah si visiblement vu la tronche du client quand il tourne la tête vers moi. Tu joues trop bien la comédie. Ouais, je jouais définitivement trop bien la comédie. En même temps, pourquoi tu es de mauvaise humeur? … Je commence à étaler la liste des raisons ou on s'arrête ici directement et toi Marcus tu arrêtes de poser des questions à la con ? Ralala, c'est pas moi qui ai bu hier. Ta gueule de bois tu la mérite. Vous allez arrêtez oui ? Ok, je n'aurais pu du boire hier soir et ok, j'aurais pas la gueule de bois maintenant. En même temps... Nan j'avais vraiment pas envie de parler d'hier soir et de pourquoi j'avais tout pleins de courbatures dans tous les sens maintenant. Vous voulez bien ne pas en parler pour une fois ? Mouueeeeef! Je vais prendre ça pour un oui et donc ignorer toutes vos remarques à ce propos. Et je vais aller m'occuper de cette sympathique vieille femme qui veut m'acheter des amulettes. Elle a pas l'air de trop savoir ce qu'elle cherche donc je vais pouvoir l'aider et vous ignorer. Au bout de quelques minutes, je finis par emmener la vieille dame à la caisse et le magasin se retrouve à nouveau vide. C'était vrai qu'avec Charly et Ewen qui bossait ici, je passais de moins en moins de temps dans la boutique et de plus en plus dans l'arrière boutique mais j'avais oublié à quel point les journées pouvaient être longues quand personne venait et que je ne pouvais pas m’éclipser. Dis toi que c'est presque dimanche et que du coup, tu vas aller chez tes parents. Oui c'était plutôt une bonne nouvelle ça... Peu être même que je pourrais faire ma petite fille perdue et retrouvé la maison de famille avant dimanche. Je profiterais des petit dej fait pas James, je verrais un peu plus mes petits frères et petites sœurs. Ariel, Louise, Gwen, Liam... ils me manquaient quand même tous. Et je pourrais proposer à Auguste de venir faire soirée pyjama au tour d'une tisane transe... Bref, le truc parfait. Je voulais voir ma famille, ça réglerait peut être mes problèmes actuels avec l'affection. Pfff Je suis sur que Gus serait pour une soirer tisane transe. Il adore les tisanes transes. Vous pensez que je pourrais ramener Ewen aussi ? Oh putain ça serait cool. Un sourire aux lèvres, je m’asseyais sur le comptoir tout en discutant avec mes esprits de ce que serait une soirée pyjama avec Gus et Ewen. Sûrement quelque chose de beaucoup trop drôle pour qu'on ne le fasse pas. Retenant un fou rire, je partais légèrement vers l'arrière faisant tomber quelque chose du comptoir. Merde. Je descendis de mon perchoir pour ramasser... un bloc note. Sérieux ? Qui a encore laissé son bloc note traîné partout. Toi... probablement. C'était pas faux. Je reposais le bloc note sur le comptoir, me disant que je le rangerais plus tard. Quand je me tournais à nouveau vers le magasin pour apercevoir la chevelure blonde d'une cliente. Ce n'est qu'après quelques secondes de silence quand elle prit la parole que je la reconnus. Skyla... Une de mes connaissance de Londres, avant.. avant Aidan. Voilà qui va être rigolo... surtout après ta gueule de bois. La ferme vous. Londres n'était qu'un passage. Mensoooonge ! Bref, qu'est-ce qu'elle faisait à Edimbourg l'étrangère ? Dis donc ? C'est pas ma faute. La prochaine fois que Pablo me fout un lapin, vous me trouverez une occupation qui implique ni de boire ni de passer ma soirée avec Matthew. Qu'est-ce que tu fais ici? Un sourire et de la politesse. On pourrait presque y croire. Mais fermez là !

Le destin prend parfois des chemins bien tordus pour nous replacer sur les traces d'anciennes connaissances. Je ne sais pas pourquoi, mais cela me conforte une fois de plus dans l'idée que rien n'arrive par hasard dans notre vie. Je n'avais pas pensé à elle depuis bien longtemps, à part les fois où je me rendais à Londres, mais en rentrant de mon dernier séjour à la capitale j'y avais repensé, me demandant ce qu'elle pouvait être devenue, si elle vivait toujours là bas ou avait déménagé, ce qu'elle avait bien pu faire de sa vie. Et voilà qu'aujourd'hui, quelques semaines plus tard, je me retrouvais nez à nez avec elle. C'était étrange de la revoir, ici, dans un univers totalement différent de celui que nous avions l'habitude de fréquenter ensemble lors de nos soirées dans la folie londonienne. Il était clair que là j'avais totalement oublié tout ce que je devais venir chercher dans cette boutique, j'avais envie d'en savoir plus lorsqu'elle m'annonça que Londres n'avait été qu'un passage. Je la trouvais différente, sans pourtant être totalement changée, cela m'intriguait un peu. Était-ce le fait que nous nous retrouvions après plusieurs années sans nouvelles l'une de l'autre, ou le fait que nous étions sobre et en pleine journée ? Il est clair que c'était différent. "J'y étais il y a encore quelques semaines, je me suis demandé si j'allais te croisée en allant faire un tour au Koko, mais je n'ai revu personne." Je n'étais pas d'humeur après un rendez-vous de travail, et pourtant rien qu'à la pensée de recroiser certaines personne avec qui nous faisions la fête il y a quelques années m'avait motivée à sortir et faire un tour au club. J'y avais retrouvé cette atmosphère survoltée, le bruit, la lumière, la foule et pourtant j'avais simultanément l'impression de découvrir un lieu totalement inconnu. Ce n'était pas pareil, j'y étais là seule au milieu de groupes d'amis.  J'y étais resté une petite heure, m'étais amusée et était finalement rentrée seule à mon hôtel. Les nuits londoniennes n'avaient pas le même attrait sans eux, sans Mai. Elle me demanda à mon tour ce que je faisais à Edimbourg. "J'y vis depuis presque un an maintenant… je bosse pour la boîte de mon père… tu es ici depuis combien de temps ? Qu'est-ce que tu deviens ?" Sortait-elle toujours autant que lorsque nous étions à Londres ? Mathématiquement parlant, on aurait du se croiser au moins une fois quelque part, la ville n'est pas si grande que ça, et je sors toujours beaucoup pour ma part. En jetant un coup d'œil autours de moi, quelques questions me brûlaient les lèvres. Savait-elle ? Elle était dans cette boutique parce qu'elle venait s'y approvisionner où y travaillait elle ? Est-ce qu'elle serait l'une des miennes elle aussi ? Je ne savais pas par quoi commencer je n'avais pas envie de la bombarder de questions, après tout ce n'avait pas vraiment été notre genre de passer des heures à discuter pour refaire le monde. Nous profitions du monde et de ses plaisirs, à notre façon, sans se soucier de rien d'autre que de nous amuser. Et puis d'autres questions, plus personnes aussi me trottaient dans la tête, après tout on s'était bien entendues toutes les deux, avait elle quelqu'un dans sa vie aujourd'hui ? Pas que je ne veuille la séduire à nouveau, bien que l'idée de remettre le couvert avec elle ne me déplaise pas le moins du monde, à mes yeux elle était toujours aussi attirante. "Tu travailles dans cette boutique ou tu y est juste de passage ?"

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