EVENT 3 ✝ Burns Night

La musique se fait doucement entendre aux oreilles d’Athena alors qu’elle se tient en retrait, à l’écart de la foule déjà dense. Dans la pièce où elle se trouve, il fait plutôt sombre, la seule source de lumière venant des nombreuses bougies et chandelles allumées. Elle s’approche lentement du centre de la pièce, où se trouve les vestiges des incantations pratiquées avec ses consœurs un peu plus tôt aujourd’hui, et un sourire triste vient assombrir son visage alors que son regard se poste sur une photographie. Le doux visage de la petite Mayfair lui sourit avec innocence, et Athena se penche pour agripper le cadre, effleurant du bout des doigts ce visage si pur, si parfait… Cette jeune sorcière à qui un grandiose avenir était promis, qui a été froidement assassinée par la faute de ces créatures de la nuit. Les jours se sont écoulés, puis les semaines, et les mois… mais la rage d’Athena ne diminue pas, au contraire. Son envie de vengeance est plus forte que jamais, et ce soir semble être la soirée idéale…

Reposant la photographie avec tendresse, elle quitte enfin sa solitude pour se joindre aux festivités, bien impatiente d’assister au déroulement des événements. Lorsqu’elle apparaît enfin à ses invités, on la remarque par son impressionnante stature, par la force générale qu’elle dégage. D’un signe de la main, elle fait taire les musiciens, et un large sourire apparaît sur ses lèvres alors qu’elle devient le point culminant de l’attention. Aucun masque ne couvre son visage, malgré la consigne initiale. Il faut dire qu’Athena O’Malley n’est pas nécessairement encline aux règles… « Bonsoir à tous, et laissez-moi vous souhaiter personnellement la bienvenue au bal annuel d’Edimbourg. » Son regard évalue la foule, il lui semble bien que la plupart des gens ayant reçu des invitations soient présents. D’ailleurs, ses assistants l’ont questionné quant à sa liste d’invités bien hétéroclite… Des gens de toutes classes sociales, ce qui est bien curieux pour ce bal masqué habituellement réservé aux membres de la haute société. Mais Athena a des plans bien particuliers pour cette soirée, et pour ce faire, il lui fallait un échantillonnage d’invités plus varié que ce à quoi on est habitué. « La tradition veut que la Burns Night soit célébrée en hommage à la poésie, et surtout à Robert Burns, qui a si profondément marqué notre nation. Mais ce soir, j’ai eu envie de vous réserver une surprise… qui ne saurait tarder. Bonne soirée. » Son sourire se fige légèrement alors qu’elle observe le malaise général qui semble s’être emparé de plusieurs de ses invités. Deux races sont particulièrement visées, ce soir. Et son regard s’attarde sur les vampires, puis sur les lycans. Qu’ils aillent tous au diable…, pense-t-elle, alors qu’elle s’éloigne un peu de la foule pour observer le déroulement des événements avec retrait. Avec ses consœurs de Prima Lux, elles travaillent sur un puissant sortilège depuis des mois. Bien qu’un malaise persiste depuis toujours entre ses sœurs et ces créatures nocturnes, c’est la disparition de la petite Mayfair qui a eu raison de ses dernières réserves. Et ce soir, elle pourra enfin montrer à tous de quoi elles sont capables…

Un son sourd se fait entendre, et Athena éclate d’un petit rire mauvais en comprenant que toutes les issues viennent d’être verrouillées. Enfin, la réelle soirée peut commencer.


Règles & précisions
- Un puissant sort a été lancé à toutes les créatures de la nuit. Tous les vampires & loups présents à la soirée sont affectés, sans exception.
- Les lycans deviennent incontrôlables, pire encore que lors d’une pleine lune. Ils se transforment sous leur forme lupine, et sont plus violents que jamais.
- Les vampires quant à eux voient leur soif devenir incontrôlable. Le Tru Blood n’apaise en rien leur appétit, mais s’ils s’approchent d’un humain, ils auront la mauvaise surprise de voir que leurs crocs ont disparu.
- Les sorciers & autres humains sont clairement en danger, mieux vaut pour eux d’allier leurs forces pour tenter de combattre ce sortilège.
- Les combats sont évidemment permis, mais merci de ne pas blesser d’autres personnages sans l’accord du joueur (nous envoyer un MP en cas de problème).
- Les issues sont toutes verrouillées par un sortilège. Impossible de s’échapper.
- Si vous n’avez toujours pas posté dans l’événement, vous pouvez le faire. Cependant, votre personnage doit être arrivé avant le discours d’Athena.

Un grand événement s'annonçait : la Burn Night. Le nom avait de quoi ravir les festifs, et promettait une ambiance flamboyante. Même Iorek, qui pourtant n'était pas exactement porté sur les fêtes, en avait entendu parler, au point qu'une de ses collègues lui avait demandé de venir avec elle. Pas comme cavalier, bien sûr, avait-elle exprimé avec le rouge aux joues, mais elle se sentirait plus rassurée par sa haute carrure. Pourtant, Iorek était un gros timide, et il avait accepté plus parce qu'il ne savait pas dire non que par réel intérêt. Il avait longtemps cherché comment s'habiller, parce que les costumes ce n'était pas sa tasse de thé. Il avait donc fait un effort et trouvé un costume qu'il portait avec soin, comme si il avait peur de se tâcher ou de le déchirer, mais au moins était-il à sa taille.

Il avait attendu Marie quelques minutes dehors, puis était finalement entré en frissonnant, quelque peu hésitant devant la foule. Mais sa curiosité vis à vis de l'endroit avait été plus forte, et il était finalement entré tout entier, ses pas le menant d'une foulée timide vers les autres. Son visage avait été masqué, d'un de ces loups aux formes animales qu'ont parfois les vénitiens lors de leurs bacchanales. Par un certain côté étrange, cela le rassurait que personne ne puisse voir ses traits. Iorek s'avança vers le buffet et s'y posta comme une sentinelle, en regardant autour de lui sans oser aller parler à quiconque. Nulle trace de Marie dans cette foule, et si ses sens aiguisés avaient pu l'aider, le nombre de personnes présentes était trop important pour que son flair soit d'une quelconque aide.

Le brouhaha se tait et une femme prend la parole. Sa voix semble polie, et les yeux de Iorek observent son visage, étonné de voir leur hôtesse leur avait réservé une surprise, se demandant quelle était-elle. Par réflexe, il donna un coup d'oeil autour de lui sans comprendre, avant de retourner au visage féminin. Elle s'éloignait déjà du point de mire, comme si elle laissait la place à un cadeau. Empoisonné.  

Il fallut plusieurs minutes pour que tous comprennent. Un frisson était né dans le creux de son estomac, un malaise presque palpable, et son regard capta des formes changeantes. Les lycans s'étaient mis à se transformer. Certains, comprenant déjà ce qui se passait, s'étaient jetés sur les issues, mais les portes étaient à présent verrouillées. Un nouveau frisson offrit un spasme corporel au sorcier. Iorek sentit une sueur de panique couvrir son front et il haleta, prit par son empathie naturelle. Des gens allaient mourir.

« Merde, merde, merde » glapit-il, hésitant une fraction de seconde avant de bondir vers un groupe de toute évidence humains - aucun n'était couvert de poils. Il ne dit rien, préférant essayer de rester calme, jaugeant leurs réactions, et prêt à se transformer en ours. Déjà, ses yeux sombres brillaient d'une bestialité pourtant plus humaine que celle des lycans. Des cris surgissaient déjà, et l'odeur de sang lui souleva le coeur. « Non » murmura t-il en voyant un corps disparaître sous trois silhouettes velues. Les yeux écarquillés, le souffle rauque, il serra les dents, tremblant de tout son être. La magie et l'horreur réunies. Le surnaturel aux yeux des humains, découvert et nu dans toute sa bestialité.

Elle faillit sérieusement lui demander s’ils se connaissaient… avant d’identifier son collègue. D’accord, elle n’était pas spécialement physionomiste mais quand même. Entre le masque, le bruit ambiant — est-ce que l’intégralité d’Edimbourg avait été invitée ? — et sa tenue auquel Lys n’était pas habituée, elle avait eu un peu de mal à le reconnaître. Il y avait quand même un avantage non négligeable au masque. Personne n’avait vu qu’elle avait rougit sous le compliment.

- « Il paraît qu’il fallait être habillé… mais merci. Tu n’es pas mal non plus, ce costume te va très bien. »

Elle eut un petit rire nerveux, avant de se tourner vers le buffet à nouveau. Comme Nate lui avait conseillé, elle piocha sur l’autre plateau de petit four et mordit dedans à pleines dents. Elle n’avait encore rien mangé de la soirée et avait malheureusement dû manger sur le pouce à midi. Conclusion, elle mourrait de faim. Pas de chance, on mangeait rarement beaucoup dans ce genre de soirée. Elle s'apprêtait à remercier son collègue de ses bons conseils culinaires, quand la salle devint soudainement silencieuse. Quelqu’un, visiblement l’hôte de la soirée, venait d’apparaître en haut de l’escalier et leur souhaita la bienvenue… mais sa façon de parler avait quelque chose d’hautement dérangeante. On aurait presque entendu une pointe de… menace. Elle était menaçante.

Elle se retourna vers Nate, pour lui demander son avis, mais il n’était plus là. Enfin, pas exactement. A sa place, se tenait une créature à mi-chemin entre le loup et l’humain. Elle eut un cri de surprise. Son premier réflexe fut de regarder ses bras et de jeter son masque, elle avait un très mauvais souvenir d’une soirée précédente où elle s’était retrouvée afflubée d’ailes de chauves-souris. Si jolies qu’elles étaient, elle avait appréciée redevenir pleinement humaine. Elle mit quelques secondes de trop à digérer l’information. Ou plutôt, les informations. Un, son collègue Nathaniel était visiblement un loup-garou. Deux, ils se transformaient contre son gré, comme le reste de la salle. Trois, elle était potentiellement en danger. Un coup d’oeil rapide lui permit de jauger l’état de la situation… et c’était pas bon.

Elle s’éloigna à toute vitesse, seulement pour tomber sur un vampire, tous crocs dehors. Enfin… elle supposait. Elle n’avait jamais vu de vampires dans la vraie vie. Et jamais de lycans en pleine transformation non plus. Elle respira un grand coup, ce n’était pas le moment de paniquer. C’était le moment de se servir de ses talents de sorciers. Ou de moins, de tester en condition réelle. Elle avait bien une idée de quoi faire, mais elle n’avait aucune certitude. Néanmoins, elle commença à plasmodier à mi-voix. Un loup, tous crocs dehors, fonçait vers elle. Par réflexe, elle recula mais heurta quelqu’un, à l’instant où celui-ci disait qu’il lui fallait des sorciers. Elle ne s’arrêta pas. Le loup se prit des étincelles et fit demi-tour à toute vitesse. Elle ne savait pas exactement ce qu’elle faisait, mais ça avait l’air de les repousser. C’était déjà ça de pris. Mais ça risquait de ne pas durer longtemps.

- « Je suis une sorcière, mais je suis pas très douée. »

Avec un peu de chance, ils pourraient se regrouper à plusieurs sorciers. Dont des plus compétents qu'elle. Et ils seraient capables de briser le sort.

Debout, ma deuxième flûte de champagne en main, je saluais Max, lui faisant quelques remarques au passage, surtout concernant sa tenue. Cette soirée allait être dans les annales, c’était la première fois que je la voyais habillée avec une robe. Il allait neiger demain, ou alors, la soirée allait mal se terminée. Sampsa, un autre membre de la HTC, simple secrétaire, vint vers nous quelques minutes plus tard. Je lui fis un simple signe de tête, en guise de salutation. « Sampsa ». Je portais mon verre à ma bouche, quand la jeune femme aux côtés de Max prit la parole. Sur le moment, je blêmis. Heureusement que je portais un masque, et que, avec la lumière dans la salle, ça ne se voyait pas. Comment avais-je pu snober à ce point Charly ? Surtout depuis le temps que je la connaissais … Je me demandais comment je pouvais rattraper le coup, mais rien ne me venait en tête. Un large sourire se dessina sur mes lèvres. « Charly, content de te revoir, je ne t’avais pas reconnu ». Ouais, bon, piètre mensonge. J’irais m’expliquer une autre fois avec elle, s’il le fallait. Je ne répondis à rien d’autre. C’était de la pure provocation. Je n’allais pas rentrer dans son petit jeu, et je savais très bien qu’elle plaisantait plus qu’autre chose. La remarque qu’elle lança à Sampsa, par contre, voulait tout dire. Je ne sais pas ce qu’il se passait entre les deux, mais ils ne devaient pas se porter dans leur cœur. Je balayais rapidement la pièce du regard, quand tout à coup le silence se fit. Athena O’Malley venait d’arriver dans la pièce, et montait sur une estrade, pour qu’elle soit venue par tout le monde.

Dès les premiers monts annoncés, je sentis que quelque chose n’allait pas. Je ne la connaissais pas personnellement, mais j’avais déjà entendu parler d’elle, et rien qu’à la voir là, devant nous, me mettait mal à l’aise. Je ne saurais dire pourquoi, mais cette femme ne me revenait pas. Ça sentait mauvais toute cette histoire, surtout avec tout le monde réunis à la Scottish National Gallery. Son discours ne dura que quelques minutes, la pièce restant silencieuse tout le long. Jusqu’au moment, ou, un cri perçant déchira l’air. C’était un cri de loup. Je me crispais. Bordel, ce n’était pas possible ! Je regardais autour de moi, à l’affût. Les lycans présents se transformaient, hors pleine lune, et les vampires, quant à eux, avaient l’air assoiffé de sang. Je regardais à tour de rôle Max et Sampsa, les deux membres de la HTC, même si, théoriquement, c’était moi le plus expérimenté des deux, quand je vis un loup foncer tout droit sur Sampsa, devant moi. Ni une ni deux, je me penchais pour sortir mon pistolet, attaché à ma cheville, avec des balles en argent, ainsi que mon poignard lame d’argent, évidemment, de ma ceinture, avant de le planter dans le crâne dudit garou. Je savais que ça n’allait pas le tuer, mais au moins l’affaiblir. Je regardais Sampsa. « De rien ». Je ne savais pas où donner de la tête, mes deux armes en main, donnant des coups par-ci, par-là, essayant de les éloigner du mieux possible.  Je n’avais rien sur moi pour tuer ce genre de créatures, juste de quoi les affaiblir, et, au rythme que ça allait, je n’étais pas sûr de pouvoir tenir longtemps dans cette situation. Il fallait trouver une autre situation. Quand Max s’approcha de nous deux, je la regardais, la mine défaite, secouant la tête. « Malheureusement non. Juste un flingue et un poignard aussi, mais rien de très utile non plus … Je peux juste les affaiblir, pas plus ». Ensuite, je fis en sorte qu’elle se retrouve derrière moi. Simple précaution. « Reste-là, et si besoin, tu cries ». Je continuais de repousser les créatures, avec mon poignard et utilisant la crosse de mon pistolet comme arme. Pour le moment, je ne voulais pas encore tirer. Je ne voulais pas faire paniquer les gens encore plus. Mais de loin, je voyais déjà des corps tomber. Plus loin, je sentais venir l’état de panique. Les gens criant, poussant les autres. Et, pour les malchanceux, se faire piétiner.  

Depuis quelques semaines déjà, j’avais entendu parler de cette fameuse soirée, la Burns Night. Après les événements qui s’étaient déroulés à Halloween, j’vais eu la ferme intention de refuser l’invitation. Je m’étais déjà fait avoir une fois, pas deux. C’est bon, j’avais assez donné. Être dans la peau de Jack l’Eventreur toute une soirée, ça m’avait suffi. J’avais donc pris la décision de travailler ce soir-là. Au moins, j’aurais de quoi m’occuper et surtout, j’avais une bonne excuse pour ne pas être allée à la petite sauterie donnée par Mme O’Malley. J’avais déjà entendu ce nom, mais impossible à le recaser. Pour moi, ce soir, c’était une soirée tout à fait normale. Et j’étais … surtout seul. Je m’en étais rendu compte une fois arrivée à mon bureau.  En tout cas, ma coéquipière, elle, n’était pas là. Je l’imaginais d’ailleurs bien à aller à ce genre de réception, à se pavaner en joli robe. C’était tout à fait son style, du moins c’est ce que je pensais. D’ailleurs, en parlant d’elle, elle m’avait écrit, il y a quelques heures, me demandant si je comptais me rendre à la soirée, chose à laquelle j’avais répondu par la négative. Et c’était donc tout naturellement que je me suis rendu à mon travail. Quelques heures plus tard, à avoir rattrapé mon retard sur les rapports, je reçus un nouveau sms de la part d’Adalyn, cette fois-ci, j’avais le droit à une photo de … son décolleté. Elle était sérieuse là ? Ou bien elle avait déjà trop bu, et étant donné qu’elle ne supportait vraiment pas l’alcool … Soupirant, je changeais d’avis. Pas à cause de la photo, mais, si effectivement j’avais raison et qu’elle avait trop bu, je voulais tout simplement lui éviter des ennuis. Surtout qu’elle venait de reprendre le travail, après un mois de convalescence. Décidément, il fallait toujours être l’homme de la situation. Je ne pris même pas la peine de lui répondre et je rentrais chez moi.

De retour chez moi, je fis un passage rapide sous la douche, avant de sortir un costard qui traînait dans mon placard. J’avais l’habitude d’en porter, mais pour l’occasion, j’en choisis un pour les occasions spéciales. Qu’il sorte un peu de l’ordinaire. Une fois coiffé et habillé, je sortis de chez moi, espérant trouver une place de parc assez rapidement. Sinon, retour maison. Mais voilà, il y avait bel et bien des places pas très loin de la Scottish National Galery, et je m’y garai à contrecœur. Pendant un court instant, je me demandais quoi faire avec mon arme. D’un côté, je n’étais pas censé entrer avec un pistolet, de service qui plus est, dans un gala, mais d’un autre, j’étais flic et j’étais habitué à l’avoir H24 sur moi. Après mûres réflexions, je décidais de la prendre sur moi. Déformation professionnelle. Je la mis juste à un endroit stratégique, au cas où les gorilles à l’entrée décideraient de me fouiller. Tout se passa pour le mieux, et en moins de deux, j’étais à l’intérieur. La salle était déjà pleine à ras-bord. C’allait être quelque chose de trouver Adalyn dans cette foule. Je m’avançais vers l’estrade, me faufilant entre les gens, quand tout à coup tout le monde arrêta de parler. Je tournais la tête et remarquai qu’une jeune femme montait sur l’estrade. Elle était bien habillée et … quelque chose de mauvais sortait par tous les pores de sa peau. Je grimaçais, maudissant d’avoir accepté l’invitation. Tout en me faufilant à travers la foule, je reconnus ma sœur et je me dirigeais vers elle. « Lysandra ». Je lui fis un signe de la tête. Bien évidemment, comme demandé, j’avais aussi mis un loup avant d’entrer. Concentré sur autre chose, je n’avais pas vraiment fait attention au discours de la suprême. Mais voilà. Des cris commencèrent à percer de toute part. Les gens se transformaient autour de nous. Putain. Ça n’allait pas recommencer ? Elle allait m’entendre Ada de m’avoir entraîné là-dedans. Je restais un moment pétrifié, ne sachant pas quoi faire. Jusqu’au moment où je vis un vampire arriver vers nous, la gueule grande ouverte … sans crocs. Je partis en fou rire. Nerveux. Avant de lui balancer un coup de poing. Sur le moment, je regrettais presque de ne pas m’être vraiment intéressée à la magie noire. J’en connaissais les bases, mais pas plus. Je regardais ma sœur, oubliant que j’avais une arme sur moi, et même, je n’étais pas chasseur, je ne savais pas du tout comment il fallait maîtriser ces créatures. « Tiens-toi près de moi, ou derrière. Comme tu veux ». Ma voix tremblait légèrement. « Il faut qu’on essaie de faire quelque chose …. Mais je ne sais pas quoi. Je ne suis pas doué en sortilège ». J’étais tellement abasourdi par les événements, que pour un court instant, j’avais complètement oublié de quoi j’étais capable, ou plutôt mon pouvoir.

Je n’aurais pas dû sortir de chez moi. Non, mais... On pouvait pas prévenir les invités que l’hôtesse de la soirée avait un sérieux grain ? Ça avait pourtant bien commencé. J’avais ignoré la remarque désobligeante de Charly, feignant de n’avoir rien entendu. Comme si mon agent pouvait me demander de faire quoi que ce soit. Je faisais toujours le contraire de ce qu’il me recommandait. Sois plus gentil avec les fans. Signe avec ton nom en entier. Accepte de faire des photos. C’est cela, oui. J’avais reporté toute mon attention sur Max, plus que ravissante ce soir, qui, en réponse à mon compliment, m’avait glissé à l’oreille un commentaire des plus alléchants. « Je ne doute pas que cela me plairait. » Wow. Elle n’était plus vierge, au fait ? Bon, c’était peut-être pas le moment idéal pour poser la question, devant Matthew et l’étudiante en journalisme qui semblait me haïr de toute son âme. Je me calmai en lui adressant mon plus beau sourire, visiblement, elle voulait danser. Pourquoi je savais danser, moi ? J’en savais trop rien, c’était un truc de Finlande peut-être. Mais juste au moment où j’allais entraîner Max sur la piste, Athena O’j’en-ai-rien-à-caler-de-son-nom fit son entrée théâtrale. Tout le monde s’immobilisa et se tut religieusement, c’était pire que dans une église, sérieux. Et son discours était cent fois moins bien qu’un sermon de révérend, elle aurait pu faire un effort pour l’occasion. Si c’était pour nous interrompre, autant que cela soit intéressant, non ? Et puis, ça devint vite assez dérangeant, comme discours. Une surprise ? Tout le monde déteste les surprises. Surtout moi.

« Likainen huora ! » Expression que je ne traduirais pas ici mais qui était destinée à Athena elle-même, dès que mon cerveau tilta. Des loups-garous étaient en train de se transformer sous les yeux de l’assemblée ébahie, surtout ceux des humains les plus normaux qui soient. Les cris ne tardèrent pas à fuser. Ça annonçait l’hécatombe à venir. Et des vampires. Trop de vampires d’un coup, qui tentaient d’écorcher les gens pour boire leur sang. Mais c’était quoi ce bordel ? Ok. On se recentre. Sampsa, recentre-toi, merde. Un loup-garou était en train de foncer sur moi et tout ce à quoi je pouvais penser c’était vampires, des vampires partout. Le poignard de Matt qui se planta droit dans la gueule de la bête me tira de ma rêverie. « Merci, mec. » Faire l’inventaire de ce que j’avais sur moi, c’était la première chose à penser, merci à Max de nous avoir demandé si nous étions armés. Qui venait avec un bazooka à une soirée mondaine ? Malheureusement, pas moi. « C’était bien une jarretière que j’ai vu, là ? » Oui, rien à voir, mais mon cerveau fonctionnait à plein régime tandis que je calculais le nombre de nos ressources. J’avais un couteau en argent, comme la plupart des gens, apparemment, que je ne dégainai pas directement, occupé à sortir de mes poches mes quelques armes ‘faciles’. « Aconit tue-loup. Verveine. Visons les yeux, j’dirais ? » Je jetais un paquet de chaque à mes compagnons d’infortune, heureusement que j’avais du stock sur moi, et encore, nous pourrions n’affaiblir qu’une dizaine de créatures si nous en usions avec parcimonie. Et je disais bien affaiblir, seulement, c’était mal barré. Retournant les poches de ma veste, je tombai sur des chaînettes en argent, en sacrifiant une pour entraver un vampire qui s’était approché d’un peu trop près. Elles allaient être trop fines pour être utiles dans l’état de délire dans lequel ils étaient. Enfin, ma main s’agrippa à mon briquet. Ouais. Non. Pas mon don, mauvaise idée, je risquais d’empirer la situation si je m’en servais à une échelle trop importante. Par chance, nous étions au bar (merci Max). Je me jetais derrière le comptoir, retrouvant des serveurs et autres tremblotant derrière. Agitant une bouteille, je fis signe à Matt et à Max de me rejoindre. L’appel de l’alcool. J’allumai mon briquet en même temps. « Alcool. Feu. Vous voyez où je veux en venir ou j'dois faire un dessin ? Pas sûr d'avoir le temps de jouer à Pictionary. » J’essayais de contenir mon euphorie psychopathologique devant Max, mais croyez bien que j’adorais ça.

La rumeur des paroles de la foule se dissipe d’un coup alors que la voix de l’hôte de la soirée se fait entendre. Dans la pièce un peu en retrait où ils se trouvent, ils ne peuvent évidemment pas voir la sorcière, Aileen fait donc quelques pas pour observer Athena par l’embrasure de la porte. Une femme imposante, qui dégage une beauté certaine, mais qui lui inspire également un dégoût immédiat. Une femme dangereuse, elle le devine. Les quelques mots prononcés par cette femme n’échappent pas à son oreille aiguisée, bien qu’elle se trouve plutôt loin, et elle ne peut s’empêcher d’avoir un petit rire quant à la surprise promise. Elle doute bien d’être elle-même étonnée de ce que cette femme a à lui offrir, après plus de trois siècles d’existence, elle en a vu d’autres. Un son lui indique que les portes sont désormais verrouillées, et si la plupart des invités sursautent quant à cette éventualité, Aileen est ravie. Enfin, un peu d’action! Elle joint ses mains devant elle dans un battement ravi, tournant la tête avec grâce pour agripper le regard de Seth. Décidément, cette soirée promet d’être intéressante.

Ce n’est qu’une fraction de seconde plus tard cependant que son visage étrangement réjoui se noircit légèrement. Ses sourcils se froncent, alors qu’elle tente d’identifier le malaise qui la saisit entièrement, et il lui faut un court instant pour deviner que c’est cette soif insupportable qui la tenaille toute entière qui provoque ce brusque changement d’humeur. D’ailleurs, elle perçoit plusieurs fumets : humains, sorciers. Tous plus alléchants les uns que les autres. Une soif incandescente, qui brûle sa trachée, qui obsède chacune de ses pensées. Toujours soucieuse quant à sa couverture – une nettoyeuse de la Camarilla ne peut se permettre d’être traquée par un quelconque chasseur – elle a la décence d’esprit de s’écarter de la porte, faisant plusieurs pas vers le fond de la salle, effleurant au passage Seth et Asher. Elle les dépasse sans s’attarder, son regard pointé en direction d’un serveur bien humain qui a le malheur de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Normalement, Aileen s’amuse à jouer avec ses proies. Elle aime séduire, se faire désirer, devenir un objet de convoitise. Rien ne lui fait plus plaisir que de voir cet éclat brillant dans l’œil de la victime avant d’attaquer. Mais cette fois, elle n’a pas de temps à perdre avec des préliminaires inutiles, elle ne voit cet humain que pour ce qu’il est réellement à ses yeux : une poche de sang qu’elle aura tôt fait de vider jusqu’à la dernière goutte. Elle bondit, agrippant son bras de sa poignée forte, et vise directement le cou… Pour réaliser que ses crocs ne sont plus. Poussant un petit cri justifié à la fois par son profond étonnement et sa frustration, elle porte une main à sa bouche, tentant de comprendre pourquoi ces dents si précieuses ne sont plus. Tout semble être bien en place, excepté son arme ultime… Au diable la propreté, elle fond de nouveau sur l’humain qui, terrorisé, est à sa merci. Et elle mord avec ses dents normales, serrant de toutes ses forces avec ses mâchoires, déchirant la peau, les muscles. Jusqu’à ce que le goût divin du sang envahisse enfin son espace buccal. Elle boit goulûment, aspire la vie avec délice, s’aidant de sa main libre pour déchirer encore plus la peau, pour agrandir cette ouverture bien bâclée faite avec ses dents d’humaine. Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour achever sa proie, qu’elle laisse tomber au sol comme un vulgaire pantin, reprenant sa statue originale avec dignité. Le bas de son visage est couvert de sang, et quelques coulissent coulent sur sa poitrine, sur sa robe. De nouveau, elle pose son regard sur Seth, puis Asher, son sourire s’élargissant légèrement, comme si elle se sentait soudainement complice avec eux. Ou du moins, comme si elle les invitait à suivre son exemple.

C'était une vigilance de tous les instants. Iorek se sentait pris de toutes parts par les feux macabres des créatures qui tuaient sans pitié. Déjà, l'odeur de sang et de panique s'était mise à régner comme une chape mortuaire. Le chamane ferma les yeux, cherchant ses pairs parmi les mortels. Les hurlements des loups et les cris d'angoisse n'aidaient pas à se concentrer, mais il sentait la magie présente, plus forte chez certains. N'y tenant plus, il s'approcha de deux personnes après avoir entendu leurs mots. Sortilège. Pourtant, à quelques mètres d'eux, il hésita. Sa timidité lui enserrait le ventre plus fortement que la peur. Il toussota, et le bruit passa peut-être inaperçu dans les vagues bruyantes venues de tous les coins de la salle. Iorek prit son courage à deux main et tua les derniers mètres entre lui, le jeune homme et la jeune femme.

« Il faut que tous les sorciers tentent quelque chose. Je ne sais pas de quel sort il s'agit mais si nous n'essayons pas rapidement quelque chose, les lycans font nous tailler en pièce. » Il se tut, prenant conscience qu'il avait prit la parole sans y avoir été invité et rougit. Il se réfugia dans ce qu'il connaissait : « Si vous souhaitez agir, je vais tenter de vous protéger. » C'était dit avec tellement de crainte enfantine de ne pas réussir dans sa mission que c'était presque ridicule. Il détourna les yeux, et sa silhouette se flouta. Sa peau brune se tendit, se couvrit de poils blancs, son visage s'allongea. Iorek était devenu un ours blanc. Dans un grognement sourd, il percuta un lycan qui courait en tous sens, rendu fou de sauvagerie. Il avait à présent l'avantage sur certains : sa masse musculaire et sa taille pourraient peut-être servir de bouclier à ses deux nouveaux compagnons. Il poussa un nouveau rugissement bestial, le corps tremblant d'appréhension. Il y avait ici des créatures bien plus fortes que lui, il le savait, mais il ne pouvait pas laisser les gens mourir. Déjà, son empathie le rendait malade de voir les cadavres, d'entendre les cris. Il n'avait pas encore vu ce qui arrivait aux vampires, mais il avait déjà à faire avec sa peur des lycans et de leur potentiel. Il tourna son museau poilu et blanc vers les deux sorciers, attendant patiemment de voir ce qu'ils comptaient faire. Il pourrait leur servir de bouclier, et ses longues pattes aux paumes massives pourraient servir à assommer. Il ne souhaitait pas tuer.

Son attention se tourna vers Athéna : où était-elle ? Il s'agissait de sa surprise. Une colère rouge voila la vue de l'ours. Pourquoi avait-elle fait cela ? Mais ce n'était pas le moment de la vengeance. Il fallait trouver un moyen d'enrayer le sort. Et rapidement.

Spoiler:

Les mots de Margaret font lentement leur chemin dans l’esprit d’Adalyn, qui ressent alors un malaise en voyant l’hôte de la soirée alors qu’elle déballe son discours. Par ailleurs, son don de détection du mensonge s’active dès que la suprême se met à parler, révélant ainsi ses mauvaises intentions. Prise d’un mauvais pressentiment, Adalyn a un léger mouvement de recul, mais il ne faut pas beaucoup de temps pour que le discours prenne fin. Avec un peu de chance, son intuition sera mauvaise, et la soirée continuera de se dérouler en douceur, sans la moindre complication. Mais aussitôt, un cri se fait entendre… Adalyn fait un demi-tour sur elle-même, assistant pour la toute première fois à une transformation d’un humain en loup. Impressionnant. Terrifiant. Bien que ses connaissances en magie soient très limitées, Adalyn devine la cause des événements actuels. Autour d’elle, plusieurs loups se transforment, et elle voit du coin de l’œil des gens apparemment humain bondir sur d’autres, les attaquant pour les mordre… Elle devine qu’elle est entourée de lycans, de vampires. Et que tout cela risque de très mal terminer.

Bien qu’elle soit professionnellement formée pour faire face à des situations d’urgence, la scène actuelle la dépasse complètement. Si elle sait comment réagir en cas de panique générale, la chose est actuellement différente. Elle-même n’avait jamais été confrontée aux autres races jusqu’ici, elle ignore donc de quoi ils sont capables. Rapidement, elle voit du coin de l’œil un micro groupe se réunir derrière le bar, et son instinct à pousse à s’y réfugier à son tour. D’un geste de la main, elle encourage Margaret à la suivre : plus elle sera prêt de la puissante sorcière, plus elle-même se sentira en sécurité. « Alcool. Feu. Vous voyez où je veux en venir ou j'dois faire un dessin ? Pas sûr d'avoir le temps de jouer à Pictionary. » Son regard un peu ahuri se pose sur cet homme, comme pour être certaine qu’elle a bien compris ce qu’il vient de dire. En temps normal, la policière en elle s’indignerait, refuserait carrément de le laisser poser un tel acte criminel. Mais c’est le chaos total, elle entend des cris, et si son regard a le malheur de se poser sur la foule, elle ne voit que sang et horreur. « Il faut mettre les gens en sécurité, avant. Les humains, on s’entend. » Elle prononce cette phrase d’une voix rauque, et fronce les sourcils face à ses propres paroles. C’est bien beau, de vouloir ainsi protéger les innocents, mais comment faire une telle chose? Son attention se porte de nouveau sur Margaret. « C’est possible, de faire un cercle de protection, ou je ne sais trop quoi? » Pour la toute première fois de son existence, elle regrette amèrement que ses connaissances en sorcellerie soient si faibles. Peut-être que si elle avait manifesté un intérêt différent pour cette partie d’elle-même, elle pourrait se rendre réellement utile.

J’étais toujours en train de trouver un intérêt incroyable au sol de la pièce en écoutant Aileen et Seth discuter. J’avais l’impression d’être un enfant de cinq ans qu’on trainait de force au repas dominical chez sa tante la plus chiante et qui écoutait les adultes discuter en ne sachant pas quoi faire de ses dix doigts. Heureusement, j’avais toujours ce verre de sang synthétique dans les mains. Je me forçais à en boire.
Dieu merci, la musique s’arrêta. De là où je me trouvais, j’entendais sans mal le discours de… Comment elle s’appelait, elle, déjà ? J’avais vu son nom sur le carton d’invitation de Seth mais je ne l’avais pas mémorisé parce qu’à ce moment-là, j’avais encore la naïveté de croire qu’il se rendrait à ce bal sans moi.  Je l’entendais parler sans réel intérêt. J’espérais juste qu’il ne restait plus de temps avant qu’on ne parte enfin de cet endroit et que je puisse me débarrasser de cet accoutrement ridicule et de ce masque. Toujours à côté de Seth, je me retiens de soupirer pour montrer mon ennui. J’étais censé bien me comporter. On ne pouvait pas dire que je n’étais pas en train de faire des efforts. Je ne voyais pas la femme qui parlait et je m’en fichais comme de ma première cerise. Aileen avait fait quelque pas pour apercevoir ce qui se passait dans la salle. Je me tournais vers Seth, m’apprêtant à lui demander quand nous allions enfin mettre les voiles quand j’entendis un son qui manqua de me faire sursauter.  Je coulais un regard vers mes deux autres comparses qui n’avaient pas l’air de s’en inquiéter, au contraire. Si je ne me trompais pas, Aileen avait l’air plutôt enchantée à cette idée.

Quelques secondes après, je me sentis mal. J’avais… soif ? La soif la plus tenace que je n’avais jamais connu. Même mes premières heures en tant que vampire ne m’avaient pas fait autant souffrir.  Je baissai les yeux vers le sang synthétique que je tenais toujours et le laissai tomber. Il s’écrasa au sol, projetant quelques éclats de verre qui glissèrent. Je me rendis à peine compte qu’Aileen m’avait effleuré, j’étais focalisée sur cette brûlure qui me rongeait la gorge. Et sur le parfum entêtant des humains et autres sorciers qu’il y avait dans la pièce.  Derrière moi, j’entendis un cri et en me retournant, j’aperçus Aileen qui faisait sa fête à un pauvre serveur.  Les quelques humains présents dans la pièce étaient à présent des poches de sang sur patte.  Quand Aileen lâcha son repas et lança un sourire à notre intention, je ne pus m’empêcher d’y répondre.
On entendait des hurlements, des grognements, l’odeur du sang emplissait l’air. Des bruits de courses derrière moi m’apprirent que des humains venaient se refugier dans notre pièce, à cause de ce qu’il se passait de l’autre côté. Tant mieux.  De quoi se nourrir, sans même faire l’effort de chasser.  Un humain fit l’erreur de passer près de moi.  Deux secondes plus tard, je l’avais violemment projeté contre le mur, le tenant fermement. J’avais tellement soif que j’en avais plus rien à faire de savoir s’il avait une famille, s’il était quelqu’un. A cet instant précis, il n’était personne. Il n’était que de la nourriture.  Mais alors que j’allais le mordre, je sentis quelque chose n’allait pas. Mes crocs ! Ils n’étaient plus là ! Comment allais-je bien pouvoir… ? Je me rappelai soudain que j’avais laissé tomber mon verre. Et qu’il y avait donc des éclats tranchants un peu partout.  Je jetai l’humain par terre avant de me saisir du pied de la coupe,  le seul morceau assez gros pour l’usage que j’allais en faire. L’humain n’avait pas le temps de se relever que j’étais déjà sur lui, plantant violemment mon arme improvisé dans sa jugulaire et m’arrangeai pour que l’entaille soit assez large afin de laisser passer le plus de sang possible. Le hurlement de l’humain devint un son étranglé pendant qu’un liquide vermeil se déversait sur le sol.   L’odeur de son sang vint s’ajouter à celle des autres.  J’aurais bien proposé à Seth de boire avec moi, mais non seulement, il était déjà occupé, mais en prime…  J’avais pas envie de partager. Peu de temps après, j’étais en train de boire le sang à même l’ouverture que j’avais créé avec ce morceau de verre, avec une fureur que je ne m’étais jamais soupçonné. Il cessa peu à peu de bouger. C’était si bon. Je lâchai la poche de sang sur patte en rejetant légèrement la tête en arrière.   La chemise blanche qui allait avec ce costume hors de prix que m’avait offert Seth était à présent écarlate. L’humain était mort, j’avais bu comme un type qui venait de traverser le désert du Sahara sans la moindre bouteille d’eau à portée de main et j’avais encore soif.  Heureusement, il y avait un buffet à volonté, à cette soirée.

La Suprême s'avança et prit la parole, le chaos s'installa. J'enlevais mon masque afin d'être reconnue et en espérant que d'autres auraient le même réflexe, j'espérais aussi que d'autres membres du coven seraient là, ils pourraient m'aider, peut être.

Un chat sortait les griffes et un ours grondait, ils protégeaient des humains et ne semblaient pas touchés par le sort, les lycans n'étaient pas encore fait trop de dégâts, faute d'avoir fini leur transformation mais cela ne durerait pas, les vampires avaient déjà commença le carnage quant à eux et certains humains savaient trop bien se battre pour ne pas faire partie de ce groupuscule anti-surnaturel.

Plus tard, peut être, si je parviens à survivre, je me demanderais ce qui a bien pu passer par la tête d'Athéna, mais pour l'instant j'observe le chaos ambiant cherchant la meilleure réponse. Un coup de vent fait tomber un vase qui assomme un vampire avant qu'il ne trouve sa victime, mais je ne peux pas faire grand chose, nous sommes nombreux à ne pas être atteins, nous devons donc nous réunir.

Alors que je vais prendre la parole quelqu'un crie qu'il faut utiliser le feu, je ponctue sa phrase par un éclair juste devant lui :

Les Vampires et Lycans n'y sont pour rien, nous ne les tueront qu'en dernier recours.

Un second éclair, dirigé vers le plafond, attire l'attention sur moi, en tout cas c'est le but recherché. Je parle d'une voix forte mais sans crier, une bourrasque de vent portant ma voix dans toute la salle.

Ceux qui ne savent pas se battre réfugiez-vous dans ce coin, les autres protégez-les. Les sorciers se placeront entre les deux.


Second rempart pour les humains sans défense, mais en ne nous mettant pas en première ligne j'espère nous donner le temps de nous concentrer sur un contre-sort, au moins ouvrir les portes, au mieux tout annuler et rendre leur libre arbitre aux lycans et vampires.
Annuler un sort n'est jamais chose facile, surtout quand on en ignore la teneur. Le sort qui nous enferme est-il posé sur les issue uniquement ou sur les murs également ? Et comment diantre a-t-elle pu créer un sort qui influe sur la transformation des Lycans ET la soif des vampires ? Sont-ce deux sorts différents ? Qui en est porteur, elle n'a pu les lancer seule, tout en nous parlant qui plus est. J'observe la salle et tout en lançant quelques éclairs pour sauver les humains en difficulté, quand je le peux, j'en lance deux ou trois contre les murs, pour sonder un peu ce sort d'enfermement.

Je réponds finalement à Adalyn sans quitter la salle des yeux.

Si on en vient à tuer tous les vampires et loups présents je peux nous protéger des flammes, un déluge nous sauverait, mais je ne veux pas en arriver là. Il faut trouver le moyen de sortir, comprendre comment le sort fonctionne. Garde les yeux ouverts, Athéna n'est pas la seule sorcière à sévir c'est une évidence.

Dans l’affolement, je pris au vol les sachets d’aconit tue-loup et de verveine que Sampsa m’avait envoyé. Je lui fis un signe de tête en guise de remerciement, tout en affaiblissant les créatures qui essaient de s’attaquer à nous. Je ne savais pas combien de temps j’allais tenir. Surtout que, je n’avais justement rien pris sur moi pour les tuer une bonne fois pour toute. J’avais juste de quoi les rendre faibles quelques instants. Bon, c’était déjà ça. C’était mieux que rien. Au moins, nous étions équipés, et j’étais quand même entourés de deux autres membres de la HTC. Je ne vis pas de suite Sampsa passer de l’autre côté du bar, étant en train de m’en prendre à un lycan qui avait essayé de m’attaquer. Il avait fallu de peu que je me fasse mordre. Mais j’entendis distinctivement sa remarque. En moins de deux, je sautais par-dessus le comptoir et je me retrouvais à ses côtés, mon briquet dans la main. « T’es sûr ? Ce serait pourtant bien une partie de Pictionary ». Il y avait de quoi faire avec les bouteilles d’alcool autour de nous. Je fis un signe rapide aux serveurs de rester bien cachés. Je pris une bouteille de whisky dans la main. Quel gâchis. Et ce n’était pas la manière la plus orthodoxe du monde non plus, mais voilà, il fallait faire avec les moyens du bord. J’enlevais la veste de mon costard, et je me mis à verser l’alcool sur le plus de surface possible. Mon mouvement fut figé un court instant. Un éclair avait surgi de nulle part … et avait passé par loin de Sampsa. « Putain, c’est quoi ça ?! ». Mon regard balaya la pièce, et je pus entendre, à demi-mot, ce que la Suprême, non loin de nous, avait dit. Je levais les yeux au ciel, tout en approchant mon briquet de ma veste. Et WOUUUSH. Le vêtement prit feu. Deux secondes plus tard, celui-ci se trouvait sur le dos d’un vampire, qui allait s’attaquer un innocent. Je me retournais, tout sourire, vers Margaret. « Oups ». Je reportais mon attention devant moi, balançant de l’alcool au visage des créatures, leur mettant le feu, à l’aide de morceaux de chiffons trouvés derrière le comptoir du bar. Tant pis si la pièce allait prendre feu, et tant pis pour les victimes collatérales. Au moins, nous, nous faisions quelque chose, pas comme l’autre là, qui avait juste fait jaillir un éclair, pour rien. Je pensais les suprêmes plus puissantes que cela. Décidément, j’avais l’impression que nous étions les seuls à faire quelque chose contre le sort, et essayer de sauver le plus de monde possible.

Je voyais de plus en plus de gens à terre, morts. Soit mordus à mort par la soif de sang des vampires, ou alors tout simplement dû au mouvement de foule, les gens ne pouvant pas sortir. Cette soirée allait faire parler d’elle. Et là, au milieu de la foule, un ours blanc. Je me frottais les yeux, croyant rêver. UN OURS BLANC ?! Je fus pris d’un fou-rire, contrôlé in extremis. Et les scientifiques qui parlent du réchauffement climatique. Mon cul oui. Bon, le bon côté des choses, c’est que … il pouvait faire quelque chose lui. En tout cas, mettre à terre quelques créatures. Mise à part cela, je ne voyais personne d’autre faire quelque chose de bien concret. A part peut-être quelques-uns, qui, ayant trouvé des armes de fortune, comme des fourchettes et des couteaux, essayant de se défendre comme ils le pouvaient. Je n’avais pas vu venir le lycan droit sur moi, et je réussis à lui planter mon poignard entre les deux yeux au dernier moment. Je pris une grande inspiration avant de retirer mon arme, m’éclaboussant de sang au passage. Je pris une autre bouteille de whisky qui traînait par-là, et cette fois-ci, au lieu d’en faire un cocktail molotov, j’en bus une grande gorgée. J’en aurais bien besoin pour tenir toute la soirée.

Wow. Un ours blanc. Classe. Mais… pourquoi je me recevais des éclairs à dix centimètres de moi ? Qu’est-ce que j’avais encore dit ? J’avais énervé une grande prêtresse, apparemment. Je rigolais en entendant madame dire que nous n’allions tuer les vampires et les loups-garous qu’en dernier recours. Qui ça, nous ? Je ne me sentais pas concerné. Et, visiblement, Matthew non plus. Je l’imitai, sacrifiant ma veste de costume pour l’imbiber de… Vodka, il me semblait ? Moi et l’alcool. Sortant de derrière le bar avec mon couteau en argent entre les dents, ma nouvelle amie bouteille de vodka et ma veste trempée, je sentis un truc se planter dans mon bras. Putain. Une… fourchette ? Les vampires sans croc devenaient vraiment débiles. Mais avec sa force surhumaine, dès qu’il retira le couvert, je constatai avec une grimace de dégoût que je pissais le sang. Ok, Sampsa, c’est pas grave. On oublie cette histoire de tuer en premier celui qui a massacré ta mère. Celui qui t’a planté une fourchette dans le bras fera l’affaire. Avant que la sangsue ne puisse s’abreuver à la source, je lui offris ma veste et mon briquet fit le reste. Mon premier meurtre. C’était tellement cool. Je ne m’arrêtai pas sur ma lancée, jetant de l’alcool sur ceux qui rappliquaient vers moi, probablement alléchés par mon sang de sorcier qui coulait. J’essayais de me tenir à l’écart des loups-garous, sachant que j’étais moins doué avec mon poignard qu’avec le feu, et me souvenant très bien de ce qu’une griffure pouvait me faire, leur balançant de l’aconit dans les yeux s’ils venaient trop près. Avec les vampires, je m’en donnais à cœur joie, sachant que la flamme de mon briquet, avec un minuscule coup de pouce de mon don (totalement incognito, dans la pagaille, j’étais discret), les enflammait à une vitesse grisante. Grâce à l’alcool, je n’avais pas besoin de faire des efforts de dingue pour aider le feu à grandir. Finalement, l’alcool était utile, parfois. Fallait juste pas en boire, quoi.

Mouais. Plus d’alcool. Bouteille vide. Le bras bien saignant. Je souris à un vampire un peu éloigné qui avait les yeux rivés sur moi. Hellooooo. Il était urgent de battre en retraite. Je lui jetai la bouteille qui alla éclater à ses pieds, histoire de le distraire le temps de faire passer mon couteau de ma bouche à ma main. Je revins rapidement vers le bar, où Max me rejoignit quelques instants. Elle avait l’air d’aller bien. Me payer le resto ? J’avais bien fait de venir, en fait, il m’arrivait que des trucs sympas à cette soirée. Un vampire se rua sur elle, elle lui enfonça sa dague dans le cou. Elle était douée, Max. Bien plus précise que moi. Mais il avait réussi à la blesser à la joue. « Painu vittuun. » Va en Enfer. Si je le traduis poliment. Comme Max avait eu la bonne idée de lui balancer une bouteille d’alcool à la gueule juste avant, je n’eus pas de mal à le faire flamber avec mon briquet et une pichenette pour accélérer la combustion. Qu’est-ce que j’aimais la pyrokinésie, en ce moment. Je lui pardonnais toutes mes brûlures. « Je te préviens, je mange ni viande, ni œufs, ni produits laitiers. Faudra trouver un resto de graines. Et fais attention, ta dague risque d’être un peu chaude. » Mon attention se reporta sur mon bras. Ma chemise blanche était foutue. Enfin, à moins que je ne décide d’en faire une chemise rouge. Je repassai derrière le bar pour m’administrer les premiers secours et récupérer une bouteille d’alcool pour continuer de m’amuser. Aspergeant ma blessure d’alcool pour la désinfecter (vraiment utile, l’alcool), je dénichai un chiffon pour me faire un bandage de fortune. Ça irait. Je ressortis du bar, regardant les sorciers qui s’étaient rameutés de ce côté de la salle, dont Mai et Ewen. « De nouvelles idées ? Sinon, qui s’occupe des draperies ? Et de demander aux saloperies de bien vouloir aller de l'autre côté de la salle ? » Ça s'annonçait foireux. Mais qui ne tente rien... crève dépecé par des monstres. Ça donnait plutôt envie d'agir que de réfléchir.

Le chaos est indescriptible, l'odeur de sang sature la pièce, les hurlements des loups m'empêchent de me concentrer, les flammes jaillissent à tout va, l'un des humains a même un regard de défi dans ma direction en enflammant un vampire. Je ne prends pas la peine de relever son attitude puérile, si c'est sa façon de réagir c'est triste pour lui mais il y a plus urgent actuellement que de soigner son ego blessé.

J'ai hoché la tête en direction d'Ewen pour appuyer ses dires, elle n'est pas seule, et elle est folle. Quant à lui tirer les vers du nez, ce ne sera pas chose aisée. Autour tout le monde parle mais il est difficile de s'entendre et de faire la part des choses entre la peur, la colère, la provocation et les idées constructives, moi la première j'ai du mal à tout comprendre.

Les combattants se réunissent vaguement, pas autant que je l'aurais voulu mais on progresse, quelques sorciers se regroupent également, je cherche dans le chaos ambiant ceux qui semblent moins touchés, je n'en suis pas totalement sure mais pour lancer et maintenir un tel sort sur les vampires et les loups je pense que les sorciers doivent être dans le bâtiment qu'Athéna a scellé.

J'en repère un qui semble concentré et, dans le doute, envoie valser un vase contre sa tempe. Il s'écroule, inconscient, à la merci des créatures mais je ne peux guère faire mieux. Ma magie n'est pas vraiment prévue pour être utilisée en cas de guerre, j'agis instinctivement sans franchement réfléchir à ce que je fais, l'esprit concentré sur d'autres détails. Je me dirige vers l'endroit de regroupement quand une personne se raccroche à moi assez violemment, surprise je laisse un vampire s'approcher plus près que je ne l'aurais voulu de mon bras dans lequel il vient tracer au couteau une profonde entaille. Mon sang vient rejoindre celui déjà présent au sol, un coup de pied fortement aidé par une bourrasque éjecte le vampire, je redresse l'inconnue et l’entraîne avec moi sans vraiment chercher à savoir qui elle est ou ce qu'elle a, elle est vivante, ça me suffit. Pour ma part je saigne abondamment et il me faudra soigner cela rapidement si je ne veux pas finir par m'évanouir comme une idiote, mais pour l'instant je dois rejoindre le petit groupe qui s'est déjà formé.

Je cherche Athéna des yeux, gardant en mémoire son sourire jubilatoire, bon sang que lui est-il passé par la tête ? Je n'ai guère le temps d'y réfléchir actuellement mais je sais que cette question me hantera des années durant, si je survis.

Assez près du petit groupe pour entendre l'un d'eux parler d'Aconit je lâche la jeune fille encore tremblante de douleur ou de peur sur une chaise et m'avance d'un pas presque décidé tout en posant une mains sur mon bras blessé

"Je maîtrise le vent si besoin pour l'Aconit, mais d'autres dons seraient peut être plus utiles. Mais les endormir n'est peut être pas le mieux, l'idéal serait de les retourner contre les vampires.... Si quelqu'un maîtrise les illusions une odeur de bacon serait parfaite."

Bon, il y a une part d'humour forcé dans tout ça mais une part de réalité aussi, lutter contre les deux espèce est suicidaire, si nous pouvions les opposer, ce qui ne devrait pas être impossible, ils ne se supportent guère, nous gagnerions un certain répit.


L'ours blanc a une présence imposante assez rassurante il faut bien l'avouer, même si face à une telle meute il ne peut nous sauver seul. Mon cerveau tourne à plein régime, j'en oublie le sang qui coule paresseusement le long de mon bras pour venir empoisser le bas de ma robe.